24 janvier 2011

Le monde lui appartient (1952) de Raoul Walsh

Titre original : « The world in his arms »

Le monde lui appartientLui :
En 1860, dans la jeune ville de San Francisco, un capitaine téméraire et charismatique fait escale, rapportant un grand nombre de peau de phoque. Il loue tout un étage dans le meilleur hôtel, où séjourne également une jeune comtesse russe qui cherche à rallier l’Alaska… Adapté d’un roman de Rex Beach, Le Monde lui appartient se base sur des évènements historiques, l’achat de l’Alaska à la Russie par les américains. C’est par les scènes d’action que Raoul Walsh semble le plus inspiré, sa mise en scène est alors particulièrement dynamique et vive, de nombreuses scènes font intervenir beaucoup de figurants. La course entre deux (superbes) navires, toutes voiles dehors par vent fort, est le clou du film, magnifiquement filmée, à la fois belle et impressionnante. Gregory Peck incarne parfaitement ce capitaine téméraire, Ann Blyth, qui n’est pas une grande actrice, remplit son rôle mais sans étincelle. Les russes sont plutôt caricaturés ce qui n’est pas très étonnant en cette période de guerre froide et de chasse aux sorcières (même si l’histoire se déroule à l’époque des tsars, ce sont des russes…!) Raoul Walsh a tourné plusieurs films ayant un rapport étroit à la mer au début des années cinquante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Ann Blyth, Anthony Quinn, John McIntire, Carl Esmond
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Remarques :
Le titre français est une mauvaise traduction qui peut induire en erreur sur le style de film. Le « monde dans les bras » dont il est question est la bien-aimée du capitaine ; son second dit de lui : « il ne soucie pas de l’Alaska en ce moment, il a le monde entier dans ses bras ».

24 janvier 2011

Avatar (2009) de James Cameron

AvatarLui :
Fable écologique futuriste, Avatar brille surtout par ses images du monde imaginaire de Pandora. La création de cet univers est assez magique même si l’on peut regretter son côté un peu fourre-tout et un certain manque d’épuration. Pour donner tout son intérêt à la version 3D, le film multiplie les plans vertigineux qui sont, ceci dit, généralement réussis. Les scènes de vol sont très belles. Si le scénario, dans ses grandes lignes, ne brille pas vraiment par son originalité (c’est le moins que l’on puisse dire), il renferme en revanche une multitude de belles petites trouvailles sur les objets ou les interactions avec les éléments de ce monde imaginaire. Pour le reste, le film est très formatté et plutôt trop long.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang
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23 janvier 2011

Charlot apprenti (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « Work »
Autre titre français : « Travail »

WorkLui :
(Muet 28 minutes) Charlot est l’apprenti d’un peintre en bâtiment qui l’exploite outrageusement. Ils se rendent dans une maison bourgeoise pour refaire les tapisseries… Charlot Apprenti est le premier film où Chaplin cherche à attirer la compassion : ici, son personnage ne donne plus les coups (ou alors involontairement), en revanche il en prend beaucoup et il les prend du fait de sa condition sociale. Les premières minutes nous le montre tirant péniblement une carriole lourdement chargée ; Work son patron, jugé sur celle-ci, le fouette comme une vulgaire bête de somme. Chaplin place donc son personnage dans le prolongement de celui de Le Vagabond, tourné deux mois plus tôt, mais il va ici encore plus loin. Il est dès lors bien difficile de ne pas ressentir de la pitié pour ce pauvre hère tout en bas de l’échelle sociale. Parallèlement, le couple bourgeois n’est guère sympathique. Ce contexte social donne à Charlot Apprenti une toute autre dimension même si le résultat n’est pas parfait. La qualité des gags est en effet assez inégale, certains sont toutefois très réussis (le chapeau, la statuette, les objets précieux, le pinceau, …), mais on peut noter globalement une certaine répétition et la chute finale semble plaquée. Charlot Apprenti est le huitième film pour la Essanay.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Charles Inslee, Edna Purviance, Billy Armstrong, Marta Golden
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Remarque :
Work Pour tous les premiers courts métrages de Chaplin, il faut éviter de regarder les versions disponibles sur internet qui sont d’une qualité déplorable, avec en plus des recadrages outranciers, beaucoup de coupures ou de scènes manquantes. Il en de même de certaines éditions en DVD. Il faut privilégier les versions restaurées par l’américain David Shepard, véritable magicien de la restauration de films anciens (c’est le cas, par exemple, des coffrets Arte).
Voir ci-contre la comparaison de deux images. Un recadrage rend la scène de la bouche d’égout presque incompréhensible : sur la version internet, à aucun moment on ne voit la bouche d’égout ouverte. De plus l’image est aplatie, la qualité est bien différente…

23 janvier 2011

Charlot veut se marier (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A jitney elopement »

Charlot veut se marierLui :
(Muet 26 minutes) Un bourgeois désire à tout prix marier sa fille à un noble, le comte Chloride de Lime (= Chlorure de chaux). La jeune fille est toutefois secrètement amoureuse d’un jeune homme de condition plus modeste auqeul elle demande de se faire passer pour le comte… La première partie est largement occupée par la scène du déjeuner où Chaplin joue de façon intéressante avec certains objets. La seconde partie se déroule dans un parc avec le vrai comte, dans un style plus orienté « slapstick », c’est-à-dire avec beaucoup de coups. La fin est animée par une longue poursuite en voiture, ce qui est rare chez Chaplin. L’ensemble n’est toutefois pas aussi réussi que ses autres comédies. On peut toutefois voir en Charlot veut se marier une variation sur le thème du pauvre qui tente de s’insérer dans un monde de riches, thème qui sera souvent exploité par Chaplin. C’est son cinquième film tourné pour Essanay.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Ernest Van Pelt, Leo White
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Remarques :
Le titre original pourrait se traduire par « un enlèvement sans noblesse » (Jitney était le surnom de la pièce américaine de 5 cents)

23 janvier 2011

Charlot dans le parc (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « In the park »

Charlot dans le parcLui :
(Muet, 15 minutes) Un parc, deux couples qui se content fleurette, un pickpocket, un policeman et Charlot qui vient s’immiscer dans tout cela. Voilà le cadre général de Charlot dans le Parc. Fait pour Essanay, ce film assez court ne figure pas parmi les plus notables de Chaplin. Le meilleur passage est celui où il fait gringue à la jeune fille, notamment quand il place sans jambe sur ses genoux : ce « geste de séduction », totalement anachronique, fait vraiment penser à ce que fera Harpo Marx des années plus tard. In the Park l’aurait-il inspiré ?
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Leo White
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Remarques :
Le titre In the Park a été aussi utilisé pour la réédition du court-métrage Keystone Caught in the rain (1914)… bien qu’il ne se passe pas du tout dans un parc!

22 janvier 2011

Charlot boxeur (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « The Champion »

The ChampionLui :
A bout de ressources, Charlot accepte de servir d’adversaire pour l’entraînement d’un boxeur. Usant d’un peu d’astuces, il va montrer des talents insoupçonnés pour la boxe et devra participer à un combat public… Charlot boxeur est le troisième film de Chaplin tourné pour Essanay. Il se révèle être d’un niveau bien supérieur aux précédents. Tout d’abord, on notera les scènes d’introduction qui préfigurent nettement le personnage du Chaplin vagabond et qui donne de l’épaisseur à son personnage : ce n’est plus un simple trublion mais un pauvre hère prêt à accepter les pires situations pour survivre. Les scènes d’entrainement qui suivent sont assez amusantes, avec un humour et des coups bien dosés, sur un rythme plus posé que précédemment. Certains gags sont vraiment de tout premier ordre, comme celui du pistolet pointant dans les deux sens et les scènes avec le joueur malhonnête. Mais le clou du film reste le combat final qui est heureusement assez long. Chaplin y montre non seulement des qualités sportives certaines, mais surtout une belle inventivité dans l’humour qui ne se répète finalement pratiquement pas. En voyant ce combat complètement farfelu, on pense bien évidemment à celui des Lumières dans la Ville. Il n’en a bien entendu pas la perfection chorégraphique mais on peut voir comment Chaplin avait déjà un numéro de boxe bien rodé quinze ans auparavant. Edna Purviance, pour sa seconde apparition, n’a ici qu’un petit rôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Lloyd Bacon, Leo White, Edna Purviance, Bud Jamison
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Remarque :
Pour tous les premiers courts métrages de Chaplin, il faut éviter de regarder les versions disponibles sur internet qui sont de bien piètre qualité, avec beaucoup de coupures ou de scènes manquantes. Il en de même de certaines éditions en DVD. Il faut privilégier les versions restaurées par l’américain David Shepard, véritable magicien de la restauration de films anciens (c’est le cas, par exemple, des coffrets Arte).

22 janvier 2011

Charlot en bombe (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A night out »

Charlot en bombeLui :
(Muet, 34 minutes) Charlot et son ami sortent d’un bar passablement ivres. Ils entrent dans un restaurant plutôt chic où ils importunent les clients. Ejectés par l’imposant maître d’hôtel, ils retournent à leur hôtel où Charlot va se retrouver en situation embarrassante avec la femme du maître d’hôtel… Deuxième film Essanay, A Night Out est un pur « slapstick » où les coups sont nombreux. On peut même être étonné par la violence des coups, par exemple quand il cogne à plusieurs reprises sur la tête de son ami avec une brique ! Chaplin joue un personnage ivre du début à la fin, rôle qu’il connait bien depuis ses débuts en Angleterre et dont il a déjà exploré de nombreuses variations. Le film n’échappe pas à certaines répétitions et longueurs. A Night Out est le premier film où apparaît Edna Purviance qui deviendra l’inspiratrice de Chaplin et son actrice principale et exclusive pour les sept années à venir.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Ben Turpin, Bud Jamison, Edna Purviance
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22 janvier 2011

Charlot débute (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « His new job »

Charlot débuteLui :
(Muet, 31 minutes) Charlot tente de se faire embaucher pour le tournage d’un film. Il y sera tantôt aide-menuisier, tantôt acteur… Premier des quatorze films réalisés par Chaplin pour Essanay, His new job est dans la pure ligne de ses films tournés pour la Keystone, c’est-à-dire un humour « slapstick » où l’on se prend beaucoup de coups ! Le personnage de Chaplin est ici un trublion qui va semer la pagaille dans le tournage très sérieux du film. Sans figurer parmi les plus remarquables de Chaplin, ce film de deux bobines se regarde avec plaisir, l’humour y étant assez bien réparti. Accessoirement, il donne une idée de la façon rudimentaire dont se tournaient les films à l’époque, du moins les petites productions. A noter que la secrétaire dans la salle d’attente est jouée par une jeune débutante : Gloria Swanson.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Ben Turpin, Charlotte Mineau
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Remarques :
* S’agissant du premier film de Chaplin réalisé après son départ de l’équipe de Mack Sennett,  on peut supposer que le double sens du titre anglais était voulu.
* Le nom « Studios Lockstone », donné aux studios dans Charlot débute,  est une allusion aux Studios Keystone qu’il vient de quitter.

20 janvier 2011

Point limite (1964) de Sidney Lumet

Titre original : « Fail-safe »

Point limiteLui :
A la suite d’un malfonctionnement, un groupe de six bombardiers américains reçoit l’ordre d’aller bombarder Moscou. L’ordre ne peut être annulé que dans les cinq premières minutes mais les communications semblent brouillées… Point Limite a eu la malchance de sortir quelques mois après le Docteur Folamour de Stanley Kubrick. Tous deux traitent du même sujet, le déclenchement accidentel d’une attaque nucléaire sur la Russie, mais ils le font de façon très différente. Là où Kubrick a brillamment utilisé l’humour en montrant des militaires psychopathes, Sidney Lumet utilise le réalisme, se situant presque à la limite du documentaire. C’est ce réalisme qui rend le film si efficace et terrifiant. A part deux va-t-en-guerre, ses militaires et hommes politiques sont posés, ils prennent de bonnes décisions et pourtant on va droit dans le mur, vers une abominable catastrophe. En ce sens, le film est bien plus antimilitariste que celui de Kubrick. Tourné avec peu de moyen, Point Limite est efficace, même stressant car Lumet bâtit son suspense lentement en jouant avec les lieux clos et les gros plans. On se surprend à suer à grosses gouttes… Adapté d’un roman d’Eugene Burdick et Harvey Wheeler, le film a été tourné peu après l’affaire des missiles de Cuba et le fiasco de la baie des Cochons. En plus de démontrer le risque d’une guerre nucléaire, le film voulait aussi redorer l’image de Kennedy, ce qu’Henry Fonda, en kennedyiste convaincu, faisait de bonne grâce. Hélas le président a été assassiné peu après la fin du tournage. Point Limite n’a donc pas eu de chances avec les dates. C’est la compétition avec le film de Kubrick qui lui a fait le plus de mal : après avoir vu Dr Folamour, le public ne pouvait prendre au sérieux Point Limite. Le film est resté longtemps très largement sous-estimé.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Walter Matthau, Larry Hagman, Frank Overton, Edward Binns, Fritz Weaver
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Remarques :
Le film est si réaliste que l’US Army obligea la Columbia à ajouter un avertissement dans le générique de fin précisant que Point Limite est une pure fiction et que de tels évènements ne pourront jamais se produire.

19 janvier 2011

New York – Miami (1934) de Frank Capra

Titre original : « It happened one night »

New York - MiamiLui :
New York – Miami de Frank Capra a apporté un ton nouveau à la comédie américaine. Avec ses dialogues légers et enlevés, ses situations saugrenues basées sur les rapports homme-femme, son excellent rythme dans l’enchaînement des situations, c’est la première « screwball comedy », celle qui a lancé le genre. Personne à Hollywood ne croyait à son succès, qui ne vint d’ailleurs pas aussitôt mais qui fut immense. Il faut dire que l’alchimie entre Claudette Colbert et Clark Gable fait plaisir à voir et que nombre d’américains se sont identifiés à Clark Gable, journaliste sans le sou et débrouillard qui donne une bonne leçon de vie à une fille à papa, riche et capricieuse. Si New York – Miami a bousculé toutes les règles, il en a créé de nouvelles. Ce nouveau genre a engendré des films sans inspiration, pâles copies de l’original, mais aussi certains des plus beaux bijoux de la comédie américaine.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Claudette Colbert, Walter Connolly
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Remarques :
New York - Miami 1) Dans la fameuse scène du « mur de Jéricho », lorsque Clark Gable retire sa chemise, on voit qu’il ne porte pas de maillot de corps (en réalité, c’était uniquement pour éviter que la scène dure trop longtemps). Il fut instantanément imité par bon nombre d’américains et les ventes de maillots de corps chutèrent. La légende raconte que les fabricants de sous-vêtements menacèrent la Columbia de poursuites.
2) Frank Capra a eu bien du mal à trouver ses deux acteurs vedettes : plusieurs acteurs ont refusé, jugeant le script sans intérêt. Claudette Colbert n’a accepté qu’à la condition que son salaire soit doublé et que le tournage ne dure pas plus de quatre semaines. De son côté, le prêt de Clark Gable de la MGM à la Columbia était une punition : s’estimant surmené, l’acteur avait refusé de tourner un nouveau film pour la MGM. La punition fut donc de l’envoyer tourner un petit film « sans intérêt » chez un concurrent, chose qu’il n’avait pas le droit de refuser.
3) New York – Miami est l’un des très rares films à avoir reçu les 5 Oscars majeurs. On pense que la MGM a manœuvré pour que Clark Gable (qu’ils avaient prêté à la Columbia pour le film) reçoive l’Oscar du meilleur acteur afin de booster sa carrière…

It happened one night

Remakes :
Eve knew her apples de Will Jason (1945) avec Ann Miller et William Wright
L’extravangante héritière (You can’t run away with it) de Dick Powell (1956), comédie musicale  avec June Allyson et Jack Lemmon
Garçon choc pour nana chic (The sure thing) de Rob Reiner (1985) avec John Cusak