23 décembre 2016

Bonnie and Clyde (1967) d’ Arthur Penn

Bonnie et ClydeEtats Unis, années 30. Pour impressionner Bonnie qu’il vient de rencontrer, Clyde rançonne sous ses yeux un commerçant local et entraîne la jeune femme dans sa fuite. Se prenant au jeu, ils se mettent à braquer des petites banques et rapidement leur épopée devient plus sanglante… Avec Bonnie and Clyde, la Warner semble renouer avec sa grande spécialité du début des années trente : le film de gangster. Mais, sans renier cet héritage, Arthur Penn apporte un ton totalement nouveau. Empreint d’un certain lyrisme, son film est étonnamment complet avec de l’aventure, de l’humour, du tragique, de la critique sociale et de la violence. Arthur Penn refuse la linéarité et fait constamment des ruptures de ton et de rythme. On a beaucoup reproché à Arthur Penn d’avoir fait l’apologie de la violence, d’avoir idéalisé son couple de hors-la-loi. Il est vrai qu’il les représente comme des aventuriers totalement immatures et qu’il semble parfois vouloir en faire de grands héros romantiques, mais le propos de Penn est surtout de montrer qu’ils sont le fruit de leur époque, la Grande Dépression. Le couple cherche son identité et le côté fortement narcissique de leur comportement vient renforcer cette impression : ils se mettent en scène, fabriquent eux-mêmes leur mythe et scrutent l’image qu’ils renvoient. Le film a frappé par sa représentation de la violence : alors que l’Amérique est en pleine guerre du Vietnam, Arthur Penn estime que l’heure n’est plus à refuser de voir, il montre le sang (notamment lors de la mort du frère) afin de rendre la souffrance palpable. La scène finale reste dans les esprits (elle est toutefois très proche de la réalité). Un temps méprisé à sa sortie, notamment par la critique française, Bonnie and Clyde est indéniablement un film marquant, il a influencé les cinéastes du Nouvel Hollywood. Ce fut aussi un gros succès populaire.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Faye Dunaway, Michael J. Pollard, Gene Hackman, Estelle Parsons, Gene Wilder
Voir la fiche du film et la filmographie de Arthur Penn sur le site IMDB.
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Remarques :
* Bonnie and Clyde est le premier long métrage pour le jeune Gene Wilder, qui apparaît dans un petit rôle.
* Lorsque le couple se réfugie dans un cinéma, on voit à l’écran le ballet musical We’re in the money (chantée par Ginger Rogers) extrait du film Chercheuses d’or (Gold Diggers of 1933) de Mervyn LeRoy (1933).
* L’utilisation d’un morceau fondateur du Bluegrass, Foggy Mountain Breakdown joué par Flatt & Scruggs en 1949, lors de certaines poursuites automobiles a fortement contribué à étendre la popularité de ce style de musique dans le monde.

Bonnie and Clyde
Gene Hackman, Warren Beatty et Faye Dunaway dans Bonnie et Clyde d’Arthur Penn.

Bonnie and Clyde
Faye Dunaway, Denver Pyle et Warren Beatty dans Bonnie et Clyde d’Arthur Penn.

Bonnie and Clyde
A gauche, la vraie Bonnie Parker (ca. 1932). A droite, Faye Dunaway dans Bonnie et Clyde d’Arthur Penn.

6 décembre 2014

Easy Rider (1969) de Dennis Hopper

Easy RiderAvec l’argent d’un petit trafic, Wyatt et Billy partent faire une grande virée à moto à travers les Etats-Unis. Sans contrainte, libres comme l’air, ils partent sans but précis et vont faire des rencontres diverses…
Easy Rider est souvent reconnu comme étant le premier road movie de l’histoire du cinéma (1). Il est assez amusant de regarder presque cinquante ans plus tard ce film emblématique qui a tant marqué les esprits au tournant des années soixante-dix. Le regard est obligatoirement différent. Easy Rider comporte indéniablement des longueurs (le séjour dans la communauté, le trip au LSD entre autres) mais la puissance évocatrice de certaines images paraît intacte. Voir Denis Hopper et Peter Fonda chevaucher leur chopper, cheveux au vent, sur fond de grands espaces désertiques et de la musique des Byrds, reste absolument magique. Le film met en avant, de façon un peu confuse, anticonformisme, drogue et surtout la notion d’une liberté, pas celle dont on parle mais celle que l’on vit. Les deux amis sont très différents : Billy (Denis Hopper) est un jouisseur qui ne se pose pas trop de questions alors Wyatt (Peter Fonda) intellectualise tout et cherche un idéal de vie. Le propos est toutefois finalement assez pessimiste, pas tant du fait de son dénouement fatal (et assez inoubliable), mais plutôt sur ce sentiment d’échec de Wyatt : « We blew it » (on a tout raté) dit-il à Billy sans plus d’explication. Réalisé avec un petit budget, le plus souvent en décors naturels, Easy Rider fut un succès planétaire, toute une génération se reconnaissant dans ces deux fugueurs en quête de liberté. La bande sonore (The Byrds, Steppenwolf, The Band, Jimi Hendrix, Roger McGuinn, Electric Prunes) n’y est également pas étranger. S’il a sans doute été surestimé sur un plan purement cinématographique, Easy Rider marque indéniablement un tournant : son succès inattendu a ouvert en grand les portes au cinéma américain indépendant avec, pour résultat, l’émergence d’un courant majeur des années soixante-dix : le Nouvel Hollywood.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Peter Fonda, Dennis Hopper, Jack Nicholson
Voir la fiche du film et la filmographie de Dennis Hopper sur le site IMDB.

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Remarques :
* Caméo : au début du film, l’acheteur qui arrive en Rolls est interprété par Phil Spector en personne (sa seule apparition au cinéma).
* Physiquement, le personnage de Billy (Denis Hopper) est basé sur David Crosby (la ressemblance est vraiment frappante) et celui de Wyatt (Peter Fonda) sur Roger McGuinn (moins évident).
* C’est à Cannes que le film fut en premier remarqué : avant même la sortie américaine, Easy Rider reçut le prix de la première oeuvre (1969).
* Après le succès d’Easy Rider, Dennis Hopper tournera The Last Movie (1971) qui sera un échec. Il s’éloignera alors de la réalisation pour n’y revenir qu’une dizaine d’années plus tard.
* Easy Rider fut un tremplin pour la carrière de Jack Nicholson, sa vraie première occasion de révéler ses talents à un large public.

(1) Il faut toutefois nuancer cette affirmation : Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard (1965) mériterait plutôt le titre de « premier road movie ». D’autres films encore avant lui s’en rapprochent (Les Fraises sauvages de Bergman en 1957 ou Le Fanfaron de Dino Risi en 1962, par exemple) mais leurs personnages n’ont pas cette volonté de quitter quelque chose qui caractérise les road movies.

Easy Rider
Peter Fonda et Dennis Hopper dans Easy Rider.