28 février 2010

L’énigme (1929) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Die Frau, nach der man sich sehnt »
Autre titre français : « La femme que l’on désire »
Titre américain : « Three loves »

Die Frau, nach der man sich sehntLui :
(film muet) L’énigme est le premier film où Marlene Dietrich tient un rôle de premier plan. Elle n’est pas encore en tête d’affiche mais c’est bien elle qui au centre de cette histoire de triangle amoureux et de femme fatale. C’est l’adaptation d’un roman à succès de Max Brod. Alors qu’il vient d’épouser une riche héritière, le jeune Henry tombe amoureux d’une femme qu’il rencontre dans le train qui les emporte en lune de miel. Cette femme est accompagnée d’un homme plus âgé qu’elle et qui semble la tenir sous sa coupe. Die Frau, nach der man sich sehnt est une belle surprise car le film se révèle de très bonne facture. Tout d’abord, il y a Marlene Dietrich dont la présence à l’écran est assez renversante. En visionnant ce film, on se dit qu’il n’est guère étonnant qu’elle soit devenue une telle star par la suite : même si son personnage de femme fatale n’est pas encore très élaboré ou sophistiqué, tout est déjà là… Ensuite, Kurt Bernhardt parvient à créer une véritable atmosphère et une indéniable tension par un joli jeu de camera et grâce à la superbe photographie de Curt Courant. Certains plans reposent sur des belles trouvailles : on admirera la première apparition de Marlène Dietrich au travers d’une fenêtre de train partiellement couverte de cristaux de glace, tout comme le jeu avec les miroirs et le rythme endiablé des scènes de fête. C’est un film très méconnu qui a été heureusement parfaitement restauré par la Fondation Murnau.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Fritz Kortner, Uno Henning
Voir la fiche du film et la filmographie de Curtis Bernhardt sur le site IMDB.

Voir les autres films de Curtis Bernhardt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1) Le suèdois Uno Henning, qui ressemble étonnamment à Gary Cooper jeune, n’a que peu tourné. Fritz Kortner est plus connu pour avoir tourné avec Louise Brooks dans Loulou.
2) Le film est d’autant plus méconnu que Marlene Dietrich a toujours fait le black-out total sur toute sa carrière avant sa première rencontre avec von Sternberg (pour l’Ange Bleu en 1930), inventant au fil des ans mille versions différentes de cette rencontre mais restant inflexible sur le fait que von Sternberg l’avait découverte.
Voici ce qu’elle écrit dans son autobiographie : « Mes soi-disant « biographes » se plaisent à publier une longue liste de films tournés par moi en ces années-là et dont, paraît-il, j’aurais été la vedette. C’est faux. »
Il paraît toutefois probable que von Sternberg a remarqué Marlene dans ce film.
3) Kurt Bernhard prendra le prénom de Curtis à son arrivée à Hollywood à la fin des années trente (après un passage par la France).

26 janvier 2010

Lazybones (1925) de Frank Borzage

LazybonesLui :
(Film muet) Par peur d’annoncer à une mère tyrannique la naissance de son enfant, une jeune femme tente de se suicider. Elle est sauvée par un brave gars surnommé Lazybones en raison de sa paresse chronique (1). Elle lui confie l’enfant et il accepte de garder le secret… Adapté d’un roman d’Owen Davis, l’histoire de Lazybones est poignante, propre à tirer des larmes, mais Frank Borzage adopte cette fois une interprétation assez sobre, pleine de cette atmosphère champêtre de l’Amérique profonde. On peut juste noter une pointe un peu appuyée due au jeu de Zasu Pitts, actrice étonnante qui a toujours une très forte expressivité avec ses yeux écarquillés et son jeu tourmenté Lazybones (actrice que l’on connaît mieux par ses films tournés avec Erich von Stroheim). Le scénario est solidement construit, Frank Borzage sachant en tirer l’essentiel pour créer de beaux moments d’émotions. Jolis gros plans. Lazybones est le premier film que Frank Borzage tourna après être passé à la Fox. C’est un très beau film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buck Jones, Zasu Pitts, Madge Bellamy, Leslie Fenton, Jane Novak
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site IMDB.

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(1) Lazy-bones = gros fainéant (lazy=paresseux et bone=os)

24 janvier 2010

Oh! La belle voiture (1920) de Hal Roach

Titre original : « Get out and get under »

Oh! La belle voitureLui :
(Court métrage de 25 min) Get Out and Get Under est souvent cité comme étant le premier film qu’Harold Lloyd tourna après son terrible accident (1) ce qui n’est pas tout à fait exact (2) mais là n’est pas l’essentiel… L’histoire de Oh la belle voiture! est centrée sur une automobile Ford Model T que son personnage chérit comme la prunelle de ses yeux. Get Out and Get Under Hélas, alors qu’il est déjà en retard pour rejoindre sa belle à une répétition théâtrale, l’automobile va tomber en panne et il va devoir aller dessous (d’où le titre). Une fois réparée, il va trop vite et se fait poursuivre par des policiers. Le titre original fait sans aucun doute référence à une chanson des années 10 (voir ci-contre) qui ironisait sur ces nouveaux engins qui avaient la sale manie de tomber souvent en panne. L’ensemble est amusant mais sans être au niveau de ses meilleurs courts métrages. Il y a quelques bonnes trouvailles de gags, notamment les ruses qu’emploie Harold Lloyd pour se cacher de ses poursuivants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Fred McPherson
Voir la fiche du film et la filmographie de Hal Roach sur le site IMDB.
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(1) En Août 1919, Harold Lloyd se rend à une séance photo. L’une des poses qu’il doit prendre est d’allumer négligemment une cigarette avec la mèche allumée d’une bombe qu’il tient à la main. Par une erreur d’accessoire, il se retrouva avec une bombe fortement chargée dans la main. L’explosion fut terrible, le blessant au visage et lui arrachant le pouce et l’index de la main droite. Pendant tout le restant de sa carrière, il utilisera une prothèse très bien faite, cachée par un gant couleur chair, pour que cela ne se remarque pas à l’écran. Toutes les prouesses acrobatiques qu’il fit par la suite paraissent d’autant plus extraordinaires quand on sait qu’il n’avait plus que trois doigts valides à la main droite.
(2) D’après le récent livre d’Annette d’Agostino Lloyd, Harold Lloyd ne s’interrompit que quatre mois environ. Le film Haunted Spooks comporte ainsi des scènes tournées avant et après son accident. Get Out and Get Under n’aurait été tourné que plusieurs mois après.

23 janvier 2010

Ma fille est somnambule (1920) de Hal Roach

Titre original : « High and dizzy »

Ma fille est somnambuleLui :
(Court métrage de 26 minutes) Un jeune médecin sans clientèle fréquente un voisin qui brasse de la bière de contrebande dans son bureau. Ils s’enivrent et se retrouvent, passablement éméchés, dans un hôtel. Dans un premier temps, High and Dizzy joue surtout avec l’ivresse. Il y a beaucoup de situations amusantes dans cet hôtel. On rit bien… et tout à coup c’est le choc ! Mildred Davis, en pleine crise de somnambulisme, ouvre une fenêtre et, sans faiblir, se met à marcher sur la corniche de l’immeuble à 20 mètres du sol. La scène est d’autant plus frappante que rien ne le laissait présager ; personnellement, mon cœur a fait un bon de trois mètres et l’on imagine aisément les cris de frayeur dans les salles de l’époque. L’un des premiers plans est suffoquant, tourné en plongée à 45 degrés, laissant voir deux étages entiers juste sous elle avec, bien plus bas, les tramways et les passants dans la rue (1). L’effet de vertige est encore plus fort que dans Never Weaken ou dans le célèbre Safety Last! Ma fille est somnambuleLa voyant passer devant sa fenêtre, Harold Lloyd va la suivre sur la corniche : nous avons donc alors une jeune fille somnambule endormie et un garçon ivre mort, incapable de mettre un pied devant l’autre, qui vont et viennent sur une corniche de trente centimètres de large à 20 mètres du sol ! La virtuosité et l’audace d’Harold Lloyd dans ce genre de plans n’a jamais été vraiment égalé. Un film vivement déconseillé aux personnes cardiaques.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Roy Brooks, Mildred Davis, Wallace Howe
Voir la fiche du film et la filmographie de Hal Roach sur le site IMDB.

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(1) La technique d’Harold Llyod était de faire construire une fausse façade de quelques étages au sommet d’un building (ou, comme ici, sur la butte du Hill Street Tunnel). Il faisait empiler des matelas devant la fausse façade pour le cas où… Mais, sur le premier plan, la caméra filme vers le sol et l’on voit pratiquement deux étages entiers sous Mildred Davis (ou plus exactement sous sa doublure, car elle est doublée dans ces 5 premières secondes). Il s’agit probablement d’un plan réel mais l’on ne voit aucun câble…
[Ajout : L’excellent livre de John Bengtson précise que la scène a été tournée sur la corniche du 11e étage du Citizens National Bank sur la 5e Rue !]

Remarque :
Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

29 décembre 2009

Campus (1927) de Buster Keaton et James W. Horne

Titre original : « College »

Autre titre français : « Sportif par amour »

CollegeLui :
Fragilisé par l’échec commercial du Mécano de la General, Buster Keaton a probablement du accepter ce projet de la part de United Artists. Son producteur voulait ainsi profiter de la mode des comédies sportives qui a suivi le succès de Vive le Sport (The Freshman) d’Harold Lloyd. Buster Keaton étant connu pour ses grandes capacités sportives, cela semblait prometteur. College Le résultat est hélas bien inférieur à ce que l’on pouvait attendre, le film paraissant dans son ensemble assez mécanique sans la lueur de créativité habituelle chez Buster Keaton. Il est probable qu’il n’ait pas eu toute sa liberté d’action sur ce film. L’humour est essentiellement sur les mille et une façons de rater ses essais dans les différentes disciplines sportives, le meilleur moment du film étant, ceci dit, sa tentative d’être cocktail-barman. Sportif par amour, alias Campus, est certainement le plus faible des longs métrages de Buster Keaton.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Anne Cornwall, Harold Goodwin
Voir la fiche du film et la filmographie de James W. Horne sur le site imdb.com.

28 décembre 2009

Monte là-dessus! (1923) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Safety last! »

Monte là-dessus!Elle :
La vision de ce film célèbre d’Harold Lloyd nous donne des frissons encore aujourd’hui. Dans cette escalade d’immeuble, chaque situation semble pire que la précédente et l’on reste abasourdi par les prouesses réalisées. L’ensemble est surtout très amusant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Monte là-dessus! Venu d’une petite ville de province, un jeune homme tente de se faire une bonne place à la ville pour impressionner sa bien aimée. Il imagine un coup publicitaire pour le grand magasin qui l’emploie : faire monter son ami acrobate à un building. Hélas, tout ne va pas se passer comme prévu et c’est lui qui va devoir grimper. Safety Last, Monte là-dessus, est le film le plus célèbre d’Harold Lloyd. Si peu de gens connaissent le titre, tout le monde connaît cette image d’Harold Lloyd suspendu aux aiguilles d’une horloge à vingt mètres au dessus de la rue. La séquence de l’escalade occupe tout le dernier tiers du film mais le restant de Monte là-dessus est très amusant : Monte là-dessus! il faut voir par exemple Harold Lloyd tenter de pénétrer inaperçu dans le magasin ou essayer d’écarter un policeman gênant par divers stratagèmes… Le premier plan du film est aussi un trompe l’œil très amusant, à l’image de toute la scène de l’escalade qui est effectivement plus du ressort du trompe l’œil que du trucage : tout est quasiment réel. C’est certainement pour cette raison que, même à nos yeux de spectateurs modernes (pourtant habitués aux incrustations et aux images de synthèse), ces scènes sont toujours aussi terrifiantes à regarder. Le film est fortement déconseillé aux personnes sujettes au vertige. Monte là-dessus est un des sommets de la comédie des années vingt, période particulièrement riche en prouesses acrobatiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Bill Strother, Noah Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred C. Newmeyer & Sam Taylor sur le site imdb.com.

Voir aussi : Voyage au Paradis (Never Weaken, 1921), court métrage d’Harold Lloyd qui préfigure Safety Last.

Remarques :
Monte là-dessus! Harold Lloyd ne dévoilait jamais ses secrets mais on sait maintenant que Safety Last a été filmé à trois endroits différents, avec une fausse façade construite en haut d’immeubles de hauteurs croissantes. Ces trois immeubles sont tous trois sur Broadway Street. Les plans globaux, vus de loin, montrent en réalité Bill Strother (sanglé), surnommé « Human Fly » (= la mouche humaine) qui est un véritable escaladeur d’immeuble.
Les fausses façades construites couvraient généralement deux étages et Harold Lloyd était à plus de 4 mètres du sol dans beaucoup de scènes. Malgré tous les matelas, le danger était bien réel. Pour tester, il fit tomber un mannequin sur les matelas : après avoir rebondi, le mannequin alla s’écraser dans la rue en contrebas… !
Pour des précisions complètes sur les lieux de tournage des films d’Harold Lloyd, on peut se référer au fantastique livre de John Bengtson Silent Visions. C’est un livre fabuleux (en anglais mais il comporte de très nombreuses photographies, donc il passionnera certainement un lecteur qui ne peut lire l’anglais).

Nous sommes aujourd’hui blasés de trucages et d’images de synthèse mais, en 1923, les simples incrustations ne se faisaient pas encore. Les spectateurs savaient donc que ce qu’ils voyaient était réel. Les salles entières hurlaient de frayeur et le spectacle était certainement presque traumatisant. A nos yeux modernes, l’humour ressort davantage.

Safety Last! est le dernier film avec Mildred Davis qui abandonna sa carrière pour devenir Madame Lloyd. A noter que contrairement à Chaplin et Keaton, Harold Lloyd eut une vie sentimentale heureuse et ne divorça pas.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

24 décembre 2009

Cadet d’eau douce (1928) de Buster Keaton et Charles Reisner

Titre original : « Steamboat Bill Jr. »

Cadet d'eau douceLui :
Ayant terminé ses études, le jeune William rejoint son père, capitaine un peu rustre d’un bateau à aubes sur le Mississippi. Plutôt chétif d’apparence, il ne semble pas vraiment à sa place dans ce monde rude. Pour ne rien arranger, il est amoureux de la fille du principal concurrent de son père. Si la scène finale du cyclone de Cadet d’eau douce est inscrit dans les mémoires de tous les cinéphiles, Cadet d'eau douce le début du film est aussi très amusant : il faut voir, par exemple, comment Keaton arrive à faire d’une simple séance d’essayage de chapeau une petite merveille d’humour. Les scènes sur le streamer sont aussi pleines de bonnes trouvailles qui permettent à Keaton de montrer tout son talent. Mais le morceau de choix est effectivement cette terrible tempête, qui soulève et emporte tout sur son passage, avec la cascade probablement la plus dangereuse de toute l’histoire du cinéma : alors que toute une façade de maison lui tombe dessus, le jeune William ne doit son salut qu’à la présence d’une lucarne pacée juste au bon endroit. Saisissant! Cadet d'eau douce Toute la tempête a été filmée sans trucage (1). Le film n’eut que très peu de succès à son époque. Ce n’est que lorsque Keaton fut redécouvert, dans les années cinquante et soixante, qu’il fut considéré à sa juste valeur. Cadet d’eau douce est le dernier film de la meilleure période de Buster Keaton, celle où il a écrit et réalisé ses films (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Tom McGuire, Ernest Torrence, Marion Byron
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.

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Remarques :
Cadet d'eau douce(1) Au départ, Keaton avait prévu une inondation pour la fin de Cadet d’eau douce plutôt qu’un cyclone mais les producteurs refusèrent : après les récentes inondations de 1927, il était malvenu d’en faire un sujet d’humour. Il opta donc pour un cyclone.
Le vent était produit par quatre ou six gros moteurs d’avion, capables à plein régime de soulever un camion. Une gigantesque grue soulevait les maisons. Le pan de maison qui bascule pour tomber sur Buster Keaton était bien réel, en matériaux lourds, et une bonne partie de l’équipe quitta le studio, refusant d’assister à une cascade qui pouvait le tuer : la marge d’erreur était de dix ou vingt centimètres aux épaules (de plus, du fait de ses problèmes personnels et professionnels, ses collaborateurs pensaient qu’il prenait, par dépit, des risques insensés). Il avait déjà utilisé ce gag (mais avec des murs beaucoup plus légers et une marge d’erreur plus grande) dans son court-métrage La maison démontable (One week, 1920) et précédemment avec Fatty Arbuckle dans Back Stage (Fatty cabotin, 1919).

Cadet d'eau douce(2) Joseph Schenck, son beau frère, avait annoncé à Buster Keaton qu’il ne produirait plus ses films. Il lui conseillait de continuer de tourner ses films au sein de la MGM. Hésitant, Keaton consulta ses amis Chaplin et Harold Lloyd qui lui déconseillèrent tous deux catégoriquement de signer à la MGM. Et pourtant, il signa et détruisit sa carrière car il perdit toute indépendance : plus question de tout écrire lui-même et d’improviser sur le plateau. Il perdit en outre ses meilleurs collaborateurs que la MGM s’empressa d’assigner à d’autres réalisateurs plus en vue. Keaton fera encore un film comparable aux précédents, Le caméraman, puis sombrera dans l’oubli. En outre, Keaton avait de très gros problèmes personnels.

23 décembre 2009

Le dernier round (1926) de Buster Keaton

Titre original : « Battling Butler »

Battling ButlerElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation d’une comédie musicale anglaise, Battling Butler met en scène un jeune homme de bonne famille, toujours assisté d’un serviteur, qui se voit contraint de prendre la place d’un boxeur pour gagner le cœur d’une jeune campagnarde. Le film est assez différent des autres Keaton dans la mesure où il n’y a pas de grande scène périlleuse ; l’humour est aussi plus diffus, plutôt concentré dans la première partie où la confrontation de ce jeune oisif avec la vie à la campagne ne manque de sel. Les scènes de boxe sont même étonnamment dures, avec une âpreté de ses adversaires au combat qui rend presque mal à l’aise. Battling Butler fut un énorme succès populaire à son époque ; vu aujourd’hui, on se demande un peu pourquoi car il apparaît, avec le recul, un ton nettement en dessous de ses autres films. Néanmoins, ce succès financier lui a permis de tourner Le Mécano de la General.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sally O’Neil, Snitz Edwards
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Remarque :
On peut faire la comparaison entre les scènes de boxe de Keaton dans Battling Butler (1926) et celles de Chaplin dans Les Lumières de la Ville (1931) et aussi dans Charlot Boxeur, The Champion (1915). IL y a certaines similitudes mais Chaplin joue beaucoup plus la carte de l’humour en cherchant à éviter les coups alors que Keaton semble vouloir tout encaisser.

20 décembre 2009

Ma vache et moi (1925) de Buster Keaton

Titre original : « Go West »

Ma vache et moi Elle :
(pas vu)

Lui :
Dans Go West, Buster Keaton cherche à atteindre une dimension mélodramatique plus forte, visant probablement à se rapprocher de Chaplin. Son personnage, nommé « friendless » (= sans ami), est un homme seul et sans emploi qui aboutit dans un ranch isolé. Il se lie d’amitié avec un vache, rejetée elle aussi à la fois par ses semblables et par les hommes. Il veut donc l’empêcher d’aller à l’abattoir. Jouant beaucoup sur l’ignorance et l’inaptitude de son personnage aux travaux de la ferme, Keaton ne parvient pas à aller au delà de la grande mélancolie qui lui est coutumière et au final son personnage est plutôt moins touchant que dans ses films précédents. Ma vache et moi De plus, le morceau de bravoure de la seconde moitié du film, le lâcher d’un gigantesque troupeau de vaches dans les rues de Los Angeles, ne tient pas toutes ses promesses : le troupeau ayant été très difficile à contrôler pendant le tournage, Keaton n’a pu faire ce qu’il avait vraiment en tête. Au final, Ma vache et moi est un ton en dessous de son niveau habituel. Il nous reste quelques images fortes tout de même, comme celle de Keaton et de sa vache, marchant seuls dans un paysage aride et plat.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Howard Truesdale, Kathleen Myers, Ray Thompson
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Homonyme :
Go West (Chercheurs d’or) de Edward Buzzell (1940) avec les Marx Brothers (et qui n’est pas, non plus, au niveau des meilleurs Marx Brothers). A noter que ce film comporte plusieurs clins d’oeil à Buster Keaton.

19 décembre 2009

Frigo capitaine au long cours (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Boat »

Frigo capitaine au long coursElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 27 minutes) Un homme part avec sa petite famille sur le bateau qu’il a lui-même construit. Il va devoir affronter les éléments hostiles… The boat met en scène le personnage assez classique de Keaton qui surmonte toujours (ou presque) les pires difficultés avec une certaine ingéniosité, tout en restant parfaitement imperturbable bien entendu. Ici, contrairement à l’habitude, il est un bon père de famille, doté de deux enfants aussi imperturbables que lui. La mise à l’eau du bateau est assez épique, le passage des ponts est… surprenant, la suite est humide. Malgré quelques longueurs, ce court métrage doté de plusieurs effets spéciaux reste amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sybil Seely
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Remarques :
1. Son bateau s’appelle le Damfino, contraction de « Damned if I know » (littéralement : C’est bien le diable si je sais), nom qui permet un gag au moment du naufrage. C’est aussi la dernière phrase prononcée par Keaton à la fin du film (il n’y a pas d’intertitre mais on peut le lire facilement sur ses lèvres).
2. Keaton avait fait construire deux bateaux, l’un conçu pour flotter, l’autre pour couler. Hélas, le premier prenait l’eau de toutes parts et le second refusa obstinément de s’enfoncer.