23 janvier 2010

Ma fille est somnambule (1920) de Hal Roach

Titre original : « High and dizzy »

Ma fille est somnambuleLui :
(Court métrage de 26 minutes) Un jeune médecin sans clientèle fréquente un voisin qui brasse de la bière de contrebande dans son bureau. Ils s’enivrent et se retrouvent, passablement éméchés, dans un hôtel. Dans un premier temps, High and Dizzy joue surtout avec l’ivresse. Il y a beaucoup de situations amusantes dans cet hôtel. On rit bien… et tout à coup c’est le choc ! Mildred Davis, en pleine crise de somnambulisme, ouvre une fenêtre et, sans faiblir, se met à marcher sur la corniche de l’immeuble à 20 mètres du sol. La scène est d’autant plus frappante que rien ne le laissait présager ; personnellement, mon cœur a fait un bon de trois mètres et l’on imagine aisément les cris de frayeur dans les salles de l’époque. L’un des premiers plans est suffoquant, tourné en plongée à 45 degrés, laissant voir deux étages entiers juste sous elle avec, bien plus bas, les tramways et les passants dans la rue (1). L’effet de vertige est encore plus fort que dans Never Weaken ou dans le célèbre Safety Last! Ma fille est somnambuleLa voyant passer devant sa fenêtre, Harold Lloyd va la suivre sur la corniche : nous avons donc alors une jeune fille somnambule endormie et un garçon ivre mort, incapable de mettre un pied devant l’autre, qui vont et viennent sur une corniche de trente centimètres de large à 20 mètres du sol ! La virtuosité et l’audace d’Harold Lloyd dans ce genre de plans n’a jamais été vraiment égalé. Un film vivement déconseillé aux personnes cardiaques.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Roy Brooks, Mildred Davis, Wallace Howe
Voir la fiche du film et la filmographie de Hal Roach sur le site IMDB.

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(1) La technique d’Harold Llyod était de faire construire une fausse façade de quelques étages au sommet d’un building (ou, comme ici, sur la butte du Hill Street Tunnel). Il faisait empiler des matelas devant la fausse façade pour le cas où… Mais, sur le premier plan, la caméra filme vers le sol et l’on voit pratiquement deux étages entiers sous Mildred Davis (ou plus exactement sous sa doublure, car elle est doublée dans ces 5 premières secondes). Il s’agit probablement d’un plan réel mais l’on ne voit aucun câble…
[Ajout : L’excellent livre de John Bengtson précise que la scène a été tournée sur la corniche du 11e étage du Citizens National Bank sur la 5e Rue !]

Remarque :
Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

22 janvier 2010

La mer cruelle (1953) de Charles Frend

Titre original : « The cruel sea »

La mer cruelleElle :
(pas vu)

Lui :
La Mer Cruelle est un film qui retrace le parcours d’un capitaine de corvette britannique et de son second, pendant la Seconde Guerre mondiale. Escortant des convois, ils sont la cible des sous-marins allemands dans une lutte qui semble souvent inégale. La mer cruelle Le scénario est écrit par l’écrivain Eric Ambler qui s’est basé sur un livre de Nicholas Monsarrat. Le scénario est solide, ne s’égarant jamais, ce qui donne au final une histoire très prenante qui se déroule presque en totalité sur le navire. A aucun moment, le propos ne tombe dans la facilité ou dans les élans trop ostensibles de patriotisme. La réalisation est soignée, sans artifice inutile. Charles Frend, qui a été monteur pour Hitchcock dans sa période anglaise, signe là son meilleur film grâce à une réalisation efficace. Authentique et prenant, La Mer Cruelle est probablement le plus beau film sur les hommes de la Royal Navy durant la guerre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Hawkins, Donald Sinden, John Stratton, Denholm Elliott, John Warner, Stanley Baker, Virginia McKenna
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Remarque :
La Mer Cruelle est issu des studios anglais Ealing, plus connus pour ses comédies que pour ses films de guerre.

21 janvier 2010

Un soir, un train (1968) de André Delvaux

Un soir, un trainLui :
Mathias, professeur de linguistique en Belgique flamande, vit avec Anna, créatrice de costumes pour une petite troupe de théâtre, qui se sent perdue dans ce pays qui n’est pas le sien. Alors que Mathias doit partir pour une conférence, ils se disputent et se séparent. Plus tard, il a la surprise de la retrouver dans le train. Un soir un train a pour thème central l’incommunicabilité, qu’elle ait pour cause la différence de langue ou l’indifférence et l’égoïsme. Mathias va le comprendre après un parcours initiatique ou plutôt un passage dans un certain au-delà mais ce sera hélas trop tard. André Delvaux crée une atmosphère fantomatique, éthérée, à la fois réelle et irréelle, sorte de reflet exacerbé de notre monde où tout est amplifié. Belle interprétation d’Yves Montand et d’Anouk Aimée.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Anouk Aimée, Adriana Bogdan, Hector Camerlynck, François Beukelaers
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20 janvier 2010

C’est arrivé demain (1944) de René Clair

Titre original : « It happened tomorrow »

C'est arrivé demainLui :
C’est arrivé demain fait partie des films que René Clair a tourné à Hollywood, pendant son exil aux Etats-Unis. Il s’agit d’une histoire comme il les aime, qui joue avec les frontières de la réalité. Ce conte fantastique met en scène un jeune journaliste qui reçoit le journal du lendemain des mains du vieux documentaliste du journal. Par ailleurs, il tombe amoureux d’une jeune femme qui fait un numéro de voyance avec son oncle dans un cabaret. Le traitement de l’histoire est fort bien fait avec une bonne dose de comédie, René Clair n’ayant visiblement aucun mal à diriger des acteurs américains. Malgré quelques circonvolutions, l’histoire est bien enlevée, élégamment rendue dans cet univers de fin du XIXe siècle. Linda Darnell est charmante et Dick Powell particulièrement vif. Il y a beaucoup d’humour, certains personnages secondaires étant franchement burlesques. La leçon de cette amusante fable est (comme on pouvait s’y attendre) qu’il n’est pas toujours bon à un homme de connaître son avenir. Si l’on peut lui reprocher un petit manque de profondeur, C’est arrivé demain est fort agréable, un plaisant divertissement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Linda Darnell, Jack Oakie, Edgar Kennedy, John Philliber
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Remarque :
Ce film de René Clair a servi de base pour une série TV Early Edition diffusée sur la chaîne américaine CBS entre 1996 et 2000 (soit 4 saisons).

19 janvier 2010

They’re a weird mob (1966) de Michael Powell

Titre français (vidéo) : « Drôles de zèbres »

They're a Weird MobLui :
Adapté d’un roman australien à succès, They’re a weird mob raconte l’arrivée d’un italien à Sydney et la façon dont il trouve un travail et des amis. Filmé de façon réaliste, le film revêt maintenant un indéniable caractère historique, un témoignage de la société australienne dans les années soixante. A cette époque, il y régnait un fort sentiment d’égalitarisme et il était facile à un immigrant de s’insérer, le pays offrant de multiples opportunités. Si le film est assez amusant, il comporte néanmoins certaines longueurs. They’re a weird mob n’est pas vraiment un grand film, on n’y retrouve pas l’habituelle inventivité de Michael Powell mais il n’est pas non plus sans intérêt, loin de là.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Walter Chiari, Claire Dunne, Chips Rafferty, Ed Devereaux
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18 janvier 2010

The Duchess (2008) de Saul Dibb

The DuchessLui :
The Duchess se propose de nous retracer la vie de la duchesse du Devonshire, femme du monde et libre penseuse du XVIIIe siècle. Les producteurs du film ont basé toute leur communication sur le parallèle avec Lady Di. Le résultat est assez ennuyeux mais ce n’est certainement pas l’interprétation qui en est la cause : Keira Knightley manifeste une belle présence et semble parfaite pour le rôle, Ralph Fiennes prouve, une fois de plus, qu’il est l’un des acteurs anglais les plus remarquables. Hélas ce beau duo d’acteurs est ici au service d’un scénario conventionnel, qui appuie fortement sur le côté mélodramatique de son histoire et qui finit par engendrer un certain désintéressement de notre part. Ce sont les côtés « amours contrariés » qui sont la clé de voûte du film, le jeu social et politique de la Duchesse n’étant que rapidement évoqués. La reconstitution, décors et costumes, est en revanche de toute beauté.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Keira Knightley, Ralph Fiennes, Charlotte Rampling, Dominic Cooper, Hayley Atwell, Simon McBurney
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17 janvier 2010

Bumping into Broadway (1919) de Hal Roach

Titre français parfois utilisé : « Amour et poésie »

Bumping Into BroadwayLui :
(Court métrage de 25 mn) Bumping into Broadway est le premier “two-reel” (film d’une longueur de deux bobines) d’Harold Lloyd avec son personnage à lunettes. Avec un nouveau contrat en poche, il  a accès à des budgets plus importants. L’histoire met en scène un écrivain de scénario peu fortuné qui a pour voisine une danseuse de revue dont la situation n’est guère plus florissante. Si l’histoire n’a pas une grande importance, Bumping into Broadway est en revanche assez remarquable par deux grandes scènes de poursuite : Bumping Into Broadway dans la première, il essaie d’échapper à sa logeuse qui lui réclame le loyer en retard et à sa brute de mari ; dans la seconde, c’est toute une escouade de policiers qu’il a à ses trousses dans un casino clandestin. Les poursuites sont parfaitement réglées, d’une précision qui force l’admiration, avec une vivacité qui laisse peu de répit. Harold Lloyd accomplit de véritables prouesses acrobatiques. Un vrai plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Bebe Daniels, ‘Snub’ Pollard, Helen Gilmore, Noah Young
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Remarque :
C’est l’un des tous derniers films d’Harold Lloyd où apparaît Virginia Bebe Daniels : après avoir tourné pas moins de 144 films avec Harold Lloyd, elle fut remarqué dans ce film par Cecil B. DeMille. Elle allait devenir l’une des grandes stars de la Paramount. Harold LLoyd la remplacera par Mildred Davis, qui deviendra trois ans plus tard Madame Lloyd.

16 janvier 2010

Billy Blazes, Esq. (1919) de Hal Roach

Billy Blazes, Esq.Lui :
(Court métrage de 13 minutes) Avec une bande de brigands, un homme brutal tient sous sa coupe une petite bourgade du far west. Il brutalise le vieux tenancier du saloon et sa fille. Mais c’est sans compter Billy Blazes qui va se charger de remettre tout ce petit monde au pas. Entre 1917 et 1919, Harold Lloyd a tourné plus d’une cinquantaine de “one-reel”, films courts d’une seule bobine, avec son nouveau personnage à lunettes. Billy Blazes, Esq. est considéré comme l’un des meilleurs d’entre eux. Billy Blazes est un cow-boy particulièrement rusé et habile. Il y a de bonnes trouvailles dans les gags, que ce soit sa façon de rouler les cigarettes ou dans le maniement des armes. La façon dont il tient en respect puis maîtrise le vilain dans le saloon est particulièrement amusante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Bebe Daniels, ‘Snub’ Pollard, Noah Young
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15 janvier 2010

Le dictateur (1940) de Charles Chaplin

Titre original : « The great dictator »

Le dictateurElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Premier film parlant de Chaplin, Le Dictateur est un film d’engagement et de convictions, probablement le film le plus engagé de toute l’histoire du cinéma. Ecrit en 1938 et tourné en grande partie avant le début de la guerre, il a fallu beaucoup de conviction et de ténacité pour mener ce projet à terme (1). Le Dictateur est le seul film américain, avant Pearl Harbour, à mettre en relief les dangers du fascisme. Une fois de plus, Chaplin utilise l’humour pour faire passer son message. Il met en parallèle un brave bougre amnésique qui ne comprend pas la folie qui l’entoure et l’agressif dictateur. Chaplin joue les deux rôles. La façon dont il caricature Hitler est remarquable, que ce soit dans les gesticulations du discours belliqueux du début ou dans la célèbre scène onirique où il joue avec le globe terrestre comme avec un ballon. Il démystifie, sape l’image de grand conquérant ; c’est du grand art. Rarement l’humour et le drame n’ont aussi bien été mêlés. Il clôt le film avec un grand discours vibrant et humaniste, discours qu’il nous adresse directement en regardant la caméra. Le temps que le film soit achevé et monté, les troupes d’Hitler étaient déjà à Paris mais l’accueil aux Etats-Unis, majoritairement isolationniste, fut néanmoins très mitigé dans un premier temps. Ce n’est qu’après Pearl Harbour qu’il connut un grand succès. Le Dictateur fut bien entendu interdit dans la France occupée (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Paulette Goddard, Jack Oakie, Reginald Gardiner, Henry Daniell, Billy Gilbert, Maurice Moscovitch
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(1) Dès l’écriture du scénario, Charles Chaplin dut faire à face à toutes sortes de pressions et de menaces de la part de l’Ambassade d’Allemagne et des organisations américaines pronazies. Après le début de la guerre en septembre 1939, ce furent les partisans de la non-intervention qui prirent le relais en prenant appui sur ses supposées sympathies avec le communisme. Le Hays Office aurait également menacé le film de censure avant même qu’il soit fini.
(2) Il n’est sorti en France qu’en avril 1945.

Remarque:
Charles Chaplin a déclaré par la suite que s’il avait pu avoir connaissance de l’extermination des juifs, il n’aurait certainement pas fait un tel film où Hitler est avant tout un bouffon, plus ridicule que dangereux.

14 janvier 2010

Charlot policeman (1917) de Charles Chaplin

Titre original : « Easy street »

Charlot policemanLui :
(Court métrage de 20 minutes) Dans Easy Street, Charlot le vagabond endosse l’uniforme d’un policier, ce qui n’est pas courant. Il est recruté au pied levé pour aller mettre de l’ordre dans la rue la plus mal famée, Easy Street, où il va affronter un véritable colosse (Eric Campbell) qui est bien décidé à le réduire en bouillie. Comme le chétif Charlot ne peut compter sur sa force physique, il va devoir ruser et les trouvailles de Chaplin sont très amusantes. Eric Campbell livre ici une de ses prestations les plus volcaniques et les plus terrifiantes. La fin est gentiment idyllique. Au delà du burlesque, c’est le regard social que porte Chaplin qui est aussi intéressant ici car c’est l’un des premiers films où apparaît si nettement l’opposition riches et pauvres et les problèmes posés par la pauvreté extrême. Le film est assez court et donc un peu moins développé qu’il n’aurait fallu.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell
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Les 12 films de Chaplin pour la Mutual (de mai 1916 à octobre 1917) :
1) The Floorwalker (Charlot chef de rayon)
2) The Fireman (Charlot pompier)
3) The Vagabond (Charlot musicien)
4) One A.M. (Charlot rentre tard)
5) The Count (Charlot et le comte)
6) The Pawnshop (Charlot brocanteur)
7) Behind the screen (Charlot machiniste)
8) The Rink (Charlot patine)
9) Easy Street (Charlot policeman)
10)The Cure (Charlot fait une cure)
11)The Immigrant (L’émigrant)
12)The Adventurer (Charlot s’évade)