Titre original : « Risate di gioia »
Un soir de Nouvel An à Rome, une actrice de figuration se retrouve sans invitation. Accidentellement, elle tombe sur une de ses connaissances, acteur sur le retour, qui en est réduit à servir d’acolyte à un pickpocket… Larmes de joie est inspiré des Nouvelles romaines d’Alberto Moravia. Le film mélange le tragique et le comique : sous l’humour, présent dans presque toutes les scènes, Monicelli nous dépeint les difficultés de trois personnages qui se débattent pour mieux vivre dans cette Italie de la fin des années cinquante. L’une est une indéfectible optimiste qui espère toujours que la chance lui sourira un jour, le second vit de petites combines plutôt minables et le plus jeune des trois est depuis toujours dans la petite délinquance. Anna Magnani (en blonde) nous fait un grand numéro, elle est volubile, explosive, exubérante, et forme un superbe tandem avec Totò, ce grand comique qui donne à son personnage une belle épaisseur ; il est particulièrement touchant. Leurs joutes verbales sont hautes en couleur. Ben Gazzara est plus en retrait.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Anna Magnani, Totò, Ben Gazzara, Fred Clark
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Remarques :
* Le titre original est à double sens : la traduction littérale de Risate di gioia est « éclat de rire de joie » mais puisque Gioia est le prénom du personnage jouée par Anna Magnani, cela peut être tout aussi bien « le rire de Gioia » (qui ne passe pas inaperçu, soit-dit en passant…)
* C’est la première apparition du comédien-clown Mac Ronay (le conducteur du métro). Ce comique français, au physique à nul autre pareil, n’a hélas pas beaucoup tourné mais beaucoup le connaissent grâce à son rôle de porte-flingue dans Les Tontons flingueurs. Les italiens l’ont doté ici d’une voix très haut perchée.
* On notera le clin d’oeil à La Dolce Vita (l’américain ivre veut se baigner dans la fontaine de Trévi… « Foutu cinéma! » commente Anna Magnani). Le film de Fellini est sorti en février 1960 en Italie et a reçu la palme d’or à Cannes en mai ; Larmes de joie est sorti en octobre 1960.
La chronique d’une nuit de la Saint Sylvestre plutôt foireuse . C’est bien sûr très amusant, avec des pointes d’amertume mais , comme à la fin du pigeon , même quand tout va mal, la vie reprends le dessus. Le film vaut surtout par l’interprétation , Anna Magnani, Toto et…Rome. La ville et ses habitants constituant un spectacle autant qu’un décor : combines de petits malfrats, transports publics chaotiques, réveillon dans un restaurant chinois proposant des spécialités italiennes, dans une scène hélas trop courte, envers du décor de Cinecitta à l’occasion du tournage d’un péplum avec visite du vestiaire des figurants…il y a presque un côté documentaire dans plusieurs moments du film .
Et pour les vraies vedettes, si Ben Gazzara la joue calme et m’a souvent fait penser à Nino Manfredi , on pourra apprécier le génie des deux autres stars dans une incroyable et rapide scène . Un concours de circonstances fait monter sur scène les deux pauvres comédiens. Dans la grande tradition du music-hall, la Magnani chante, blague , hurle alors que Toto ne dit pas un mot. Et pourtant , malgré l’abattage et la présence de sa partenaire, le spectateur ne peut pas le quitter des yeux. Le bonhomme arrive à nous captiver en jouant avec son corps : mains, langue, joues, oreilles . Quelques secondes nous donnant une idée du génie de cet acteur.
Conseillons aussi aux spectateurs n’aimant pas les lentilles d’éviter Rome un soir de 31 décembre, la tradition populaire italienne accordant à cette légumineuse le don de porter chance à qui en déguste une assiette cette nuit là ….