9 janvier 2005

La folle ingénue (1946) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Cluny Brown »

La folle ingénueElle :
C’est en épicurien que Lubitsch donne un bon coup de pied dans les conventions de la haute société anglaise. Il pourfend les travers, la rigidité et l’hypocrisie de cette bourgeoisie en choisissant comme personnages Charles Boyer en philosophe jouisseur de la vie et Jennifer Jones en servante ingénue et experte en plomberie. Il bouscule les codes sociaux, remet en cause la condition de la femme avec humour et satisfaction. On a droit à une suite de quiproquos bien enlevés qui ont dû choquer les âmes bien pensantes de l’après-guerre.
Note : 4 étoiles

La folle ingénueLui :
Cette comédie de Lubitsch est assez piquante envers les moeurs coincées de la société anglaise de l’entre deux guerres, principalement sur le plan du rapport entre les personnes de niveau différent dans l’échelle sociale. Lubitsch utilise une fois de plus l’humour, en exagérant et en forçant le trait, pour attaquer certains piliers de notre civilisation. Charles Boyer est particulièrement à l’aise dans ce personnage d’anticonformiste amoureux. Un film amusant et plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Boyer, Jennifer Jones
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6 janvier 2005

The Station Agent (2003) de Thomas McCarthy

Autre titre (Canada) : Le chef de gare

Station agentElle :
Ce film d’auteur est un petit bijou d’humour, de tendresse et d’amitié entre trois paumés de l’Amérique actuelle et profonde. Joe, un vendeur ambulant gaffeur, Olivia, une femme blessée par le deuil de son fils, et Fin le nain qui regarde passer les trains devant la gare dont il vient d’hériter, se rencontrent et s’attirent de par leur solitude respective. Ils s’apprivoisent, déambulent sur la voie ferrée et regardent passer la vie. Ce film original est drôle et ne tombe pas dans la compassion malsaine. Le réalisateur est parvenu à créer des personnages attachants et hors du commun. A recommander chaudement.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le film est bâti sur trois personnages, le personnage principal étant un homme nain passionné de trains qui rencontre une femme et un homme, qui tout comme lui ont un peu du mal à trouver leurs marques. Ce qui est assez remarquable, c’est que Thomas McCarthy parvient à bâtir un film intéressant avec fort peu de choses, seulement en montrant la relation à la fois banale et extraordinaire qui s’établit entre ces 3 personnages qui finissent par être très attachants. Un film tout en délicatesse et avec une bonne dose d’humour.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Dinklage, Bobby Cannavale, Patricia Clarkson
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4 janvier 2005

Self control (2003) de Peter Segal

Titre original : Anger management

Anger managementElle :
Abandon. Ce film n’est pas du tout amusant ni intéressant un tant soit peu. Jack Nicholson qui semble s’acheminer de plus en plus vers des rôles de comédie, ne parvient pas à relever le défi. Quant à Adam Sandler que l’on a vu dans Punch Drunk Love, il est inexistant.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Après une mise en place un peu poussive, le film prend bien son rythme de croisière et enchaîne différentes situations assez amusantes de cet homme forcé à soigner un tempérament coléreux qu’il n’a pas. C’est amusant, à prendre au second degré (du moins faut-il l’espérer… !) et Nicholson se donne à fond pour rendre son personnage de docteur… pittoresque. Belle brochette d’acteurs dans les rôles de second plan. On rit franchement et l’ensemble est bien dosé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Adam Sandler
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30 décembre 2004

The Soul of a Man (2003) de Wim Wenders

Soul of a manElle :
Pas très convaincant ce film de Wim Wenders sur le blues. On suit assez chaotiquement le parcours de trois grands bluesmen (Blind Willy Johnson, Skip James et J.B. Lenoir, un quasi-inconnu sur lequel Wenders s’attarde trop longuement). Les images d’archives se mêlent à des parties scénarisées. C’est assez déroutant. Le film est entrecoupé brutalement de séquences avec des musiciens contemporains qui interprètent les morceaux originaux de blues. Cela n’apporte pas grand-chose si ce n’est qu’on assiste au massacre des morceaux… par Lou Reed, Beck, Nick Cave, Lucinda Williams et d’autres groupes moins connus. J’aurai préféré de loin voir un vrai documentaire sur le blues commenté par de vrais musiciens.
Note : 2 étoiles

Lui :
Win Wenders a choisi de nous présenter deux bluesmen qui l’ont marqué : Skip James, à la carrière si courte en 1931 et redécouvert 30 ans plus tard, et le méconnu J.B. Lenoir, cité dans une chanson de John Mayall. Wenders utilise des acteurs pour la partie années 30, avec de images traitées de telle sorte que l’on ne sait pas très bien au début si ce sont des images réelles ou pas. La reconstitution est bien faite et vraiment crédible. Ce qui est moins intéressant, c’est d’entrecouper tout le film par les reprises des mêmes morceaux par des groupes actuels. Ceci dit, cela a sans doute un côté « éducatif » et rend le film plus « tous publics ». La partie sur J.B. Lenoir est un peu longue, mais l’ensemble est tout de même assez bien fait et intéressant.
Note : 3 étoiles

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28 décembre 2004

S.O.B. (1981) de Blake Edwards

S.O.B. Elle :
Je n’accroche vraiment pas à l’humour de Blake Edwards. L’intrigue est poussive et les gags tombent à plat. Mis à part le mort sur la plage que le chien tente en vain de faire remarquer aux plagistes, il n’y a rien d’amusant.
Note : pas d'étoiles

Lui :
C’est une satire assez féroce du monde hollywoodien que Blake Edwards nous offre avec ce film bourré de situations toutes plus grotesques les unes que les autres et doté d’une belle galerie de portraits de gens cupides et sans talent. Dans S.O.B., tout le monde passe sur le grill, Blake Edwards n’épargne personne, même pas Julie Andrews, sa femme, mais bien évidemment il réserve ses flèches les plus affûtées pour les studios et les journalistes. A ce sujet, on peut dire qu’il n’hésite pas à scier la branche sur laquelle il est assis… En tout cas, il parvient bien à tenir l’humour à un niveau élevé et toujours renouvelé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Andrews, William Holden, Marisa Berenson, Robert Vaughn
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Remarque :
Blake Edwards s’est inspiré de ses propres déboires avec les studios hollywoodiens, notamment lors de la réalisation de Darling Lili (1970) et de Deux hommes dans l’Ouest (Wild Rovers) (1971)

21 décembre 2004

Elephant (2003) de Gus Van Sant

ElephantElle :
Le drame de la tuerie du lycée de Columbine est évoqué de manière originale sans violence et hémoglobine. Gus Van Sant place le spectateur en observateur de la journée de ces deux jeunes meurtriers avec des allers et retours dans le temps, des ralentis, plusieurs angles de vue du même évènement. L’atmosphère sonore composée de bruits de fond métalliques est oppressante. Les effets visuels flous et saturés rendent l’ambiance cotonneuse et irréelle. Enfin, les longues déambulations de ces lycéens sans passion dans les couloirs du lycée accentuent l’effet de bocal. Cependant, la forme a tendance à occulter le contenu d’où une sensation d’ennui. Puisque d’emblée, on connaît l’issue du drame, le réalisateur a un peu de mal à remplir ce qui a précédé.
Note : 2 étoiles

Lui :
Elephant de Gus Van Sant est surtout intéressant par sa forme : éclatement total de la notion du temps qui semble s’éffilocher, repartir constamment en arrière et surtout une caméra extrêmement douce (choix particulièrement original vu le sujet) et fluide, des plans où l’on suit les personnages marchant dans les couloirs interminables de leur lycée, plans presque hypnotiques. Il parvient bien à faire monter la tension très graduellement. Par contre, côté scénario et contenu, on peut certes passer sur le fait que Van Sant ne veuille pas tenter de donner une explication et qu’il préfère montrer des tranches de vie de ces adolescents, mais il est frustrant que la mise en place de ses personnages n’aboutissent sur rien et nous donne un certain sentiment de vacuité et finalement de déception.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Robinson, Alex Frost
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20 décembre 2004

Hi, Mom! (1970) de Brian De Palma

Hi, Mom!Elle :
Une curiosité expérimentale de Brian de Palma avec Robert de Niro qui fait déjà des débuts brillants à l’écran. C’est sous la forme d’un film réalisé caméra à l’épaule pour simuler le reportage pris sur le vif que le réalisateur fait une satire déjantée et brouillonne de l’Amérique. C’est au travers d’un Jon Rubin rêvant de réaliser des films, qu’il brasse les problèmes de société du début des années 70 (intégration des noirs, libération sexuelle, guerre du Vietnam). Jon filme les gens à leur insu, se trouve aux côtés du Black Power pour faire vivre à des blancs la situation de noirs, se lance dans la guérilla urbaine. L’ensemble est novateur et plein d’humour mais néanmoins un peu trop frappé.
Note : 3 étoiles

Lui :
Film happening assez étonnant, assez inutile aussi même s’il comporte quelques éléments assez intéressants. Le jeune De Niro donne beaucoup de vitalité au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert De Niro
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14 décembre 2004

Le Chevalier des Sables (1965) de Vincente Minnelli

Titre original : The Sandpiper

The SandpiperElle :
Une histoire d’amour improbable et scandaleuse entre un pasteur et une jeune femme athée, telle est la trame que nous propose Vincente Minelli avec le couple mythique Richard Burton et Elisabeth Taylor. On assiste à cette rencontre fascinante dans deux milieux très différents, la bonne société bourgeoise contre une bande de hippies un peu ridicules. Puis, c’est la culpabilité judéo-chrétienne qui reprend le dessus, le constat de la faiblesse des sentiments humains et enfin la rupture finale. Tout ceci se passe sur une magnifique plage non loin de Monterey avec de beaux couchers de soleil et une étrange maison de bois qui surplombe la plage. Quarante ans plus tard, le film donne l’impression d’avoir utilisé trop de clichés faciles et les thèmes qu’il aborde ont bien vieilli.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dès les premières minutes de ce Chevalier des Sables, on sent que le film va être bourré de thèmes et de bonnes intentions type années 60-70 et rapidement on nage en pleins poncifs qui ne manquent pas de nous faire sourire 40 ans plus tard. Il reste néanmoins la mise en scène de Minelli, très picturale, avec une très belle photographie. Elisabeth Taylor n’est pas très convaincante et semble plus intéressée à minauder devant la caméra qu’à interpréter son personnage.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Elizabeth Taylor, Richard Burton
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Anecdotes sur le tournage
(prises dans l’autobiographie de Vicente Minelli « Tous en scène » (1974)) :
– Pour échapper aux impôts, le couple Taylor/Burton ne pouvait travailler longtemps aux Etats-Unis et le film fut donc en partie tourné en France, aux studios de Boulogne-Billancourt.
– Originellement Richard Burton devait lui-même mettre en scène ce scénario inspiré d’une nouvelle de Martin Ransonhoff, lui-même producteur du film. Minelli précise : « Au départ je n’aimais pas le scénario. (…) Mais l’enthousiasme des Burton eut raison de mes réticences. Je voulais travailler avec eux ».

13 décembre 2004

In the Soup (1992) de Alexandre Rockwell

In the SoupElle :
In the Soup fut une bonne surprise,  un film d’auteur autobiographique dans lequel son personnage est incarné par le talentueux Steve Buscemi. Il rêve de tourner un film et tombe sur Joe, un papy cavaleur et généreux, qui veut produire son film. C’est l’univers de la débrouille, des paumés avec ses moments de bonheur et de peine. C’est avec beaucoup d’humour que le réalisateur brosse le portrait loufoque d’une galerie de personnages attachants. Malgré quelques petites longueurs, on partage avec eux ces moments de grâce et d’émotion. Du beau noir et blanc un peu dans le style de Cassavetes ou Jim Jarmush qui y joue un second rôle.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bonne surprise que ce film délicatement déjanté d’Alexandre Rockwell, merveilleusement interprété par Steve Buscemi et un Seymour Cassel déchaîné qui dégage une vitalité extraordinaire. Le scénario est bourré de surprises constantes, de situations inhabituelles et surprenantes. Beaucoup d’humour, à tous les étages, que ce soit dans les personnages (une sacré galerie de portraits…) ou dans les évènements. Pas banal et assez jubilatoire.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Steve Buscemi, Seymour Cassel, Jennifer Beals
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8 décembre 2004

Frida (2002) de Julie Taymor

FridaElle :
Cette biographie filmée de Frida Khalo, une artiste mexicaine cassée par la souffrance de son corps brisé à la suite d’un accident et de ses échecs amoureux est attachante et poignante. Cette histoire vraie adaptée du roman de Hayden Herrera retrace le parcours chaotique et exemplaire de cette femme pleine d’énergie et de volonté. Les joies alternent avec les désillusions, la douleur et enfin une sorte de renaissance par la peinture où elle exprime intensément ce qu’elle vit de l’intérieur. Elle devient même l’amant de Trotsky réfugié au Mexique. Les images et les couleurs sont belles, la caméra est fluide et une magnifique musique mexicaine enveloppe tout le film. Une bonne surprise.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il y a beaucoup d’énergie dans ce film basé sur l’histoire de cette femme peintre mexicain, il y a notamment toute l’énergie que met Salma Hayek à interpréter ce rôle, beaucoup de vie, de lumière aussi, une camera mobile mais fluide et une très belle photographie. Au final, c’est un film assez prenant, qui sait faire passer des émotions fortes avec en prime quelques petites excentricités cinématographiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Salma Hayek
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Voir aussi : le site officiel de Frida Khalo