23 avril 2013

Les Trois Lumières (1921) de Fritz Lang

Titre original : « Der müde Tod »

Les trois lumières(Film muet) Au Moyen-âge, un homme tout vêtu de noir, à la silhouette longiligne et au visage émacié, s’installe à la table d’un couple d’amoureux. A l’insu de la jeune fille, le jeune homme et l’homme tout en noir disparaissent peu après. Elle se lance à sa recherche… Der müde Tod (traduction littérale : La Mort lasse) est le premier film important de Fritz Lang, tourné juste avant Docteur Mabuse. Son scénario est signé par sa future femme, Théa von Harbou, qui a puisé son inspiration dans des contes et ballades germaniques. Original et riche, le film montre toute la créativité du couple. Il se compose en trois histoires très différentes encadrées par un prologue et un épilogue. La Mort met en effet la jeune femme à l’épreuve dans trois environnements, Bagdad, Venise et la Chine, où la mort est à chaque fois administrée par un symbole de pouvoir. « L’amour est aussi fort que la mort » lit-elle dans le Cantiques des cantiques mais c’est surtout contre le pouvoir qu’elle doit se battre à chaque fois et si la Mort est lasse, c’est face à la cruauté des hommes. S’inscrivant dans le courant expressionniste, le film est également original dans sa forme, riche de ses références picturales et agrémenté d’effets spéciaux. Malgré la pluralité de ses composantes, Les Trois Lumières forme un ensemble très cohérent, une véritable oeuvre de création d’un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

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Remarque :
Douglas Faibanks a acheté les droits d’exploitation aux Etats Unis de Der müde Tod et en a retardé la sortie. Il s’est inspiré des effets spéciaux de la partie chinoise pour son film Le Voleur de Bagdad. Der müde Tod n’est ainsi sorti aux Etats Unis qu’en 1924 plusieurs mois après le film de Faibanks.

15 février 2012

Les Aventures de Hadji (1954) de Don Weis

Titre original : « The adventures of Hajji Baba »

Les aventures de HadjiLe jeune barbier quitte l’échoppe de son père et part à l’aventure pour chercher merveille fortune. Il rencontre la princesse Fawzia en fuite pour aller épouser un prince belliqueux…
Les aventures de Hadji est un conte qui semble inspiré par contes des Mille et une nuits. L’histoire peut sembler très classique mais la qualité de réalisation tire ce film de la banalité. Que ce soit dans les couleurs, les costumes et les décors, beaucoup de soin a été apporté pour donner au film un film à l’ambiance assez prenante. L’ensemble est bien équilibré, sans dimension fantastique mais avec une pointe d’érotisme discret. Les aventures de Hadji est un film plaisant qui est passé inaperçu aux Etats-Unis. Cela aurait été aussi le cas en France s’il n’avait été porté aux nues par las mac-mahoniens (1). C’est le meilleur film de Don Weis qui a été ensuite réalisateur et producteur de séries TV.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Derek, Elaine Stewart, Thomas Gomez, Amanda Blake, Paul Picerni
Voir la fiche du film et la filmographie de Don Weis sur le site IMDB.

Remarque :
* La chanson Hajji Baba (musique et direction Dimitri Tiomkin, paroles Ned Washington, arrangement Nelson Riddle) est chantée par Nat ‘King’ Cole.

(1) Les « mac-mahoniens » étaient un groupe de cinéphiles fréquentant le cinéma Mac-Mahon dans le 17e à Paris dans les années 50. Grands admirateurs du cinéma américain, ils mettaient en avant la notion de mise en scène. Ils avaient quatre réalisateurs préférés, leur « carré d’as » : Joseph Losey, Raoul Walsh, Fritz Lang et Otto Preminger. En revanche, ils jugeaient des réalisateurs comme Eisenstein, Rossellini, Orson Welles ou même Hawks comme étant largement surcotés, ce qui engendrait de belles joutes verbales avec les gens des Cahiers du Cinéma (dont les bureaux n’étaient d’ailleurs pas très loin). Les mac-mahoniens étaient plutôt proches de Positif et surtout de Présence du Cinéma. Parmi les anciens mac-mahoniens (ou proches des mac-mahoniens) les plus connus, on peut citer Bertrand Tavernier, l’historien et scénariste Jacques Lourcelles et, bien entendu, l’historien-théoricien Michel Mourlet qui a signé l’article « Sur un art ignoré » en 1959, qui devint le manifeste de ce mouvement cinéphile.

The adventures of Hajji BabaJohn Derek et Elaine Stewart dans Les Aventures de Hadji (1954) de Don Weis

14 décembre 2011

Le voleur de Bagdad (1924) de Raoul Walsh

Titre original : « The thief of Bagdad »

Le voleur de BagdadA Bagdad, un habile et impertinent voleur a l’habitude de prendre tout ce qui lui fait envie. Une nuit, il parvient à s’introduire dans le palais du Calife et tombe amoureux de la princesse endormie. Pour pouvoir l’approcher, il se glisse parmi les prétendants à sa main en se faisant passer pour un prince… Inspiré des Contes des mille et une nuits, Le voleur de Bagdad est l’une des plus grosses productions des années vingt. Il est produit par Douglas Fairbanks lui-même, il a aussi écrit une partie du scénario (sous son nom de plume : Elton Thomas). Raoul Walsh de son côté n’avait tourné auparavant que des westerns. Ce sont les décors qui frappent en premier : conçus par William Cameron Menzies, ils nous plongent dans un Bagdad reconstitué dans de gigantesques studios.
Le voleur de Bagdad Les costumes ont fait l’objet d’autant de soins ; riches et variés, ils contribuent à créer une ambiance très forte, très exotique. C’est une féérie visuelle. Douglas Fairbanks a pris une part très active dans la réalisation. Il est bien entendu le pivot central du film : bondissant, exubérant, il accomplit de véritables prouesses physiques qui mettent en valeur sa musculature, ici très apparente puisqu’il est torse nu la plupart du temps. Face à lui, Anna May Wong en traitresse et So-Jin Kamiyama, en machiavélique et fourbe prince mongol, font de belles performances. A la fois film exotique et film fantastique, Le voleur de Bagdad est une luxueuse et envoutante production qui, on le comprend aisément, émerveilla le public sur plusieurs générations.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Julanne Johnston, Sôjin, Anna May Wong, Brandon Hurst, Snitz Edwards
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le grassouillet prince perse est en réalité joué par une femme, la française Mathilde Comont, listée au générique sous le nom M. Comont.
* A noter : le plan final du tapis volant passant devant la lune, 60 ans avant E.T. !

Voir aussi :
Le très beau remake de Michael Powell et Alexandre Korda : Le voleur de Bagdad (1940).