Titre original : « The Shining »
Un ex-professeur qui essaie d’écrire un roman est embauché pour garder un vaste hôtel isolé dans les montagnes du Colorado pendant les longs mois d’hiver. Avec sa femme et son jeune fils, ils vont rester seuls pendant de nombreux mois dans cette immense demeure qui reste marquée par son passé…
Adaptation d’un roman de Stephen King, Shining est l’un des films les plus effrayants qui soient, l’irruption de la folie meurtrière chez un écrivain en panne d’inspiration sous l’influence de phénomènes plutôt surnaturels. Kubrick ne se conforme à aucun moment aux règles classiques du genre de l’épouvante pour livrer un film très créatif et totalement inégalé, un film qui peut être abordé et interprété de multiples manières. Dans sa forme, Shining est une merveille : tourné presque entièrement à la Steadycam, procédé alors très nouveau, le film regorge de plans audacieux, de travelings inoubliables comme ces plans où l’on suit le petit garçon qui pédale à toute allure sur son tricycle. Stanley Kubrick utilise merveilleusement le dédale des interminables couloirs, l’immensité des pièces et l’atmosphère de cette vaste bâtisse du début du siècle. La minutie et le perfectionnisme légendaire du réalisateur transparaît dans chacune des scènes. Shining est un film à nul autre pareil.
Elle:
Lui :
Acteurs: Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Kubrick sur le site IMDB.
Voir les autres films de Stanley Kubrick chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* La version initiale et complète dure 146 minutes. Après quelques jours d’exploitation, Kubrick a coupé la scène finale (un happy end qui montrait Wendy et Danny à l’hôpital pour nous faire savoir qu’ils étaient sauvés) et ramené ainsi la durée à 142 minutes. Pour la sortie en Europe, des coupes furent faites par le réalisateur pour faire une version de 115 minutes ; les coupes portent surtout sur Tony, l’ami imaginaire du garçon et sur l’explication de ses pouvoirs.
* L’hôtel qui a servi pour le tournage des extérieurs est le Timberline Lodge sur la montagne Mt Hood dans l’Oregon, hôtel qui, lui, reste ouvert pendant l’hiver ! Les intérieurs ont été tournés en studios en Angleterre.
* Stephen King a précisé que le titre The Shining lui avait été inspiré par les paroles d’Instant Karma de John Lennon (« We all shine on… »)
* L’image des deux fillettes est très directement inspirée (on pourrait même dire, copiée) de la célèbre photographie de Diane Arbus : « Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967) »
* Stanley Kubrick avait pris soin que Danny Lloyd (âgé de 6 ans) ne se rende pas compte du contenu réel du film. L’enfant pensait jouer dans un film classique. Danny Lloyd n’a vu une version expurgée qu’à l’âge de 13 ans et n’a pu voir le film en entier qu’à l’âge de 17 ans.
* Le proverbe « All work and no play makes Jack a dull boy », bêtement traduit par « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras », signifie en réalité « à toujours travailler sans pouvoir s’amuser, les enfants s’abrutissent », ce qui donne un sens ironique et plus monstrueux à la scène.
Mon avis est évidemment très personnel mais je n’ai jamais pu aller jusqu’à la fin du film, trop soporifique. Je trouve que le rythme est très mal maîtrisé par Kubrick, je ne trouve aucune atmosphère particulière à l’hôtel, ni oppressante, ni glaçante.
Ah tiens… « Soporifique » n’est pas le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier le film 😉 mais sur le rythme, je crois voir ce que vous voulez dire. Il est vrai que Kubrick ne fait pas monter la tension progressivement, elle monte plutôt en marches d’escalier. De plus, comme je le disais, Kubrick ne respecte pas certaines règles : par exemple, on peut se demander pourquoi il nous met à la 5e minute (environ) un plan de l’ascenseur qui déverse le sang… C’est contraire à toutes les règles, la scène arrive très brutalement sans crier gare, elle casse tout suspense car elle indique que l’histoire va donner dans le paranormal alors que tout nous plaçait dans une bienveillante normalité. S’il s’agit seulement de montrer que le garçon a certains pouvoirs, il y avait mille façons plus subtiles de le faire. Si Kubrick a agi ainsi, c’est certainement pour nous déstabiliser par petits chocs successifs et cette façon de marcher en dehors des clous rend son cinéma si particulier et attractif.
Il est dommage que le film ait totalement bouleversé et modifié l’histoire écrite dans le livre de Stephen King.
il y a toutefois quelques scènes réussies comme celle du couloir ou de la machine à écrire, ou de la vieille, ou de M. Grady ,toutes absentes du livre.
Il en résulte une autre histoire, et le film n’aurait pas du s’appeler par le nom du livre.
Le rythme est lent, certes, mais ceci accroît l’atmosphère lourde et oppressante et cela ne m’étonne pas que certains n’arrivent pas à la soutenir jusqu’à la fin
J’ai perçu dans cet immense film un message intelligent.
L’intrigue est construite principalement autour de phénomènes irrationnels et extra-sensoriels. A la fin, l’intendant noir, alerté par le « shining », brave les éléments pour secourir la famille; il échoue et meurt, malgré ses pouvoirs. Et c’est grâce à son intelligence que l’enfant réussit à tromper le père dans le labyrinthe, en marchant à l’envers dans ses traces; il sauve ainsi sa mère et lui-même.
Parmi les élucubrations plus ou moins new-age que l’on entend trop souvent, je trouve rassurant qu’on nous dise qu’une bonne dose d’intelligence est plus efficace que des pouvoirs surnaturels.