27 décembre 2018

L’inspecteur Harry (1971) de Don Siegel

Titre original : « Dirty Harry »

L'inspecteur HarryA San Francisco, un tueur fou menace de tuer une personne par jour si une grosse somme d’argent ne lui est pas immédiatement versée. La municipalité s’apprête à céder au chantage mais l’inspecteur Harry Callahan décide de traquer le maniaque…
Plus que tout autre, L’inspecteur Harry est le film qui a collé de façon durable la réputation de « réactionnaire » à Clint Eastwood. Il faut avouer que le message porté par le film est clair : puisque la justice relâche les criminels, rien ne vaut un 44 Magnum  pour faire régner la Loi. Il y a là une façon de simplifier le propos par un manichéisme extrême qui le rapproche des films de propagande et, si l’on veut poursuivre en ce sens, il faut noter que le film a été tourné sous Nixon et constitue une charge contre les libéraux (le maire de San Francisco, à cette époque, était démocrate). Aujourd’hui, le vent a tourné, Clint Eastwood est revenu en odeur de sainteté grâce à ses talents de réalisateur, et la grande majorité des critiques s’accordent à présenter l’inspecteur Harry, non plus comme le porteur d’une justice primitive et impulsive, mais comme un rebelle, un « anti-système » en quelque sorte! Hum… Sur la forme, la construction est assez classique et n’a rien de remarquable mais la tension est bien gérée dans toute la scène du sac jaune. L’image est souvent très sombre, masquant ainsi des portions entières ce qui contribue à créer une atmosphère forte et anxiogène. La réalisation est très efficace pour nous faire accepter la violence. Le succès populaire fut énorme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Reni Santoni, Andrew Robinson, John Larch
Voir la fiche du film et la filmographie de Don Siegel sur le site IMDB.

Voir les autres films de Don Siegel chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Clint Eastwood

Remarque :
* La charge contre Clint Eastwood est partie de la critique de Pauline Kael, critique influente du New Yorker aux positions souvent tranchées. Son texte ne vise pas Eastwood lui-même mais le film qu’elle qualifie de « profondément immoral ». La phrase qui a fait couler beaucoup d’encre est celle-ci : L’inspecteur Harry « est un film de genre, mais ce genre du film action a toujours recélé un potentiel fasciste qui a fini par faire surface ». Cette remarque générale sur la justification de la violence au cinéma est assez juste.
Pour lire la chronique de Pauline Kael in extenso…

Dirty Harry
Célébrissime image de Clint Eastwood avec son 44 Magnum (« l’arme de poing la plus puissante du monde ») dans L’inspecteur Harry de Don Siegel.

Dirty Harry
Photo de tournage de L’inspecteur Harry de Don Siegel.

2 réflexions sur « L’inspecteur Harry (1971) de Don Siegel »

  1. Un film en réaction au laisser-aller total de la Justice américaine de l’époque, et à la violence qui, en conséquence de cette impunité, gangrénait les villes du pays. Un film « catharsis » en quelque sorte, une forme d’exorcisme où le 44 Magnum remplace la goupillon.
    Mme Kael, du haut de sa tour d’ivoire, ne devait pas vraiment se sentir concernée par cette réalité.
    Sinon, très bon polar, et film totalement mythique.

  2. « Laisser-aller total de la justice américaine de l’époque », « impunité » : c’est marrant, mais j’avais subodoré le contenu du commentaire de fred avant même de venir le lire.

    C’est consternant.

    Et pour parler cinéma, un film pas mythique du tout (sauf chez ceux qui aiment énoncer des poncifs réacs) et plutôt à vomir. Sa réalisation de qualité ne suffit pas à permettre un avis positif : un film, ce n’est pas que de la technique.

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