19 novembre 2005

The assassination of Richard Nixon (2004) de Niels Mueller

The assassination of Richard Nixon Elle :
(pas vu)

Lui :
J’ai un peu du mal à voir la finalité du film car, si le propos est de montrer qu’un homme qui a la sensation d’être un laissé pour compte peut faire les actions les plus insensées qui soient, le film n’atteint pas vraiment son objectif : d’une part, le personnage incarné par Sean Penn n’est pas franchement un laissé pour compte (il a seulement de gros déboires sentimentaux et professionnels) et d’autre part rien n’est fait pour qu’il attire notre sympathie. On a l’impression que le réalisateur est resté entre deux chaises, que le film a perdu son sens, sa direction. Au final, tout l’ensemble repose sur Sean Penn, excellent acteur, mais qui, comme pour pallier un manque, en fait beaucoup trop, surtout avec les expressions de visage qu’il tord vraiment dans tous les sens pour exprimer son désarroi…
Note : 1 étoile

Acteurs: Sean Penn, Naomi Watts
Voir la fiche du film et la filmographie de Niels Mueller sur le site IMDB.

16 novembre 2005

Un Mariage à Boston (1947) de Joseph L. Mankiewicz

Titre original : « The Late George Apley »

Un Mariage à Boston Elle :
Amusante satire de la société bostonienne engoncée dans ses principes de puritanisme, de bonnes manières, de niveau social au début des années 1900. Les femmes commencent à se rebeller contre les traditions de cette société corsetée. Les maris chancellent et sont choqués par les bouleversements à venir. Mankiewicz s’amuse et croque ces personnages de façon assez lucide. Certes, le film a un peu vieilli. Malgré quelques petites longueurs, on passe un bon moment en se disant que bien du chemin a été parcouru depuis ces années-là.
Note : 3 étoiles

Lui :
Inédit en France jusqu’en 2004, ce troisième film de Mankiewicz, Un Mariage à Boston,  n’est pas aussi abouti que les petits bijoux qui lui succéderont mais il est assez remarquable par la qualité de ses dialogues et le ton général, à la fois léger et grave. Cette satire de la haute bourgeoisie bostonienne du début du XXe siècle est assez mordante, mais également souvent drôle et plaisante. Le personnage principal du père, engoncé dans des principes absurdes, permet de placer des répliques assez savoureuses, parfaitement désuètes. On peut juste reprocher au film un scénario assez simple, qui manque un peu de développement, mais il se regarde avec plaisir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Ronald Coleman, Peggy Cummins
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.

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12 novembre 2005

Band of Brothers (2001) (TV : série de 10 épisodes)

Titre français : « Frères d’armes »

Réalisateurs :
Phil Alden Robinson (1), Richard Loncraine (2), Mikael Salomon (3 et 10), David Nutter (4), Tom Hanks (5), David Leland (6), David Frankel (7 et 9), Tony To (8).

Band of BrothersElle :
Dix épisodes de grande qualité pour cette série télévisée qui retrace le parcours effroyable de la « Easy Company ». Du 6 juin 1944 à la chute définitive des allemands en Autriche, huit réalisateurs différents se lancent avec talent dans la reconstitution de la vie de ces soldats au quotidien. Rien ne nous est épargné ni les combats sanglants, les blessures béantes, les membres coupés, les cadavres des camps, les angoisses, la folie meurtrière. Ce réalisme des images sert le propos et contribue à perpétuer la mémoire de ces jeunes soldats. Deux épisodes semblent inférieurs : le premier assez académique où on se serait bien passé de la présence de David Schwimmer pas vraiment crédible en chef implacable et le sixième qui donne dans le sensationnel gratuit.
Note : 5 étoiles

Lui :
Easy CompanyBand of Brothers : Cette reconstitution du parcours d’une unité de l’armée américaine permet de retracer les évènements depuis le débarquement de 1944 jusqu’à la capitulation de l’Allemagne. Etalée sur dix épisodes d’une heure (avec huit réalisateurs différents), cette épopée est assez réussie, même si les épisodes sont assez inégaux, car elle parvient à nous mettre dans la peau de ces soldats, de comprendre ce qu’ils ont vu et enduré. Mis à part un ou deux épisodes, les effets dramaturgiques ne sont pas amplifiés à outrance et la mise en scène est d’une manière générale assez sobre. L’interprétation est excellente. Si on peut critiquer l’inévitable côté militariste de l’ensemble ou le style « c’est dans la guerre que l’on noue des relations fortes avec ses camarades », il n’en reste pas moins que cette série constitue un bel hommage à ces soldats.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Damian Lewis, Donnie Wahlberg, Ron Livingston, Matthew Settle
Voir la fiche de la série sur le site imdb.com.

11 novembre 2005

The Safety of Objects (2001) de Rose Troche

The Safety of Objects Elle :
Regard acerbe mais un peu confus sur la société de consommation américaine. Trois familles américaines moyennes en proie à des échecs amoureux, professionnels ou encore ravagée par la perte d’enfants, se déstructurent peu à peu et finissent par ne plus communiquer. La possession d’objets (poupées, téléphones, voitures, etc…) prend la place de la parole afin de compenser un manque d’amour ou d’affection. Les idées sont intéressantes mais la façon de les mettre en place est assez maladroite et hachée. L’univers sonore est assez fatiguant mais sans doute est-ce pour mettre en avant le côté artificiel de ce monde de supermarchés et de jeux d’argent.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si le film a indéniablement un contenu, une mise en opposition des difficultés de communication à l’intérieur de quatre familles voisines et leur propension à se reporter sur les objets qui les ancrent dans la réalité, la forme pose problème : la mise en place est chaotique, extrêmement confuse, et la construction générale du film, à force de vouloir être dynamique, le rend assez souvent pénible à suivre… De plus, le trait semble parfois trop grossi, les symboles trop faciles (le garçon qui ne parle qu’à ses poupées) et la fin est plaquée et un peu niaise. Beaucoup de maladresses donc sans Safety of Objects mais une bonne idée de base.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Glenn Close, Dermot Mulroney, Jessica Campbell
Voir la fiche du film et la filmographie de Rose Troche sur le site IMDB.

9 novembre 2005

Caught (1949) de Max Ophüls

Caught Elle :
Film sombre sur les déboires amoureux d’une jeune femme arriviste qui rêve de conquérir un riche mari. Le milliardaire est bien sûr tyrannique et ne pense qu’à gagner de l’argent et la jeune épouse décide de quitter le foyer pour trouver un travail. L’histoire de Caught est assez manichéenne. Les riches que tout le monde envie et les pauvres qui luttent au quotidien pour soulager les plus faibles. Le plus intéressant reste la mise en scène très fluide.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans le genre “l’argent ne fait pas le bonheur (pire: il rendrait même terriblement malheureux)”, ce film a le défaut de présenter un scénario assez peu travaillé, restant dans le conventionnel, sans surprise ni originalité. Malgré sa grande maîtrise de la mise en scène, Max Ophüls ne parvient pas vraiment à donner une personnalité au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Barbara Bel Geddes, Robert Ryan
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Ophüls sur le site IMDB.

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3 novembre 2005

Les Sentiers de la perdition (2002) de Sam Mendes

Titre original : « Road to Perdition »

Les Sentiers de la perdition Elle :
De par sa forme, ce film sur la mafia irlandaise dans le Chicago des années 50 ne reproduit pas les habituels clichés des films de gangsters. Sam Mendes, réalisateur d’American Beauty, film souvent plébicité mais que j’avais moyennement apprécié, suit les pas de Mike Sullivan (Tom Hanks), tueur fidèle à son chef (Paul Newman) qui cherche à venger l’assassinat de son fils et de sa femme. Les acteurs jouent tout en sobriété. Le scénario de ces Sentiers de la Perdition est plutôt simple. Ce qui nous retient devant l’écran, c’est l’admirable mise en scène, les cadrages et l’éclairage somptueux, la bande son très originale qui illustre parfaitement ce monde glauque du crime organisé. La curieuse et majestueuse fluidité des mouvements de caméra souligne inéluctablement la fuite en avant de cet homme vers la perdition et Perdition qui est le nom d’un village où habite sa soeur. Quelques petites longueurs malgré tout, un peu trop de pluie et d’images léchées.
Note : 4 étoiles

Lui :
Les Sentiers de la Perdition m’a paru attirant plus par sa forme que par son scénario, tant la photographie est remarquable. Les mouvements de caméra sont assez étonnants parfois, mais toujours merveilleusement doux et fluides. Cette forme très « soft », toute empreinte d’une douceur certaine, est en total contraste avec le sujet du scénario (un homme de main de la mafia pourchasse les tueurs de sa famille), mais au lieu d’offrir un décalage, cette opposition se mute en complémentarité et adoucit un sujet qui aurait sans doute été assez cru sans cela. Le dit-sujet manque tout de même un peu d’intérêt…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Paul Newman
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30 octobre 2005

Loin du Paradis (2002) de Todd Haynes

Titre original : « Far from Heaven »

Loin du Paradis Elle :
Une famille américaine idéale avec une épouse parfaite (Julianne Moore), un mari publiciste réputé (Dennis Quaid), deux beaux enfants, une belle maison. Quoi demander de plus ? Dès le début du film, on flotte dans le rêve américain des années 50. L’atmosphère aux couleurs chatoyantes de l’automne est irréelle comme dans un conte de fée et Julianne Moore est belle à mourir avec sa voix suave. Mais évidemment le vernis se fendille et les apparences trompeuses laissent place aux problèmes de couple, de voisinage, à la difficulté de vivre en harmonie avec les gens de couleurs. Todd Haynes aborde donc des thèmes tabous comme l’homosexualité, le racisme qui étaient montrés du doigt à cette époque. Il plaide pour le féminisme, l’égalité raciale, le libre choix de sa sexualité. Dans cette belle en scène, cette remise en cause du modèle de société américain engoncé dans ses principes et préjugés est percutante.
Note : 5 étoiles

Lui :
Cette histoire m’a globalement paru trop artificielle pour pouvoir y adhérer un tant soit peu. Les images sont trop parfaites, tout comme la nature, les contrastes sont marqués, et cette famille parfaite va bien évidemment basculer et être mise au ban de la société… L’ensemble est trop convenu et agaçant dans sa mise en place.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Julianne Moore, Dennis Quaid
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27 octobre 2005

The barber: l’homme qui n’était pas là (2001) de Joel Coen

Titre original : « The Man Who Wasn’t There »

l'homme qui n'était pas là Elle :
Dans le plus pur style des films noirs des années 40, les frères Coen nous invitent à partager la vie très ordinaire d’un américain moyen qui n’aime pas sa vie et se fait happer sans résistance dans une sombre affaire de chantage qui le mène droit vers la mort. Scénario somme toute assez classique sauf qu’ici la patte des frères Coen imprime au film un style particulier grâce à ses somptueux éclairages noir et blanc, les sonates de Beethoven, la chaude voix off et le visage buriné de Billy Bob Thornton. Cet homme ordinaire n’existe pas ; il observe son entourage, subit les évènements et ne cherche pas à sauver sa peau. Malgré quelques petites longueurs, on se laisse gagner par cette ambiance étrange et sereine qui mène ce coiffeur impassible vers la chaise électrique.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’atmosphère de The Barber, l’homme qui n’était pas là des frères Coen fait bien entendu énormément penser à celle des grands films noirs, mais ce n’est pas un simple hommage ou un simple film de genre : tout le film tourne autour de son personnage principal, un homme à l’impassibilité quasi statuaire, qui subit les évènements avec un calme lisse et uniforme, telle cette sonate de Beethoven qui revient comme une ritournelle dans le film. Sa seule tentative pour prendre les évènements en main sera non seulement maladroite mais disproportionnée et aura de graves conséquences. Le noir et blanc est un délice à l’oeil, un festival de contrastes et d’ombres, certains plans sont de vrais tableaux. La mise en scène est souvent époustouflante avec une utilisation de la caméra étonnante. Du grand art.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Billy Bob Thornton, Frances McDormand, Michael Badalucco, James Gandolfini
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Coen sur le site IMDB.

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23 octobre 2005

Mondovino (2004) de Jonathan Nossiter

MondovinoElle :
Une bonne surprise pour ce film documentaire qui a le mérite de ne pas laisser indifférent face aux problèmes du monde du vin et face à la mondialisation rampante. Images sans fard, interviews laissant place à l’improvisation, ralentis, accélérés, zooms hilarants et satiriques sur des acteurs de second plan comme les chiens des gens visités ou les employés des domaines. C’est avec une caméra un peu cahotante et donc bourrée d’humour que Jonathan Nossiter confronte les points de vue opposés des partisans de la mondialisation du goût et des vignerons défenseurs d’une histoire, d’une tradition viticole.

Mondovino cherche à mettre en évidence la volonté des Mondavi, Michel Rolland et Robert Parker d’imposer des vins formatés, au goût boisé pour plaire au plus grand nombre. Il s’attache à montrer que la distribution du vin est contrôlée par des multinationales qui tente d’imposer leur emprise sur toute la planète pour gagner le plus d’argent possible. Le réalisateur n’est pas neutre et prend le parti de dénoncer cette mondialisation d’où certainement un montage un peu manichéen notamment vis-à-vis de l’œnologue Michel Rolland. Mais, il a le mérite de faire réfléchir sur les conséquences perverses de cette globalisation qui enrichit les grands trusts et nivelle les différences d’identité, de culture et de terroir sans que les peuples puissent vivre décemment du fruit de leur labeur.
Note : 4 étoiles

Mondovino Lui :
Mondovino a fait l’effet d’une véritable bombe dans le monde du vin (professionnel et amateur). Ce n’est pas à franchement parler un film documentaire, Mondovino est un film porteur d’idées et d’interrogations au sujet des risques d’uniformisation des vins (plutôt à un haut niveau, d’ailleurs, puisque le prix des vins dont il est question se situe entre 30 et 200 euros). Jonathan Nossiter fait passer ses idées, non sans parti pris et on peut lui reprocher une certaine simplification, dans le but d’offrir une vision assez manichéenne, style David contre Goliath. En ce sens, Mondovino fait penser aux films de Michael Moore. Le tour de force de Nossiter est qu’il parvient à mettre ses interlocuteurs tellement en confiance qu’ils finissent par lâcher des paroles caricaturales. Certaines scènes sont surréalistes.

Sur la forme, Nossiter montre un style certain. Il s’attarde sur des détails de chaque scène, les chiens, un robot nettoyeur de piscine. Il y a beaucoup d’humour dans Mondovino. Les mouvements de caméra sont vifs et souvent brutaux, le style surprend au départ (surtout que je suis assez allergique à la caméra à l’épaule…) mais Nossiter parvient tout de même à un résultat tout en douceur.

A noter, que quelques mois après la sortie de Mondovino, la Mondavi Corporation a été absorbée par une société encore plus grosse qu’elle… la famille Mondavi ayant du se plier à la volonté de ses propres actionnaires. Brrrr…
Note : 4 étoiles

Voir une analyse plus « vinesque » de Mondovino sur le site Château Loisel.
Voir aussi une intéressante analyse cinématographique sur le site romanduvin.ch
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Nossiter sur le site imdb.com.

Mondovino la sérieUn coffret de 4 DVD est sorti fin 2006 : Mondovino, la série.

Il s’agit d’un montage différent des nombreuses heures que Jonathan Nossiter a tournées en vidéo pour en faire 10 documentaires de 55 minutes.

Lire la présentation de Mondovino, la série sur le site Château Loisel.

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20 octobre 2005

Le roman de Mildred Pierce (1945) de Michael Curtiz

Titre original : « Mildred Pierce »

Le roman de Mildred PierceElle :
Ce très beau film noir, réalisé peu à près le succès de Casablanca, est adapté du roman de James Cain. Dans Le roman de Mildred Pierce, Joan Crawford interprète brillamment une femme aveuglée par l’amour exclusif qu’elle porte à sa fille. Elle sacrifie toutes ses relations pour réussir dans la vie, gagner de l’argent, élever sa fille dans le luxe. Cette relation ambigüe tourne à son désavantage puisque la fille devient un monstre égoïste et sa rivale en amour. C’est par un flash-back habile que Michael Curtiz dépeint la noirceur des relations que ces gens entretiennent entre eux. L’argent, l’hypocrisie, le mensonge sont les moteurs du film. C’est machiavélique à souhait le tout dans une ambiance noir et blanc très contrastée pour mieux traduire la noirceur de ces personnages.
Note : 5 étoiles

Lui :
Parfaitement mise en scène avec brio par Michael Curtiz, cette histoire qui semble démarrer comme un film noir avec un meurtre, se révèle être plus une étude de moeurs, assez tragique en soi, sur une mère excessivement possessive. Il y a beaucoup de force dans l’interprétation de Joan Crawford, et l’Oscar qu’elle a eu pour ce rôle paraît bien mérité. Très bons seconds rôles également. Une histoire assez bouleversante, une très belle photographie, un très beau film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, Zachary Scott, Jack Carson
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Curtiz sur le site IMDB.

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