13 décembre 2013

Le crime ne paie pas (1962) de Gérard Oury

Le crime ne paie pasInspiré d’une bande dessinée publiée chaque jour dans le journal France Soir, Le crime ne paie pas est composé de quatre sketches se déroulant à des périodes différentes. Le point le plus original dans sa construction est que l’un des protagonistes de la quatrième histoire va voir les trois premières au cinéma… une variation amusante du concept du « film dans le film ». La première histoire est certainement la moins intéressante. La deuxième l’est déjà un peu plus, notamment grâce aux dialogues d’Henri Jeanson. Mais c’est avec les deux dernières que le film est plus remarquable car elles s’appuient sur un scénario joliment tourné où il est bien difficile de deviner ce qui va arriver. La liste des talents ayant participé à l’écriture et des acteurs au tournage est assez impressionnante et tous les rôles, grands et petits, sont parfaitement tenus. Le petit rôle amusant tenu par Louis de Funès aurait décidé Gérard Oury à se tourner vers la comédie et d’en faire son acteur fétiche… pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Edwige Feuillère, Annie Girardot, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Philippe Noiret, Jean Servais, Richard Todd, Louis de Funès
Voir la fiche du film et la filmographie de Gérard Oury sur le site IMDB.

Le crime ne paie pas est inspiré d’une bande dessinée de Paul Gordeaux.
Le scénario est écrit par Jean-Charles Tacchella et Gérard Oury.
Musique de Georges Delerue.
— 1er crime : « Le Masque » à Venise en 1457
Adaptation et dialogues de Jean Aurenche et Pierre Bost
d’après les chroniques italiennes de Stendhal.
— 2e crime : « L’Affaire Hughes » à Paris en 1885
Adaptation de René Wheeler et dialogues d’Henri Jeanson
— 3e crime : « L’Affaire Feynarou » en 1913
Adaptation de Boileau & Narcejac, dialogues de Jacques Sigurd
— 4e crime : « L’Homme de l’avenue » à Paris en 1960
Adaptation et dialogues de Frédéric Dard.

25 octobre 2011

Benjamin ou Les mémoires d’un puceau (1968) de Michel Deville

Benjamin ou Les mémoires d'un puceauA dix-sept ans, Benjamin, orphelin élevé à l’écart du monde, ignore tout des choses de la vie. Son précepteur le conduit chez sa tante, la comtesse de Valandry, dans l’espoir qu’elle le prenne sous sa protection. Benjamin va y découvrir l’amour… Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est le fruit de la collaboration brillante entre Michel Deville et sa femme Nina Companéez qui a écrit le scénario. L’atmosphère de libertinage du XVIIIe siècle est joliment recréée, avec ses futilités, ses jeux du mensonge et de la vérité. La reconstitution est toutefois moderne, par les dialogues d’abord et aussi par une certaine simplification (1). Benjamin ou Les mémoires d'un puceau Le tableau est certes idyllique : toutes les femmes, jusqu’à la moindre soubrette, rivalisent de beauté et tout se déroule joyeusement, même si le jeu peut parfois devenir cruel. L’image de Ghislain Cloquet est de toute beauté, le film formant des sortes de tableaux vivants qui s’étourdissent de mouvement. Michel Deville a trouvé un équilibre subtil, évitant toute lourdeur ou à l’inverse tout excès de légèreté. C’est un enchantement. Le film est également servi par une distribution brillante. A noter que Pierre Clémenti sort ici de ses rôles de mauvais garçons Benjamin ou Les mémoires d'un puceaupour montrer beaucoup de candeur et d’innocence.  Benjamin ou Les mémoires d’un puceau est sorti à la fin des années soixante, une époque où ce marivaudage pouvait trouver certains échos. Le film paraît plus en décalage avec l’époque actuelle, ce qui peut certainement occasionner des réactions négatives. Pour l’apprécier, il faut prendre le film pour ce qu’il est avant tout : un divertissement élégant pour le plaisir des sens.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michèle Morgan, Michel Piccoli, Pierre Clémenti, Catherine Deneuve, Jacques Dufilho, Francine Bergé, Catherine Rouvel, Odile Versois, Tania Torrens
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Deville sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michel Deville chroniqués sur ce blog…

(1) Propos de Michel Deville juste avant la sortie du film : « Le XVIIIe est une époque que nous aimons bien, Nina Companeez et moi. Cela dit, ce XVIIIe siècle est, dans Benjamin, très stylisé. Les costumes sont débarrassés de toute dentelle superflue et les femmes ne portent pas de perruques blanches. Jamais nous n’avons essayé non plus de faire, par exemple, des reconstitutions de tableaux célèbres. Nos extérieurs, d’ailleurs, sont  beaucoup plus clairs et ensoleillés que les tableaux de Watteau ou de Fragonard. Là, nous sommes plus près, je crois, et à dessein, du XIXe. C’est à dire, le romantisme. Presque, déjà, l’impressionnisme… »
(…)
« Je voulais qu’en extérieurs mes seconds plans soient margés par la lumière, comme gommés par elle, et qu’en intérieurs ils soient gommés aussi, mais là par leur absence de lumière, de couleurs.  Et puis, toujours dans un but de simplification, à chaque personnage a été attribuée une couleur différente, couleur que le personnage conserve d’un bout à l’autre du film, même s’il change plusieurs fois de robe ou de costume. Ainsi, Michèle Morgan est toujours en bleu turquoise, Catherine Deneuve en blanc, etc. Couleurs que l’on retrouve d’ailleurs dans les décors où les personnages évoluent le plus souvent : la chambre de M. Morgan est bleue, etc. »
(Entretien avec Michel Deville, propos recueillis par Gérard Langlois, Cinéma 68 n°122)