31 août 2005

Le mépris (1963) de Jean-Luc Godard

Godard - Le méprisElle :
Film culte que l’on revoit avec grand plaisir, cette adaptation du roman d’Alberto Moravia est à la fois grave et lumineuse : pendant la préparation du tournage d’un film, « Ulysse », réalisé par Fritz Lang qui joue ici son propre rôle, nous assistons à la lente déchirure d’un couple (Brigitte Bardot et Michel Piccoli). Camille, simple dactylo cesse d’aimer Paul, le scénariste, car elle le méprise ; elle l’accuse de complaisance face à son producteur. Godard fait un parallèle intéressant avec l’histoire de Pénélope et Ulysse. La forme du film est novatrice. Scènes mythiques entre Piccoli et Bardot dans l’appartement où Godard fait glisser sa caméra d’une pièce à l’autre comme pour amorcer la fracture. Couleurs éclatantes et violentes de Capri où la tragédie va se jouer entre les deux protagonistes dans une maison rouge qui domine une mer éblouissante. Camille est un être simple qui ne parvient plus à dissiper le mépris qui l’habite. Paul est complètement désynchronisé dans sa vie par ce rejet brutal. N’oublions pas de mentionner la magnifique musique de Georges Delerue qui accentue l’ampleur du drame de ce couple.
Note : 5 étoiles

Lui :
A mes yeux, Le Mépris est le plus beau film de Godard, sur un couple en position instable, au bord de la rupture, et sur la naissance et l’amplification d’un sentiment de mépris de l’un envers l’autre. C’est aussi une réflexion sur la puissance de l’argent et de sa toute puissance dans le monde du cinéma. Godard parvient à utiliser parfaitement les atouts de ses acteurs, à commencer par Bardot, sans jamais en abuser. De nombreuses scènes sont de véritables petits bijoux et sont d’ailleurs devenues des classiques, à commencer par ce superbe générique de début, très cinématographique, avec ces noms donnés en voix off sur une superbe musique de Delerue. Tout le film est d’ailleurs à la fois un superbe hommage au cinéma et un grand moment de cinéma, de pur cinéma, de grand cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Jack Palance, Fritz Lang
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Luc Godard sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean-Luc Godard chroniqués sur ce blog…
Lire aussi  un très beau texte sur le générique et la première scène du film (lien archivé) .

Le MéprisRaoul Coutard dans le célèbre générique de Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Le MéprisBrigitte Bardot et Michel Piccoli dans un superbe plan de Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Le MéprisJack Palance, Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.

Fritz LangFritz Lang dans Le Mépris de Jean-Luc Godard.

24 août 2005

Les triplettes de Belleville (2003) de Sylvain Chomet

Les Triplettes de BellevilleElle :
C’est au travers de ce dessin animé original, bourré d’humour et de trouvailles visuelles que Sylvain Chomet rend hommage à ses parents, son enfance ainsi qu’aux années 50 et 60. Point besoin de dialogues mais des morceaux de musique de l’époque durant lesquels on reconnaît Django Reinhart, Joséphine Baker, Fred Astaire. Le scénario, un peu faible dans la seconde partie du film, nous présente un petit garçon élevé par une grand-mère aimante. Il deviendra cycliste et se fera enlever par la mafia. C’est avec nostalgie et poésie que le réalisateur évoque cette période. Le modernisme des villes ronge la campagne ; les objets d’autrefois fourmillent de détails ; les références cinématographiques et musicales ornent les murs ; l’ambiance sonore et visuelle souligne les souvenirs d’enfance. Les graphismes, éclairages, animations sont superbes et uniques. Un beau dessin animé nostalgique.
Note : 5 étoiles

Lui :
Beaucoup d’humour et d’invention dans ce dessin animé très personnel, beaucoup de clins d’oeil également, les plus évidents étant à Tati. Il est vrai que l’on retrouve ici ce même sens de l’observation, cette façon de mettre des petits détails au premier plan et de détourner les objets. Le scénario paraît un peu faible toutefois et l’ambiance générale est vraiment sombre, voire morbide. Très bonne musique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: –
Voir la fiche du film et la filmographie de Sylvain Chomet sur le site imdb.com.

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20 août 2005

Bienvenue au gîte (2003) de Claude Duty

Bienvenue au gîteElle :
Le problème avec ce genre de comédie c’est qu’on a l’impression de l’avoir vue trente-six mille fois. Philippe Harel croque ses congénères parisiens en plein retour à la nature au fin fond du Vaucluse. On n’échappe pas aux éternels clichés sur les citadins et les campagnards pour faire rire la galerie. Quelques bons mots cependant de Philippe Harel qui survole la lourdeur ambiante.
Note : 3 étoiles

Lui :
On n’échappe pas trop à toute la ribambelle de clichés sur le choc culturel des parisiens qui font un retour à la nature, mais il y a quelques bons moments. Peut-être aurait-il fallu des acteurs plus créatifs pour faire partir le film, qui donne souvent l’impression de s’enliser. Dominique Harel semble un peu absent, mais c’est sans doute pour coller à son personnage. Plutôt amusant tout de même, mais sans convaincre vraiment…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Harel, Marina Foïs, Julie Depardieu, Bulle Ogier
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19 août 2005

Les égarés (2003) d’ André Téchiné

EgaresElle :
Une grande et belle maison à l’écart du monde, loin des bombardements et de l’exode de juin 1940. Une mère courage, ses deux enfants et un jeune évadé de maison de correction s’y réfugient pour y retrouver un peu de sécurité. Les premières scènes du film sont assez fortes notamment celles où les avions allemands mitraillent aveuglément les gens dans les fossés. L’intensité de ces moments se retrouve ensuite au travers des relations qui se nouent entre ces personnages égarés dans leur tête et leur vie. Les frontières entre frère, mère, fils s’estompent. Le fils tente de remplacer son père tué à la guerre pour aider sa mère dépassée par les évènements. La mère interprétée par Emmanuelle Béart se veut protectrice mais en même temps abolit les frontières du monde des adultes et cède aux charmes de cet adolescent brisé par la vie. Durant cette parenthèse éphémère flotte une atmosphère presque irréelle comme si la réalité atroce de la guerre allait rattraper inéluctablement ces égarés.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est une situation fort bien traitée par Téchiné, une situation (la débâcle de 1940) où tous les rapports sociaux habituels cèdent la place à des rapports régis par l’opportunité et la nécessité. C’est ainsi que vont cohabiter cette femme et ce jeune homme, en dehors de la société, en dehors du temps, comme sur île déserte. Téchiné filme cela avec intimité et beaucoup d’humanisme, sans clichés ni images pontifiantes. Un beau film avec beaucoup de force et de puissance dans les personnages.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel
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17 août 2005

La petite Lili (2003) de Claude Miller

Petit LiliElle :
Malgré un casting de choix (Nicole Garcia, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Marielle, Giraudeau, cette très libre adaptation de La Mouette de Tchékhov est décevante. Une famille se retrouve pour l’été dans la belle maison de famille au bord du Morbihan. Et là se nouent des relations tendues entre une mère et un fils, le jeune cinéaste et sa copine, la copine et l’amant de la mère etc… et tout cela dans le milieu parisien branché du cinéma. On a du mal à se sentir concerné par cette histoire de jalousie, d’amour déçu. On se sent en permanence maintenu à distance et les problèmes de cette famille touchent peu car on n’y croit pas.
Note : 2 étoiles

Lui :
Si le ton du film et les acteurs sont plaisants, le fond de l’histoire n’est pas très intéressant et on la regarde d’un oeil extérieur, sans vraiment se sentir concerné ou impliqué. Sans doute, y a t-il un peu trop de clichés sur les rapports faux entre les gens et d’effets un peu faciles pour attirer le spectateur (l’histoire se passe dans le monde du cinéma sans doute censé nous attirer comme un aimant…).
Note : 2 étoiles

Acteurs: Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu
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13 août 2005

Pour le plaisir (2004) de Dominique Deruddere

Pour le plaisirElle :
Abandon rapide : j’ai eu l’impression que j’allais perdre mon temps.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Le film démarre assez mal, et je dois bien avouer que le nom de Samuel Le Bihan n’est pas le premier qui me vient à l’esprit pour jouer le rôle d’un psychiatre… Le film finit par prendre un peu, essentiellement par son scénario qui est plutôt bien construit sur le plan de l’intrigue policière. Par contre, l’exagération des personnages cantonne le film dans la caricature et l’anecdote, il y a d’ailleurs quelques passages assez amusants où l’on rit franchement. Aucun des acteurs ne semble croire à son rôle… mis à part François Berléand qui traverse tout cela avec son flegme habituel.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Samuel Le Bihan, François Berléand, Nadia Farès, Olivier Gourmet
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8 août 2005

L’aveu (1969) de Costa-Gavras

AveuElle :
Note : 3 étoiles

Lui :
La polémique qui avait entouré ce film paraît presque dérisoire quelque 35 ans après sa sortie : concernant les procès staliniens en Tchécoslovaquie, il n’est plus aujourd’hui question de nier ni l’exactitude des faits ni la nécessité de les dénoncer. Le film de Costa-Gavras perd ainsi en grande partie son rôle militant mais conserve un intérêt historique certain. Il montre l’implacable machine mise en oeuvre pour forcer un homme à témoigner contre lui-même et les faits contenus dans le livre autobiographique d’Artur London sont suffisamment terrifiants pour que Costa-Gavras n’ait pas besoin d’avoir recours à ce manichéisme simplificateur que l’on trouvera dans certains de ses films ultérieurs. Il se dégage une indéniable force de ce film qui a tracé la voie d’un certain cinéma militant style « coup de poing », dans les années 70. Montand trouve là un de ses rôles les plus bouleversants.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Simone Signoret
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8 août 2005

« M a i n e – O c é a n » (1986) de Jacques Rozier

Maine-Océan Elle :
Déception pour ce film de Jacques Rozier qui privilégie le côté loufoque des choses et des personnages. L’intrigue et la psychologie des personnages ne semblent pas compter. Le film est constitué de tranches de vie mises bout à bout sans réel fil conducteur. Bernard Menez et Luis Rego en contrôleurs de train cohabitent avec une brésilienne et son imprésario, un marin breton caricatural, une avocate. L’ensemble m’a semblé très artificiel.
Note : 1 étoiles

Lui :
Dans le même esprit que son second film « A côté d’Orouet », Jacques Rozier semble laisser partir son film sans contrôle et enchaîne les situations aussi abracadabrantes qu’inintéressantes. Yves Afonso en rajoute des tonnes pour faire « marin du cru » et tout ce petit monde me semble babiller et brailler inutilement. S’il y a une autre façon d’aborder ce film qui a reçu le Prix Jean Vigo, nous ne l’avons visiblement pas trouvé…
Note : 1 étoiles

Acteurs: Rosa-Maria Gomes, Luis Rego, Bernard Menez, Yves Afonso
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Lire un avis différent sur ce film.

8 août 2005

Du côté d’Orouët (1973) de Jacques Rozier

Du côté d' O r o u ë t Elle :
L’absence (volontaire) de trame scénaristique est franchement surprenante et ces trois jeunes filles au centre de ce film ne semblent n’avoir rien à se dire sinon glousser et se moquer du personnage de Bernard Menez. Ce film est toutefois considéré par certains critiques comme un petit chef d’oeuvre, signe qu’il doit donc y avoir un autre angle d’approche possible…
Note : pas d'étoiles

Lui :
Pas de scénario, beaucoup de babillages de trois jeunes filles écervelées qui ricanent bêtement de tout et de rien. Je n’accroche pas du tout et ne parviens pas à y trouver de l’intérêt…
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Bernard Menez
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Lire un avis différent sur ce film.

6 août 2005

« Tanguy » (2001) d’ Étienne Chatiliez

TanguyElle :
Je veux bien croire qu’Etienne Chatillez avait envie de faire une satire de la génération 68 qui a du fil à retordre avec ses rejetons mais à mon avis c’est un peu raté : cette comédie vire dans le grotesque. On ne croit pas du tout à ce portrait de couple bourgeois parisien qui veut se débarrasser à tout prix de leur fils. Sabine Azema et André Dussolier déploient en vain leurs efforts pour incarner ces parents martyrs. Ce n’est surtout pas le reflet d’une réalité sociale car j’ai l’impression que beaucoup de parents aimeraient avoir pour fils ce Tanguy. Il est trop charmant, poli et intelligent pour se faire mettre à la porte par ces parents trop riches, cultivés et intelligents. Tout cela fait un peu 16e arrondissement…
Note : 2 étoiles

Lui :
Comédie bien décevante: On ne croit pas une seconde à cette histoire et ces parents qui se lamentent de ne pas voir partir leur fils sont assez détestables et ridicules. Ce n’est pas un film qui apporte une vision d’un fait de société, ce n’est qu’une comédie un peu poussive qui se voit obligée de jouer la surenchère pour tenter de nous amuser. Il aurait fallu, soit faire une comédie plus crédible, soit en rajouter encore plus et faire une comédie totalement loufoque. Bloqué entre les deux, Chatillez ne convainc pas.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Sabine Azema, André Dussolier
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