En 1566, à l’époque des guerres de religion sous la régence de Catherine de Médicis, Marie de Mezières aime depuis toujours Henri de Guise mais son père la contraint d’épouser le jeune et fade Prince de Montpensier. Lorsque son mari est appelé à la guerre, la princesse reste au château avec son précepteur, le comte de Chabannes… La princesse de Montpensier est une nouvelle de Madame de Lafayette sur la passion amoureuse que Bertrand Tavernier, grand féru d’Histoire, adapte ici brillamment. Il signe un film d’un grand classicisme, très beau, littéraire, mais aussi palpitant au gré de l’ardeur des sentiments, parfois haletant. Il y a beaucoup de fougue, avec un désir qui semble vouloir jaillir, exploser de toutes parts. Les dialogues sont remarquablement bien écrits, ils coulent joliment. A côté des belles prestations de Mélanie Thierry et de Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet a un jeu plus fade mais c’est aussi son personnage qui veut cela. Les seconds rôles sont tous très bien tenus. La photographie est superbe exploitant magnifiquement des décors naturels de certains châteaux (1). Bertrand Tavernier montre que le film dit « à costumes » peut être moderne, enlevé, brillant.
Elle:
Lui :
Acteurs: Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz, Judith Chemla, Philippe Magnan
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Tavernier sur le site IMDB.
Voir les autres films de Bertrand Tavernier chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Le plan final, un plan moyen de Mélanie Thierry sur fond de neige, est de toute beauté.
* Tous les personnages sont historiques sauf, semble t-il, le comte de Chabannes qui aurait été imaginé par Madame de Lafayette.
(1) Lieux de tournage :
* Château du Plessis-Bourré, Écuillé (Maine-et-Loire) : le château entouré d’eau du Marquis de Mézières où vit Marie au début du film.
* Abbaye de Noirlac (Cher) : scène avec le Cardinal de Lorraine.
* Château de Messilhac, Raulhac (Cantal) : censé être le château de Champigny-sur-Veude, la demeure des Montpensier
* Château de Blois (Loir-et-Cher) : la cour censée être celle du Louvre, lors du duel entre Montpensier et De Guise.
* Palais Jacques-Cœur, Bourges (Cher)
* Rues de Chinon (Indre-et-Loire) : massacre de la Saint-Barthélemy.
* Château de Meillant (Cher) : le château censé être Blois tout à la fin, où s’entraine Henri de Guise.
Ah ! Je suis content de vous voir saluer la beauté de ce film, que j’avais moi aussi apprécié au moment de sa sortie en salles. Bertrand Tavernier est tout de même l’un de nos grands cinéastes !
Puisque vous parlez des dialogues, je souligne la contribution essentielle de M. Jean Cosmos, qui n’en est d’ailleurs pas à sa première collaboration avec le réalisateur. Sans être LE film parfait, il se dégage tout de même de ce long-métrage une belle émotion… et une sympathique leçon d’histoire.
Je suis assez surpris par vos commentaires sur ce film de Tavernier que j’avais découvert lors de sa projection en compétition à Cannes. Certes Tavernier est un bon réalisateur, qui oscille entre grands films et films presque râtés mais là que dire devant cette oeuvre qui fait penser à un TVfilm de France Télévisions. Manque d’émotion, académisme bon teint, jeu assez faux de la plupart des acteurs, manque de souffle épique… Vous évoquez le verbe « palpiter », sans doute de manière excessive selon moi, n’ayant éprouvé qu’ennui devant cette « Princesse de Montpensier » bien fade !
Je viens de m’acheter une télé pour trois fois rien sur le site d’annonces gratuites paruvendu.fr et samedi dernier avec des amis on s’est fait une soirée films. On a choisi de voir La Princesse de Montpensier et j’ai trouvé le film vraiment bien. Je ne l’avais pas vu avant, bien que ce soit sorti en 2010, mais j’aime bien tout ce qui tourne autour du 16ème siècle.
Fi de toute méchanceté, je ne peux m’empêcher de penser que le seul film vraiment réussi de Bertrand Tavernier – et il en a réalisé beaucoup – est « Un dimanche à la campagne ». Je crois d’ailleurs me souvenir que cette oeuvre lui avait valu le prix de la mise en scène à Cannes. Je ne pense pas me tromper. Il y a là-dedans quelques acteurs formidables (Louis Ducreux, Michel Aumont…), une mélancolie poignante, quelque part entre le Renoir d' »Une partie de campagne » (tiens…) et les films d’Ozu. La narration en voix off, due à Tavernier lui-même, y est utilisée à bon escient. Pour moi, qui ne prise pas beaucoup la cinématographie de ses autres longs métrages, c’est dans ce film-là que se trouvent les plus beaux mouvements d’appareil de toute son oeuvre. Il y a notamment de magnifiques travellings qui donnent à sentir l’âme de cette demeure, du jardin alentour, la douceur et la douleur d’exister, la fragilité du bonheur et la difficulté de créer, le caractère éphémère de toutes choses et la beauté de ce monde. Ce film-là devrait suffire à faire exister le nom de Tavernier. Lequel est par ailleurs l’un des cinéphiles les plus passionnants de l’hexagone. Merci aux animateurs de ce blog.