Titre original : « Tonari no Totoro »
Deux fillettes viennent s’installer avec leur père dans une petite maison à la campagne afin de se rapprocher de leur mère soignée dans un hôpital. Proche de la maison, une forêt avec de grands arbres très anciens va être une source de découvertes vraiment étonnantes pour les fillettes… Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, au début de sa carrière, Mon voisin Totoro est un joli conte qui pourra être autant apprécié par un enfant de cinq ans que par un adulte. Le thème général est l’amour de la famille et l’harmonie avec la nature. Miyazaki réussit à mêler habilement la vie quotidienne avec un monde magique et féérique. La première analogie qui vient à l’esprit est bien entendu avec Alice au pays des merveilles. L’animation est parfaite. Le comportement des fillettes est vraiment très réaliste et les êtres magiques sont très originaux… et particulièrement attachants. De l’ensemble se dégagent une douceur et une harmonie que l’on ne peut trouver dans les productions américaines ; notons qu’il n’y a pas de « méchants ». Autre différence, il n’y a pas ces multiples références et clins d’œil à la culture populaire. A la place, il y a une histoire pleine de vie et de féérie qui nous illumine et nous charme.
Elle: –
Lui :
Acteurs:
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Remarques :
* Totoro est devenue la mascotte des studios Ghibli et même leur logo.
* Le nom Totoro, donnée par la fillette à son gros ami à poils, est une mauvaise prononciation de sa part du mot « troll » (qui se prononce to-ro-ru en japonais).
* Mon voisin Totoro n’a eu qu’un succès limité à sa sortie au Japon. Il lui a fallu deux années pour vraiment se faire connaitre. Il a connu depuis un succès planétaire.
* L’histoire est en partie autobiographique puisque la mère de Hayao Miyazaki, qui souffrait de la tuberculose, a été longuement hospitalisée quand il était jeune. Le nom de la maladie n’est jamais prononcé dans le film.
L’une des scènes de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki qui évoquent le plus Alice au pays des merveilles.
Ah, tiens, je suis étonné de ne pas voir 5 étoiles ici (pour moi, presque tous les Miyazaki les méritent, notamment celui-là, tant il touche à la perfection sur le plan du rythme, de la poésie, du graphisme, etc.).
À vos analyses (je partage notamment l’incroyable réalisme du comportement et des attitudes des fillettes, notamment la plus petite), j’ajoute le côté absolument « illogique » des Totoro, qui cassent les codes des « animaux mignons » (et qui en ont même, finalement, inventé d’autres, tant ce film a marqué des générations d’auteurs).
Et surtout, j’ajoute que ce film nous fait toucher à une dimension du Japon rarement perçue en Occident, celle du Japon rural (point commun avec The taste of tea, autre ovni qui pourrait presque être un film d’animation). C’est vrai dans d’autres films de Miyazaki, mais il s’agit de films atemporels, oniriques ou clairement situés dans le passé. Ici, c’est la vie de tous les jours (enfin, avec quelques êtres magiques…), dans la campagne japonaise de la fin du XXe siècle.
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NB : Il me semble que le nom « Totoro » vient de la mauvaise prononciation par la plus petite fillette du mot « Troll ». C’est un détail qui mériterait d’être indiqué dans les notes, puisqu’il est toujours intéressant de comprendre un titre. Et cela illustre bien en quoi ce film « retourne » les codes : ces êtres magiques étaient censés être inquiétants, des trolls, et se révèlent être mignons et positifs (bien que parfois troublants). En subvertissant le mot, la gamine subvertit les peurs, et transforme des êtres censément néfastes en compagnons enchanteurs : c’est presque une profession de foi !, et cela éclaire le sens du film.
Je suis tout à fait d’accord avec vous… et vous raison de dire que l’explication du mot Totoro mérite d’être donnée. Je l’ai ajoutée.
D’accord avec Jacques C. C’est un chef-d’oeuvre qui mérite largement ses cinq étoiles, d’une poésie et d’une tendresse infinies. Comme souvent chez Miyazaki, ce qui est bluffant, c’est la finesse de l’analyse psychologique. Tout ce que font ces petites filles est crédible et atteint une vérité humaine qui dépasse l’argument de départ du film. Ce réalisme psychologique, si rare dans un dessin animé, et qui distingue Miyazaki entre tous s’oppose chez lui au monde du rêve et des esprits de la tradition shintoïste japonaise.