20 décembre 2010

Charlot et le comte (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The Count »

Charlot et le comteLui :
(Muet 24 mn) Charlot travaille chez un tailleur et va être amené à prendre l’identité d’un comte dans une soirée mondaine. Ce court métrage, le cinquième de Chaplin pour la Mutual, semble moins travaillé que les autres. Il manque aussi de scènes fortes, la seule qui soit vraiment originale est la toute première, la prise des mensurations d’une jeune femme par Charlot. Le restant de Charlot et le Comte est dans le pur style « slapstick » avec moult coups de pied aux fesses. Pas de grandes subtilités donc, c’est son agilité dans les poursuites qui reste le plus remarquable. A noter que Charlot et le Comte permet à Chaplin d’aborder un thème qu’il traitera plusieurs fois : l’immersion d’un pauvre dans un monde de riches.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.

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18 décembre 2010

Reaching for the moon (1917) de John Emerson

Titre français parfois utilisé : « Douglas dans la lune »

Reaching for the Moon Lui :
(Film muet) Produit et joué par Douglas Fairbanks, qui était alors en pleine ascension, Reaching for the Moon est une fable sur l’ambition, sous la forme d’une amusante comédie. Un employé de bureau d’une fabrique de boutons rêve d’une autre vie où il côtoie des têtes couronnées. Un jour, il est découvert par un comte étranger qui lui affirme qu’il est l’héritier du trône du petit royaume de Vulgaria. Il doit épouser une princesse ce qui n’est pas goût d’un autre prétendant au trône qui va tout faire pour tenter de l’éliminer… Dans ce film, Douglas Fairbanks fait preuve d’une vitalité étonnante, cette histoire lui permettant de réaliser des acrobaties et même des cascades avec une rapidité et un naturel qui n’appartientent qu’à lui. Reaching for the Moon Les poursuites dans la cité aux canaux sont trépidantes. Il y a aussi beaucoup d’humour dans cette histoire qui se veut légèrement moralisante : plutôt que de chercher à décrocher la lune (« Reach for the moon »), il faut mieux choisir des buts à sa portée et tout aussi nobles comme se marier et fonder une famille…!
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Eileen Percy, Richard Cummings, Eugene Ormonde, Frank Campeau
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Remarques :
* Notons que le film a été tourné pendant la Guerre de 14-18 et que ce royaume fictif de Vulgaria a une nette connotation germanique.
* On aperçoit (de dos seulement mais on le reconnaît fort bien) Erich von Stroheim dans un petit rôle de figuration.
* Le scénario est co-signé John Emerson et Anita Loos (future Madame Emerson et, surtout, grande scénariste hollywoodienne, d’Intolérance à Les hommes préfèrent les blondes).

Homonyme :
Douglas Fairbanks tournera un autre film intitulé Reaching for the Moon en 1930 réalisé par Edmund Goulding avec Bebe Daniels en co-star. Il n’y a aucun lien entre les deux films, ce n’est pas la même histoire.

16 décembre 2010

Une soirée de folie (1925) de Leo McCarey

Titre original : « What price Goofy? »

Une soirée de folieLui :
(Muet, 22 mn) Une jeune femme particulièrement jalouse, un mari un peu tête en l’air, tels sont les deux personnages principaux de cette comédie très enlevée de Leo McCarey. Le scénario, écrit par le producteur Hal Roach lui-même, est particulièrement remarquable. Le rythme est rapide avec une très belle exploitation des situations pour développer le burlesque : la salle de bains à deux portes, le chien rapporteur, l’utilisation du cambrioleur, le retournement final… Ce What Price Goofy ? est vraiment un petit bijou du burlesque muet.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Katherine Grant, Lucien Littlefield, Marjorie Whiteis, Noah Young
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Remarques:
Le titre What price Goofy est une déformation humoristique de What price Glory, une pièce de Maxwell Anderson et Laurence Stallings très célèbre à l’époque. Cette pièce sera adaptée au cinéma peu après par Raoul Walsh What price Glory (1926), l’un des plus grands succès de Walsh en muet, puis par John Ford What price Glory (1952) avec James Cagney. L’histoire est très différente puisqu’il s’agit de deux soldats de la Guerre 14-18, amoureux de la même femme puis confrontés à l’enfer du front.

What Price Goofy?

15 décembre 2010

Ceux de la zone (1933) de Frank Borzage

Titre original : « Man’s Castle »

Ceux de la zoneLui :
Dans le cinéma de Frank Borzage, l’amour est toujours le plus fort, il triomphe de tout. C’est particulièrement vrai dans Ceux de la Zone puisque son histoire prend place dans une zone de New York connue sous le nom de « Hoover Flats » (= les appartements Hoover), sorte de petit bidonville créé au bord de l’Hudson après la Grande Dépression. C’est là que s’installent provisoirement les deux personnages principaux, deux irréductibles optimistes : lui est un individualiste forcené qui tient à sa liberté et s’interdit d’exprimer tout sentiment (Spencer Tracy), elle est une jeune femme fragile, débordant d’amour (Loretta Young). La façon dont ils se rencontrent en début de film est une petite merveille scénaristique. Borzage est aussi le cinéaste de l’espoir : à l’instar de la fleur qui émerge non sans mal dans cet environnement sombre et pollué, l’amour va éclore malgré l’adversité et les tentations, l’amour qui se joue de la fatalité. Très belles prestations d’acteurs, en totale emphase avec leur personnage ; Loretta Young est particulièrement lumineuse dans cet environnement modeste. Tous deux sont terriblement attachants. Plus que jamais, Borzage fait preuve de délicatesse et de nuances. Malgré les forts contrastes, il ne grossit jamais le trait ni ne joue avec la dramatisation. Il trouve là un équilibre parfait. Ceux de la Zone est l’un de ses plus beaux films.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Loretta Young, Marjorie Rambeau, Glenda Farrell, Walter Connolly, Arthur Hohl
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Ceux de la zoneRemarques :
* Le film eut des problèmes avec la censure du fait de la grossesse hors mariage. Certaines scènes furent coupées.
* Si le film a indéniablement un côté historique aujourd’hui en nous montrant la façon dont pouvaient vivre des chômeurs au lendemain de la Grande Dépression, il n’était pas très vendeur de trop le montrer à l’époque comme en témoigne l’affiche ci-contre qui reprend une scène très courte entre Spencer Tracy et Glenda Farrell (qui représente la tentation et copie de façon étonnante le jeu de Mae West), une affiche vraiment peu représentative du film.

14 décembre 2010

Le convoi (1978) de Sam Peckinpah

Titre original : « Convoy »

Le convoiLui :
Poursuivi par un policier haineux et obstiné, un desperado du bitume se retrouve amené à prendre la tête de toute une troupe de big-trucks en révolte… Sam Peckinpah transpose l’image du cowboy dans le monde des années soixante-dix. Dans Le Convoi, le hors-la-loi est au volant d’un puissant camion lancé à vive allure au travers des déserts du Middle-west. L’idée était très intéressante, surtout venant de Sam Peckinpah qui a déjà traité plusieurs fois de l’univers de l’Ouest. Le scénario fait hélas un peu défaut, semblant se contenter de surfer sur l’ambiance de rébellion et de rejet du politique de ces années post-Watergate. Le Convoi comporte de belles scènes alignant ces beaux monstres rugissants et de bonnes scènes de poursuite mais l’ensemble manque de finalité. Le film s’étiole nettement dans sa seconde moitié.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young
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12 décembre 2010

Fatty chez lui (1917) de Roscoe Arbuckle et Buster Keaton

Titre original : « The rough house »

Fatty chez luiLui :
(Muet, 22 minutes) Des quinze films que Buster Keaton a tournés avec Fatty Arbuckle, The Rough House est le troisième. C’est le premier où il est co-réalisateur. Fatty vit avec sa femme et sa belle-mère dans une grande maison où il commence par mettre le feu à son lit. Le cuisinier (Al St. John) et un garçon de courses (Buster Keaton) en viennent aux mains pour se disputer les faveurs de la bonne. The Rough House est surtout connu pour sa scène de la danse des petits pains faite par Fatty Arbuckle, danse que reprendra Chaplin dans La Ruée vers l’or. Bien entendu, elle est ici beaucoup plus courte et peu développée. Le restant de ce court métrage est typique de l’humour « slapstick », avec beaucoup de comique tarte à la crème et de comique destructeur : dans les films de Fatty Arbuckle, on casse toujours beaucoup! Surprise : Buster Keaton y sourit, rit et même fait des grimaces. A cette époque, s’il aime utiliser son visage impassible assez souvent, ce n’est pas encore exclusif de toute expression. The Rough House n’est sans doute pas à classer parmi les meilleurs films du trio mais comporte quelques bons moments.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
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11 décembre 2010

Malec champion de golf (1920) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « Convict 13 »

Malec champion de golfLui :
Buster Keaton joue au golf et égare quelque peu sa balle avant d’être pris par erreur pour un évadé de la prison voisine. Malec champion de golf comporte ainsi deux parties assez différentes, les univers ne sont pas du tout les mêmes, mais quelles que soient les situations (et elles sont assez pittoresques), il affronte toujours l’adversité avec un flegme inébranlable. Buster Keaton joue beaucoup avec l’absurde (le golf sur l’eau, l’escouade de gardiens marchant au pas, etc…) pour créer des gags inventifs qui rebondissent de l’un à l’autre.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sybil Seely, Joe Roberts
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Remarques :
Chaplin réalisera un an plus tard un court métrage où il joue également au golf dans un premier tiers du film : The Idle Class (Charlot et le Masque de fer). Il est intéressant de comparer les trouvailles des deux.

10 décembre 2010

Malec chez les fantômes (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The haunted house »

Malec chez les fantômesLui :
(Muet 21 mn) Dans une bonne première moitié de ce court-métrage, Buster Keaton est un employé de banque qui va créer un certain chaos après avoir trempé par inadvertance ses doigts dans un pot de colle. Pas facile de compter les billets après cela… Cette partie est amusante mais globalement un peu répétitive. Pris ensuite par erreur pour un braqueur de banques, il doit s’échapper et trouve refuge dans une maison réputée comme étant hantée. En réalité, elle abrite de faux-monnayeurs qui ont trouvé ce moyen pour écarter les curieux. Cette seconde partie est très nettement supérieure, très réussie et très inventive comme à chaque fois que Keaton joue avec une maison et des mécanismes (1). Escalier qui devient lisse, chausse-trapes et faux-semblants (2), personnages qui apparaissent et disparaissent… on a dans cette seconde partie de Malec chez les fantômes du grand Buster Keaton.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Virginia Fox, Joe Roberts
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(1) Buster Keaton ira plus loin encore avec Electric House (Frigo à l’Electric Hotel).
(2) A noter un gag surréaliste, assez inhabituel pour Keaton dans le sens où il n’a aucune explication logique de faisabilité : deux personnages (habillés en squelette) assemblent un homme par morceaux ; quand l’homme est complet, il prend vie et se met à marcher. Ce trucage amusant était très utilisé par Georges Méliès dès 1898/1899… Faut-il y voir un hommage de Keaton à Méliès ? C’est probable.

6 décembre 2010

Ça te la coupe (1924) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Girl shy »

Girl ShyLui :
Les films d’Harold Lloyd ont toujours des titres français un peu vulgaires… Il faut s’y faire. « Ça te la coupe » fait probablement référence au fait que le héros de Girl shy est très timide face aux filles (comme l’indique le titre anglais) : il se met à bégayer, perd tous ses moyens et, au final, il les évite. Pour compenser, il écrit en secret un livre où il se met dans la peau d’un homme à femmes qui prodigue des conseils pour mieux les séduire… Girl Shy est l’un des films les mieux équilibrés d’Harold Lloyd : il parvient à créer un personnage très attachant, mélange de fragilité et de détermination, qui apporte beaucoup de délicatesse et même une certaine tendresse. Il est aussi, comme toujours, capable d’accomplir de véritables prouesses. Girl Shy La course finale de Girl Shy est l’une des plus extraordinaires du cinéma. Désireux d’empêcher le mariage de sa bien-aimée avec un arriviste, Harold Lloyd va emprunter un nombre incalculables de véhicules différents, chacun étant plus rapide que le précédent. Tournée en plein jour dans les rues de Los Angeles, cette course est trépidante, l’impression de vitesse y est extrême, on le voit traverser des carrefours à une vitesse ahurissante… Il évite de justesse autos et piétons qui jaillissent devant lui (1). Il y a aussi beaucoup d’inventivité dans les situations ou dans les véhicules qu’il utilise. Mais tout aussi spectaculaire qu’elle soit, cette course folle n’est pas le seul attrait du film. Très complet, Girl Shy est ainsi l’un des tous meilleurs d’Harold Lloyd.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Jobyna Ralston, Richard Daniels, Carlton Griffin
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(1) Rappelons-le que tout est réel. Tout au plus certains passages sont légèrement accélérés. Harold Lloyd accomplissait toutes ses cascades lui-même. 

Remarques :
Girl ShyA) La scène où le chariot de Lloyd passe à toute allure au dessus de la camera au sol impressionna si fortement le réalisateur Frank Niblo qu’il décida aussitôt d’incorporer la même scène dans son Ben-Hur (1925) qu’il était en train de tourner. Niblo et Lloyd étaient amis. Niblo invita Lloyd le jour du tournage.
B) La scène finale de l’arrêt du mariage a (comme on s’en doute, puisque c’est pratiquement la même) très fortement influencé la scène finale du film Le Lauréat (The Graduate, 1967). Mike Nichols a, lui aussi, invité Harold Lloyd à assister au tournage de la scène.
Girl Shy C) Dans la (célèbre) scène où Harold Loyd, à l’arrière d’une voiture de pompiers à pleine vitesse, tente désespérément de se redresser en s’accrochant à un tuyau qui se déroule sans arrêt, l’acteur s’est grièvement blessé lors d’une chute. Tous les témoins pensaient qu’il avait le crâne fracturé mais il n’eut qu’une demi-douzaine de points de suture au front.
D) Girl Shy est le premier film produit par Harold Lloyd Productions. L’acteur produira ensuite lui-même tous ses films.
E) Le film comporte deux scènes rêvées d’homme à femmes, une où il joue l’indifférent, l’autre où il joue l’homme primaire. Une troisième scène fut tournée où il la jouait « reporter sportif » (!) Cette scène fut jugée négativement par le public-test et Harold Lloyd, qui a toujours accordé beaucoup d’importance aux opinions des publics-test, la retira.

5 décembre 2010

Last chance for love (2008) de Joel Hopkins

Titre original : « Last chance Harvey »

Last Chance for LoveLui :
Un compositeur de musiques publicitaires vient des Etats Unis à Londres pour assister au mariage de sa fille qu’il ne voit plus guère depuis son divorce. Il fait la rencontre de Kate, une londonienne tout aussi esseulée que lui. Ce n’est donc pas par l’originalité de son scénario (ni par son titre!) que Last Chance for Love pourra briller… sauf que l’histoire en question met en scène deux quinquagénaires (quoique Dustin Hoffman serait plutôt septuagénaire) et que le film a l’avantage d’être une petite production : son petit budget lui permet d’avoir une certaine fraîcheur. Après une belle mise en place qui s’appuie sur de bons dialogues, le film devient ensuite bien plus conventionnel. Il repose alors uniquement sur son duo d’acteurs : eux seuls peuvent maintenir cette légèreté qui fait son attrait. Last Chance for Love est une gentille (et optimiste) comédie romantique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Emma Thompson, Eileen Atkins, Kathy Baker
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