Le jeune Tom Ripley est payé par un milliardaire américain pour convaincre son fils, qui mène une vie oisive et dépensière en Italie, de rentrer chez lui. Il devient son ami et accepte apparemment de subir ses sautes d’humeur et ses humiliations. En réalité, il envie sa vie facile, sa fiancée, son argent…
Plein soleil est adapté d’un roman de Patricia Highsmith Monsieur Ripley. Pour en écrire l’adaptation, René Clément travaille avec Paul Gégauff, très lié à la Nouvelle Vague dont l’influence est assez nette sur le film, ne serait-ce que dans les scènes extérieures, souvent tournées in-situ. L’histoire s’attarde d’ailleurs autant sur la langueur des personnages et les corps bronzés par le soleil que sur l’intrigue policière elle-même. Les images d’Henri Decae sont très belles, magnifiées par le décor naturel de l’île d’Ischia (au large de Naples). Alain Delon, alors âgé de 24 ans à peine, y fait une remarquable prestation, son charme naturel rendant son personnage complexe : d’haïssable, il devient séduisant et l’histoire devient ainsi assez troublante. Le film va vraiment lancer sa carrière. Plein soleil est un très beau film de René Clément mais il ne fait pas l’unanimité : ses détracteurs lui reprochent d’être trop accès sur le magnétisme des comédiens et une mise en retrait de l’intrigue. Le film me semble plutôt à considérer comme un ensemble, un très bel ensemble.
Elle:
Lui :
Acteurs: Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt
Voir la fiche du film et la filmographie de René Clément sur le site IMDB.
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Remarques :
* Romy Schneider fait une petite apparition au début du film. L’actrice (déjà très célèbre) a ainsi une courte scène avec son fiancé, Alain Delon.
* Autre adaptation :
Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d’Anthony Minghella (1999)
Maurice Ronet, Marie Laforêt et Alain Delon dans Plein soleil de René Clément.
ETINCELANT
Le film sort en mars 60 huit jours avant A BOUT DE SOUFFLE (titre qui aurait pu convenir à PLEIN SOLEIL par ailleurs excellent titre) lançant l’un et l’autre les carrières en vedette des deux futurs stars françaises Delon et Belmondo qui n’arrêteront pas de se croiser et rivaliser pendant plusieurs décennies. On est face à un paradoxe : un cinéaste de la vieille garde au milieu de l’explosion de la nouvelle vague, ça crée du remous
Cette étude psychologique de caractères, de moeurs et de comportements est d’abord une réussite plastique doublée d’une maestria narrative. La longue séquence soudaine du meurtre en plein soleil sur le voilier battu par les vents en haute mer est remarquable. Que l’on connaisse ou pas le roman de Patricia Highsmith et son personnage de Tom Ripley importe peu. A chaque vision on est repris et fasciné comme Ripley – Replay – Rejouer; on en a d’ailleurs refait un Remake et le personnage de Ripley apparait dans plusieurs oeuvres
Mais c’est avant tout la mise en lumière d’un trio (Tom, Marge et Philippe) d’acteurs (Delon, Laforêt également débutante et Ronet) que la caméra amoureuse filme longuement en gros plans étonnants pour l’époque
Alain Delon, mi ange mi démon est si parfait d’ambiguité, de soumission, de jalousie, de félinité et de beauté narcissique à la hauteur des dieux de la Méditerranée qu’il devient le reflet, l’image, la voix, la signature de l’autre, le double, le soleil noir du film. Le beau gosse pauvre, humilié et envieux qu’incarne Delon devient immédiatement l’icône d’une imagerie gay qui n’existe pas encore officiellement et qui s’empare de l’érotisation que suscite l’acteur dans le film (l’affiche qui le montre torse nu à la barre et qui aurait du être confiée à un Wahrol y sera pour beaucoup)
Révélation d’une part d’ombre à la lumière, découverte d’un acteur, rencontre de celui-ci avec un personnage, jeux de miroirs du récit, tout s’emboîte et se confond jusqu’à se perdre en plein soleil à la dernière minute du film
J’ai rajouté l’affiche dont vous parlez. Elle me semble être un peu plus récente que l’autre. Vous avez raison de souligner l’homosexualité latente de cette histoire, elle est indéniable. Je ne sais en revanche si elle plus induite que désirée.
De tous les films que j’ai vus et cela represente un certain nombre je vous assure, Plein Soleil est peut etre celui ou la beaute de son acteur principal, Alain Delon en l’occurrence, est le plus mis en avant par le metteur en scene. C’est fascinant de voir cela. De tous les qualificatfs que l’on peut utiliser a l’egard de l’acteur et lus ici et la, on peut ajouter celui d’ensorcelante meme si ironiquement, la seule a y resister est celui du personnage joue par Marie Laforet tojours amoureuse de celui interprete par Marurice Ronet dans le film.
57 ans apres son tournage durant l’ete 59, la beaute d’alain Delon est toujours aussi ensorcelante, le pauvre Matt Damon, dans le triste remake du film ne pouvait faire que pale figure compare a lui meme le visage bronze.
La lecture du roman m’ayant donné envie de découvrir de nouveau le film je suis allé le revoir il y a quelques semaines. Et une nouvelle fois j’ai commencé par être alangui par l’atmosphère de vacances, le ciel et la mer magnifiés par Decaë, les charmes de Mongibello , me disant que le bonheur c’est d’être jeune et riche et mener la dolce vita dans la lumineuse Italie de la fin des années 50 . Car tout est beau dans le film. Tout sauf ce ce qui se passe dans la tête des personnages. Comme l’a voulu René Clément.
On pourrait en raconter des pages et des pages sur la précision de la mise en scène , l’efficacité du suspense, l’importance de certains discrets détails, la direction d’acteurs ( Delon incarnant plus que jouant son personnage et se servant autant de son corps et de ses yeux que de son texte ), le soin apporté au choix des vêtements, la musique de Nino Rota passant de solo de mandoline à orchestre symphonique Hermannien…et d’autres.
Le plus fascinant étant dans le jeu de miroirs qu’est le film, et pas seulement dans la scène voyant Ripley imiter Greenleaf dans une glace. Chacun des personnages voit dans l’autre ce qu’il n’est pas et qu’il désire : Greenleaf représente la fortune facile grâce à sa naissance dans une famille riche, Ripley est la débrouillardise et la capacité de lutter dont est incapable le jeune héritier. Et le meurtre et l’escroquerie seront les moyens pour le dominé Tom de briser le miroir en devenant Ripley et Greenleaf à la fois.
Le jeu devient de plus en plus fascinant en apprenant des anecdotes sur le montage du film : Delon prévu pour être Greenleaf et arrachant le rôle de Ripley après coups d’éclat et discussions acharnées alors qu’il est pratiquement débutant, Marie Laforêt dévoilant des années plus tard que les deux acteurs étaient odieux avec elle et occupaient tout le plateau , ne lui laissant comme dans le film que peu d’espace et de liberté…En regardant le film , avec un peu de recul, on voit bien sûr une histoire de machination, mais aussi Delon ,qui est Ripley qui est Greenleaf et qui est les deux à la fois . En s’y retrouvant et en embrouillant tout le monde. Vertigineux . Et même la fin m’a cette fois parue ambiguë : on l’a vu se sortir de situations si difficiles que la suite reste ouverte.
Amusant que PLEIN SOLEIL et A BOUT DE SOUFFLE soient sortis quasiment en même temps. Entre classicisme rigoureux et modernité désinvolte, en ce début des sixties , le cinéma français se trouvait dans un bel alignement de planètes. Sous le signe du soleil certainement.