Lui :
Victor, Victoria est l’un des films les plus aboutis de la filmographie de Blake Edwards. Même si elle n’est pas de lui (c’est un remake), l’idée de départ est simple mais brillante : sur les conseils d’un artiste de cabaret homosexuel, une chanteuse au bout du rouleau accepte de passer pour un homme qui prétend passer pour une femme. Rapidement, elle remporte un vif succès dans les cabarets parisiens. Pour tourner cette comédie, le réalisateur a bénéficié d’un budget important qu’il a su utiliser à merveille ; l’histoire est parfaitement mise en place et rythme et timing sont précis, ne laissant aucun temps mort malgré les quelque 120 minutes de film. Blake Edwards mêle des personnages assez naturels avec des personnages franchement caricaturaux, tel Robert Preston qui reprend tous les clichés sur les homosexuels (sans toutefois trop charger la barque) et surtout l’hilarante blonde-platine braillarde et vulgaire qui semble sortie tout droit d’une bande dessinée. Cet habile cocktail explique une partie de la réussite de Victor, Victoria. Le plus beau personnage est bien entendu Victoria, magnifiquement interprétée par Julie Andrews (qui rappelons-le est la femme de Blake Edwards), délicieuse et particulièrement à l’aise dans les superbes numéros de cabaret chorégraphiés au cordeau. Et il y a les gags, toujours simples, mais qui prennent toute leur force dans la façon dont Blake Edwards les amène et les met en scène (exemples-type : les chutes, tel le gag du détective sur le tabouret, gag pourtant éculé mais absolument irrésistible ici). Victor, Victoria est une comédie quasiment parfaite qui se voit et se revoit toujours avec le même plaisir.
Note :
Acteurs: Julie Andrews, James Garner, Robert Preston, Lesley Ann Warren, Alex Karras
Voir la fiche du film et la filmographie de Blake Edwards sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Blake Edwards chroniqués sur ce blog…
James Garner et Julie Andrews dans Victor Victoria de Blake Edwards
Original et premier remake :
Viktor und Viktoria film allemand (assez rare) de Reinhold Schünzel (1933), avec Renate Müller et Hermann Thimig
First a girl (1935) remake anglais en comédie musicale de Victor Seville avec Jessie Matthews et Sonnie Hale, remake qui suivait l’original de très près.
Je suis parfaitement d’accord avec vous, ce film est un chef d’oeuvre,blacke Edwards se permet même de se moquer de son célèbre inspecteur Clousot avec le détective privé au béret.
Néanmoins, comme beaucoup de critiques vous m’énervez avec cette rengaine de comparaison: « l’hilarante blonde-platine braillarde et vulgaire qui semble sortie tout droit d’une bande dessinée… « , la BD vaut mieux que beaucoup de films, allez donc en lire!
Je suis désolé de vous énerver… 😉 mais je crains que ce soit vous qui interprétez cette remarque comme étant négative vis à vis de la BD. La comparaison BD vs film (ou livre) n’est pas à mon avis très passionnante : ce sont des media différents.
En revanche, la BD permet de typer beaucoup plus ses personnages, d’exagérer, d’aller plus loin dans la caricature. C’est dans ce sens que je disais que le personnage de la blonde platine semblait sortie tout droit d’une bande dessinée….
Il existe une quatrième version de cette histoire imaginée par Reinhold Schünzel.
C’est un « remake » allemand en couleurs de la version de 1933, réalisé par Karl Anton et sorti en 1957.
Il est très étonnant d’y voir… Annie Cordy qui reprend le rôle joué autrefois par Paulette Dubost dans « Georges et Georgette », la version française du film de 1933…
Enfin, de 1995 à 1997, Julie Andrews a rejoué cette comédie musicale sur les planches du Marquis Theatre de Broadway…