Nelly est lassée de sa vie bien rangée auprès d’André. Elle rencontre Loulou, un jeune loubard qui sort de prison, et en fait son amant…
Le scénario de Loulou a été écrit par Arlette Langmann (sœur de Claude Berri) qui a vécu une aventure similaire presque dix ans auparavant : alors qu’elle était en couple avec Maurice Pialat, elle l’a quitté pour un jeune voyou qui sortait de prison, stagiaire sur le tournage d’un téléfilm. Mais que le récit soit partiellement autobiographique n’est pas si important. Le plus remarquable, c’est la façon avec laquelle Maurice Pialat parvient à capter la vie de ses personnages pour nous la restituer en nous plaçant très près d’eux. Que ce soit dans les poussées de violence ou dans la quiétude, la vérité de ton est manifeste. Loulou est aussi une peinture sociale puisque tout oppose le milieu plutôt aisé de Nelly et André et le milieu prolétaire de Loulou. Le fossé semble infranchissable. Le seul point commun est la recherche du plaisir qui vient colmater un grand vide existentiel.
Elle:
Lui :
Acteurs: Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Guy Marchand
Voir la fiche du film et la filmographie de Maurice Pialat sur le site IMDB.
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Isabelle Huppert et Gérard Depardieu dans Loulou de Maurice Pialat.
Homonyme :
Loulou (Die Büchse der Pandora, 1929) de Georg Wilhelm Pabst avec Louise Brooks.
Loulou, acteur chez Édouard Luntz :
– « Les cœurs verts » (1966) d’Edouard Luntz
Ours d’argent (deuxième prix) de la Berlinade.
Le projet a pris plusieurs années avant de se réaliser. Alain Jessua a aidé le cinéaste a trouver des fonds. Le tournage, tumultueux (des acteurs sont même partis, sans prévenir, passer le week-end à la mer, en automobile de la production) a lieu à la rentrée 1965. Edouard Luntz avait l’intention de reprendre des acteurs de son précédent court métrage de 1963 « Bon pour le service » qu’il avait suivis après un passage en prison, mais ceux-ci avaient vieilli en trois ans, passant de 18 à 21 ans. L’un était retourné en prison, tandis que l’autre s’était rangé, marié et ne parlait plus le même langage, comme il l’a dit.
Gérard Zimmermann, un des deux acteurs principaux n’est autre que le camarade de Jean-Pierre Léaud dans « Le Père-Noël a les yeux bleus ». (Il est parfois erronément crédité pour avoir joué dans « Du côté de Robinson » en raison de la ressortie du film accompagné de « Le Père-Noël a les yeux bleus » sous le titre général de « Les mauvaises fréquentations »).
Blouson noir, Gérard Zimmermann s’était fait connaître pour avoir passé des mois en prison à l’âge de 14 ans et d’avoir récidivé peu de temps plus tard. Il a connu une courte carrière de petits rôles au cinéma.
Luntz l’avait d’abord engagé comme assistant accessoiriste, puis le fait participer aux essais.
Son plus gros cachet étant le Luntz maudit et invisible tourné au Brésil en 1968 « Le grabuge ».
Gérard Zimmermann est né en 1943. Sa modeste carrière d’acteur s’est terminée au début des années ’80 (il joue encore un petit rôle dans « Neige » de Juliet Berto et Jean-Henri Roger), mais dès le tournant des années ’70, Lunz l’avait aidé à trouver un CDI comme ingénieur du son (à l’ORTF ?)
« Les cœurs verts », version française yéyé de « La fureur de vivre » / « Rebel Without a Cause » (1955) de Nicolas Ray dont le cinéaste avait été l’assistant neuf ans plus tôt, fait la jonction entre « Du côté de Robinson » a.k.a. « Mes mauvaises fréquentations » et « Passe ton bac d’abord » et « Loulou » de Pialat. (Arlette Langmann, la compagne de Maurice Pialat, qui était aussi sa scénariste, avait eu une relation avec un des voyous du film, celui qui s’appelle « Loulou ». Il tournera mal par la suite, multipliant les peines de prison. Fin 1980, Loulou joue un dernier petit rôle dans « Neige » de Juliet Berto et Jean-Henri Roger.)
« Les cœurs verts » a été un succès critique et public (un an à l’affiche à Paris).
« La fête à Loulou » (1974) de Édouard Luntz. Sur un voyou qui sort de cinq années de prison sans perspective d’avenir et à qui la justice exige des frais disproportionnés, qui concrètement le condamnent à la misère jusqu’à la fin de sa vie. Le cinéaste Édouard Luntz a aidé les personnes filmées : un est devenu acteur occasionnel et ingénieur du son à l’ORTF, l’autre est devenue monteuse (notamment de « 37,2 le matin »), encore un autre est devenu photographe de plateau, etc.
– « Loulou » (1974) d’Edouard Luntz
Version courte (50 ou 60 minutes ?) montée pour la télévision (coproduction « ORTF Recherche »). Une version longue de 90 minutes intitulée « La fête à Loulou » a bénéficié d’une petite sortie au cinéma, en 16mm (aujourd’hui le fils du cinéaste cherche les bobines.)
Documentaire, à la Jean Eustache, qui suit, avec respect, la sortie de prison de « Loulou », personnage / acteur du film « Les cœurs verts » (1966). Membre de la bande de la Bastille, son père avait fait partie de la Bande à Bonnot, tandis que sa mère était une avorteuse. Il était tombé vers ’68 pour vol à main armée. En libération conditionnelle, il doit trouver du travail et rembourser des frais de justice disproportionnés qui lui bouchent toute perspective d’avenir.
Loulou avait eu une relation avec Arlette Langmann, la compagne et scénariste de Maurice Pialat. C’est ce Loulou qui inspirera le personnage joué par Gérard Depardieu dans « Loulou » (1980).
Après cinq années d’enfermement, il retrouve ses anciens compagnons Gérard Zimmermann et le couple Monique et Bernard Prim, bien installés et travaillant dans le cinéma, notamment pour Jean Eustache et Marco Ferreri, grâce à l’aide du réalisateur Edouard Luntz.
Fin 1980, Loulou jouera un dernier petit rôle (de barman à Barbès-Pigalle) dans « Neige » de Juliet Berto et Jean-Henri Roger.
Avec, outre Juliet Berto dans le rôle principal, Jean-François Stévenin dans un personnage un peu trop flou et surtout une ribambelle d’acteurs dont un tout petit rôle pour Gérard Zimmerman et un un peu plus important pour le vrai Loulou. Il y a aussi l’ineffable Raymond Bussières de « Les sous-doués ». Et Eddie Constantine. L’ancien époux de Juliet Berto, le metteur en scène de théâtre Michel Berto joue un petit rôle.
Il y aurait aussi Jean-Pierre Bastid, mais je ne l’ai pas reconnu.
« La fête à Loulou » est le dernier film d’Edouard Luntz, 42 ans, qui sombrera ensuite dans des dépressions et ne parviendra plus jamais à réaliser. Il ne travaillera plus que pour la télévision, de plus en plus occasionnellement.