Lucien est enquêteur de police, un policier de terrain qui fait son métier avec passion. Muté à la suite d’une insubordination, il est affecté à une petite brigade chargé d’arrêter les dealers de drogue en flagrant délit… L.627 est un film étonnant, à la fois très proche du documentaire mais également solidement écrit, joué et interprété. Bertrand Tavernier en a écrit le scénario avec Michel Alexandre, lui-même ancien policier. Le film dresse ainsi un portrait très réaliste des conditions de travail vraiment précaires dans lesquelles les policiers doivent travailler, les astuces dont ils doivent faire preuve, leurs rapports avec les indics. S’il montre essentiellement les scènes vues du côté des policiers, L.627 laisse entrevoir l’environnement social des petits trafiquants. L’interprétation de Didier Bezace est très solide dans son jeu, bien soutenu par les seconds rôles, Philippe Torreton en tête. Tavernier a volontairement écarté tous les clichés du film policier, tant sur le fond que sur la forme, et trouvé ainsi un style nouveau qui est propre au film, empreint de réalisme, tout en énergie.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Didier Bezace, Philippe Torreton, Jean-Paul Comart, Charlotte Kady, Jean-Roger Milo
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Remarques :
* L.627 désigne un article du Code de la Santé publique français qui prévoit les sanctions pénales liées à la drogue.
* Si L.627 a été son premier scénario, Michel Alexandre a ensuite continué dans ce domaine pour faire une belle carrière de scénariste, réalisateur et maintenant producteur.
On a salué avec ce film le retour du cinéma de Bertrand Tavernier à un réalisme contemporain puisé aux sources du fait divers, ce que confirmera L’Appât quelques années plus tard. A travers la chronique d’une petite brigade de policiers spécialisée dans la lutte contre la drogue, Tavernier rédige un tract syndical réclamant davantage de moyens et de pouvoir pour la police comme solution à la dégradation de la cité.
Il a été dit dans les Cahiers du cinéma qu’avec L. 627 et L’Appât, Tavernier filmait du point de vue de la loi. Il serait plus juste d’affirmer qu’il filme du point de vue de l’ordre. Ce n’est pas la même chose.
Jean-François Rauger