Quatre jeunes femmes, vendeuses dans un magasin d’appareils électriques, cherchent l’amour et occupent leurs soirées en espérant que quelque chose se passe… Quatrième film de Claude Chabrol, Les bonnes femmes a été très mal accueilli à sa sortie, aussi bien par la critique que par le public. Aujourd’hui, quelque cinquante ans plus tard, le recul nous en donne une image très différente. Etant donné que Chabrol observe et décrit sans porter de jugement, son film a maintenant des vertus documentaires sur l’état d’esprit de cette époque ; une vision certes partielle mais intéressante. Paradoxalement, alors que nous avons aujourd’hui une idée plutôt joyeuse, presqu’idyllique des années soixante, il nous présente une vision très désenchantée : ces jeunes femmes recherchent essentiellement l’Amour mais leurs aspirations ne pourront être que déçues, elles ne trouveront que la mesquinerie ou même pire. La noirceur du propos culmine dans la scène finale qui semble montrer que tout cela sera sans fin. Même si la vitalité de Bernadette Lafont et de ses consoeurs apporte une certaine joyeuseté et écarte toute austérité, le fond n’en est pas moins très sombre. Le style, bien entendu très Nouvelle vague, donne l’impression d’images prises sur le vif.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Bernadette Lafont, Clotilde Joano, Stéphane Audran, Lucile Saint-Simon, Pierre Bertin, Claude Berri, Mario David
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VIVE LES BONNES FEMMES !
Là, il se passe quelque chose de rare dans le cinéma français. Une ambiance étonnante imprègne ces «Bonnes Femmes» qui nous rappelle les premiers «parlants» de Jean Renoir, «La Chienne», « Une partie de campagne », «Boudu» et «Le crime de Mr Lange» où le «réel» s’égare dans une brume de poésie. Alors que, parfois, le «temps cinéma» s’étire -la scène de la piscine par exemple- au détriment du récit naturaliste. On peut ajouter la scène de la soirée de music hall, filmée dans le magnifique et disparu Concert Pacra du Boulevard Beaumarchais. C’est digne d’une séquence fellinienne. Il faut voir Dominique Zardi en chef d’orchestre jazzy de retour d’une « tournée triomphale aux Etats Unis » et Stéphane Audran en pale ersatz de Dalida ou Gloria Lasso !
Mais on pourrait également songer au John Cassavetes de «Husbands» ou au Jaques Rozier de «Du côté d’Orouet», mais en beaucoup moins «risqué», et donc en moins abouti.
Voilà une galerie de personnages insolites, à la limite de la caricature, émergeant d’un banal quotidien. Le personnel féminin et son directeur d’un magasin d’électro ménager, deux dragueurs minables en goguette, un bidasse amoureux en perm’, un fiancé coincé par papa et maman et un mystérieux «homme à la moto» s’entrecroisent, se suivent et se découvrent dans un périmètre parisien délimité (Quartier Bastille, Bd Beaumarchais, Jardin des Plantes).
Déjà dans le «Beau Serge» (1959) son premier film, Chabrol recourait à un village creusois par installer son huis clos. D’ailleurs, s’évader comprend des risques. L’une (épatante Stéphane Audran) se fait chanteuse en cachette des autres qui finissent par découvrir la passion cachée. Puis une autre (troublante Clotilde Joano) s’exile temporairement, et en moto, dans la campagne francilienne, afin de vivre son rêve ! Ce qui fera sa perte. Cela se termine par un meurtre, perpétré par celui qui semblait le plus humain parmi la galerie. Et c’est sans doute pourquoi le film s’arrête là et que le polar ne démarre pas.
On dit que Chabrol aimait beaucoup ses « Bonnes Femmes »Bernadette Laffont, Stéphane Audran, Clotilde Joano). Il confiait que la première heure du film demeurait ce qu’il avait fait de mieux. Nous pensons comme lui. Car jamais, dans sa si prolifique et malgré tout, brillante carrière, il n’est parvenu à nous émouvoir de la sorte.
A revoir, aujourd’hui, cette oeuvre sans suite, on constate que le vieux Monsieur Belin (Pierre Bertin super cabotin !) ressemble furieusement (physique, mimiques, regard tendu et intonations compris) au Claude Chabrol des dernières années !
Merci pour cette vision sur ce film de Chabrol.
Top ce commentaire M. Ivani! Et merci aussi à Lui 😉