Titre original : The cure
Lui :
(Court-métrage de 31 mn) Parmi les douze films que Charles Chaplin tourna pour la Mutual en 1916 et 1917, Charlot fait une cure fut l’un des plus populaires. Encore aujourd’hui, certaines personnes le décrivent comme le plus drôle qu’il ait jamais tourné. Un alcoolique arrive passablement éméché dans un lieu de cure thermale. Il n’a pour seul bagage qu’une grande malle remplie de bouteilles. Chaplin n’est pas ici dans son personnage de vagabond au chapeau melon (même si le dit-chapeau se trouve dans ses bagages, il ne le porte pas), il joue ici un personnage plutôt mondain, bien habillé et coiffé d’un canotier. Charlot fait une cure joue sur l’humour pur, notre alcoolique est bien entendu absolument opposé à ingurgiter une seule goutte d’eau et les interactions avec les autres pensionnaires sont riches en gags. Certaines scènes sont mémorables, comme celle de la porte à tambour (pas facile à passer quand on est passablement éméché) et surtout celle du bain thermal avec un masseur plutôt énergique. S’il n’a pas de dimension dramatique comme L’émigrant, qu’il tournera juste après, Charlot fait une cure nous montre Charlie Chaplin en artisan de génie du burlesque.
Note :
Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Charles Chaplin chroniqués sur ce blog…
Remarque :
Le documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982) nous montre, grâce à des chutes de film retrouvées, comment ce film a pris forme : au départ, Chaplin devait incarner un employé du centre de cure alors qu’un alcoolique arrivait éméché. Il y avait notamment toute une scène où il réglait la circulation des fauteuils roulants à la manière d’un agent de police à un carrefour, gag qui ne fut pas gardé lorsque Chaplin décida d’inverser les rôles et de jouer le client alcoolique. Chaplin construisait ainsi ses films, petit à petit, par essais successifs jusqu’à ce qu’il soit satisfait du résultat.
Les 12 films de Chaplin pour la Mutual (de mai 1916 à octobre 1917) :
1) The Floorwalker (Charlot chef de rayon)
2) The Fireman (Charlot pompier)
3) The Vagabond (Charlot musicien)
4) One A.M. (Charlot rentre tard)
5) The Count (Charlot et le comte)
6) The Pawnshop (Charlot brocanteur)
7) Behind the screen (Charlot machiniste)
8) The Rink (Charlot patine)
9) Easy Street (Charlot policeman)
10)The Cure (Charlot fait une cure)
11)The Immigrant (L’émigrant)
12)The Adventurer (Charlot s’évade)
J’aime toujours autant vos chroniques, surtout celles qui combinent vos appréciations et des anecdotes. J’ai aussi appris grâce à vous que Chaplin avait réalisé des courts métrages. 1917… un pan de l’histoire du cinéma.
Savez-vous si ces courts se retrouvent sur un DVD ?
Autre question (décidément…): Le Bergman du générique a-t-il un quelconque lien avec Ingmar ou Ingrid ? J’en doute, mais j’en appelle à votre expertise. En tout cas, arrêtez-moi si je me trompe, mais il me semble que ces deux-là ne sont en tout cas pas de la même famille.
Bonne journée. Moi, je vais regarder un Demy, ce matin.
Bonjour,
Je viens de faire trois petits tours sur votre site et je le trouve à la fois sympathique (l’idée des regards croisés) et pertinent. Je reviendrai y chercher des références ou simplement un peu de plaisir et vous mets en lien chez moi, si vous me le permettez.
A bientôt
@MartinK : Chaplin a débuté avec Mack Sennett dans les années 1913-14, un autre précurseur de la comédie dite « slapstick » (le terme permet d’impressionner son auditoire… 😉 ). C’est d’ailleurs Mack Sennett qui a brittanisé (pas sûr que ce mot soit bien français) son personnage en disant « Chaplin? Il est anglais ? Bon mettez-lui une moustache » Le chapeau melon, c’est Chaplin lui-même qui l’a ajouté ensuite.
La naissance du Chaplin tel qu’on le connait vient un peu plus tard, dans la période Mutual, qui est la plus fascinante.
On trouve en général ces court-métrages en supplément sur les DVD. Je les ai sur une coffret Chaplin que j’ai acheté il y a assez longtemps. Je suppose que c’est toujours le cas car il n’y a pas ou peu de droits sur les courts qu’il a fait pour la Mutual.
Sinon, le Henry Bergman de l’équipe Chaplin n’a effectivement aucune relation de parenté avec les autres Bergman du cinéma… A ce propos, un détail amusant : la femme d’Ingmar Bergman était une actrice qui se prénommait… Ingrid. Si si… Sauf que ce n’est pas l’Ingrid Bergman que l’on connaît. Etonnant, non?
@Michel : Merci pour ce gentil commentaire.