13 décembre 2007

Le pressentiment (2006) de Jean-Pierre Darroussin

Le pressentimentElle :
Ce premier film de Jean-Pierre Darroussin adapté d’un roman d’Emmanuel Bove est une jolie surprise pleine de poésie, de fantaisie mais aussi de mélancolie. Cet avocat en pleine recherche sur lui-même, rejette le milieu bourgeois d’où il est sorti et s’installe dans les quartiers populaires du vieux Paris. Darroussin campe ce personnage déphasé et en retraite spirituelle avec retenue. Il observe ce petit monde placidement de façon intériorisée. Il ouvre son appartement aux gens simples et en difficulté ; il donne de sa personne pour soulager la peine. Il couche sur le papier ses observations pour redonner un sens à sa vie, une vie que Jean-Pierre Darroussin fait vaciller avec intensité et émotion dans la dernière partie du film.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un avocat qui renonce à une vie qu’il juge trop confortable pour aller vivre dans un quartier populaire et écrire des poèmes, telle est la trame de Le Pressentiment, le premier long métrage de cet excellent acteur Jean-Pierre Darroussin. Cette sorte de retraite spirituelle pour retrouver des fondamentaux en lui sera un peu bousculée par son entourage immédiat et le personnage principal, joué par Darroussin lui-même, semble traverser les évènements sans jamais les pénétrer. Le Pressentiment parvient bien à créer ce personnage en proie à tant de questionnements et la mise en scène, sobre et discrète, n’est pas étrangère à cette réussite. On peut regretter toutefois un certain essoufflement en milieu de film qui ne se retrouve relancé que dans la toute fin. Le Pressentiment est néanmoins un film bien sympathique et qui incite à espérer que Darroussin poursuive dans cette voie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Valérie Stroh, Amandine Jannin, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Pierre Darroussin sur le site imdb.com.

12 décembre 2007

Le fils préféré (1994) de Nicole Garcia

Le fils préféréElle :
Gérard Lanvin incarne avec talent le rôle du fils préféré et découvre peu à peu ses origines. Les déchirures de cette famille composée de trois frères sont dépeintes avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. Les trois frères malgré leurs discordes finissent par se redécouvrir et se retrouver en recherchant leur père disparu. Gérard Lanvin, en dragueur impénitent et chef d’entreprise fauché et roublard, Bernard Giraudeau, en homosexuel provocateur, et Jean-Marc Barr, en bourgeois honteux de ses origines modestes, donnent beaucoup de crédibilité à cette histoire originale.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le sujet traité, une famille hétéroclite déchirée par un passé obscur, aurait pu donner un film stressant et déprimant. C’est sans compter le talent de Nicole Garcia, qui depeint le caractère de ces personnages avec délicatesse et beaucoup de demi-teintes tout en laissant de la place à l’ambiguité. Elle est bien-sûr aidée par le talent des acteurs, Gérard Lanvin en tête, mais elle démontre là de réels talents pour la réalisation.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gérard Lanvin, Bernard Giraudeau, Jean-Marc Barr, Pierre Mondy, Karin Viard
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9 décembre 2007

Les amitiés maléfiques (2006) de Emmanuel Bourdieu

Mes amitiés maléfiquesElle :
Ancien professeur de philosophie et fils de Pierre Bourdieu, Emmanuel Bourdieu a le mérite d’approcher des thèmes peu abordés au cinéma. Il nous plonge avec retenue et authenticité dans le milieu estudiantin, les cours de littérature en amphithéâtre et le milieu littéraire parisien. C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer les questionnements adolescents, les plans échafaudés sur l’avenir, les rêves, les vraies rencontres mais aussi les amitiés perverses, les trahisons, les mauvaises influences d’amis en mal de reconnaissance. Bien que parfois un peu confus, on se laisse emporter par cette frénésie de création qui traverse les personnages.
Note : 3 étoiles

Lui :
Avec Les amitiés maléfiques, Emmanuel Bourdieu se penche sur les relations qui peuvent se nouer au moment de la post-adolescence, ici entre quatre jeunes étudiants à la Sorbonne. L’un d’entre eux, plus charismatique et intransigeant, joue le rôle de leader et influence grandement les trois autres. Les amitiés maléfiques a le mérite de nous plonger dans un univers inhabituel, la façon dont ses personnages se passionnent pour la littérature lui donne même un petit côté XIXe très agréable. Il manque toutefois un peu de flamboyance à son histoire pour nous happer totalement. Très belle prestation de Thibault Vinçon (avec un physique à la Jim Morrison) et de Malik Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Malik Zidi, Thibault Vinçon, Dominique Blanc, Natacha Régnier, Jacques Bonnaffé, Alexandre Steiger, Thomas Blanchard
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6 décembre 2007

Mélo (1986) d’ Alain Resnais

MéloElle :
La scène d’ouverture qui se passe dans un petit jardin de banlieue permet à Mélo de démarrer dans la légèreté et l’insouciance autour des retrouvailles de deux vieux amis. Puis, peu à peu, les ressorts du scénario se mettent en place. Sabine Azema succombe sous le charme de Dussolier, le fascinant violoniste et souhaite le rencontrer seule. A partir de là, sa double vie l’entraîne dans le mensonge et même pire. Le trio d’acteurs donne beaucoup de crédibilité à cette banale histoire de mari trompé.
Note : 5 étoiles

Lui :
Je dois avouer avoir été légèrement déçu par cette nouvelle vision de Mélo. Ce n’est pas dû à la forme, que j’aime beaucoup : ce style d’adaptation du théâtre au cinéma est franchement parfait, depuis la position des caméras jusqu’aux enchaînements. Ce n’est pas sur le plan de l’interprétation qui est pleine de sensibilité. Non, ce serait plutôt sur le fond, l’histoire, une femme écartelée par son mensonge entre deux hommes, une histoire qui m’a quelque peu ennuyé par moments. J’avais pourtant beaucoup aimé ce film à sa sortie.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sabine Azéma, Pierre Arditi, André Dussollier, Fanny Ardant
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5 décembre 2007

Le testament du Docteur Cordelier (1959) de Jean Renoir

 Le testament du Docteur CordelierElle :
(pas vu)

Lui :
Pour tourner Le testament du Docteur Cordelier, Jean Renoir a utilisé les moyens utilisés habituellement pour les téléfilms dans le but d’avoir plus de libertés, de trouver des nouvelles voies. Le résultat n’est certainement à la hauteur de ses espérances, avec notamment un flagrant manque d’intensité. Quand on sait de quel roman de Stevenson ce film est l’adaptation (non mentionné au générique), il n’y a aucune surprise, l’ensemble tombe vraiment à plat. Renoir avait certainement prévu son film pour être vu sans être prévenu, pour que le spectateur soit intruigué et s’interroge. Nul doute que Le Testament du Docteur Cordelier s’inscrit en mode mineur dans la filmographie de Renoir.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Teddy Bilis , Michel Vitold, Jean Topart
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29 novembre 2007

Monnaie de singe (1931) de Norman McLeod

Titre original : « Monkey business »

Monnaie de singeLui :
Troisième film des Marx Brothers, Monnaie de Singe est leur premier film réalisé à Hollywood (et non à New York) et le premier qui fut écrit pour le cinéma (1). Ils disposent de moyens plus importants et peuvent ainsi plus jouer avec les décors. L’histoire se passe sur un bateau de croisière où les quatre frères ont embarqué clandestinement. Les courses poursuites n’empêchent pas les jeux de mots de Groucho de fuser et les personnages secondaires, tel le gangster et sa fille, sont bien utilisés pour toujours faire rebondir le scénario (alors que l’on a pas eu le temps de souffler depuis le début du film…) En prime, nous avons une amusante imitation de Maurice Chevalier, complète avec accent à couper au couteau et canotier, faite successivement par les quatre frères. Monnaie de Singe est un petit délice qui nous fait passer un excellent moment.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Harpo Marx, Chico Marx, Zeppo Marx
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(1) Le scénario a été écrit essentiellement par deux scénaristes : S.J. Perelman et Arthur Sheekman.

Homonyme (en français) :
Monnaie de singe de Yves Robert (1966) avec Robert Hirsch
Homonyme (en anglais) :
Monkey Business de Howard Hawks (1952) avec Cary Grant et Ginger Rodgers (et la jeune Marilyn Monroe).

28 novembre 2007

Kennedy et moi (1999) de Sam Karmann

Kennedy et moiElle :
Même s’il prend un peu trop souvent sa tête des mauvais jours pour sombrer dans un état dépressif profond, Jean-Pierre Bacri est toujours un acteur qui m’amuse beaucoup et j’ai donc passé un bon moment à rire de ses crises d’humeur. Il ne ferait pas bon, toutefois, d’avoir le même à la maison, Nicole Garcia a bien du mérite pour le supporter… Le scénario souffre de situations confuses ou mal exploitées. Que vient faire la montre de Kennedy dans tout ça? Il faudra me l’expliquer.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bacri est toujours amusant en quadragénaire blasé et légèrement dépressif, mais là les scénaristes de Kennedy et Moi ont un peu trop forcé la dose : il est vraiment très dépressif et vraiment très blasé! Toutefois, le film reste agréable et globalement nous fait passer un bon moment. Le début est franchement hilarant. Dommage que l’on ne comprenne rien à cette histoire de montre de JFK.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Nicole Garcia, Patrick Chesnais, Jean-Claude Brialy
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21 novembre 2007

Sérieux comme le plaisir (1975) de Robert Benayoun

Sérieux comme le plaisirElle :
Plongée en légèreté dans l’atmosphère des années 70 avec toute une pléiade d’acteurs encore méconnus. Un voyage de vacances sur les routes de France entrecoupé de scènes frôlant l’absurde et le décalé et un triangle amoureux entre Ariane (Jane Birkin) et ses deux amours. Le film reflète bien l’insouciance, la fantaisie, l’audace, les nouvelles libertés conquises de ces années-là. En revanche, le scénario est un peu vide et on finit par s’ennuyer.
Note : 2 étoiles

Lui :
A l’heure où les années 70 sont récupérées par des marketeurs en panne d’idées qui n’en donnent qu’une image bien évidemment totalement fausse, il est rafraîchissant de voir un film comme Sérieux comme le Plaisir, un film qui capture si bien l’esprit de cette époque. Sur le thème du trio débridé et libéré (une fille et deux garçons), l’écrivain et critique de cinéma Robert Benayoun s’amuse à retourner les situations avec de nombreuses petites saynètes qui jouent sur le burlesque, le non-sens, le farfelu. Il y place aussi quelques hommages en clin d’œil à WC Fields, Laurel et Hardy, Buster Keaton. La pléiade d’acteurs présents est d’ailleurs assez impressionnante, chacun faisant une petite apparition, un petit coucou. Mais Sérieux comme le Plaisir est surtout plein de vie, nous baignant dans cette insouciance, avec ce sentiment de liberté et d’absence d’entrave, donnant ainsi une des images les plus vraies de l’esprit des années 70. C’est un vrai délice. On ne s’ennuie pas une seule seconde.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jane Birkin, Richard Leduc, Georges Mansart, Michael Lonsdale, Isabelle Huppert, Francis Perrin
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16 novembre 2007

Quand j’étais chanteur (2006) de Xavier Giannoli

Quand j’étais chanteurElle :
(pas vu)

Lui :
Sur le thème de l’amour autant impossible qu’improbable entre un chanteur de bal de province et une jeune trentenaire, Quand j’étais chanteur a bien du mal à éveiller notre intérêt si ce n’est pour le jeu d’acteur de Depardieu qui nous montre une fois de plus qu’il peut tout faire. Sur le fond, quand je vois les bonnes critiques que ce film a reçues, j’avoue avoir un peu de mal à comprendre cette fascination pour ce qui est ringard, cette façon de feindre de l’apprécier avec une condescendance nourrie de la certitude d’être au dessus de tout cela. Bien évidemment, cette histoire se passe en province, la province des thés dansants, des boîtes de nuit à moitié vides où la moyenne d’âge frôle la soixantaine, la province où la seule activité digne de ce nom est de visiter des maisons à vendre… Quand j’étais chanteur témoignerait-il d’une certaine vision toute parisienne de la province? Tout cela ne serait pas très grave si l’histoire était un tant soit peu intéressante, mais ce n’est pas vraiment le cas.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Cécile De France, Mathieu Amalric, Christine Citti
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15 novembre 2007

L’étrangleur de Boston (1968) de Richard Fleischer

Titre original : The Boston Strangler

L'étrangleur de BostonElle :
Cette histoire d’étrangleur de femmes, tueur en série, est plutôt une bonne surprise de par son traitement visuel et psychologique. Au lieu de n’en faire qu’une enquête policière conventionnelle, Fleischer traite le sujet sous l’angle psychanalytique. Tony Curtis vit sa double personnalité de tueur et de père de famille avec douleur. Henry Fonda devient l’accoucheur de son déséquilibre mental. On finirait même par le plaindre de sa souffrance psychologique alors qu’il a tué 11 femmes. D’autre part, l’approche visuelle qui se traduit par plusieurs plans et angles de vue en même temps à l’écran est intéressante et novatrice.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’étrangleur de Boston est un film étonnant et efficace. Il commence par nous baigner dans une intrigue policière mais finit en drame psychologique, et l’on en viendrait presqu’à plaindre ce tueur maniaque, magnifiquement interprété par Tony Curtis. Dans la partie policière, Fleischer exploite à fond le format cinémascope en découpant l’image en 2, 3 voire 5 parties, procédé plutôt efficace dans ce contexte. L’étrangleur de Boston est basé sur une histoire réelle ; dans la réalité, Albert De Salvo fut déclaré non responsable de ses actes et enfermé à vie. Il fut assassiné en prison.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tony Curtis, Henry Fonda
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Homonyme : Basé sur le même personnage mais dans une optique différente, The Boston Strangler (2006) est un film réalisé par Keith Valley (film non vu mais qui ne semble pas être une merveille).
A noter également que la chanson des Rolling Stones Midnight Rambler serait basée sur ce même personnage d’étrangleur en série (Album Let it Bleed).