6 juin 2008

Borat (2006) de Larry Charles

Titre complet : « Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan »

Titre original : « Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan »

”Borat”Elle :
(pas vu)

Lui :
Borat est un (faux) journaliste de télévision du Kazakhstan, un personnage créé par le comique anglais Sacha Baron Cohen. Borat, le film, se présente comme le documentaire de ce journaliste fictif lors d’un voyage aux Etats-Unis. Là où cela se complique, c’est que le film a été tourné en grande partie en « caméra volée », c’est-à-dire que les américains qu’il rencontre pensent avoir affaire à un vrai journaliste kazakh (certains d’entre eux l’auraient d’ailleurs attaqué en justice après la sortie du film). Borat joue le faussement candide, il n’hésite pas à tout bousculer, à piétiner le bon goût et le politiquement correct, tout cela afin de faire ressortir la bêtise et l’antisémitisme pour mieux les ridiculiser : il parvient à faire scander des slogans haineux et guerriers à toute une foule venue assister à un rodéo avant de leur chanter un hymne américain revu à sa sauce… à devenir une attraction lors d’un congrès évangéliste passablement exalté… à faire dire à un vendeur de gros 4×4 à quelle vitesse il faut rouler pour renverser un juif sans abîmer la voiture… Brrr ! Tout n’est pas toutefois aussi frappant, certains passages semblant un peu plus faciles, comme par exemple effrayer les passants en voulant les embrasser ou encore le fait de ne se faire bien accueillir *que* par les minorités. Borat ne ménage pas non plus le Kazakhstan : la présentation de son village natal au début du film vaut son pesant de cacahuètes ; le Kazakhstan a officiellement protesté (on les comprend tout de même). Au final, il est indéniable que Borat a un rôle assez actif dans la dénonciation de la bêtise et de la xénophobie, même si on peut trouver qu’il flirte parfois assez dangereusement avec certaines limites. En tout cas, ses « leçons culturelles » sont un véritable tour de force.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sacha Baron Cohen, Ken Davitian
Voir la fiche du film et la filmographie de Larry Charles sur le site imdb.com.

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Remarque : Le film a démarré sous la direction du réalisateur Todd Phillips. Il a quitté la production après avoir tourné la scène du rodéo, sans doute d’accord sur le fond mais pas sur la forme.

3 juin 2008

J’attends quelqu’un (2007) de Jérôme Bonnell

J'attends quelqu'unElle :
Une petite ville provinciale dans laquelle cinq personnages un peu perdus se frôlent et attendent celui ou celle qui va apporter un plus à leur vie. Un couple en désir de se retrouver et le passage d’un amant, un jeune homme à la recherche de son enfant, un propriétaire de bar amoureux d’une prostituée et cette même femme enceinte qui espère enfin trouver le bonheur grâce à son futur bébé. Ce film subtil est à la fois plein de tendresse et de mélancolie. Les acteurs dont Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos et Eric Caravacca rendent leur personnage attachant et sensible ; ils parviennent à transmettre de purs moments d’émotion et de fantaisie.
Note : 3 étoiles

Lui :
J’attends quelqu’un nous fait pénétrer dans la vie de plusieurs personnages d’une petite ville de province. Les liens entre certains de ces personnages sont assez étroits, d’autres plus ténus et lointains : ils ne feront que se croiser. Plusieurs ont en commun le problème de la solitude. Il ne faut pas toutefois penser que le film de Jérôme Bonnell est triste et austère ; non, le réalisateur porte un regard simple sur ces tranches de vie pour nous faire partager, non sans un certain humour parfois, leurs attentes, leurs hésitations. Ces vies, si elles sont assez différentes au premier abord, montrent certaines résonances entre elles. Les acteurs, Jean-Pierre Darroussin et Emmanuelle Devos en tête, apportent beaucoup d’authenticité par leur jeu assez direct, à la fois simple et complexe.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Darroussin, Emmanuelle Devos, Eric Caravaca, Florence Loiret, Sylvain Dieuaide
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2 juin 2008

The walker (2007) de Paul Schrader

The WalkerElle :
Cette histoire de gigolo qui accompagne les femmes riches et mûres ne m’a guère convaincue. Pour soutenir l’une d’entre elles, ce séducteur à l’accent campagnard et au goût douteux se retrouve mêlé au meurtre de son amant. Paul Shrader nous fait pénétrer dans les arcanes de la haute société américaine de façon un peu futile et rabâchée. L’argent, le sexe, le pouvoir y sont rois. On a l’impression d’avoir vu ce scénario mille fois. A quand des films américains qui nous montrent la vie de gens un peu plus « normaux »…?
Note : 2 étoiles

Lui :
Paul Schrader est un réalisateur qui aime explorer les tabous et leur coexistence avec le rigorisme moral de la société américaine. Son personnage principal est un walker, c’est-à-dire un gigolo mondain, qui va se retrouver impliqué dans une affaire de meurtre au sein de la haute société de Washington. L’intrigue en elle-même apparaît d’abord assez obscure pour aboutir sur bien peu de choses et, après une mise en place assez longue mais parfois amusante, l’on a tendance à s’en désintéresser. Le côté amusant vient du jeu de Woody Harrelson, pris ici à contre-emploi, avec une alliance surprenante entre le comportement précieux et poli de son personnage et un accent du Sud à couper au couteau. Mais cela ne suffit pas pour maintenir l’intérêt et The Walker est un film dont il ne restera que peu de choses dans nos mémoires.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Woody Harrelson, Kristin Scott Thomas, Lauren Bacall, Moritz Bleibtreu, Lily Tomlin
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31 mai 2008

Mon frère se marie (2006) de Jean-Stéphane Bron

Mon frère se marieElle :
Le mariage de Vinh, un jeune vietnamien adopté par une famille suisse lorsqu’il avait sept ans, va donner lieu aux retrouvailles de cette famille éclatée pour sauver les apparences face à la vraie mère de Vinh qui débarque du Vietnam pour la cérémonie. Les rancoeurs et les violences trop longtemps contenues éclatent au grand jour, tout comme certains moments de tendresse qui donnent envie de croire à la réconciliation. On peut passer du rire à l’émotion en un rien de temps. Ce regard sur l’illusion de la famille unie est sans concession.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une famille décomposée est forcée de se recomposer pour un jour pour donner l’impression d’être unie. Jean-Stéphane Bron a réalisé des documentaires avant de tourner ce premier film de fiction et c’est un regard assez extérieur qu’il nous propose de porter sur cette famille. L’histoire, visiblement lourde, de cette famille n’est pas évoquée et on ne peut qu’en observer le résultat, une étude de comportement en quelque sorte. Des personnages qui manquent d’épaisseur et un regard trop extérieur, ce sont les principaux défauts de Mon frère se marie mais le film n’est pas sans qualité : tout d’abord, il en émane une certaine fraîcheur malgré le sujet et aussi une indéniable authenticité. De plus, Jean-Stéphane Bron parvient aussi bien à nous faire rire qu’à nous attrister, ce qui témoigne d’une sensibilité certaine.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Luc Bideau, Aurore Clément, Cyril Troley, Quoc Dung Nguyen, Thanh An, Man Thu
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30 mai 2008

The situation (2006) de Philip Haas

The SituationElle :
Philippe Haas a le mérite de nous plonger en plein cœur du bourbier irakien qu’on nous montre si peu en images. Situations confuses, angoisse et tension permanentes, kidnapping, attentats, bombardements, tortures, factions armées, le paysage de la guerre en Irak est un puzzle complexe difficile à cerner et à maîtriser. Les américains se conduisent en colons détestables et les rebelles irakiens n’hésitent pas à tuer pour parvenir à leurs fins. Dommage que cette jeune femme américaine, tiraillée entre le cœur d’un agent des renseignements de l’armée et celui d’un photographe, fasse davantage mannequin que journaliste de reportage.
Note : 3 étoiles

Lui :
Sans être un grand film sur la situation actuelle en Irak, The Situation a le mérite de nous donner une idée de la confusion qui doit y régner. Une jeune journaliste tente d’enquêter sur la mort de deux jeunes irakiens et a bien du mal à nouer des contacts avec les irakiens. Philip Haas nous présente une force américaine qui agit de façon très militaire sans grande réflexion et des irakiens divisés et opportunistes. Le principal défaut du film réside dans le choix de Connie Nielsen pour interpréter la jeune journaliste : trop propre, trop blonde, elle semble totalement déplacée dans cet univers à tel point que ce doit être un choix volontaire du réalisateur. De la même manière, la relative confusion du récit doit être tout aussi volontaire, et, sans aucun doute, cette façon de mixer les ambiances sonores très fortes qui rend certaines discussions pénibles à écouter. Confusion, malaise, impossibilité de trouver une issue sont les sentiments qui ressortent de The Situation et, en ce sens, le film doit traduire une partie de la réalité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Connie Nielsen, Damian Lewis, Mido Hamada, Driss Roukhe, Nasser Memarzia
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26 mai 2008

H2G2 : Le guide du Voyageur Galactique (2005) de Garth Jennings

Titre original : « The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy »

”H2G2, le guide du voyageur galactique”Elle :
(pas vu)

Lui :
Adapter Le Guide du Routard Galactique au cinéma n’est pas une entreprise facile. Au tout départ, il s’agit d’un feuilleton radiophonique écrit pour la BBC par l’anglais Douglas Adams et ensuite décliné en livre qui eut plusieurs suites. Hitchhicker Guide to the Galaxy (HHGG ou H2G2 pour les intimes) rencontra un grand succès grâce à son humour omniprésent, un humour très anglais nourri d’un mélange d’incongruité et de flegme et servi par une imagination extrêmement fertile. On peut faire un certain parallèle avec le Flying Circus des Monthy Python. Les livres de la série sont tous merveilleusement réussis et très drôles. H2G2, le film, démarre assez bien mais tend à s’empêtrer un peu ensuite, ne parvenant pas à restituer tout le côté farfelu et nonsense du texte original. Garth Jennings a su toutefois ne pas abuser d’effets spéciaux qui auraient trop pris le pas sur le fond : le passage sur les constructeurs de planète est toutefois très réussi et très beau. Du côté des acteurs, Mos Def donne une bonne interprétation de Ford Prefect, parfaitement british surtout dans les premières minutes. H2G2 n’est certes pas franchement convaincant et risque fort de paraître trop décousu aux spectateurs qui ne sont pas familiers avec le livre. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Martin Freeman, Mos Def, Zooey Deschanel, Sam Rockwell, Bill Nighy, John Malkovich
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Précisions : Le feuilleton radiophonique initial fut diffusé sur la BBC en 6 épisodes en mars et avril 1978. Il fut une première fois adapté à l’écran pour la télévision en 1981, The Hitch Hikers Guide to the Galaxy, toujours pour la BBC et toujours en 6 épisodes de 33 minutes. Cette adaptation est bien entendu plus rudimentaire, tourné très rapidement en studio, mais le résultat est certainement supérieur au film de Garth Jennings car une plus grande partie de l’humour de Douglas Adams y semble intact. (on le trouve encore très facilement en DVD)

Le rôle de Humma Kavula, interprété par John Malkovitch, fut ajouté par Douglas Adams lui-même avant sa mort en 2001. Il écrivit ce rôle pour l’acteur.

Les livres : (une « trilogie » en 5 volumes…)
1. Le Guide du Routard Galactique (1979)
2. Le dernier restaurant avant la fin du monde (1980)
3. La vie, l’univers et le reste (1982)
4. Salut, et encore merci pour le poisson (1984)
5. Globalement inoffensive (1992)
A noter qu’un éditeur de guide ayant déposé la marque, l’édition française du premier livre fut renommée par la suite Le routard galactique, puis Sac à dos dans les étoiles , et enfin Le Guide Galactique.

24 mai 2008

Si le vent soulève les sables (2006) de Marion Hänsel

Si le vent soulève les sablesElle :
Ce film adapté du très beau roman de Martin Durin-Valois intitulé Chamelle se veut être un message d’alerte face à la pénurie d’eau qui menace la planète et oblige des peuples à errer sans fin pour survivre. J’ai préféré de loin le roman qui dépeint avec une intensité poignante la longue errance d’une famille nomade à la recherche de l’eau. Certes, cette quête dans le film est dépouillée, brute et douloureuse dans les brûlants déserts de pierre mais il manque les dialogues et pensées intérieures qui assaillent les personnages. Il est parfois bien difficile de remplacer les mots d’un écrivain, même en étant parfaitement en phase avec lui.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans un pays d’Afrique, une famille part chercher de l’eau avec un chameau et un petit troupeau de chèvres. De longues journées de marche dans des régions désertiques les attendent. Si le vent soulève les sables est adapté du roman du français Marc Durin-Vallois, Chamelle, livre par lequel il voulait nous sensibiliser à l’importance de cette ressource essentielle et limitée, l’eau. Le film de Marion Hänsel prolonge sa portée, la cinéaste ayant parfaitement su mettre en place cette atmosphère de dénuement et réflexes de survie sans jamais utiliser de sentimentalisme racoleur ou d’apitoiement facile. Il y a une force certaine dans ses personnages et l’environnement extrêmement aride et inhospitalier ne fait que renforcer ce sentiment. La qualité de la réalisation de Si le vent soulève les sables est patente et sa bande sonore particulièrement remarquable. S’il n’est pas sans défaut, le film a une certaine force d’impact.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isaka Sawadogo , Carole Karemera
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21 mai 2008

Mon fils à moi (2006) de Martial Fougeron

Mon fils à moiElle :
Ce premier long métrage sur un amour maternel dévorant et destructeur est une grande réussite. La mise en scène est sobre et bouleversante ; elle se penche essentiellement sur les regards et les silences puisque la communication semble bannie au sein de cette famille qui se disloque. Nathalie Baye incarne une mère glaciale, autoritaire et tyrannique qui, au nom d’un amour ambigu pour son fils, le dévore et le détruit. L’amour fait peu à peu place à la haine car cette femme ne supporte pas de voir son fils devenir autonome au moment de l’adolescence, elle veut le garder tout entier pour elle. Pour y parvenir, elle le séquestre, le bat, lui ôte toute parcelle de liberté sans que son mari incarné par Olivier Gourmet ne s’indigne et ne réagisse.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, Mon fils à moi, Martial Fougeron réussit à créer une forte tension dans cette histoire de mère ultra possessive envers son enfant de 13 ans, sans toutefois dramatiser à outrance une situation qui nous met presque un peu mal à l’aise en tant que spectateur. Nathalie Baye se dévoile assez étonnante dans ce rôle à contre-pied de son image habituelle. Froide et autoritaire, elle passe rapidement d’une connivence ambiguë avec son fils à une attitude obsessionnelle et destructrice. Elle nous apparaît alors assez effrayante. Egalement à contre emploi, Olivier Gourmet est ici totalement effacé… Martial Fougeron a su trouver le bon équilibre et le ton juste : Mon fils à moi a une indéniable force sans user de spectaculaire. Un drame ordinaire pourrait-on dire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Victor Sévaux, Olivier Gourmet, Marie Kremer, Emmanuelle Riva
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18 mai 2008

Le candidat (2007) de Niels Arestrup

Le CandidatElle :
Je n’ai absolument pas été convaincue par l’intérêt de ce film, censé démonter les arcanes de la préparation d’un homme politique à une élection présidentielle. Je l’ai trouvé plat, vide et ennuyeux à l’image de ce candidat président incarné par un Yvan Attal guère crédible. Le milieu grand bourgeois de ces hommes de pouvoir vivant dans un château et roulant dans des Jaguar rutilantes n’est pas très plausible non plus. L’ensemble est trop caricatural.
Note : 2 étoiles

Lui :
Passant pour la première fois derrière la caméra, le comédien Niels Arestrup n’a visiblement pas cherché la vraisemblance avec Le Candidat : Yvon Attal n’est pas crédible une seule seconde dans le rôle d’un homme politique, pas plus que ne le sont ses conseillers proches et l’environnement très grand bourgeois apparaît même décalé. C’est plutôt l’homme en lui-même qui semble l’avoir intéressé, un candidat à l’élection présidentielle en proie à de profonds doutes sur lui-même et sa crédibilité, justement. Le problème est, qu’à part abuser de regards fuyants et de fronts bas, Yvan Attal ne donne aucune dimension à son personnage et dès lors Le Candidat n’évoque plus qu’une pâle, et un peu vide, variation sur le pouvoir de l’image.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yvan Attal, Niels Arestrup, Clotilde de Bayser, Maurice Bénichou
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Remarque : Niels Arestrup a su habilement éviter tout rapprochement entre ses personnages et des hommes politiques existants, même si Yvan Attal a déclaré avoir rencontré François Hollande et que le personnage joué par Niels Arestrup peut évoquer Lionel Jospin dans nos esprits (quoique son train de vie et son geste à la fin, franchement grotesque, du film l’en éloigne…).

15 mai 2008

Le direktor (2006) de Lars von Trier

Titre original : « Direktøren for det hele »

Le direktorElle :
(pas vu)

Lui :
Dès les premières minutes, Le Direktor surprend, il peut même dérouter, mais assez rapidement tout se met en place : le directeur d’une petite société informatique danoise a l’habitude de faire endosser toutes ses décisions désagréables par un « grand directeur » fictif. Voulant vendre la société, il se voit obligé d’engager un acteur pour jouer le rôle de ce grand directeur. L’acteur va prendre son rôle très au sérieux… On peut bien entendu voir en Le Direktor une critique du monde du travail mais elle n’est présente qu’en fond de trame : contre toute attente, le film de Lars von Trier est avant tout une comédie car le réalisateur se concentre surtout sur les rapports humains, s’amusant à les faire évoluer parfois même de façon un peu caricaturale. L’acteur est obligé de (re)composer son personnage et de naviguer à vue, ce qui occasionne des situations amusantes, et le regard que les membres du staff porte sur lui change parfois rapidement. Ce style de mise en situation donne un recul considérable sur ce petit microcosme d’une dizaine de personnes. L’humour est omniprésent dans Le Direktor, Lars von Trier semblant vouloir s’amuser de tout, y compris de lui-même (il fait même dire à un de ses personnages : « Tu n’as pas écouté, ou alors c’est comme dans un film du Dogme, on n’entend pas bien »). Son homme d’affaires islandais est particulièrement haut en couleur (les islandais ne portent pas les danois dans leur cœur, l’Islande ayant été longtemps sous domination danoise). Sur le plan de la forme, Le Direktor comporte une originalité de taille : tous les plans ont été décidés par un ordinateur auquel il avait fourni un certain nombre de règles. Sautes fréquentes et cadrages parfois hasardeux sont une conséquence visible du procédé qui semble surtout relever de l’exercice de style. Mais cela n’empêche pas Le Direktor d’être une comédie particulièrement savoureuse et très réussie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jens Albinus, Peter Gantzler, Iben Hjejle, Mia Lyhne
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