9 décembre 2007

Les amitiés maléfiques (2006) de Emmanuel Bourdieu

Mes amitiés maléfiquesElle :
Ancien professeur de philosophie et fils de Pierre Bourdieu, Emmanuel Bourdieu a le mérite d’approcher des thèmes peu abordés au cinéma. Il nous plonge avec retenue et authenticité dans le milieu estudiantin, les cours de littérature en amphithéâtre et le milieu littéraire parisien. C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer les questionnements adolescents, les plans échafaudés sur l’avenir, les rêves, les vraies rencontres mais aussi les amitiés perverses, les trahisons, les mauvaises influences d’amis en mal de reconnaissance. Bien que parfois un peu confus, on se laisse emporter par cette frénésie de création qui traverse les personnages.
Note : 3 étoiles

Lui :
Avec Les amitiés maléfiques, Emmanuel Bourdieu se penche sur les relations qui peuvent se nouer au moment de la post-adolescence, ici entre quatre jeunes étudiants à la Sorbonne. L’un d’entre eux, plus charismatique et intransigeant, joue le rôle de leader et influence grandement les trois autres. Les amitiés maléfiques a le mérite de nous plonger dans un univers inhabituel, la façon dont ses personnages se passionnent pour la littérature lui donne même un petit côté XIXe très agréable. Il manque toutefois un peu de flamboyance à son histoire pour nous happer totalement. Très belle prestation de Thibault Vinçon (avec un physique à la Jim Morrison) et de Malik Zidi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Malik Zidi, Thibault Vinçon, Dominique Blanc, Natacha Régnier, Jacques Bonnaffé, Alexandre Steiger, Thomas Blanchard
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26 novembre 2007

Munich (2006) de Steven Spielberg

MunichElle :
(pas vu)

Lui :
Munich relate la mission secrète d’un petit commando du Mossad chargé d’éliminer onze responsables de Septembre Noir après l’attentat aux Jeux Olympiques de Munich en 1972. L’histoire serait donc réelle mais les faits sont invérifiables puisque cette opération n’a officiellement jamais existé. Le déroulement pratique de cette mission est donc en grande partie inventé. Spielberg en fait un long métrage qui paraît extrêmement répétitif, souvent un peu brouillon (ce qui paraît difficilement compréhensible de la part d’un tel cinéaste) et dont le propos de fond qui s’interroge sur la finalité de cette action se retrouve dilué dans un ensemble beaucoup trop disparate. Le film est beaucoup trop long (2h30), a beaucoup trop de personnages et cela n’engendre qu’une grande confusion qui finit par pousser au désintérêt.
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Eric Bana, Daniel Craig, Ciarán Hinds, Mathieu Kassovitz, Michael Lonsdale, Mathieu Amalric, Hiam Abbass
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22 novembre 2007

The Queen (2006) de Stephen Frears

The QueenElle :
Un portrait à la fois caustique et amusant sur la comédie du pouvoir au sein de la famille royale lors de la disparition de la princesse Diana. Stephen Frears nous offre une mise en scène efficace entremêlée d’archives et de scènes étonnantes dans la sphère intime de la Reine Elisabeth et du fraîchement nommé Tony Blair. Il oppose la modernité et la décontraction du premier ministre à la rigidité, l’indifférence et la froideur du couple royal qui préfère aller à la chasse à Balmoral plutôt que de manifester sa présence à Buckingham Palace peu avant les funérailles. Etonnant Tony Blair qui établit une étrange complicité avec la reine. Cette fresque satirique montre le décalage d’une monarchie vieillissante encombrée de protocoles et de préjugés avec la réalité de la société anglaise.
Note : 4 étoiles

Lui :
Sur un sujet qui n’est pas forcément très passionnant quand on n’est pas sujet britannique (la réaction de la famille royale lors de la mort de Diana), Stephen Frears parvient à nous intéresser avec un film bien ficelé. Tout en jouant un peu avec la fascination de pénétrer des sphères de pouvoir, il dresse le portrait d’une famille royale en net décalage avec la vie normale. C’est pour lui l’occasion de placer des dialogues amusants et certaines de leurs réactions semblent vraiment surnaturelles. Passées les premières minutes, où les personnages de la Reine et de Tony Blair paraissent assez peu crédibles, l’interprétation se révèle ensuite assez juste. Sur le fond, tout cela paraît tout de même un peu futile… mais The Queen reste plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Helen Mirren, Michael Sheen, James Cromwell, Alex Jennings
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18 novembre 2007

Jardins en automne (2006) de Otar Iosseliani

Jardin en AutomneElle :
Autour de la dégringolade d’un ministre qui redécouvre le sens de la vraie vie, Otar Iosseliani avec le talent qu’on lui connaît nous offre une série de situations décalées, une pléiade de personnages cocasses pour évoquer la comédie du pouvoir et la quête existentielle de cet homme. Dommage que le rythme soit si lent. Ce défilé de portraits et de scènes saugrenues finit pas lasser. Il manque la petite étincelle fédératrice.
Note : 2 étoiles

Lui :
Un ministre de l’agriculture qui redevient un simple citoyen et doit donc se réinsérer dans la vie de son quartier, voilà la trame qui permet à Otar Iosseliani de donner à Jardins en Automne tout le charme d’une comédie franchement décalée qui joue sur l’absurde et le saugrenu. Toutefois, l’ensemble manque cruellement de structure et de finalité, et finit par nous paraître un peu long. La forme en revanche est intéressante car Otar Iosseliani filme ses saynètes de façon très vivante. Les scènes de ministère sont très bien faites, sorte de ballet quasiment muet, tout en mouvements qui paraissent aussi vains que rituels. A noter Michel Piccoli qui semble bien s’amuser à interpréter une vielle dame à chignon grisonnant.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Séverin Blanchet, Jacynthe Jacquet, Michel Piccoli
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16 novembre 2007

Quand j’étais chanteur (2006) de Xavier Giannoli

Quand j’étais chanteurElle :
(pas vu)

Lui :
Sur le thème de l’amour autant impossible qu’improbable entre un chanteur de bal de province et une jeune trentenaire, Quand j’étais chanteur a bien du mal à éveiller notre intérêt si ce n’est pour le jeu d’acteur de Depardieu qui nous montre une fois de plus qu’il peut tout faire. Sur le fond, quand je vois les bonnes critiques que ce film a reçues, j’avoue avoir un peu de mal à comprendre cette fascination pour ce qui est ringard, cette façon de feindre de l’apprécier avec une condescendance nourrie de la certitude d’être au dessus de tout cela. Bien évidemment, cette histoire se passe en province, la province des thés dansants, des boîtes de nuit à moitié vides où la moyenne d’âge frôle la soixantaine, la province où la seule activité digne de ce nom est de visiter des maisons à vendre… Quand j’étais chanteur témoignerait-il d’une certaine vision toute parisienne de la province? Tout cela ne serait pas très grave si l’histoire était un tant soit peu intéressante, mais ce n’est pas vraiment le cas.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Cécile De France, Mathieu Amalric, Christine Citti
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14 novembre 2007

La couleur du crime (2006) de Joe Roth

Titre original : « Freedomland »

La couleur du crimeElle :
Confus, bruyant, virevoltant, oppressant pour rien, voilà un thriller aux recettes classiques qui semble bien mal mené. (Abandon rapide)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Dans un quartier noir du New Jersey où les rapports étaient déjà tendus, la police enquête de façon brutale sur l’enlèvement d’un jeune garçon blanc. La Couleur du Crime est un film qui se prend presque comme un coup de poing, d’une part du fait de la tension que Joe Roth parvient à mettre dans toutes les scènes de rues où l’on semble toujours être à deux doigts de l’affrontement, et d’autre part par le jeu de Julianne Moore, une mère qui semble totalement instable et dépressive. On a constamment l’impression de marcher au bord du gouffre. Une fois de plus Julianne Moore se jette à fond dans son rôle, lui donne une intensité phénoménale sans jamais surjouer(*). Avec Samuel Jackson, elle hisse le film à un degré qu’il n’aurait pu atteindre seul. Malgré un scénario qui, au final, peut sembler un peu léger et des effets de caméra parfois un peu faciles, La Couleur du Crime a une puissance peu commune, une puissance qui peut même déranger. Est-ce pour cela que le film n’est jamais sorti en salles ?
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Samuel L. Jackson, Edie Falco
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(*) Je n’ose imaginer ce que peut donner ce film en version doublée… Je ne vois pas comment une actrice pourrait arriver à restituer en post-synchronisation l’énergie du jeu de Julianne Moore et garder le même impact.

13 novembre 2007

Water (2005) de Deepa Mehta

WaterElle :
Water a mis cinq ans avant de pouvoir être achevé car il dénonce l’existence en Inde de traditions révoltantes : des petites filles mariées à l’âge de sept ans qui, une fois devenues veuves, étaient bannies et devaient passer le restant de leurs jours dans un ashram. N’ayant reçu aucune éducation, ces femmes ne cherchent pas à remettre en cause leur sort injuste tandis que les brahmanes décrètent par loi qu’ils peuvent coucher avec qui ils veulent et que leurs maîtresses sont bénies des dieux. Deepa Mehta parvient à faire passer avec sensibilité et justesse ce message de révolte dans la réalité de l’Inde coloniale des années 1930 qui tente de marcher vers l’indépendance avec l’arrivée de Gandhi. Elle nous offre également une mise en scène d’une grande beauté. Elle fait un travail photographique splendide sur la lumière et la vie au bord du Gange. L’eau est présente tout au long du film. Le fleuve sert à baigner les morts, à se laver, à se purifier des péchés, à prier. Une fois immergé dans cette réalité très différente de la nôtre, on se laisse gagner par le message d’injustice, par l’émotion et la beauté des images et des personnages. On est bien loin de Bollywood qui nous semble si souvent masquer les véritables facettes de l’Inde en n’offrant que joie et sourires forcés. Seul petit bémol, la scène avec le discours de Gandhi n’est pas très convaincante car très mal amenée.
Note : 5 étoiles

Lui :
Water nous plonge en plein cœur de pratiques particulièrement choquantes qui avaient cours en Inde dans les années 30 et qui auraient encore des restes de nos jours. Qu’une petite fille de 7 ans se retrouve mariée à un homme de plus de 50 ans est déjà à peine imaginable mais qu’elle soit obligée de passer toute sa vie comme une paria de la société une fois devenue veuve est encore plus terrifiant. Les veuves vivent cloîtrées en petits groupes, sans ressources, la plus jolie étant obligée de se prostituer pour que les autres puissent manger. Cette pratique trouve sa justification dans les textes sacrés, écrits il y a plus de 2000 ans. Water a l’immense mérite d’étaler au grand jour ces usages épouvantables et la réalisatrice le fait d’une façon très authentique, réussissant une sorte de symbiose entre film indien et film occidental. La photographie est assez belle ce qui n’empêche pas le film d’être assez dur. On sent poindre le désir de révolte qui trouve écho dans le contexte politique mis ici en toile de fond avec la montée de Gandhi, ce qui n’empêche pas la réalisatrice de montrer les contradictions des personnes qui se disent progressistes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sarala, Lisa Ray, John Abraham
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Note : La réalisatrice a eu toutes les difficultés à réaliser ce film : menaces, plateau saccagé et brûlé, effigies de la réalisatrice brûlées quotidiennement à travers le pays. Après avoir protégé le tournage avec des hommes de troupe, le gouvernement indien a finalement du l’interdire. Il aura fallu un soutien international actif, avec notamment le réalisateur Georges Lucas, pour que le tournage puisse s’achever 5 ans après avoir commencé.

11 novembre 2007

L’homme de sa vie (2006) de Zabou Breitman

L'homme de sa vieElle :
Deux maisons dans la Drôme dans lesquelles résident un couple de vacanciers prénommés Frédéric et Frédérique, et Hugo, un homosexuel rejeté par son père. Suite à une invitation, les deux hommes vont être amenés se confier l’un à l’autre et à remettre en cause leurs certitudes sur l’amour, la vie de couple conventionnelle, la solitude, la perfection, l’imperfection. Frédéric se sent attiré par Hugo et ruine sa relation amoureuse avec sa compagne tandis qu’Hugo fait peu à peu tomber ses résistances pour reprendre contact avec sa famille. Ces confidences ponctuent tout le film que Zabou Breitman jalonne de glissements, de suggestions, de visions très poétiques sur la nature, d’effets visuels fluides pour exprimer le flou du sentiment amoureux et de l’amour filial chez ces trois personnages. Les dialogues sont tout en retenue et le jeu des trois acteurs est très convaincant. Zabou Bretman fait preuve d’un réel talent d’écriture pour mettre en scène de façon fort originale et sensible la vie, ses petits bonheurs, ses doutes et ses fêlures.
Note : 4 étoiles

Lui :
Zabou Breitman sort vraiment des sentiers battus avec L’Homme de sa Vie. Le scénario semble tout d’abord ne vouloir que définir une atmosphère et planter quelques personnages pour les laisser vivre devant nous. Par une succession de plans particulièrement travaillés, aux graphismes doux et très évocateurs, le film nous plonge dans l’univers estival d’un village de la Drôme. Mais peu à peu, presque insidieusement, la trame de l’histoire s’épaissit pour laisser paraître un drame sous-jacent. Charles Berling donne beaucoup d’intensité teintée de mystère à son personnage en parfait contraste avec la simplicité apparente de Bernard Campan. Le film forme un très bel ensemble, parfaitement équilibré avec un déroulement original. Même si l’on peut trouver certaines images un peu faciles, L’Homme de sa Vie montre une indéniable personnalité et paraît franchement remarquable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bernard Campan, Charles Berling, Léa Drucker
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10 novembre 2007

Président (2006) de Lionel Delplanque

PrésidentElle :
Pas grand-chose à dire sur ce portrait de président, à mi-chemin entre Chirac et Sarkozy. Présenté sous forme de thriller caricatural à l’intrigue inintéressante et peu crédible, on décroche assez vite.
Note : 1 étoile

Lui :
On ne croit pas beaucoup à cette histoire mettant en scène un jeune président français impliqué dans une obscure histoire de mise au point d’une nouvelle arme. Dupontel n’est guère crédible en président, pas plus que Jérémie Renier en conseiller. Le scénario est extrêmement conventionnel.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Dupontel, Jérémie Renier, Claude Rich, Mélanie Doutey, Claire Nebout
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5 novembre 2007

Selon Charlie (2006) de Nicole Garcia

Selon CharlieElle :
Abandon, je n’ai pas du tout réussi à m’immiscer dans cet univers que j’ai trouvé bien confus.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Dans Selon Charlie, Nicole Garcia nous invite à suivre plusieurs personnages sans rapport très proche entre eux mais qui se trouvent tous à un moment où leur vie peut basculer, prendre un tournant à la suite d’une décision ou de leurs actes. Ces personnages vont du petit malfrat jusqu’au maire de la ville. La mise en place se révèle laborieuse, la narration saute du coq à l’âne, mais la présence d’une brochette d’acteurs connus permet de s’y retrouver. Toutefois, le film se révèle peu convaincant. L’impression globale est que Nicole Garcia a voulu mettre trop de choses et donc tout est effleuré, survolé ; on ne se sent que peu concerné par ses tranches de vie qui se déroulent devant nous. Selon Charlie ne montre hélas aucune intensité.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon, Benoît Magimel, Benoît Poelvoorde, Minna Haapkylä
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