Titre original : « The Grapes of Wrath »
Lorsque Tom Joad rentre chez lui après quatre années d’absence, il trouve la situation bien changée. Après plusieurs récoltes ravagées par les tempêtes de poussière et expulsés sans scrupule par les propriétaires, les fermiers d’Oklahoma quittent leurs terres, attirés par les promesses de travail abondant en Californie… L’adaptation du grand roman de John Steinbeck, Les Raisins de la colère, était au départ un projet de Daryl Zanuck qui en confia la réalisation à John Ford. Touché par cette histoire, le réalisateur y a vu une analogie avec la grande famine de l’Irlande de ses ancêtres. Il la filme avec un grand réalisme, presque documentaire, et une grande honnêteté qui font des Raisins de la colère un film humaniste de grande envergure. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux rôles d’Henri Fonda, le plus beau d’après lui, l’acteur contribuant à donner une nature christique à son personnage. Certes, le propos de Steinbeck a été édulcoré, dépolitisé, amoindri mais il reste suffisamment fort, une ode poignante à la dignité humaine.
Elle:
Lui :
Acteurs: Henry Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charley Grapewin
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* L’adaptation a été écrite par Nunnally Johnson.
* Le livre de John Steinbeck et le film de John Ford ont été édités en Belgique sous le titre Grappes d’amertume.
* Les Raisins de la colère comporte deux fins et les copies en circulation montrent l’une ou l’autre. John Ford avait terminé son film avec le départ de Tom après sa superbe profession de foi. A la demande de Daryl Zanuck, il fut ajouté une autre scène (de 4 minutes environ) où l’on voit la famille Joad quitter le camp pour un bon travail de plusieurs semaines et Ma Joad dit à son mari : « Nous durerons toujours car nous sommes le peuple. On ne peut nous effacer. »
* Pour juger du caractère réaliste du film, on peut le rapprocher des travaux des grands photographes qui ont travaillé pour la F.S.A. (Farm Security Administration) à la fin des années trente : Walker Evans et Dorothea Lange sont les plus connus, à juste titre d’ailleurs, mais il y a aussi Russell Lee, Arthur Rothstein, Ben Shahn et John Vachon.
Le livre de John Steinbeck a connu quatre versions françaises différentes.
La première traduction est belge et date de 1942, cinq ans avant la France, et a été publiée sous le titre « Grappes d’amertume » aux éditions De Kogge à Bruxelles.
Le film de John Ford est sorti sur les écrans français et belges en 1947, mais le public belge ne connaissant pas le titre de la traduction française (Gallimard 1947), c’est le titre de la version belge qui a été utilisé.
Merci pour ces intéressantes précisions. J’ai ajouté mention du titre belge et une affiche.
Toujours à propos du livre : Les Raisins de la colère de John Steinbeck a bien évidemment été fort mal reçu par les grands propriétaires. L’auteur a reçu des menaces de mort. Le livre fut interdit dans plusieurs comtés et même plusieurs états. La bibliothèque de la ville de Salinas en Californie (ville natale de Steinbeck) n’a admis le livre en son sein que les années 90…
Du côté du film, l’Associated Farmers of California a appelé au boycott de tous les films de 20th Century Fox.
À propos de la magnifique profession de foi de Tom Joad à la fin du livre et du film : Bruce Springsteen en a tiré une magnifique chanson (sa plus belle à mes yeux), The ghost of Tom Joad, où il dresse un parallèle clinique et édifiant entre l’Amérique des années trente et celle des années Reagan-Bush père (la situation ayant empiré sous Bush fils, mais la chanson est antérieure à son élection).
http://www.youtube.com/watch?v=qi0kWe2ixzU
La sobriété de cette chanson colle parfaitement avec l’âpreté des Raisins de la colère, et le dernier couplet « sertit » la tirade de Tom Joad à la perfection (quant au premier couplet avec son « Welcome to the new world order : Family sleeping in their car in the South-West ; No home, no job, no peace, no rest », il est aussi cinglant que le roman, lorsque l’on se souvient que Bush père parlait après la chute du mur de Berlin et la première guerre du Golfe du « nouvel ordre mondial »).
Un commentaire que je viens d’envoyer semble tombé dans les oubliettes. Je suppose que c’est à cause de la présence d’un lien. Est-il possible de le repêcher ?
Non, le commentaire n’était pas perdu…
C’est simplement que tous les commentaires qui comportent un lien doivent être approuvés avant d’apparaître. Cela permet d’éviter beaucoup de faux commentaires (spam).
Merci pour commentaire, je ne connaissais pas cette chanson de Springsteen.
Je ne sais pas si mon commentaire a fini par apparaître (en tout cas, vous avez pu le lire, apparemment), mais il n’est en tout cas pas affiché.
Oui, en effet, il était bizarrement reparti dans la boite « A approuver »…
Je l’ai remis en place !
Merci ! 🙂
John Steinbeck,John Ford,Henry Fonda,Bruce Springsteen,Tom Joad finissent pour moi par se confondre loin,très loin,haut,très haut.
EXODUS des ANNEES 30 (road movie + western + social + biblique)
Après avoir traversé avec le groupe dans des conditions éprouvantes la fameuse highway 66 et quelques 500 pages ramassées du roman de Steinbeck, il y a tout à coup au milieu de ce magnifique film un plan séquence (inattendu et unique dans le récit) en vision subjective du point de vue de la vieille guimbarde fatiguée et de ses passagers pénétrant dans un camp de cette terre promise où, pensent ils, du travail les attend. Les habitants du bidonville, encore plus pauvres et démunis qu’eux, les dévisagent fixant la caméra comme dans un reportage en direct. Le rêve américain existe t’il? Le film est tourné en 1939 au moment où le président Roosevelt s’apprête à briguer un troisième mandat.