29 mai 2011

Soyez ma femme (1921) de Max Linder

Titre original : « Be My Wife »

Soyez ma femmeLui :
(Film muet 55 mn) Max est amoureux. Hélas, la charmante enfant vit avec une tante revêche qui a pris Max en grippe. Il va donc devoir user de stratagèmes pour parvenir à épouser la belle. Mais les ennuis ne feront alors que commencer… Be My Wife, Soyez ma femme est le second des trois longs métrages faits par Max Linder aux Etats Unis au tout début des années vingt. Depuis qu’il avait été redécouvert, seules treize minutes du début du film étaient visibles. Heureusement, il a été récemment restauré par Lobster dans une version qui semble complète. En plus de la scène hilarante du combat simulé avec un cambrioleur imaginaire, scène absolument extraordinaire, il y a nombre d’excellents gags dans le restant du film, notamment une désopilante scène de danse endiablée lors du mariage et une autre dans un placard à chauffage. Soyez ma femme Toute la seconde moitié du film est basée sur une histoire assez complexe, mais réglée au cordeau, de couples qui s’entrecroisent, où chacun soupçonne l’autre d’infidélité. C’est très bien mis en place et développé. On admirera les délirants mécanismes qui transforment un salon d’essayage de haute-couture en pièce de rendez-vous galants où l’on peut boire illégalement. Be My Wife témoigne de la formidable inventivité de Max Linder. C’est une grande chance de pouvoir le voir aujourd’hui dans son intégralité.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Max Linder, Alta Allen, Caroline Rankin, Lincoln Stedman
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Linder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Max Linder chroniqués sur ce blog…

Remarques :
La version restaurée du film a été diffusée pour la première fois le 22 mai 2011 à la télévision dans l’émission de Serge Bromberg « Retour de flamme » sur la chaîne CineClassics.

Homonyme :
Be My Wife (1919) de Hal Roach avec Harold Lloyd (film perdu)

16 mai 2011

Nana (1926) de Jean Renoir

NanaLui :
(Film muet) Pour sa troisième réalisation, Jean Renoir trouve dans le roman d’Emile Zola Nana un vecteur pour mettre en valeur Catherine Hessling. Le réalisateur a épousé en 1920 cet ancien modèle de son père Auguste Renoir ; il s’est mis au cinéma pour en faire une grande vedette. Il finance lui-même Nana, ce qui lui donne une très grande liberté. Il y engloutit une fortune, vendant des tableaux de son père. On peut ainsi trouver certains points communs entre cette histoire de femme fatale imaginée par Zola et la propre situation de Jean Renoir. Il fait le choix assez étonnant de mettre face à sa protégée un acteur de l’expressionnisme allemand : Werner Krauss. Tout les oppose, le face à face est surprenant. Devant Werner Krauss, véritable roc, rigide, d’une forte présence, au jeu minimaliste, qui passe tout par son visage… Catherine Hessling gesticule, papillonne sans arrêt, froufroute, prend de poses provocantes… un jeu outrancier et frénétique. Le très fort contraste de jeu entre les deux acteurs donne un côté hétéroclite au film mais a toutefois le mérite de souligner, de façon magistrale, le contraste entre les deux personnages principaux de cette histoire. Jean Renoir dit avoir été fortement influencé par Folies de femmes d’Eric von Stroheim. C’est apparent dans le climat équivoque, légèrement décadent et empreint de cruauté, et aussi dans la démesure de certains décors, par exemple l’escalier du palais de Nana. Les autres décors sont parfois minimalistes et donnent un petit côté irréel. La fin a des parfums de fantastique. Le film fut un échec et ruina Jean Renoir. Bien qu’alourdi par le jeu outrancier de Catherine Hessling, Nana ne manque toutefois pas de charme.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Hessling, Werner Krauss, Jean Angelo, Raymond Guérin-Catelain
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Renoir sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Renoir chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Jean Renoir (parlant du film dans les années 60) : « Après Nana, comme je n’avais plus d’argent, j’ai dû travailler pour les autres et, en travaillant pour les autres, j’ai dû apprendre la discipline cinématographique. C’est toujours bon de ne pas pouvoir faire tout ce que l’on veut. »
* L’acteur qui joue Fauchery (l’auteur de la pièce de théâtre qui devient l’amant de la comtesse) est Claude Moore d’après le générique. En réalité, il ne s’agit ni plus ni moins que de Claude Autant-Lara, qui a aussi créé les décors. L’acteur Pierre Philippe qui joue Bordenave (le directeur du théâtre) n’est autre que le scénariste Pierre Lestringuez.

Adaptations de Nana, le roman d’Emile Zola :
Nana (1914) de Camillo De Riso (Italie)
A man and a woman (1917) d’Herbert Blaché et Alice Guy
Nana (1926) de Jean Renoir
Nana (1934) de Dorothy Arzner et George Fitzmaurice
Nana (1944) de Roberto Gavaldón et Celestino Gorostiza (Mexique) avec Lupe Velez
Nana (1955) de Christian-Jaque avec Charles Boyer et Martine Carol
Nana (1981) de Maurice Cazeneuve (TV) avec Véronique Genest
Nana (2001) d’Edouard Molinaro (TV) avec Lou Doillon

11 mai 2011

Les Trois Mousquetaires (1921) de Henri Diamant-Berger

Les trois mousquetairesLui :
(Film muet à épisodes de 12 x 60 mn réédité en 14 x 26 mn) Cette version française des Trois mousquetaires est sortie presque simultanément à la version américaine avec Douglas Fairbanks (1). Elles sont très différentes l’une de l’autre, ne serait-ce que par le format. Le jeune (25 ans) Henri Diamant-Berger choisit d’en faire un film à épisodes, format qui avait été extrêmement populaire quelques années auparavant, notamment avec les feuilletons de Louis Feuillade. Il réussit à obtenir un très gros budget de 2,5 millions de francs de la part de Pathé pour réaliser une production ambitieuse.

Les trois mousquetaires Longtemps considéré comme perdu, le film a été récemment restauré. Il est un peu difficile de juger le film car il a été profondément modifié lors de cette restauration (2), mais une chose est sûre, cette adaptation est très fidèle au roman d’Alexandre Dumas. La reconstitution est soignée et fait intervenir de nombreux lieux et de nombreux figurants. La réalisation est plutôt classique mais solide et bien maitrisée. Aimé Simon-Girard, acteur réputé de théâtre dont c’est ici la première appartition à l’écran, manque hélas souvent de présence et son jeu d’expressions de visage est certainement trop réduit pour donner une vraie dimension à son personnage.

Le rythme est marqué par les scènes d’action, régulièrement réparties. Malgré la longueur de l’ensemble, on ne s’ennuie pas une seconde. A l’époque, cette série eut un très grand succès. Henri Diamant-Berger tournera dès l’année suivante la suite, 20 ans après. Il fera aussi une version parlante des Trois mousquetaires en 1932.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Aimé Simon-Girard, Henri Rollan, Charles Martinelli, Pierre de Guingand, Pierrette Madd, Jeanne Desclos, Claude Mérelle, Armand Bernard, Édouard de Max
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Diamant-Berger sur le site IMDB.

Les trois mousquetaires(1) Henri Diamant Berger dit, dans ses mémoires, avoir contacté Douglas Fairbanks pour interpréter le rôle principal. L’acteur aurait refusé car, d’une part, il ne voulait jouer dans un film à épisodes et, d’autre part, il ne voulait tourner qu’à Hollywood. (Voir la présentation de la version américaine des Trois mousquetaires)

(2) Réalisée par Jérôme et Guillaume Diamant Berger, descendants du réalisateur, la restauration a été faite dans l’optique de moderniser le film. Partant d’une version anglaise retrouvée, les intertitres ont été supprimés pour être remplacés par une voix off (Patrick Préjean) et des sous-titres, la segmentation a été revue pour correspondre aux normes actuelles de la télévision (de 12 épisodes de 60 minutes, on est passé à 14 épisodes de 26 minutes), des bruitages ont été rajoutés et une nouvelle musique a été composée.

Les trois mousquetaires Ces choix sont assez discutables : supprimer les intertitres oblige à mettre bout à bout des scènes qui n’étaient pas prévues pour être enchaînées et change le rythme, ajouter des sous-titres explicatifs empêchent de « lire » sur les visages les expressions des acteurs, modifier le nombre et la durée des épisodes est franchement du domaine de la mutilation… En outre, le passage de 720 minutes à 360 ne peut s’expliquer par la suppression des intertitres et des résumés de début d’épisode, de nombreuses scènes ont probablement été supprimées. En revanche, l’ajout de bruitages (qui, j’avoue, me faisait très peur à priori) est plutôt réussi car intelligemment fait, avec parcimonie. La nouvelle musique est parfaite et colle très bien à l’image.

Ce n’est donc pas à proprement parler une restauration du film d’Henri Diamant Berger que ses descendants ont réalisée mais plutôt une transformation car ils en ont profondément changé la nature. « Le cinéma muet, cela m’ennuie profondément » dit l’un d’eux… cette phrase explique beaucoup. Certes, on pourra toujours souligner que de tels projets permettent de donner une nouvelle vie à des films qui autrement resteraient enfouis et ignorés… mais ce genre de transformation pose un problème de fond : s’ils se multipliaient, on perdrait la vraie trace d’une des plus grandes époques du cinéma.

 Les 12 épisodes originaux : …………
(12 x 60 mn)

 Les 14 épisodes de la version restaurée :
(14 x 26 mn)

1. L’auberge de Meung
2. Les mousquetaires de M. de Tréville
3. La lingère du Louvre
4. Pour l’honneur de la Reine
5. Les ferrets de diamant
6. Le Bal des Echevins
7. Le Pavillon d’Estrées
8. L’auberge du Colombier Rouge
9. Le bastion de Saint-Gervais
10. La Tour de Sportmouth
11. Le couvent de Béthune
12. La Cabane de la Lys

1. L’auberge de Meung
2. Les mousquetaires de M. de Tréville
3. La lingère du Louvre
4. Pour l’honneur de la Reine
5. Les ferrets de diamant (1e partie)
6. Les ferrets de diamant (2e partie)
7. Le Bal des Echevins
8. Le Pavillon d’Estrées
9. Les conquêtes de D’Artagnan
10. L’auberge du Colombier Rouge
11. Le conseil des mousquetaires
12. Milady prisonnière
13. Le couvent de Béthune
14. La vengeance des mousquetaires

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

1 mai 2011

Frigo et la baleine (1923) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Love Nest »

Frigo et la baleineLui :
Par dépit amoureux, Buster décide de partir sur son frêle esquif sans but précis. En pleine mer, à bout de vivres, il est recueilli par une baleinière dont le capitaine est particulièrement dur et cruel avec ses matelots… Frigo et la baleine (The Love Nest) est le dernier court métrage de Buster Keaton qui était attaché à ce format et hésitait à passer au long métrage (1). Chose inhabituelle, le film n’a pas de rôle féminin de premier plan. Le terrible capitaine fait inévitablement penser au capitaine Achab ; le roman d’Herman Melville n’avait toutefois pas encore été adapté au cinéma à cette époque (2). Le film comporte de nombreux gags avec une chute finale vraiment hilarante (3).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Joe Roberts
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site IMDB.
Voir les autres films de Buster Keaton et Edward F. Cline chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Le premier long métrage de Buster Keaton, Les trois âges, sera d’ailleurs conçu pour pouvoir être facilement tronçonné en plusieurs courts métrages en cas d’échec.
(2) La première adaptation de Moby Dick au cinéma verra le jour en 1926 sous la direction de Millard Webb avec John Barrymore : The Sea Beast.
(3) Cette chute finale à deux niveaux a souvent été montrée incomplète. La récente restauration par Lobster Films l’a heureusement rétablie dans sa totalité.

24 avril 2011

L’étroit mousquetaire (1922) de Max Linder

Titre original : « The Three Must-Get-Theres »

L'étroit mousquetaireLui :
Face à l’extraordinaire succès de Douglas Fairbanks dans Les Trois Mousquetaires, Max Linder décide d’en tourner un pastiche qui sort juste un an plus tard. Il est important de voir L’Etroit Mousquetaire en connaissant le film de Fred Niblo car, plus qu’une parodie du roman d’Alexandre Dumas, c’est une parodie de Douglas Fairbanks que fait Max Linder. Son Dart-in-Again est aussi agile et bondissant que le D’Artagnan de Fairbanks avec même quelques cascades étonnantes. La plupart des scènes sont des références directes au film original (par exemple la main de Richelieu sur le bras du fauteuil devient la main de Richelieu sur le crâne du chauve). Pour son humour, Max Linder joue beaucoup avec les anachronismes (par exemple, la reine tape ses billets doux sur une petite machine à écrire) jusque dans les détails (on aperçoit un buste de Napoléon), il joue avec les apparences, L'étroit mousquetaire les faux-semblants (ah, la scène chez le capitaine des gardes…), nous cache parfois une partie de la scène ou même de l’image… Si quelques gags pourront paraître désuets à nos yeux modernes, Max Linder a beaucoup de très belles trouvailles. L’étroit mousquetaire est un joli détournement de film. Douglas Fairbanks aurait dit-on envoyé un télégramme de félicitations à Max Linder.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Max Linder, Frank Cooke, Caroline Rankin, Jobyna Ralston
Voir la fiche du film et la filmographie de Max Linder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Max Linder chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Max Linder a réalisé 3 longs métrages aux Etats-Unis. L’étroit mousquetaire est le dernier d’entre eux. Il est ensuite rentré en France.
* En anglais, « musketeer » est proche en sonorité de « must get here », donc le pendant de Linder est un « must-get-there »… (et c’est vrai qu’ils doivent aller là-bas, en Angleterre).
* La version originale américaine du film est perdue. Le film a été restauré en 1995 par Deutsche Kinemathek à partir de la version allemande.

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

23 avril 2011

Les Trois Mousquetaires (1921) de Fred Niblo

Titre original : « The three musketeers »

Les trois mousquetairesLui :
(Film muet) Douglas Fairbanks trouve dans le roman d’Alexandre Dumas un rôle taillé à sa mesure : D’Artagnan. Ce n’est pas première adaptation au cinéma des Trois Mousquetaires, loin de là, mais c’est la première adaptation de grande envergure. Grand sportif et déjà expert dans le maniement de l’épée, Douglas Fairbanks s’entraîne plusieurs mois pour se perfectionner. Il passe aussi de longues heures à dos de cheval. Les trois mousquetaires Et effectivement, le résultat est convaincant : Douglas Fairbanks est un D’Artagnan vif, brillant, bondissant et surtout plein de panache. La reconstitution est soignée : les robes sont des copies de véritables robes d’époque et les villages français ont été reconstitués d’après gravures. Le film est un peu lent à se mettre en place mais s’accèlere ensuite. Les Trois Mousquetaires fut un énorme succès. Il marque le début d’une série de grands (et coûteux) films d’aventure.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Marguerite De La Motte, Nigel De Brulier, Mary MacLaren
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred Niblo sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fred Niblo chroniqués sur ce blog…

Remarques :
– La même année, 1921, vit une autre version des Trois Mousquetaires, française celle-là, également une grosse production, réalisée par Henri Diamant-Berger en 12 épisodes d’1 heure (réédité en 2001 sous la forme de 14 épisodes de 26 minutes environ) (voir la chronique).
– L’année suivante, en 1922, Max Linder réalisa un pastiche de la version Fairbanks : L’étroit mousquetaire.
– Douglas Fairbanks a repris le rôle de D’Artagnan dans Le Masque de Fer d’Allan Dwan (1929)

Versions de l’époque du muet :
1903: Les Trois Mousquetaires de ??? (France, durée ?) (à signaler aussi le film de George Méliès Les Mousquetaires de la reine (1903) film perdu aussi)
1909: I tre moschettieri de Mario Caserini (Italie, 16 mn)
1911: The Three Musketeers de J. Searle Dawley (USA, 2 x 10mn) (Edison)
1912: When Kings were the Law de D.W. Griffith (USA, 17 mn)
1912: Les Trois Mousquetaires de André Calmettes et Henri Pouctal (France, durée ?)
1914: The Three Musketeers de Charles V. Henkel (USA, 80 mn env.) avec Earl Talbot (film perdu?)
1916: The Three Musketeers de Charles Swickard (USA, 63 mn) avec Orrin Johnson
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’étroit mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)

Principales versions du parlant :
1932: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 246 mn) avec Aimé Simon-Girard
1935: The Three Musketeers de Rowland V. Lee (USA) avec Walter Abel
1939: The Three Musketeers de Allan Dwan (USA) avec Don Ameche (comédie)
1942: Los tres mosqueteros de Miguel M. Delgado (Mexique) (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1953: Les Trois Mousquetaires de André Hunebelle (France) avec Georges Marchal et Bourvil
1954: I cavalieri della regina de Mauro Bolognini (Italie)
1957: Les Trois Mousquetaires et demi de Gilberto Martínez Solares (Mexique)(parodie)
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France en 2 parties) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot
1973: The Three Musketeers de Richard Lester avec Michael York et Raquel Welch
1974: The Four Musketeers de Richard Lester avec Michael York et Raquel Welch
1974: Les Quatre Charlots mousquetaires de André Hunebelle (France) (parodie)
1993: The Three Musketeers de Stephen Herek (USA) avec Charlie Sheen et Chris O’Donnell
2001: The Musketeer de Peter Hyams (UK) avec Justin Chambers et Catherine Deneuve
2005: Les Trois Mousquetaires de Pierre Aknine (France) avec Vincent Elbaz et Emmanuelle Béart
2011: The Three Musketeers de Paul W.S. Anderson (USA) avec Logan Lerman, Juno Temple, Orlando Bloom et Milla Jovovich
et d’innombrables versions TV…
… et beaucoup d’autres films d’un univers proche (suites, filiations, etc.)

Versions chroniquées sur ce blog :
1921: The Three Musketeers de Fred Niblo (USA, 119 mn) avec Douglas Fairbanks
1921: Les Trois Mousquetaires de Henri Diamant-Berger (France, 720 mn) avec Aimé Simon-Girard
1922: L’Étroit Mousquetaire de Max Linder (USA, 58 mn) avec Max Linder (parodie)
1948: The Three Musketeers de George Sidney (USA) avec Lana Turner et Gene Kelly
1961: Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (France) avec Gérard Barray et Mylène Demongeot (2 films)
1973: Les Trois Mousquetaires de Richard Lester (USA) avec Michael York et Raquel Welch (3 films)
1993: Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek (USA) avec Chris O’Donnell
2023: Les Trois Mousquetaires: D’Artagnan de Martin Bourboulon (France) avec François Civil (2 films)

20 avril 2011

La ligne générale (1929) de Sergueï Eisenstein

Autre titre : « L’ancien et le nouveau »
Titre original : « Staroye i novoye » ( « Старое и новое » )

La ligne généraleLui :
(Film muet) L’écriture du scénario a été entreprise par Eisenstein et Grigori Alexandrov juste après le Cuirassé Potemkine. Il s’agissait d’illustrer la ligne générale du parti en termes de développement rural : Boukharine prônait la mécanisation des campagnes et l’enrichissement des paysans. Interrompu pour tourner Octobre, l’écriture du scénario reprit en 1928 alors que la ligne avait déjà changé : Staline faisait le ménage autour de lui et Boukharine était écarté (1). La nouvelle ligne était alors d’exalter la collectivisation. Eisenstein dût donc insérer la présentation d’un kolkhoze ultramoderne (c’est presque un spot publicitaire plaqué en milieu de film) et fustiger l’individualisme des koulaks (paysans indépendants). Le titre dût être changé pour « L’ancien et le nouveau ».
La ligne généraleBien qu’il soit ainsi né sous de sombres auspices, La ligne générale est un merveilleux film. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de la beauté des images que nous offre Eisenstein, avec ces merveilleux gros plans (même très gros plans) de visages si expressifs, bien que statiques. Il utilise aussi très bien la nature et ses grandes étendues et, bien entendu, les plans de machines sont comme toujours merveilleusement réussis. Eisenstein se livre même à certaines expérimentations, non seulement dans les images telles celles de rêve, mais aussi dans le contenu. Les connotations sexuelles sont très marquées comme dans cette scène très célèbre de l’écrémeuse où les paysans ont un plaisir extatique voire orgastique en admirant le premier fonctionnement d’une écrémeuse mécanique. La ligne générale La scène de la vache livrée au taureau est assez surprenante également… L’humour peut être très fort, comme dans cette satire mordante de la bureaucratie. Le film comporte un personnage central, celui de la paysanne Marfa, rôle pour lequel Eisenstein eut bien du mal à trouver un interprète ; il faillit prendre une comédienne professionnelle avant de trouver une paysanne illettrée parfaite. Le montage est lui aussi remarquable : bien plus que dans ses précédents films, Eisenstein joue avec l’enchaînement des plans pour créer une tension (2). La ligne générale est bien l’un des plus beaux films d’Eisenstein.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marfa Lapkina, Konstantin Vasilyev
Voir la fiche du film et la filmographie de Sergueï Eisenstein sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sergueï Eisenstein chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) Révolutionnaire bolchévique dès 1905, Nikolaï Boukharine est l’un des grands esprits des premières années du communisme. Brillant théoricien, il faisait partie de l’aile droite du parti. Il a aidé Staline à se débarrasser de l’aile gauche du parti après la mort de Lénine, devenant ainsi l’homme fort aux côtés de Staline. Lorsque celui-ci fait un virage à gauche en 1928, il se débarrasse cette fois de l’aile droite et Boukharine est exclu. Après une autocritique, il sera brièvement réhabilité au milieu des années trente avant d’être arrêté puis exécuté.
(2) La scène de la procession religieuse pour provoquer la pluie est différente du reste du film : c’est une scène plus traditionnelle car elle repose sur un jeu théâtral et elle est montée de façon classique. Il est intéressant de constater à quel point elle paraît plus fade que le reste du film, et même un peu ennuyeuse.

[mise à jour du 19/09/2016]
Le film ressort le 26 septembre 2016 en version restaurée, aux Editions Lobster (Serge Bromberg) ce qui laisse augurer une très haute qualité.

15 avril 2011

Little Annie Rooney (1925) de William Beaudine

Titre français parfois utilisé : « La petite Annie »

Little Annie RooneyLui :
(Film muet) Après deux essais commercialement infructueux pour changer radicalement de registre, Mary Pickford décide de revenir à ce qui a fait son succès et de donner au public ce qu’il réclame. Donc, à 32 ans, l’actrice reprend son costume de gamine intrépide de 12 ans aux longues tresses. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, elle est parfaitement crédible. Elle écrit elle-même le scénario de Little Annie Rooney sous un pseudonyme (1) et appuie très fort sur la pédale : dans les quartiers très pauvres de New York, la petite Annie se bagarre avec les garçons de son âge dans de véritables batailles rangées (2). En revanche, quand elle rentre à la maison, elle s’occupe avec amour de son petit papa, prenant la place d’une mère (absente). C’est un peu la clé du succès considérable de Mary Pickford (3) : elle est tout à la fois, garçon manqué, femme aimante, jeune fille en quête d’amour… elle n’a pas d’âge, elle a tous les âges. Little Annie Rooney n’est toutefois pas le film idéal pour la découvrir car l’histoire manque ici un peu d’épaisseur. Le film montre néanmoins plus de force vers la fin avec notamment de belles scènes se déroulant à l’hôpital. Néanmoins, ce film ressemble un peu trop à un film de commande où Mary Pickford donne au public tout qu’il désire. Et cela marcha : le film fut un gigantesque succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, William Haines, Walter James, Gordon Griffith
Voir la fiche du film et la filmographie de William Beaudine sur le site IMDB.
Voir les autres films de William Beaudine chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Little Annie RooneyLes rapports entre William Beaudine et Mary Pickford furent un peu difficiles : le réalisateur était en effet d’un style dirigiste alors que l’actrice (qui était aussi productrice) était depuis longtemps persuadée qu’elle n’avait pas besoin de metteur de scène et qu’elle était parfaitement capable de se diriger elle-même. Les tensions se poursuivirent sur le tournage du film suivant, le très beau Sparrows.

(1) Katherine Hennessy est en réalité le nom de sa grand-mère maternelle.
(2) Il est amusant de constater à quel point l’humour de type « slapstick » de l’époque est assez violent : les gamins se lancent à la figure tout ce qui leur passe sous la main, leur projectile préféré étant la brique. Et quand ils reçoivent une brique sur la tête, ils font simplement « ouille », se frottent la tête deux secondes et repartent de plus belle !
(3) Pour situer la popularité de Mary Pickford, rappelons que l’actrice était au milieu des années vingt non seulement l’actrice la mieux payée d’Hollywood mais aussi l’une des quatre ou cinq femmes les plus riches du monde.

Note : Le DVD édité par Bach Films comporte une musique qui semble être un montage fait avec la musique d’un autre film (bruitages intempestifs, ambiance parfois inadaptée).

8 avril 2011

À travers l’orage (1920) de David W. Griffith

Titre original : « Way Down East »

À travers l'orageLui :
(film muet) La jeune Anna est victime des avances d’un riche oisif. L’homme va jusqu’à organiser une fausse cérémonie pour lui faire croire qu’il l’épouse en secret. En réalité, il ne cherche qu’une aventure et ne lui avoue la vérité que lorsqu’un bébé naît quelques mois plus tard…
Way Down East, À travers l’orage, est adapté d’une pièce très populaire à l’époque. C’est un grand mélodrame dont l’histoire pourra certes paraître convenue mais qui, entre les mains de Griffith, devient un grand film, intense et très beau. À travers l'orage Le film dure près de 2h30 et Griffith en aurait tourné trente fois plus ! Il prend ainsi le temps de faire des longs plans, entrecoupés de superbes gros plans. Il insuffle un beau lyrisme, rarement trop appuyé, porté par le jeu de Lillian Gish, et une force que seules quelques notes d’humour viennent contrecarrer. Et il y a cette grande scène de la tempête de neige et de la rivière en dégel, devenue l’une des plus célèbres de toute l’histoire du cinéma : inanimée sur un bloc de glace dérivant rapidement vers une gigantesque cascade, Anna doit être secourue par le jeune David qui saute de bloc en bloc. A travers l'orage Particulièrement authentique, cette scène donne aux vingt dernières minutes une intensité dramatique presque insoutenable. Way Down East est assez fortement marqué par un certain moralisme de Griffith sur la fidélité et l’amour unique ; en outre, le film montre bien les conceptions puritaines et rigoureuses de la morale victorienne de l’époque qui n’offrait aucun pardon aux écarts. Certaines scènes sont teintées en couleur. Way Down East fut un énorme succès dès sa sortie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Richard Barthelmess, Lowell Sherman, Burr McIntosh
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

Voir les autres films de David W. Griffith chroniqués sur ce blog…

Remarques :
À travers l'orage* La scène de la tempête de neige a été tournée en conditions réelles. L’équipe a du attendre qu’un vrai blizzard se lève. Dans un gros plan, Lillian Gish a de véritables petits blocs de glace sur les cils… Plusieurs dizaines d’années après le tournage, elle a affirmé que la main qu’elle a laissée pendre dans l’eau gelée lui faisait toujours mal certains jours. David W. Griffith a été assez gravement blessé lors du dynamitage d’un bloc de glace. Il a du être hospitalisé et remplacé par Elmer Clifton.
* La scène de la tempête de neige a été introduite par Griffith, elle ne figurait pas dans la pièce. Il est possible qu’il ait été en partie inspiré par un film de 1903 produit par les Studios Edison, Uncle Tom’s cabin, qui comportait une scène de flot de glaces sur une rivière en dégel.
* La scène de la tempête de neige a inspiré Poudovkine pour La Mère (1926).
* Dans la scène du bal, l’une des jeunes danseuses est Norma Shearer.
* Anecdote amusante : Richard Barthelmess et Mary Hay qui jouent deux personnages qui avouent ne pas s’aimer dans le film et qui refusent de se marier, se sont mariés dans la vraie vie, peu après la fin du tournage. Richard Barthelmess était déjà très célèbre à l’époque, l’un des jeunes premiers les plus en vogue. Il faut dire que son visage a une présence étonnante et il y a dans son regard une intensité rare.
* Autre anecdote (nettement moins amusante) : Robert Harron, jeune acteur au physique assez exceptionnel présent dans de nombreux films de Griffith, s’est tiré une balle dans le poumon la veille de la première de Way Down East. Officiellement, la mort a été déclarée accidentelle mais la rumeur prétend que le jeune acteur s’est suicidé par dépit de ne pas avoir été choisi pour le rôle principal, ne supportant pas de voir Richard Barthelmess devenir le nouveau protégé de Griffith.

Remake :
Way Down East de Henry King (1935) avec Rochelle Hudson et Henry Fonda.

5 février 2011

Maciste aux enfers (1925) de Guido Brignone

Titre original : « Maciste all’inferno »

Maciste aux enfers Lui :
(Film muet) Pluton, maître des enfers, envoie sur terre le diable Barbariccia avec pour mission de corrompre Maciste, une force de la nature au cœur pur. Capturé, ce dernier est entraîné aux enfers où les démons vont tout faire pour le garder… Maciste aux enfers est un film assez étonnant qui eut des problèmes avec la censure à l’époque et on comprend aisément pourquoi. Il mélange en effet le thème de l’enfer le plus monstrueux avec un érotisme plutôt appuyé. Si les démons sont hideux et repoussants, constituant une infecte masse grouillante, les démones sont aussi charmantes que dévêtues et n’ont comme but unique que de séduire les hommes qui passent à leur portée… Il en résulte un climat très particulier. Le film a bénéficié d’une importante figuration. Pour certaines scènes, Guido Brignone se serait inspiré d’illustrations de Gustave Doré. On remarque aussi des effets assez réussis (qui sont l’oeuvre de Segundo de Chomon), utilisant plusieurs techniques différentes. Maciste aux enfers est célèbre depuis que Fellini a déclaré avoir eu envie de faire du cinéma après avoir vu ce film, enfant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bartolomeo Pagano, Franz Sala, Elena Sangro, Lucia Zanussi
Voir la fiche du film et la filmographie de Guido Brignone sur le site IMDB.

Maciste aux enfers Remarques :
* Maciste aux enfers avait initialement une durée de 95 minutes. La version visible aujourd’hui est une copie de VHS qui dure 60 minutes environ avec des intertitres en anglais.
* Le personnage de Maciste est apparu pour la première fois dans le film Cabiria de Giovanni Pastrone (1914) où c’était justement Bartolomeo Pagano qui l’interprétait déjà. Il a largement été repris ensuite : le site IMDB liste 49 films utilisant ce personnage.

Homonyme :
Maciste en enfer (Maciste all’inferno) de Riccardo Freda (1961)