11 mars 2008

La soif du mal (1958) de Orson Welles

Titre original : « A touch of evil »

La soif du mal Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Le premier plan de La Soif du Mal est probablement le plan le plus spectaculaire que Welles ait jamais tourné : un plan séquence de trois minutes où l’on suit au milieu d’une ville une voiture que l’on sait devoir exploser incessamment ; la caméra monte à cinq mètres du sol pour revenir ensuite suivre un couple marchant sur le trottoir, la voiture semble nous échapper pour être rattrapée quelques secondes plus tard, l’on remonte comme pour passer les obstacles et venir s’inviter dans une discussion au poste frontière, tout cela sans une seule coupure. C’est superbe. Orson Welles pratique l’exagération jusque dans la virtuosité. La Soif du Mal est adapté d’un roman noir mais cette histoire n’est qu’un tremplin pour Welles La soif du mal qui s’attache surtout à créer une atmosphère poisseuse et kafkaïenne dans cette ville à la frontière mexicaine où il incarne avec maestria un flic-épave qui utilise des moyens peu orthodoxes pour combattre la pègre locale. L’usage de grands-angles qui déforment l’image, les jeux sur l’ombre et la lumière, les contrastes violents, tous les procédés classiques d’Orson Welles viennent accentuer encore ce sentiment d’étrangeté, d’immersion dans un monde à la dérive. On reproche parfois à La Soif du Mal cet excès de virtuosité mais force est de constater que le résultat est vraiment magistral.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Akim Tamiroff, Marlene Dietrich, Dennis Weaver
Voir la fiche du film et la filmographie de Orson Welles sur le site imdb.com.

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Versions :
Universal a coupé quelques scènes à la sortie : la version commerciale faisait donc 95 minutes. En 1975, les studios ont réintégré tant bien que mal ces scènes pour former la version assez courante maintenant de 108 minutes, censée être plus proche de celle que voulait Welles. Il existe d’autres versions légèrement différentes.

10 mars 2008

Le fantôme de l’Opéra (1925) de Rupert Julian et Edward Sedgwick

Titre original : « The Phantom of the Opera »

Le fantôme de l’OpéraElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Cherchant à reproduire le succès de Notre-Dame de Paris, les studios Universal virent dans le roman de Gaston Leroux Le Fantôme de l’Opéra un moyen de replacer Lon Chaney dans une situation dramatique de type « la belle et la bête ». Cette adaptation a un peu le défaut de montrer sans expliquer : on ne comprend pas bien pourquoi « la belle » est au départ subjuguée par un homme qu’elle n’a pas vu, pas plus que l’on nous donne les clés pour comprendre le comportement criminel du « fantôme » (contrairement au livre). Le Fantôme de l’Opéra comporte quelques scènes assez spectaculaires de foule et l’atmosphère des souterrains est lourde à souhait. Le couple forcé formé par Lon Chaney et la très belle Mary Philbin fonctionne particulièrement bien, une certaine connivence s’étant créée entre les deux acteurs. Le Fantôme de l’Opéra fut un énorme succès et se révéla être la plus belle réussite financière des années 20 pour les Studios Universal. Une version sonorisée fut refaite en 1929.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry
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Versions :
La version vue ici est l’original de 1925 qui dure 110 minutes environ. Elle comporte deux scènes en Technicolor bichrome. La copie visionnée (DVD du commerce) est en assez mauvais état mais le film reste largement visible. A noter que quelques scènes ont été dirigées par Lon Chaney lui-même et la fin du tournage a été assurée par Edward Sedgwick.
En 1929, Universal sortit une version en partie sonorisée de 83 minutes (Norman Kerry doublant Lon Chaney qui était passé à la MGM) avec ajout de nouvelles scènes d’opéra mais aussi la suppression de nombreuses scènes.
Cette version remaniée est également sortie en version muette. C’est celle-ci qui est hélas la plus courante.

Remakes :
1943 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) d’Arthur Lubin avec Nelson Eddy et Claude Rains
1962 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Terence Fisher avec Herbert Lom
1974 : Phantom of the Paradise de Brian de Palma avec William Finley, sorte de comédie musicale rock un peu déjantée,
1990 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Dwight H. Little avec Robert Englund
1998 : Le Fantôme de l’Opéra (Il Fantasma dell’Opera) de Dario Argento
2004 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Joel Schumacher avec Gérard Butler et Emmy Rossum.
Bizarrement, ce roman français n’a jamais été adapté en France.

8 mars 2008

Jerry chez les cinoques (1964) de Frank Tashlin

Titre original : « The disordely orderly »

Jerry chez les cinoquesElle :
(pas vu)

Lui :
Jerry Lewis est garçon de salle (en anglais « orderly ») dans un hopital-maison de repos. Jerry chez les cinoques est en fait une suite de saynètes qui n’ont pas toujours de lien vraiment marqué entre elles. Quelques passages sont vraiment réussis, ne serait-ce que cette course poursuite finale vraiment délirante. Le reste du film est plus inégal mais il y a tout de même là de quoi réjouir les plus jeunes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Glenda Farrell, Karen Sharpe, Kathleen Freeman
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7 mars 2008

Une femme dangereuse (1940) de Raoul Walsh

Titre original : « They drive by night »

Une femme dangereuseElle :
(pas vu)

Lui :
Ce film de Raoul Walsh est à deux facettes. Le titre anglais They Drive by Night ferait plutôt référence à la première moitié du film qui dépeint de façon assez réaliste le monde des routiers et la difficulté d’être indépendant en cette fin des années 30. Walsh parvient ainsi à donner une réelle dimension sociale à son film sans sacrifier le suspense. Le titre français Une Femme Dangereuse s’appliquerait plutôt à la seconde partie, plus policière et même judiciaire, qui est en fait étonnamment proche de l’intrigue de Ville Frontière (Bordertown), film de 1935 signé Archie Mayo avec Paul Muni et Bette Davis. La Warner semble avoir réutilisé une trame de scénario, comme les studios ont l’habitude de le faire quelquefois. L’interprétation n’est pas très flamboyante, le film restant centré sur George Raft qui livre tout de même une assez bonne prestation sans être absolument remarquable. Humphrey Bogart est ici en faire valoir (il a tourné ce film juste avant La Grande Evasion du même Raoul Walsh, film qui saura le mettre en valeur). Ida Lupino est en revanche particulièrement convaincante dans son rôle de femme dangereuse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Raft, Ida Lupino, Ann Sheridan, Humphrey Bogart, Gale Page
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Remarque :
La Warner ayant déjà utilisé le titre They Drive by Night pour un film de l’anglais Arthur B. Woods (1938), le film de Walsh est sorti en Angleterre sous le titre The Road to Frisco.

5 mars 2008

La Splendeur des Amberson (1942) de Orson Welles

Titre original : The Magnificent Ambersons

La splendeur des AmbersonsElle :
Ce film intense sur l’amour impossible à la fin du XIXe siècle entre un génial inventeur automobile (Joseph Cotten) et la fille d’une riche famille (Dolores Costello) illustre le déclin d’une certaine aristocratie et la montée d’une bourgeoisie plus libérale. La déchéance progressive de ces Ambersons, motivés pour certains par l’amour mais pour d’autres par la jalousie et la haine, est admirablement mise en relief par la mise en scène inventive de Welles.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec La Splendeur des Amberson, Orson Welles nous offre un très beau film qui mêle amour impossible, saga familiale et analyse sociale. Tourné un an après son premier film Citizen Kane, on y retrouve les éléments qui feront la personnalité de tous ses films : un jeu de caméra fougueux et osé, une utilisation de l’ombre et de la lumière, les plans-séquences (scènes tournées sous leur forme définitive, sans montage ultérieur). Tous ces éléments contribuent à donner de la force à La Splendeur des Amberson qui devient ainsi un film à la fois émouvant et captivant avec, une fois de plus, un personnage principal que l’on aime haïr. Le film a été amputé par la RKO de sa dernière demi-heure, jugée trop déprimante. Les coupes réalisées sont, semble t-il, perdues à jamais.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Cotten, Dolores Costello, Anne Baxter, Tim Holt, Agnes Moorehead
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5 mars 2008

Le criminel (1946) de Orson Welles

Titre original : The Stranger

Le criminelElle :
Très beau film noir où le suspense, la musique angoissante et le fabuleux Edward G Robinson sont au rendez-vous de la tradition classique du film policier. La photographie en noir et blanc très contrasté vient amplifier ces sentiments de peur et de dégoût que nous inspire le personnage de criminel nazi interprété par Orson Welles.
Note : 4 étoiles

Lui :
Filmé de façon classique, du moins par rapport aux autres films d’Orson Welles (1), cet excellent film noir envoûte et captive. Comme d’habitude avec Welles, les personnages sont puissants et semblent traverser l’écran. La fin peut paraître un peu bizarre, ratée pourrait-on même dire…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Loretta Young, Orson Welles
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(1) En fait, Orson Welles a tourné ce film très rapidement juste pour montrer qu’il pouvait être aussi excellent réalisateur qu’un autre pour des films classiques. Le scénario est de John Huston et Welles a même déclaré : »Il n’y a rien de moi dans ce film ».

2 mars 2008

Fast Food Nation (2006) de Richard Linklater

Fast Food NationElle :
Ce film documentaire inspiré d’un best seller et produit par un des Sex Pistols montre comment l’industrie du fast food a envahi toute la société américaine. Pour ce faire, on suit en parallèle le parcours des personnes qui participent aux fonctionnement de cette économie : les industriels qui ne pensent qu’à leur chiffre d’affaires, les gérants qui couvrent les anomalies et les scandales, le personnel sous-payé des fast food, les clandestins mexicains exploités et embauchés sans qualification pour faire les basses besognes, les consommateurs qui continuent d’acheter et d’avaler gloutonnement sans réfléchir, les étudiants qui tentent vainement de changer le cours de choses avec le Patriot Act comme menace. Un circuit sanglant, glauque et sans espoir. On peut reprocher au film la présence de scènes un peu confuses et inutiles qui n’apportent pas grand-chose de plus au message du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans Fast Food Nation, Richard Linklater aborde deux problèmes : la qualité déplorable de la viande servie dans les fast-food et l’exploitation des mexicains immigrés clandestins. Nous sommes dans le Colorado près d’une gigantesque entreprise d’abattage et de découpe des bovins. Un cadre d’une chaîne de fast-food est là pour enquêter : des analyses ont montré la présence de matière fécale dans la viande hachée… (bon appétit). Sous des airs de documentaire, Fast Food Nation s’appuie en fait sur une adaptation d’un livre de Eric Schlosser pour pointer du doigt des situations assez révoltantes. La démonstration est toutefois un peu trop diluée dans une bonne dose de verbiage qui lui ôte un peu de sa force mais cela ne donne pas franchement envie d’aller se prendre un hamburger au fast-food du coin.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Greg Kinnear, Catalina Sandino Moreno, Wilmer Valderrama, Bruce Willis, Patricia Arquette, Kris Kristofferson
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1 mars 2008

Flight Command (1941) de Frank Borzage

Flight CommandElle :
(pas vu)

Lui :
Filmé avec beaucoup de professionnalisme par Frank Borzage, Flight Command repose sur un scénario très classique : une jeune recrue doit faire ses preuves au sein d’une prestigieuse escadre d’aviateurs. Amour et suspicion viennent compliquer la situation… Si la partie romance n’est pas particulièrement forte, les scènes d’aviation sont très réussies et assez prenantes, sans qu’il y ait de scènes de combat d’ailleurs puisque l’escadre ne fait que s’entraîner. Flight Command Les avions de cette époque étaient assez rudimentaires et leurs pilotes prenaient de grands risques. Bien qu’un peu anodin, Flight Command (jamais sorti en France semble t-il) est plutôt plaisant.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Robert Taylor, Ruth Hussey, Walter Pidgeon
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29 février 2008

La grande évasion (1941) de Raoul Walsh

Titre original : « High Sierra »

La Grande EvasionElle :
(pas (re)vu)

Lui :
La Grande Evasion de Raoul Walsh offre un premier grand rôle pour Humphrey Bogart qui cesse ainsi de jouer les petites frappes antipathiques et autres faire-valoir de second plan. Certes, son personnage est encore un repris de justice mais il s’agit ici d’un truand au grand cœur, très humain et qui attire la sympathie. Humphrey Bogart apporte une réelle dimension à ce personnage de tueur en lui donnant à la fois une férocité de psychopathe et une ingénuité désarmante. Il inaugure ainsi toute une décennie de grands rôles mythiques pour lui, une décennie qui verra aussi la fin de ces films de gangsters qui firent les beaux jours de la Warner dans les années 30 ; La Grande Evasion est l’un des tous derniers et, en même temps, préfigure ce que sera le film noir des années 40. A noter également, la très belle composition d’Ida Lupino. La scène finale, sur le Mont Whitney, est restée célèbre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ida Lupino, Humphrey Bogart, Joan Leslie
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Anecdote :
George Raft avait refusé le rôle car le personnage devait mourir à la fin, Paul Muni aurait refusé parce qu’il avait été proposé à George Raft, James Cagney et Edward G. Robinson refusèrent également. Bogart accepta aussitôt. A noter que George Raft donnera un deuxième énorme coup de pouce à Humphrey Bogart en refusant quelques mois plus tard le rôle de Sam Spade dans le Faucon Maltais du « jeune » John Huston.

Remakes :
La Fille du Désert (Colorado Territory) du même Raoul Walsh (1949) avec Joel McCrea et Virginia Mayo, une transposition du même thème dans le monde du western.
La Peur au Ventre (I Died a Thousand Times) de Stuart Heisler (1955) avec Jack Palance et Shelley Winters.

Homonyme :
La grande évasion (The Great Escape) de John Sturges (1963) avec Steve McQueen.

27 février 2008

L’honneur des Prizzi (1985) de John Huston

Titre original : « Prizzi’s honor »

L’honneur des PrizziElle :
(pas vu)

Lui :
Si L’Honneur des Prizzi se présente sous les atours d’un film de mafia, le spectateur se rend rapidement compte qu’il ne se conforme pas au moule habituel. On peut même considérer qu’il s’agit d’une satire du film de mafia fait sur le modèle du Parrain ; l’humour quasiment omniprésent et les nombreux personnages caricaturaux viennent d’ailleurs appuyer cette impression. Mais c’est un peu plus que cela, car ce qui a intéressé John Huston, dans cette histoire de famille sicilienne qui règne sur la ville, c’est certainement le côté « panier de crabes », ces luttes et querelles internes, ces traîtrises tous azimuts qui occupent ce petit monde. Jack Nicholson personnifie à merveille ce truand benêt qui va se laisser mener en bateau. Huston a bien contrôlé sa tendance à surjouer son personnage. La charmante Kathleen Turner tient ici un rôle de femme à double face qui reviendra souvent dans la suite de sa carrière. L’Honneur des Prizzi est amusant et plaisant, même si l’on pouvait s’attendre à un peu plus d’un grand cinéaste comme Huston dont ce fut l’avant-dernier film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Kathleen Turner, William Hickey, Anjelica Huston
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