28 novembre 2012

Le goût du riz au thé vert (1952) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Ochazuke no aji »

Le goût du riz au thé vertMariés depuis plusieurs années, Mokichi et Taeko n’ont plus grand-chose à se dire. Leur nièce Setsuko est en âge de se marier mais refuse le mariage arrangé qui lui est proposé… Film un peu moins connu d’Ozu, Le goût du riz au thé vert nous plonge au sein d’un couple en pleine crise. La jeune fille sur le point de se marier n’est pas ici au centre de l’histoire, elle n’en est que le détonateur par son refus. Une fois de plus, Ozu ne ménage pas ses attaques contre le mariage arrangé, le qualifiant de système féodal. La jeune fille le refuse au grand dam de la génération précédente qui, bien qu’elle en subisse les conséquences dans leurs couples, cherche à le perpétuer. Le couple formé par Mokichi et Taeko est l’un de ces couples, gangréné par l’ennui et l’indifférence, au bord de la rupture. Comme toujours chez Ozu, les caractères sont remarquablement définis, profonds et très proches de nous. Dans Le goût du riz au thé vert, Ozu porte aussi un certain regard sur l’évolution de son pays dont l’occidentalisation se manifeste par petites touches (le base-ball, les courses cyclistes, Jean Marais) alors que les traditions sont toujours vivaces et parfois pesantes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Shin Saburi, Michiyo Kogure, Keiko Tsushima, Koji Tsuruta, Chikage Awashima, Eijirô Yanagi, Kuniko Miyake, Chishû Ryû
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27 novembre 2012

Eté précoce (1951) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Bakushû »
Autre titre français : « Début d’été »

Début d'étéDans une banlieue calme de Tokyo, trois générations de la famille Mamiya vivent sous le même toit. A 28 ans, Noriko est en âge de se marier. Le patron de la jeune femme propose de lui présenter un de ses amis, un beau parti. L’idée séduit la famille et tout particulièrement le frère de Noriko… Tourné deux ans après Printemps tardif, Été précoce se situe au même moment charnière de la vie d’une famille, le mariage de la fille. La situation est toutefois totalement différente car nous sommes ici face à une famille complète (1) qui ne repose pas sur une seule liaison forte (la relation père/fille de Printemps tardif) mais sur un entrelacs de liaisons entre les différents membres de la famille. Ceci permet à Ozu d’introduire de petites histoires qui, toutes ensemble, forgent l’histoire de cette famille. Le nœud central reste toutefois le mariage de la fille et Ozu oppose le mariage arrangé sans amour au mariage désiré. Une fois de plus, son héroïne est une jeune femme qui a une approche plutôt moderne, capable de résister à la pression familiale. Début d'été Sans bousculer les traditions, elle cherche à conserver son libre arbitre et à faire ses choix de vie. Un autre élément fort (et récurrent) introduit par Ozu est cette notion que le bonheur est tout près de nous et qu’il faut avoir la sagesse de savoir le voir. Sur le plan de la forme, on retrouve dans Été précoce tous les éléments qui font le style et le charme des films d’Ozu : régularité du tempo, plan fixes très graphiques, camera au ras du sol, harmonie et douceur.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Setsuko Hara, Chishû Ryû, Chikage Awashima, Kuniko Miyake, Ichirô Sugai, Chieko Higashiyama, Haruko Sugimura, Shûji Sano, Seiji Miyaguchi
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(1) Il faut toutefois noter la mention d’un troisième enfant qui n’est pas revenu de la guerre. Il est porté disparu, l’espoir d’un retour n’existe plus que très faiblement dans l’esprit de la mère. Si cet enfant manquant n’est que brièvement mentionné, Ozu introduit là un élément de fragilité : nous ne somme pas face à une famille idéale et solide mais une famille qui a déjà connu une déchirure, ce qui la rend plus proche de nous.

26 novembre 2012

Printemps tardif (1949) de Yasujirô Ozu

Titre original : « Banshun »
Autre titre français : « La fin du printemps »

La fin du printempsDepuis le décès prématuré de sa mère, la jeune Noriko vit seule avec son père. Elle est heureuse ainsi et n’a aucune envie de se marier, ce qui commence à inquiéter son père et sa tante… Printemps tardif est le premier film de la période la plus célèbre Yasujirô Ozu, période pendant laquelle il tournera plusieurs variantes et plusieurs points de vue d’un même moment de vie, celui de la nécessaire rupture d’une jeune fille avec sa famille lors d’un mariage. Ici, Ozu la met en scène dans sa forme la plus simple, du moins en apparence, celle d’une relation père-fille forte, sans élément extérieur perturbateur. On trouve déjà dans Printemps tardif tous les éléments constitutifs du style d’Ozu que l’on retrouvera dans ses films ultérieurs : longs plans fixe, caméra proche du sol, sobriété du décor et importance des objets, champs-contrechamps rapides. L’histoire est épurée, empreinte d’une grande quiétude et de douceur ; elle se concentre sur les sentiments. Avec son tempo calme et régulier, le cinéma d’Ozu nous offre une certaine définition de la vie et ainsi nous affecte tous. Par leur profondeur et leur équilibre parfait, ses films forment un ensemble harmonieux dans lequel nous avons envie de plonger et de nous immerger. Printemps tardif en est l’un des plus beaux exemples.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chishû Ryû, Setsuko Hara, Yumeji Tsukioka, Haruko Sugimura
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Remarque :
Le jardin zen que contemplent le père et son ami Onodera est le jardin de pierres du monastère zen Ryōan-ji situé dans le Nord-Ouest de Kyōto, construit au XVe siècle et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Remake :
Fin d’Automne (1960) de Yasujirô Ozu.