7 janvier 2014

Mémoires de nos pères (2006) de Clint Eastwood

Titre original : « Flags of Our Fathers »

Mémoires de nos pèresMémoires de nos pères nous raconte l’histoire des hommes présents sur une photographie devenue iconique, celle de six soldats dressant le premier drapeau américain sur sol japonais, le 23 février 1945 sur l’île d’Iwo Jima. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de James Bardley, lui-même fils de l’un des Marines de la photographie. Le film nous parle avant tout des hommes et peut se lire sur plusieurs niveaux : il y a d’abord les événements eux-mêmes lors de l’une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale, ensuite la façon dont les trois soldats survivants ont été ensuite utilisés pour la plus grande campagne de War Bonds (collecte de fonds) et enfin les traumatismes que laissent ces événements chez les survivants. Le film de Clint Eastwood a ainsi une portée plus large qu’attendu ; il n’a rien d’un film patriotique classique. Certes il rend hommage (comment pourrait-il en être autrement) mais aussi il nous questionne sur la guerre, les marques qu’elle laisse et la façon dont elle hante les survivants par cette culpabilité d’en être sorti vivant alors que tant d’autres auraient mérité de survivre. En outre, le film aborde la question de la discrimination envers les amérindiens. Mémoires de nos pères a été suivi par Lettres d’Iwo Jiwa, sorti la même année, dans lequel Clint Eastwood nous montre les mêmes évènements vécus depuis le camp japonais.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ryan Phillippe, Jesse Bradford, Adam Beach, Jamie Bell, Paul Walker
Voir la fiche du film et la filmographie de Clint Eastwood sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Clint Eastwood chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* La célèbre photographie a été prise par de Joe Rosenthal, alors photographe de l’Associated Press.
* A sa sortie, Mémoires de nos pères fut l’objet d’une polémique sur le fait que Clint Eastwood aurait pris le parti d’ignorer le rôle des soldats afro-américains dans la bataille d’Iwo Jima. Il est vrai, qu’assez étrangement, on ne voit aucun soldat de couleur.
* L’histoire du soldat amérindien Ira Hayes et de sa dépression est racontée dans la chanson écrite en 1964 par Peter LaFarge The Ballad of Ira Hayes et reprise par Johnny Cash et aussi par Bob Dylan (chutes de l’album Self Portrait), et en France par Hugues Aufray.

Autre film sur la bataille d’Iwo Jima :
Iwo Jima (Sands of Iwo Jima) d’Allan Dwan (1949) avec John Wayne.

3 réflexions sur « Mémoires de nos pères (2006) de Clint Eastwood »

  1. D’accord avec votre commentaire. Mémoires de nos pères reste également une remarquable réflexion sur le rôle de l’image, de la presse (la TV c’est pour un peu plus tard) et de la communication/pub dans la fabrique et dans l’écriture même de l’Histoire, et que nous subissons, désormais, comme une véritable exploitation. Nous sommes pas loin de La Société du spectacle. Sacré vieux Clint !

  2. Oui, tout à fait. Eastwood montre bien le décalage ressenti par ces soldats quand ils reviennent dans la vie normale. L’enfer qu’ils ont vécu devient un spectacle pour que cet enfer puisse continuer (ou cesser). Cette notion de mise en spectacle rejoint notre époque puisque la bataille d’Iwo Jiwa a été intégrée dans plusieurs jeux vidéo…

  3. Ah ! Je ne savais pas (Iwo Jiwa et les jeux vidéos) merci pour l’info, cela confirme bien nos propos. Curieusement, si on peut dire, la « vision » japonaise de cette horrible bataille est appréhendée à travers des lettres de soldats et de leurs familles, soi l’envers de la vision US, ultra médiatisée par l’image et les discours. Je ne sais plus qui a dit, l’Histoire est toujours écrite par les vainqueurs….

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