Titre original : « Il gattopardo »
Sicile, 1860. Garibaldi et ses Chemises rouges débarquent sur l’île pour aider les siciliens à se soulever contre François II, roi des Deux-Siciles. Le Prince Salina observe les évènements avec résignation. Il voit son neveu, le jeune et bouillant Trancrède, rejoindre les insurgés sans toutefois partager leur aspirations… Le Guépard de Luchino Visconti est adapté du seul roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (paru en 1958). Il traite d’une période que Visconti avait déjà abordée dans Senso (1954), celle de la naissance de l’état italien. Lampedusa et Visconti partagent la même nostalgie : Lampedusa s’est inspiré d’un des ses aïeuls pour créer le personnage du Prince et il est indéniable que Visconti s’est en partie identifié à ce personnage d’aristocrate très lucide qui assiste à la fin d’un monde. Le cinéaste prend donc un soin extrême dans la reconstitution et nous offre une fresque impressionnante par sa beauté et son ampleur. L’interprétation magistrale de Burt Lancaster éclipse toutes les autres. Claudia Cardinale a un très beau sourire (mais un jeu moins convaincant). Bien que le film soit d’une durée excessive (la fameuse scène finale du bal en est le plus bel exemple), l’ennui ne nous gagne à aucun moment. Palme d’Or à Cannes en 1963, Le Guépard est l’œuvre la plus célèbre de Visconti.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Alain Delon, Romolo Valli, Terence Hill, Pierre Clémenti
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Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale dans Le Guépard de Luchino Visconti.
Remarque :
Précédente vision…
Vu ce week-end.
Extrêmement déçu ! Quel ennui !!!
Encore un mythe qui s’écroule me concernant.
Cette scène interminable du bal, ce côté artificiel (une reconstitution de la guerre digne d’un téléfilm : John Ford, au secours !).
J’ai presque préféré Guerre et Paix avec Hepburn et Fonda, c’est dire… Au moins, les scènes de guerre tiennent la route et ça se traine moins.
Et pourtant, j’adore les fresques telles Autant en emporte le vent, c’est dire si je partais avec un à priori positif.
Cardinale : insignifiante (elle est « belle », comme dit dans le film… c’est bien là tout !)
Delon : cabotinage forçé, sourire colgate : du mauvais Delon
Lancaster : là, chapeau… magnifique, il porte le film à lui tout seul sur ces épaules (avec son confesseur !) Immense !
Oui, Burt Lancaster est le centre et le sujet du film. Visconti ne semble s’être intéressé qu’à ce personnage, les autres sont un peu des faire-valoir.
Globalement, Le Guépard est un film certainement surestimé. A mes yeux, ses qualités sont avant tout du domaine de cet esthétisme raffiné propre à Visconti… En le revoyant dans cette optique, je l’ai plus apprécié.
A revoir peut-être, alors…
Mais pas tout de suite !
J’ai programmé Le samouraï de Melville, je suis dans ma période « classiques méconnus (ou moins connus) de Ford » également : Je n’ai pas tué Lincoln, Le convoi des braves, Les hommes de la mer, Le mouchard, La route du tabac, Les sacrifiés, Les cavaliers… J’adore !
Bien cordialement.
Beau programme, en effet !
Bonjour,
« Quel ennui!!! » écrit Yves. Ennuyeux comme Proust alors, avec lequel le film a d’ailleurs plusieurs points communs (l’importance de l’art, de la beauté qui seule peut arrêter le temps). C’est surtout un film mélancolique. Une plongée dans le passé (voir le travelling dans le jardin au début), un film sur le temps qui passe, sur un homme qui s’efface quand il comprend qu’il n’appartient pas à la nouvelle époque (à laquelle appartiennent les sourires carnassiers et sensuels de Delon et Cardinale), sur les rèves brisés de la révolution italienne (selon l’analyse de Gramsci pour qui la bourgeoisie avait volé la révolution aux paysans), sur les rapports entre le risorgimento et le communisme mélancolique de Visconti (dans son esprit, c’était aussi un film sur l’italie contemporaine) – quant au bal qui s’éternise, c’est parce que l’on parle de quelqu’un qui est en train de mourir, qui se laisse dériver lentement vers la mort et éprouve la durée de ce moment. Il y a beaucoup de choses dans ce film profond et méditatif (et pas du tout surestimé), qui n’est d’ailleurs pas « une fresque », à rebours des fresques essentiellement illustratives que sont Autant en emporte le vent et Le Guerre et paix de Vidor que cite Yves (à mon avis, Le Guépard n’a rien à voir avec ces deux films et il ne faut pas les comparer entre eux).
PS : A Lui : je me souviens d’une première notule de vous sur ce film franchement négative. Heureux que vous l’ayez revu à la hausse.
Bonsoir.
Il est possible que j’aie « raté » mon rendez-vous avec ce film.
Cela m’est déjà arrivé (un mauvais jour ?).
Je le visionnerai donc de nouveau.
Techniquement, mon DVD me proposait un tout petit écran cerné de deux grandes bandes noires : cela n’a sans doute pas contribué à ce que j’apprécie le film.
Et, je le redis, je suis étonné de ne pas avoir apprécié, ce cinéma ayant, sur le papier, tout pour me plaire.
Bien cordialement à tous.
Très bon documentaire sur la 5, sur la rivalité Visconti/Fellini.
http://le-cinema-de-tietie007.blog4ever.com/fellini-versus-visconti
Voilà que je m’apprêtais à en mettre une couche sur ce classique lorsque mes yeux tombèrent sous la photo plus haut, sur la ligne « précédente vision », alors je m’aperçus que je l’avait déjà fait en 2016 sous le titre « Transition » (que je viens de relire au milieu de dix autres commentaires). Le temps et l’effacement ! N’est ce pas le sujet du film : « il faut tout changer afin que tout reste comme avant ». Il suffit que tout change pour que rien ne change. J’ai découvert que Lui avait modifié son regard, sa perception sur le film au point de refaire un nouveau commentaire (fin 2016), c’est rare et plutôt positif (ainsi que d’avoir laissé les deux), bravo! Pour ma part je ne vois pas trop quoi ajouter à mon texte, ou alors il y aurait trop à écrire. Je me contenterai de signaler que pour la première fois Visconti emploie le format large du Scope qui épouse magnifiquement les espaces extérieurs comme intérieurs de cette fresque de la décomposition, et bien sur toute la nuit de bal. Le bal. On pourrait dire que ce qui fait LE GUEPARD c’est la longueur du bal, son agrandissement soudain, parade des classes dirigeantes. On pourrait imaginer un montage où le bal occuperait tout le corpus du film, en en sortant et revenant sans cesse comme un boomerang pour faire entrer les flash-backs, une construction déstructurée, en kaléidoscope comme le sera la première version présentée de Ludwig. Mais ce serait un autre film n’est-ce-pas