Didier est un critique et auteur en vue. Il se querelle avec son amie qui se montre très dure et désagréable avec lui. Pour aider un ami, il accepte une invitation à dîner chez un intellectuel qui l’exécute devant toute la tablée… Comme dans plusieurs de ses films, Pascal Bonitzer construit Rien sur Robert autour d’un personnage central intellectuel, imparfait, angoissé, frustré. Didier semble avoir toujours le dessous dans ses rapports avec les femmes et envie constamment le talent des autres. Cela nous donne une comédie plutôt cruelle qui fut parfois comparée à Woody Allen. Il y a toutefois une grosse différence : Pascal Bonitzer ne cherche visiblement pas à engendrer l’empathie. Son personnage nous est tout de suite présenté sous un jour peu glorieux : il a écrit une tribune pour assassiner un film qu’il n’a pas vu (1). Il n’y a d’ailleurs aucun personnage vraiment positif dans cette histoire. Même si tout cela n’aboutit sur pas grand-chose, l’ensemble est amusant et montre un ton particulier.
Elle:
Lui :
Acteurs: Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain, Valentina Cervi, Michel Piccoli, Bernadette Lafont, Laurent Lucas, Denis Podalydès, Edouard Baer
Voir la fiche du film et la filmographie de Pascal Bonitzer sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.
Voir les autres films de Pascal Bonitzer chroniqués sur ce blog…
Voir les livres écrits par Pascal Bonitzer…
Remarque :
* Le titre du film fait référence à la scène dans la librairie où la vendeuse annonce à un client qu’elle n’a rien sur Robert Desnos. Il ne semble pas avoir d’autre rapport avec l’histoire. Pascal Bonitzer a dit avoir choisi ce titre parce qu’à l’époque il cherchait des ouvrages sur le poète Robert Desnos et ne parvenait pas à en trouver.
(1) Allusion à une tribune d’Alain Finkielkraut sur le film Underground d’Emir Kusturica (juin 1995).
Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer.
Je trouve amusant votre différence d’appréciation. Personnellement, je l’ai revu récemment et je l’ai trouvé très misogyne. Toutes les femmes sont vraiment des ch… Sandrine Kiberlain tout particulièrement.
Si « elle » a moins apprécié le film que moi-même n’est pas dû à la vision des femmes de Pascal Bonitzer : « elle » a juste trouvé l’ensemble un peu vain.
Sinon, je suis d’accord avec vous. Il me paraît très difficile de nier que le propos est misogyne. C’est indéniable.
Didier est désemparé de ne savoir quoi faire pour trouver grâce aux yeux de Juliette qui est aussi inconstante que cruelle (à ce titre, la photo ci-dessus est très représentative). Et les autres femmes sont sur le même modèle… Ce ne sont pas des femmes que l’on aimerait rencontrer dans la vraie vie!
De plus, le fait de mettre des propos très crus dans la bouche de Sandrine Kiberlain est une vision sans doute assez masculine… 😉 mais bon, cela permet de surprendre et de nous amuser.
Je ne pense pas pas qu’il faille voir le film comme une variation sur les rapports hommes/femmes.
Ah, donc je ne suis pas la seule à trouver Bonitzer misogyne. Et vous avez raison sur les propos crus de miss Kiberlain, c’est bien une vision de mec d’imaginer une femme parlant ainsi.
Je ne sais pas si Pascal Bonitzer est misogyne… C’est ce qu’il a écrit qui l’est… 😉
Je ne pense pas d’ailleurs que ce film soit autobiographique, même partiellement. Tout au plus a t-il dû s’inspirer de personnes qu’il connaît. Quant aux propos crus de Sandrine Kiberlain, c’est un mécanisme pour créer l’humour : le fait de mettre des propos d’homme dans une bouche de femme (ou inversement) est un grand classique de l’écriture de comédies. Et Pascal Bonitzer connait ses classiques (ce qui n’étonnera personne vu son parcours : critique aux Cahiers, directeur du département scénario à la Fémis, etc. etc.) C’est très cru, certes, mais cela va bien avec son personnage qui semble hermétique aux sentiments. Elle ne voit que le côté mécanique d’une relation…
Il me semble que le principal ressort du film est l’orgueil, la flatterie, tout simplement. Tout le monde fait marcher Robert : Juliette bien sûr, et sa dernière phrase est symptomatique, Martin qui l’envoie chez son oncle, Sauveur qui lui avoue son admiration, Aurélie qui lui assène que « c’est lui ».
Et toutes ses déconvenues ont un air surréaliste : Ariel l’assomme de ses critiques, Juliette l’assassine de la description de ses ébats, au delà de toute vraisemblance, on se croirait dans « Le charme discret de la bourgeoisie ».
Oui, c’est bien vu. Il est certain que le personnage de Didier est particulièrement sensible à la flatterie : il a besoin du regard des autres, il cherche constamment une valorisation.
Le film m’a, moi aussi, fait penser à Bunuel, notamment dans l’enchainement des évènements dans le premier tiers du film.