28 août 2024

Le Club des 3 (1925) de Tod Browning

Titre original : « The Unholy Three »

Le Club des 3 (The Unholy Three)S’étant rencontrés sur une fête foraine, le ventriloque Echo, le colosse Hercule et le nain Tweedledee forment le ‘Club des 3’. Ils mettent sur pied un stratagème pour cambrioler de riches villas et ont pour couverture une boutique de vente d’oiseaux, tenue par Echo grimé en vieille dame, Tweedledee se faisant passer pour un enfant. Leur prochaine cible est un prestigieux collier…
Le Club des 3 (The Unholy Three) est un film muet américain réalisé par Tod Browning, adaptation d’une nouvelle de Tod Robbins parue en 1917. Il faut bien avouer que l’histoire est totalement improbable, bourrée d’incohérences assez sidérantes mais elle a le mérite de mettre en valeur les talents de Lon Chaney pour le déguisement. Et le film vaut également pour le machiavélisme de ses personnages vivant en marge de la société, la noirceur des sentiments qui peut tout de même cacher un besoin de rédemption. Le dilemme ressenti par le personnage principal est assez fort. C’est le premier des huit films que Tod Browning tournera pour la MGM. On retrouve ici beaucoup de ses thèmes favoris : le cirque, les personnages inhabituels ou monstrueux, le travestissement. Le succès à sa sortie fut très important, confortant la grande popularité de Lon Chaney.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Mae Busch, Matt Moore, Victor McLaglen, Harry Earles, Matthew Betz
Voir la fiche du film et la filmographie de Tod Browning sur le site IMDB.

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Remarque :
The Unholy Three a été refait en film parlant en 1930, avec Lon Chaney et Harry Earles sous la direction de Jack Conway. Ce sera l’unique film où l’on entendra la voix de Lon Chaney qui décédera peu après.

• D’après IMDB, le film durait 1 h 26 à sa sortie. La copie visible aujourd’hui dure 68 minutes.

Harry Earles, Victor McLaglen et Lon Chaney dans Le Club des 3 (The Unholy Three) de Tod Browning.
Harry Earles (déguisé en bambin), Lon Chaney (déguisé), Victor McLaglen et Matthew Betz
dans Le Club des 3 (The Unholy Three) de Tod Browning.

11 mai 2016

Les Poupées du diable (1936) de Tod Browning

Titre original : « The Devil-Doll »

Les poupées du diableDix-sept ans après avoir mis injustement en prison par des associés malveillants, un ex-banquier parisien parvient à s’évader avec son compagnon de cellule, un savant qui travaillait sur un procédé permettant de miniaturiser un être vivant et de le faire obéir à sa volonté. Ils se réfugient chez sa femme qui a continué les recherches… Pour son avant-dernier film, Tod Browning laisse l’horreur de côté pour cette histoire qui mêle mystère et fantastique, une variation très originale sur le thème du crime parfait. Adapté d’un roman d’Abraham Merritt, le scénario a été écrit par Garrett Fort (qui avait travaillé sur Frankenstein et Dracula), Guy Endore et Erich von Stroheim. La mise en place est assez rapide et le film se déroule ensuite assez rapidement. Les effets spéciaux sont très bien réalisés, même pour des yeux modernes. L’astuce a été de tourner dans des décors gigantesques et, si des projections ont été utilisées, elles ne sont pas vraiment visibles. Lionel Barrymore passe la plus grande partie du film déguisée en vieille femme et il prend visiblement du plaisir à jouer ; il trouve le ton juste, sans en faire trop. L’histoire est très originale et assez prenante. Dans cette décennie des années trente où beaucoup de réalisateurs n’étaient que des exécutants, Tod Browning prouve, une fois de plus, qu’il est un vrai créateur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lionel Barrymore, Maureen O’Sullivan, Frank Lawton, Rafaela Ottiano, Henry B. Walthall
Voir la fiche du film et la filmographie de Tod Browning sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le savant est interprété par Henry B. Walthall qui est mort peu avant la sortie du film. L’acteur a tourné dans 327 films, de 1908 à 1936. Il a accompagné la naissance du cinéma de fiction : il est présent dans de nombreux films courts de Griffith et dans Naissance d’une nation. Dans les années 20, il joue principalement dans des films de moindre importance avant que sa carrière ne reprenne de l’allant avec l’avènement du parlant.
* Dans The Unholy Three (Le Club des trois) de Tod Browning (1923), l’un des criminels se déguisait déjà en vieille femme tenant un magasin. A ce sujet, on pourra remarquer que l’un des slogans utilisés par la MGM pour la promotion du film fut « Greater than The Unholy Three ».

The Devil-Doll
Henry B. Walthall et Rafaela Ottiano dans Les poupées du diable de Tod Browning.

The Devil-Doll
Frank Lawton, Maureen O’Sullivan et Lionel Barrymore (déguisé en vieille femme) dans Les poupées du diable de Tod Browning.

18 mai 2013

The Mystery of the Leaping Fish (1916) de John Emerson

The Mystery of the Leaping Fish(Muet, 24 minutes) The Mystery of the Leaping Fish (= Le Mystère du poisson gonflable) est une petite curiosité. C’est un film vraiment étonnant à la fois par son côté totalement farfelu et débridé mais aussi par son générique : le scénario est signé Tod Browning (futur réalisateur des films avec Lon Chaney entre autres), les intertitres sont d’Anita Loos (qui deviendra ensuite l’une des plus grandes scénaristes d’Hollywood) et l’interprète principal est Douglas Fairbanks. Il s’agit de la prétendue enquête d’un détective qui se prénomme Coke Ennyday (= « de la coke tous les jours »). Le détective porte constamment une ceinture garnie d’une dizaine de seringues d’héroïne et aspire la cocaïne par poignée. Utiliser ainsi la drogue comme ressort burlesque est rare : en 1916, nous sommes à une époque où la censure n’existait pas, ou très peu (1) et il faudra attendre ensuite les années soixante-dix pour pouvoir parler de la drogue avec autant de légèreté. La drogue était déjà répandue dans le milieu du cinéma et c’est une satire outrancière de la dépendance qui est faite ici. De plus, le détective va découvrir un trafic d’opium (inutile de dire qu’il va vérifier lui-même qu’il s’agit bien d’opium). Il y a de bonnes trouvailles (notamment dans son bureau, et il faut voir sa voiture…). Irrévérencieux, absurde, The Mystery of the Leaping Fish est indubitablement assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Bessie Love, Alma Rubens
Voir la fiche du film et la filmographie de John Emerson sur le site IMDB.

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(1) La « moralisation » n’interviendra vraiment que quelques années plus tard, notamment à la suite du scandale impliquant Fatty Arbuckle (1921), une jeune fille ayant trouvé la mort lors d’une « fête de débauche » chez l’acteur. C’est à partir de moment que, sous la pression du public, les studios créeront la Motion Pictures Producers and Distributors Association (future MPPA) et mettront l’avocat Hays à sa tête.