Le parisien Martin est revenu dans sa Normandie natale pour reprendre la boulangerie paternelle d’un petit village, non loin de l’endroit où a vécu son auteur préféré Gustave Flaubert. Lorsqu’il voit arriver de nouveaux voisins anglais prénommés Gemma et Charles Bovery, il les voient tout de suite comme l’incarnation des héros du roman de Flaubert…
Gemma Bovery est adapté du roman graphique (en l’occurrence une bande dessinée avec beaucoup de texte) de l’auteure anglaise Posy Simmonds (1). C’est une comédie délicieuse et intelligente dont le rôle principal semble taillé sur mesure pour Fabrice Luchini. L’acteur reste très sobre dans son jeu tout en distillant un indéniable humour. Gemma Arterton joue très juste et montre une belle présence. A noter également Elsa Zylberstein qui est assez savoureuse dans un second rôle de nouveau riche. L’ensemble pourra paraître un peu superficiel à certains mais il constitue un divertissement bien plaisant.
Elle:
Lui :
Acteurs: Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng, Isabelle Candelier, Niels Schneider, Elsa Zylberstein
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Fontaine sur le site IMDB.
Voir les autres films de Anne Fontaine chroniqués sur ce blog…
(1) Posy Simmonds est également l’auteure de Tamara Drewe, brillamment adapté sur grand écran en 2010 par Stephen Frears avec… Gemma Arterton dans le rôle principal.
Gemma Arterton et Fabrice Luchini dans Gemma Bovery de Anne Fontaine.
En fait, un roman graphique n’est pas forcément « avec beaucoup de texte ». Au contraire, même, les vrais bons romans graphiques ne sont pas bavards.
Cette notion ne renvoie pas au texte (par équivalence avec le texte d’un roman), mais au fait qu’il s’agit de bandes-dessinées artistiques et narratives. Le terme a été inventé pour définir un nouveau type de BD dans les années 1980, qui n’étaient ni des séries humoristiques, ni des séries d’aventure. Les deux aspects qui définissent un roman graphique sont :
— le fait qu’il s’agit d’une histoire isolée (parfois en plusieurs tomes, mais pas une série, pas des personnages récurrents, juste un récit avec un début et une fin),
— le fait qu’une grande attention est accordée au climat graphique, au style narratif.
Bref, c’est « l’équivalent d’un roman, sous forme graphique » (et non pas une BD avec beaucoup de texte). Le point commun avec le roman n’est pas le texte, mais le style, le rythme, l’intention.
Et il faut dire que l’appellation roman graphique remplace avantageusement l’autre terme souvent utilisé, qui est one shot (puisque s’opposant à une série aux personnages récurrents).
[Esprit d’escalier]
J’ajoute que les romans graphiques avec beaucoup de texte (car il y en a) me gonflent généralement et, pour moi, gâchent ce qui fait précisément l’intérêt de la bande-dessinée, à savoir le même langage qu’au cinéma : ellipses, hors-champ, découpage, mise en scène. La BD n’est jamais meilleure que lorsqu’elle est sobre et que lorsqu’elle optimise le visuel. Ceux qui y mettent énormément de texte feraient mieux d’écrire un… roman tout-court.
Les romans graphiques de Cosey, Fournier, Hausman, Servais, Bourgeon, Davodeau, Lepage, Pedrosa, Blutch, Derib, etc., sont pour certains très chiches en texte (et d’autres juste comme la moyenne des BD).
Merci de ces précisions.
J’avais mis cette parenthèse juste pour fixer les idées du lecteur qui n’est pas familiarisé avec ce terme assez vague… (et après avoir été vérifier sur le site d’une plateforme de vente comment se présentait l’intérieur de ce « roman graphique » précis).