Titre original : « The War of the Worlds »
Leur planète devenant inhospitalière, les martiens ont décidé d’envahir la Terre. Intrigués par la chute d’un météore, les habitants d’un petit village de Californie le voient s’ouvrir pour livrer passage à des machines qui détruisent tout sur leur passage… Même s’il faut mentionner la très remarquée adaptation radiophonique d’Orson Welles en 1938 qui sema la panique tant elle était réaliste, La Guerre des mondes de Byron Haskin (produite par George Pal) est la première grande adaptation du célèbre roman de H.G. Wells. Elle diffère du livre sur de nombreux points mais en reste fidèle à l’esprit ; la différence la plus discutable est l’inclusion d’une dimension religieuse, en montrant la fin comme une intervention divine. Le scénario est finalement très simple mais le film tire toute son intensité de l’utilisation intelligente d’effets spéciaux très spectaculaires pour l’époque, effets qui dévorèrent les trois-quarts de l’important budget du film, et du choix judicieux de ne montrer qu’à peine les martiens. La tension n’en est que plus forte. Vu aujourd’hui, le film conserve son impact même si les effets spéciaux ne peuvent nous subjuguer autant. La Guerre des mondes reste l’un des grands films de science-fiction des années cinquante.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne
Voir la fiche du film et la filmographie de Byron Haskin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Byron Haskin chroniqués sur ce blog…
Ann Robinson et Gene Barry dans La Guerre des mondes de Byron Haskin
Remarques :
* Les machines martiennes étaient prévues au départ pour être des tripodes comme dans le livre de Wells mais il fut impossible d’imaginer leur marche. Il fut donc décidé d’opter pour des machines volantes. Elles sont remarquablement dessinées.
* Les machines martiennes ont été réalisées en cuivre et à l’échelle réelle, ce qui accroit leur effet à l’image (les esprits chagrins feront toutefois remarquer que certains des nombreux câbles utilisés pour les soutenir restent visibles à l’écran).
* En ce début des années cinquante où la paranoïa anticommuniste était à son maximum, le thème d’une invasion extraterrestre se voyait doté d’un impact accru. Le caractère de métaphore est obligatoirement présent mais il paraît tout de même moins net que dans d’autres films.
* Remake :
La Guerre des mondes (The War of the Worlds) de Steven Spielberg (2005) avec Tom Cruise.
La « panique » provoquée par l’adaptation radiophonique d’Orson Welles semble bien n’être en réalité qu’une légende inventée par Welles et ses producteurs !
J’avais entendu plusieurs remises en cause de cette légende depuis quelques années. Le coup de grâce a été donné récemment par une historienne ayant expliqué avoir épluché les journaux de l’époque (du lendemain de la diffusion, surtout, et des jours suivants)… qui n’en parlent tout simplement pas ! Il serait invraisemblable qu’une situation de panique (c’est-à-dire plusieurs scènes de panique à différents lieux) ne soit pas relatée dans les journaux du lendemain, sinon fédéraux du moins locaux. Ce qui apparaît, en revanche, dans les jours suivants, c’est une communication des producteurs de l’émission (et de Welles, sans doute) inventant cette « panique » pour faire parler de l’émission a-posteriori.
Désolé de mettre en doute cette légende sympathique et séduisante ;-).
Je dois avouer que j’avais toujours été surpris que l’effet de « contexte » puisse être si puissant que des gens écoutant une émission d’une heure ne voient pas l’invraisemblance de « développements et péripéties » nécessitant plusieurs jours. Je voulais bien mettre cet effet au crédit du génie narratif de Welles et de la naïveté d’Américains peu habitués aux médias et peu éduqués (les deux étant nécessaires, la seule force narrative ne pouvant suffire tant l’invraisemblance temporelle était considérable). Il faut croire que les Américains étaient moins bêtes que nous aimerions le penser, et que c’est nous qui sommes finalement bien naïfs d’avoir cru à cette légende quand même très improbable.
Ah tiens, je ne savais pas que l’authenticité de cet épisode était remise en cause… (à force de casser tous les mythes, on se demande ce qu’il va nous rester… 😉
C’est possible que ce soit une légende forgée de toutes pièces, pourquoi pas, mais autant on comprend aisément que les studios hollywoodiens aient créé des légendes à tour de bras pour promouvoir leurs vedettes, là je vois moins l’intérêt de CBS à faire un tel tapage autour de Welles qui n’était même pas sous contrat avec eux et qui n’est pas un « asset » comme disent les américains… (plus tard, il ne sera pas ascète non plus… soit-dit en passant :-))) Vous me direz que c’est Welles qui l’a créée et non CBS… oui, peut-être…
Dans le livre de Bogdanovitch sur Welles, il y a une photo où l’on voit Welles entouré de journalistes, sous-titrée « Press conference after War of Worlds broadcast, 1938 ». Alors si tout ce cela n’a pas généré d’articles dans la presse, c’est effectivement bizarre. Bon, mais de toutes façons, vraie ou pas vraie, cette histoire fait partie de la « légende du cinéma » (on en revient au fameux « Print the legend » de Ford).
Mais personnellement, cette histoire ou légende ne me paraît pas si improbable que cela.
Ah, je n’ai pas été assez clair. Je ne voulais pas dire que la presse n’avait pas parlé de l’émission : elle en a parlé, et ça a effectivement fait de Welles une star, d’où la conférence de presse.
Mais ce qui semble (il faudrait retrouver les travaux en question), c’est que la presse a parlé de l’émission et de la supposée panique provoquée… sans qu’aucun cas précis de panique ne soit jamais attesté, cité, référencé. Il a été question de panique dans la presse américaine des jours suivants (communication sans doute préparée par Welles, qui était assez malin pour ça), mais il n’a jamais été question de cas précis étayant cette affirmation ! Apparemment, aucun journal local, aucun fait divers, ne permet d’accréditer les prétendues manifestations de panique citées de façon « globale » après l’émission.
Les gens s’écartant en voyant l’image du train arrivant en gare de la Ciotat, c’est étayé par les témoins dans plusieurs relations d’époque, il y a des témoignages vérifiables et signés. Les gens courant dans les rues, se suicidant, etc., lors de la diffusion de La guerre des mondes, c’est affirmé dans la presse des jours suivants… mais aucun journal ne fournit le moindre nom de rue où il y aurait eu des gens en train de courir, ni le moindre nom de suicidé lié à cette diffusion. Or, ce type de fait est forcément relaté dans la presse locale. S’il n’y en a aucune relation, c’est que les faits ne se sont pas produits.
Je comprends mieux…
A ce propos, il semble qu’il y ait eu des gros titres dans les journaux pour annoncer que Welles allait crouler sous de multiples attaques en justice par des particuliers. Welles raconte lui-même que c’était une exagération de la part des journalistes, puisqu’il n’y eut pas un seul procès…
Bon, mais comme vous le dites, Welles était assez malin pour avoir soufflé cela aux journalistes…
Ceci est vrai tout ceci a existé
En leur parfaite suffisance, les êtres humains allaient et venaient à leurs occupations quotidiennes en leur vanité. Ils ne se doutaient pas un instant alors que, par delà le gouffre de l’espace, des êtres d’une intelligence supérieure guettaient et épiaient nos moindres allées et venues en attendant le moment propice et lentement, patiemment, résolument dressaient les plans de l’invasion de notre monde.
Cette nuit là, la lande était paisible comme en ces nuits d’été où rien ne bouge. Le ciel était constellé de myriades d’étoiles et dans les champs, seuls les grillons et dans les bois voisins les chouettes faisaient entendre quelque son. Les lumières du village étaient loin là-bas et sur le pas de ma porte, j’observais ce décor, paisible et candide, ignorant tout encore de ce qui allait survenir très bientôt. C’est alors que je fus surpris dans ma contemplation par le surgissement d’un éclair zébrant la nuit, venant du fond du ciel, depuis l’est, au-dessus de Chelsea. Je pense que je fus le seul à l’avoir remarqué à ce moment précis. Je suivi sa course jusqu’à sa chute, car il s’écrasa, à quelques miles de là. Peut-être deux ou trois. Je songeai à un météore et me mis en tête d’aller voir de plus près ce dont l s’agissait, Mais là… en pleine nuit… était-ce bien prudent pensai-je un instant ?