26 novembre 2010

My Father, my Lord (2007) de David Volach

Titre original : « Hofshat Kaits »

Mon père mon seigneurLui :
Menahem est un jeune garçon qui porte un regard plein de curiosité sur le monde qui l’entoure. Il ne trouve pas toutes les réponses auprès de son père, rabbin qui a dédié sa vie à l’étude et l’enseignement de la Torah, ni de sa mère qui le chérit fortement tout en restant, elle aussi, dans le cadre strict du respect de la religion. My Father, My Lord est le premier film de l’israélien David Volach qui connaît très bien le milieu ultra-orthodoxe qu’il décrit puisqu’il a grandi en son sein. Il porte un regard à la fois hautement critique mais aussi plein de tendresse et c’est cet équilibre qui rend son film attachant. Il ne condamne pas mais critique l’obéissance aveugle. Plus que le drame qui clôt le film, c’est la scène du précepte du « renvoi du nid » qui résume bien tout le film, l’application d’un précepte qui, vu de l’extérieur, semble tout à fait gratuit : le père l’applique mais peine à en expliquer les fondements, le fils ne comprend pas, la mère arrondit les angles en tentant de réintroduire un peu d’humanité. La mise en scène de David Volach est très épurée ; centrée sur l’essentiel, elle donne beaucoup de présence à ses trois personnages centraux. A noter également, la très belle musique de Michael Hope et Martin Tillman. Un premier film très réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Assi Dayan, Ilan Griff, Sharon Hacohen
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23 novembre 2010

L’empreinte (2008) de Safy Nebbou

Titre original : « L’empreinte de l’ange »

L'empreinte de l'angeLui :
A la fin de L’Empreinte, on se dit qu’une telle histoire est vraiment improbable et c’est à ce moment précis qu’un carton précise qu’elle est inspirée d’un fait réel (survenu aux Etats-Unis). En allant chercher son fils dans un anniversaire, une mère de famille aperçoit une fillette et paraît profondément troublée. Elle se met à l’espionner pour trouver où elle habite sans que l’on comprenne tout d’abord ses motivations. Comme souvent, il est préférable d’en savoir un minimum avant de voir ce film car tout l’art de Safy Nebbou est de ne dévoiler que lentement les motivations de son héroïne. Nous la voyons se mettre en chasse, patiente et obstinée. Le réalisateur parvient à créer une tension qui, si elle est légère, se maintient tout au long du film et nous ne savons plus qui ou quoi croire. Très belle interprétation, riche et complexe, de Catherine Frot (que le grand public connaît surtout par ses rôles comiques alors qu’elle a déjà prouvé maintes fois qu’elle avait un registre plus large). Malgré la présence de Sandrine Bonnaire, Catherine Frot domine le film, elle en est le pivot central. Toute cette histoire est d’ailleurs vécue par les yeux de son personnage. Au final, L’Empreinte est un très bon suspense psychologique français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Sandrine Bonnaire, Wladimir Yordanoff, Antoine Chappey, Michel Aumont
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Remarques :
* Par décision de justice du début 2010, le film doit dorénavant porter le titre L’empreinte. Le titre initial L’empreinte de l’ange est en effet celui d’un livre de Nancy Houston.
* L’ « empreinte de l’ange » désigne la partie creuse située entre la bouche et le nez, plus ou moins marquée selon les personnes. D’après une légende, juste avant la naissance, un ange viendrait poser son doigt sur notre bouche, comme pour faire silence, afin que nous puissions oublier le paradis dont on vient et accepter de naître.

Homonyme :
L’empreinte de David Mathieu-Mahias (2004), moyen-métrage avec Michael Lonsdale

22 novembre 2010

La frontière de l’aube (2008) de Philippe Garrel

La frontière de l'aubeLui :
Ce qui frappe en premier, à la vision de La frontière de l’aube, c’est sa superbe photographie en noir et blanc. Elle est signée William Lubtchansky, grand directeur de la photographie français dont ce sera hélas le dernier film puisqu’il est décédé en mai 2010. Pas un plan qui ne soit parfaitement composé avec un superbe éclairage qui va souvent près des limites. Un grand plaisir pour l’œil… heureusement, car il n’en est pas de même sur le contenu : cette histoire d’amour fou au-delà de la mort apparaît assez ennuyeuse. On peut bien entendu évoquer l’hommage, ou les références, au cinéma muet qui était, il est vrai, un beau vecteur pour ce genre d’histoires. Mais, comparativement, La Frontière de l’Aube manque singulièrement de force. Il eut fallu que ses personnages donnent l’impression de s’élever, de transmettre au spectateur leurs sentiments et leur passion. Ni Louis Garrell ni Laura Smet ne semblent avoir cette capacité. Par leur jeu, ils s’enferment dans leur histoire dont nous ne sommes que spectateur. Le film a toutefois des moments de fulgurance : la scène où l’on assiste à l’une de leurs discussions tourmentées avec un très gros plan sur les yeux de Laura Smet est superbe par son intensité. A noter également, la très belle musique, sobre et pure, de Jean-Claude Vannier avec Didier Lockwood au violon.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Louis Garrel, Laura Smet, Clémentine Poidatz
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15 novembre 2010

The visitor (2007) de Thomas McCarthy

The VisitorElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Un professeur d’université, insatisfait de sa vie devenue assez terne et vide depuis la mort de sa femme, se retrouve nez à nez avec un jeune couple quand il revient dans son appartement new-yorkais. Ayant visiblement été victimes d’une escroquerie, les deux jeunes d’origine syrienne et sénégalaise n’ont nulle part où aller. Le professeur les autorise à rester et, peu à peu, se lie d’amitié avec eux. Ce deuxième long métrage de Thomas McCarthy traite en réalité du problème des immigrés clandestins installés depuis longue date ; il le fait avec beaucoup de délicatesse, sans forcer le trait. Le personnage de ce professeur d’université qui semble avoir perdu toute envie est pour beaucoup dans l’équilibre subtil du film. Il est merveilleusement interprété avec beaucoup de justesse par Richard Jenkins, acteur à la diction parfaite que l’on a peu l’habitude de voir au premier plan. The Visitor est un joli film très sensible. Il est aussi, et surtout, très humain.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richard Jenkins, Haaz Sleiman, Hiam Abbass, Danai Gurira
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10 novembre 2010

Religolo (2008) de Larry Charles

Titre original : « Religulous »

ReligoloLui :
Après l’impertinent Borat, le réalisateur Larry Charles revient avec un film encore plus irrévérencieux, un semi-documentaire sur le thème des religions présenté par Bill Maher (1). Ayant été lui-même baigné dans son enfance par deux religions différentes, Maher entreprend de démonter les fondements des principales religions en mettant en relief leur incohérences. Son ambition est de prôner le doute. Il interviewe nombre de personnes, tentant d’ébranler leurs convictions profondes en rebondissant constamment sur leur propos (on craint toujours que l’un d’entre eux s’énerve mais non, tous restent calmes…) Certains propos sont entrecoupés par des courts extraits de peplum des années cinquante, procédé toujours terrifiant par son efficacité mais un peu discutable. C’est dans la partie américaine que le film semble le plus réussi, même s’il s’attaque parfois à des proies faciles, le simple fait de montrer étant alors suffisant pour prouver le ridicule (fondamentalistes, parc d’attractions, allumés divers…) Hors Amérique, il tend à s’enliser un peu, Bill Maher avouant lui-même ne pas arriver à faire parler les gens car il est perçu comme un étranger. Sur le fond, Religolo manque plutôt de substance, il se contente d’être politiquement incorrect par des effets un peu faciles. Cela ne l’empêche pas d’être souvent assez amusant. Religolo (2) est d’ailleurs plus amusant qu’inquiétant. En fait, l’arme principale du film est bien le rire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bill Maher
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(1) Bill Maher anime un talk-show sur la chaîne de télévision HBO aux Etats-Unis. Il a été précédemment comique sur la scène new yorkaise, puis présentateur d’une émission très suivie, au titre significatif : « Politically incorrect ».
(2) A noter toutefois que, si le titre français est une contraction de « religion » et « rigolo », le titre original Religulous et une contaction de « religion » et « ridiculous ».

4 novembre 2010

La loi et l’ordre (2008) de Jon Avnet

Titre original : « Righteous Kill »

La loi et l'ordreLui :
Le plus gros atout de La Loi et l’Ordre est de réunir pour la première fois dans un film entier Robert De Niro et Al Pacino. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces deux grands acteurs n’avaient précédemment tourné ensemble qu’une scène dans Heat de Michael Mann (1995). Ici, non seulement ils jouent ensemble tout le film mais, en plus, nos deux oiseaux sont du même bord (policiers tous deux) et, même, ils font équipe ensemble et sont liés par une irréductible amitié. Difficile de faire mieux comme rapprochement… Le scénario n’est guère plausible mais il permet d’utiliser ces deux policiers burinés par une looongue expérience. De Niro et Pacino ont bien entendu une belle présence qui sait toutefois laisser une place pour les seconds rôles, assez bien définis. Le film est plutôt prenant avec un bon retournement final. Le film est plaisant mais l’on aurait espéré un peu plus de la réunion de ces deux acteurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Al Pacino, Carla Gugino, John Leguizamo, Donnie Wahlberg
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1 novembre 2010

Sans Sarah, rien ne va (2008) de Nicholas Stoller

Titre original : « Forgetting Sarah Marshall »

Sans Sarah, rien ne vaLui :
Quand Peter se fait larguer par sa petite amie, le pauvre garçon se met à déprimer fortement. Parti se changer les idées à Hawaï, il la retrouve en vacances avec son nouveau petit ami… Sans Sarah, rien ne va est une comédie très américaine, assez conventionnelle et plutôt molle. Le seul atout du film est la présence de l’humoriste anglais Russell Brand qui campe avec brio une rock star particulièrement pittoresque et… pleine de ressources. On ne peut en dire autant hélas de Kristen Bell, actrice de série TV qui n’a absolument aucune présence. Nicholas Stoller aurait laissé les acteurs improviser dans une certaine mesure, ce qui explique certainement cette impression de manque de direction et de maîtrise que l’on ressent à la vue du film.
Note : 1 étoile

Acteurs: Jason Segel, Kristen Bell, Mila Kunis, Russell Brand, Bill Hader
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26 octobre 2010

The Spirit (2008) de Frank Miller

The SpiritLui :
The Spirit est un classique de la bande dessinée américaine des années quarante, basé sur un personnage de justicier masqué créé par Will Eisner. Pour son adaptation au grand écran, Frank Miller adopte un type d’images proche de celui de Sin City : un rendu très stylisé en noir et blanc sursaturé avec quelques notes rouges. Tous les personnages ont été filmés sur fond vert pour être ensuite incrustés dans un univers urbain retro-moderne, essentiellement nocturne. Parfaitement réalisé, le film a un indéniable style graphique très personnel. Par rapport aux autres adaptations de comix, The Spirit a l’avantage de ne pas se prendre au sérieux : l’humour est constant, tout est objet de satire, d’exagération. L’histoire est simplette à souhait, les personnages vraiment caricaturaux. Certaines scènes auraient pu être tournées par Mel Brooks (notamment la scène, calquée sur Marathon Man (1), du nazi dentiste, complètement farfelue, ou encore celle de la bagarre dans le marais). Frank Miller s’est visiblement beaucoup amusé et il est compréhensible que les amateurs de la bande dessinée originale aient été déçus par le manque de sérieux et le scénario simpliste. C’est complètement farfelu et gentiment sexy, à déguster au second degré comme un divertissement joliment stylé.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gabriel Macht, Eva Mendes, Samuel L. Jackson, Scarlett Johansson, Sarah Paulson
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(1) On ne peut pas dire que l’allusion au film de John Schlesinger soit légère et discrète… Elle donne plutôt dans le genre tonitruant. Plus sobre (quoique… Miller place tout de même une explosion atomique dans le lointain arrière-plan…) est l’hommage au film Kiss me deadly de Robert Aldrich, grand classique du film noir (l’ouverture du second coffre avec l’énorme lueur).

18 octobre 2010

Bellamy (2009) de Claude Chabrol

BellamyLui :
Comme nous le savons maintenant, Bellamy restera hélas toujours le dernier film de Claude Chabrol. Un commissaire de police en vacances se retrouve à enquêter dans une affaire assez confuse de disparition. L’histoire est inspirée d’un fait divers aussi authentique qu’invraisemblable. Bellamy marque la rencontre deux figures du cinéma français, Gérard Depardieu et Claude Chabrol, rencontre qui, il faut bien l’avouer, déçoit quelque peu. Devenu un véritable colosse, l’acteur adopte ici un jeu assez terne, certes parfaitement contenu pour une fois par son réalisateur, mais devenu étrangement atone. Les tentatives d’introduire un peu de sensualité entre lui et sa femme plus jeune d’une vingtaine d’années ajoute un peu d’improbabilité qui tend à déteindre sur tout le film. Bellamy n’est en tous cas pas idéal pour découvrir, ou mieux connaître, Claude Chabrol.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel, Vahina Giocante
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16 octobre 2010

Public enemies (2009) de Michael Mann

Public EnemiesLui :
Reconstitution de la vie du gangster des années trente John Dillinger, Public Enemies a pour principal atout le couple d’acteurs vedettes qui a construit le rayonnement du film. On ne peut pas dire que le film soit déplaisant mais il n’est pas très intéressant non plus : il est plutôt long, assez répétitif, un peu trop appuyé parfois. On pourra apprécier la qualité de la reconstitution et la virtuosité de la réalisation mais le scénario parait tout de même un peu maigre. Il se contente de faire ressembler le traqueur et sa proie, principe guère nouveau mais toujours efficace. Le côté Robin des Bois de Dillinger est peu développé et le film finit par être une suite de fusillades, évasions, fusillades, …
Note : 2 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Marion Cotillard, Christian Bale, Channing Tatum, Jason Clarke
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Remarques :
Le film Manhattan Melodrama (L’ennemi public n°1) de W.S. Van Dyke (1934) avec Clark Gable, William Powell et Mirna Loy est effectivement le film qu’est allé voir Dillinger juste avant de mourir. Le film est devenu célèbre pour ce fait. Ceci dit, contrairement à ce que laisse croire Public Enemies, il s’agit plutôt d’un mélodrame que d’un film de gangster : le titre original est donc plus représentatif que le titre français (ne pas confondre avec L’ennemi Public, le film de Wellman avec James Cagney), titre qui fut plaqué par la suite. Le titre à sa sortie en France était en effet Un drame à Manhattan.

Autres films sur la vie de Dillinger :
Dillinger, l’ennemi public n°1 (Dillinger) de Max Nosseck (1945) avec Lawrence Tierney.
L’ennemi public (Baby Face Nelson) de Don Siegel (1957) avec Mickey Rooney (film sur la vie de son comparse Baby Face Nelson)
Young Dillinger (1965) de Terry O. Morse avec Nick Adams
Dillinger (1973) de John Milius avec Warren Oates et Michelle Phillips
Du rouge pour un truand (The Lady in red) de Lewis Teague (1979) avec Robert Conrad
Dillinger and Capone (1995) de Jon Purdy avec Martin Sheen

… et, bien que n’ayant rien à voir avec la vie de Dillinger, on peut penser aussi à
Dillinger est mort (1969) de Marco Ferreri avec Michel Piccoli (Piccoli trouve un pistolet enveloppé dans un journal de 1934 annonçant la mort de Dillinger…)