Un jeune livreur de vins embauché de fraîche date ne ménage pas sa peine au travail. Son père, qui a travaillé pendant 30 ans dans une usine, décide un beau jour de ne plus aller pointer… Bof… Anatomie d’un livreur est le deuxième film de Claude Faraldo, juste avant Themroc, son film le plus connu. Il en a écrit le scénario. Le film est parfois qualifié « d’anarchisant » ce qui est un raccourci facile. Il témoigne plutôt d’un désir que l’on pouvait ressentir à cette époque de refuser d’intégrer les modèles sociaux préétablis et d’aspirer à l’amour libre, sans tabou, et à la vie en communauté. Le plus surprenant dans le film de Faraldo est que l’élément-moteur est, non pas le jeune fils, mais le père presque quinquagénaire, un ouvrier sage qui juge soudain sa vie trop morne et décide d’en changer radicalement. Avec le recul, on regarde tout cela avec bienveillance et nostalgie. Inévitablement, les idées paraissent aujourd’hui empreintes d’une certaine naïveté, parfois maladroite. On remarquera aussi que le fond reste passablement machiste. Très photogénique, le jeune Julian Negulesco (aucun lien avec Jean Negulesco) a une très belle présence. Bof… Anatomie d’un livreur est un film qui témoigne joliment des aspirations de son époque.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Marie Dubois, Julian Negulesco, Paul Crauchet, Marie-Hélène Breillat
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Faraldo sur le site IMDB.
Voir les autres films de Claude Faraldo chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Julian Negulesco n’a aucun lien avec le réalisateur (américain d’origine roumaine) Jean Negulesco.
* Marie-Hélène Breillat (la jeune femme qui rejoint le groupe) est la soeur de Catherine Breillat.
* L’explication de la présence du terme « Bof » dans titre n’est pas vraiment apparente. Ne pas confondre avec le terme « Bof génération » qui est un concept un peu fourre-tout apparu à la fin des années soixante dix pour désigner une génération désabusée et apolitique.
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merci
Je n’ai pas revu ce Bof depuis une bonne trentaine d’années mais en garde un souvenir agréable. Indiscutablement dans la mouvance de mai 68 et des idéaux beatniko- hippiesques, le film se distingue quand même par sa douce singularité. Pas de grandes idées, mais plutôt une famille de sympathiques flemmards, prosélytes d’un farniente au quotidien. Contrairement à des cinéastes soi-disants « engagés » et dont la charge politique apparait aujourd’hui lourde et dépassée ( pas de noms ! ), avec Faraldo on se laisse glisser dans ses envies et dans la vie sans complications de ceux qui préferent l’oreiller aux pavés ( pas si évident à l’époque de la contestation des années 70′ ! ).
Le film est trés bien servi par ce cher Paul Crauchet et le jeune Julian Negulesco ( dans mon souvenir une scène hyper marrante : le fils quittant le domicile paternel, les deux acteurs se disent au revoir en se tapant sur l’épaule, dans le dos , se donnant un air viril pour cacher leur émotion ). Aussi de trés émoustillantess petites pointes d’érotisme ( la craquante Marie Dubois montrant sa petite culotte au livreur dans une vitrine ).
Claude Faraldo n’a fait qu’une petite, mais tres personnelle carrière de réalisateur. Outre Themrock, son opus le plus connu et évoqué dans le blog, j’aimerais citer aussi le peu banal » deux lions au soleil », dans lequel Sentier et Stevenin sont eux aussi en rupture de conformisme avec la bienveillance du réalisateur .
Et un dernier point sur ce Bof…A l’heure ou pas mal de gens rêvent de trouver un boulot ou tremblent de perdre le leur , c’est plutôt libérateur de voir cette fine équipe partir se baguenauder sans états d’ame !