Truman Burbank est un vendeur d’assurances dans une petite ville calme située sur une île. Il mène une vie tranquille mais il a parfois la sensation d’être observé… Même si c’est probablement plus difficile aujourd’hui qu’à sa sortie, regarder The Truman Show sans rien savoir du fond de l’histoire est une expérience unique car Peter Weir ne dévoile que peu à peu ses cartes et la surprise est de taille. Donc, si vous avez l’intention de voir le film et ne connaissez pas le fond du propos, arrêtez la lecture la lecture de commentaire ici et ne lisez rien d’autre (car une seule phrase suffit pour le déflorer)………. Heureusement, The Truman Show garde tout son intérêt quand on en connaît déjà le thème. Le scénario d’Andrew Niccol est particulièrement brillant et le déroulement d’une perfection rare. Le film est souvent présenté comme une critique de la télé-réalité et du pouvoir de l’image. Il l’est, bien entendu, mais ce n’est pas l’essentiel car le propos va beaucoup plus loin que cela. Version moderne du mythe de la caverne de Platon, il explore les concepts philosophiques de réalité et d’existence : ce que nous percevons comme étant la réalité est-elle la même pour tous ? La réalité existe-t-elle en dehors de la conscience que nous en avons ? Quelle relation entre réalité et perception ? La réalité n’est-elle qu’une illusion ? Les personnes que nous rencontrons partagent-elles « notre réalité » lorsqu’elles sont hors de notre champ de perception ? Etc. Dans le cas de Truman, répondre à ces questions nous emmène très loin ! Et en prime, le film aborde la notion de constitution d’une existence, la relation entre sécurité et emprisonnement (on peut penser à Huxley) et même la notion de Dieu (le réalisateur). Beaucoup de réflexions en gestation… Mais The Truman Show peut se regarder aussi s’apprécier plus directement : parfaitement réalisé, il présente un bel équilibre, il nous amuse et nous intrigue. S’écartant quelque peu de son image foldingue, Jim Carrey fait une très belle prestation.
Elle:
Lui :
Acteurs: Jim Carrey, Laura Linney, Noah Emmerich, Natascha McElhone, Ed Harris
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Weir sur le site IMDB.
Voir les autres films de Peter Weir chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Peter Weir…
Jim Carrey dans The Truman Show de Peter Weir (photo publicitaire).
La devise sur la double arche « Unus pro omnibus, omnes pro uno » est celle du show, traduction en latin du « Un pour tous, tous pour un » des Trois Mousquetaires.
La ville de Seaheaven Island dans The Truman Show de Peter Weir (en réalité, c’est la ville de Seaside en Floride : voir la maison de Truman dans Google Street)
Remarques :
* Le musicien que l’on voit jouer en direct au clavier dans le studio n’est autre que Philip Glass.
* Les scènes face au miroir ont été improvisées par Jim Carrey.
* Andrew Niccol s’est certainement inspiré de la littérature de science-fiction qui a exploré le thème des réalités-illusion. Citons par exemple Le Temps désarticulé (1959) de Philip K. Dick mais aussi Simulacres (1964) toujours de Dick ou encore Simulacon 3 (1964) de Daniel F. Galouye (livre qui a inspiré Matrix, film qui a en commun avec The Truman Show l’exploration du concept de réalité).