Titre original : « She wore a yellow ribbon »
Lui :
La charge héroïque est le deuxième film de la trilogie de John Ford sur la cavalerie. Il se déroule à l’époque qui suit celle de Fort Apache, c’est-à-dire juste après la défaite du Général Custer. Nous sommes dans un fort isolé qui est entouré de tribus indiennes sur le sentier de la guerre et dont le capitaine est à quelques jours de la retraite. John Ford nous emmène une fois de plus dans des paysages somptueux pour partager la vie de garnison (1). Son héros est un homme d’expérience, qui cherche à plus comprendre qu’à combattre les indiens. John Wayne, vieilli pour le rôle de quelque vingt années, montre ici de réelles qualités pour incarner cet homme de paix. Plus qu’une vision historique, c’est une réflexion sur le début de la vieillesse que nous propose John Ford : que fait un héros ordinaire quand il est mis à la retraite ? Ford se concentre sur les rapports humains, la complicité entre les générations chez les soldats de métier, la force des sentiments. Cette glorification de la vie militaire pourra bien entendu bloquer certains spectateurs mais il faut aller au delà pour apprécier le cinéma de John Ford, la simplicité d’une grande pureté amplifiée par les décors majestueusement graphiques de Monument Valley. La Charge Héroïque est avant tout un très beau film…
Note :
Acteurs: John Wayne, Joanne Dru, John Agar, Ben Johnson, Harry Carey Jr., Victor McLaglen
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
(1) Le titre français La Charge Héroïque est trompeur et n’est pas vraiment représentatif du film : s’il y a de nombreuses scènes d’action, il n’y a pas vraiment de charge… A noter que le titre original (= elle porte un ruban jaune) met en avant la romance autour de la fille du commandant : quand une jeune fille mettait un ruban jaune dans ses cheveux, cela signifiait qu’elle était amoureuse.
La trilogie sur la cavalerie par John Ford :
– Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
– La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
– Rio Grande (1951)
Ah, John Ford ! Je suis toujours épaté par la vitesse à laquelle les réalisateurs de l’époque enchaînaient les projets. Celui-là semble sortir du carcan classique du film de l’Ouest et il doit être intéressant de voir l’interprétation que donne John Wayne d’un rôle plus vieux que lui.
Il faudrait que je me replonge dans tous ces vieux films et que je découvre ceux que je n’ai encore jamais vu. La fin de la Dernière Séance à la télé m’a fait beaucoup de mal, en son temps. Je n’étais même pas encore vraiment tombé en cinéphilie.
Bon. Mes pauvres petites références me permettent quand même de vous conseiller un John Ford: Vers sa destinée (Young Mister Lincoln), avec Henry Fonda. C’est sorti en… 1939 ! L’un des films qui permet de mesurer combien son rôle dans Il était une fois dans l’Ouest a pu choquer le public américain.
Qu’elle purge ce film..C’est d’un ennui mortel..Quand on regarde un western de Ford, on a l’impression de voir toujours le même film. Quand aux eternelles saouleries et bagarres de V.McMaglen, on s’en lasse rapidement..Parlez moi d’un western D’Anthony Mann, la d’accord.
« Quand on regarde un film de Ford, on a l’impression de voir toujours le même film », si l’on en croit Martin K un peu plus haut. C’est même ce qui caractérise la plupart des grands créateurs. Qu’il s’agisse de Chaplin, Fellini ou… Ford. Eh bien oui, ils font toujours le même film. Personnellement, je n’attends pas de Ford qu’il fasse autre chose que du Ford. Ce pourquoi ses films m’accompagnent depuis… si longtemps que j’ai oublié. Au moins quarante ans, je dirais. « She wore a yellow ribbon » (« La Charge héroïque »), je viens tout juste de le revoir. Et je n’en croyais pas mes yeux. A tel point que j’en suis à me demander si ce film ne mériterait pas d’être placé aussi haut que « La Prisonnière du désert ». Et pourtant, moi aussi j’aime les films d’Anthony Mann, cher Martin K, que je place quasiment au-dessus de tous les autres westerns ; ceux avec J. Stewart en tout cas. « La Charge héroïque » est un film d’une beauté sidérante. Mais en dehors de la cinématographie (Winton C. Hoch à la caméra, qui reçut un oscar pour son travail sur ce film), il faut bien reconnaître que Ford possède aussi un sens aigu de la narration et même si l’on juge sa vision de la cavalerie un peu trop idéaliste (c’est vrai), comment ne pas s’attacher à ses personnages? John Wayne a rarement été aussi émouvant, c’est un fait. Mais la galerie des personnages secondaires est tout aussi formidable (George O’Brien, Joanne Dru, Mildred Natwick, le gros Vic McLaglen qui en fait des tonnes…). Au fait, connaît-on un western qui démarre aussi vite et aussi fort que celui-ci? Et des cavaliers comme Ben Johnson, vous en connaissez beaucoup? En outre, c’est l’un des seuls films qui, à cette époque, n’emploie que de vrais Indiens – des Navajos en l’occurrence. La cinématographie est à couper le souffle. D’un bout à l’autre. Je me répète, mais je m’en fiche. La séquence de l’orage n’est même pas un trucage. Rien que pour revoir ces plans avec des guetteurs indiens disposés sur les hauteurs de Monument Valley, je crois que je vais le revisionner tout de suite.
TARATATA C’EST LA RETRAITE!
Etonnant ! on sort d’un Wayne des années soixante qui n’a plus l’âge du rôle dans « Liberty Valance » pour entrer dans un Wayne (41 ans) vieilli artificiellement (cheveux et moustaches grisonnants, portant lunettes pour lire) qui n’a pas encore l’âge du rôle dans cette « charge héroîque » de dix ans plus tôt dans laquelle il prend sa retraite, quel grand écart! Et bien, ce vieillissement lui sied à merveille et lui confère un « galon » supplémentaire d’acteur. Il est évident que Wayne a trouvé ses plus beaux rôles chez Ford. Le capitaine Nathan, veuf, solitaire et donc à deux doigts de la retraite vit dans un poste isolé où chaque soir il monte au rapport devant la tombe de sa femme dans le technicolor rougeoyant du crépuscule de studio et lui parle de sa journée en arrosant la modeste plante fleurie rouge. C’est un western délicat comme finalement l’est son personnage principal. Bien sur que les grands cinéastes (particulièrement ceux qui ont connu et pratiqué le muet) refont toujours le même film en y brodant des arabesques, variations, lumières et perspectives différentes, c’est du reste pour cela même qu’on les aime, à la manière d’un peintre qui remet sur le motif un éternel tableau. Ford ne serait-il pas une sorte de Cézanne? Parfois la montagne sainte Victoire prend des airs de Monument Valley
🙂 John Ford, le Cézanne du cinéma ? Inhabituel comme rapprochement… mais il est vrai que les deux ont en commun les multiples variations autour d’un motif très photogénique de la nature. Cézanne est sans doute plus sur les variations de lumière et de couleurs alors que John Ford dans la composition de l’image, mais la démarche est la même.