Titre original : « The Major and the minor »
Lui :
Lasse de repousser les avances des clients, la jeune employée d’un institut de soins capillaires de New York décide de rentrer dans son village natal. N’ayant pas assez d’argent pour son ticket de train, elle se déguise en fillette de 12 ans pour payer demi-tarif. Pour fuir les contrôleurs soupçonneux, elle se réfugie dans le compartiment d’un militaire-instructeur, en route vers un collège militaire de 300 élèves-officiers… Avant Uniformes et jupon court, Billy Wilder est surtout un scénariste avec de nombreuses réussites à son actif. Pour sa première réalisation américaine (1), Billy Wilder écrit un scénario assez impertinent, une histoire complètement farfelue qui va jouer bien près des limites. On se demande encore comment une telle histoire a pu passer la censure (2). Un adulte très troublé par une fillette de 12 ans (c’est du moins ainsi qu’il la voit)… une adulte qui se retrouve courtisée par une floppée d’adolescents très polis… voilà de quoi envoyer dix fois le film à la trappe, que ce soit à l’époque ou, plus encore, aujourd’hui. Certes, à aucun moment, Ginger Rogers (30 ans au moment du tournage tout de même) n’a vraiment l’apparence d’une fillette de 12 ans : elle reste une adulte déguisée en fillette et c’est d’ailleurs là le principal ressort de l’humour et de l’ambiguïté. Et l’humour fait passer beaucoup de choses… Uniformes et Jupon court n’est pas un grand Billy Wilder sur le plan de la réalisation, sa force est surtout du côté de son scénario et de son rythme. On rit franchement et très souvent, on ne s’ennuie jamais. Plusieurs scènes sont des petites merveilles d’humour, le clou étant probablement celle où Ray Milland, embarrassé et troublé, s’est mis en tête d’expliquer les « choses de la vie » à une « fillette de 12 ans » qui n’a qu’une envie : défaire ses nattes et se jeter à son cou.
Note :
Acteurs: Ginger Rogers, Ray Milland, Rita Johnson
Voir la fiche du film et la filmographie de Billy Wilder sur le site IMDB.
Voir les autres films de Billy Wilder chroniqués sur ce blog…
(1) Billy Wilder avait précédemment coréalisé un film avec Alexander Esway durant son escale parisienne en 1934, juste après avoir fui l’Allemagne nazie : Mauvaise Graine avec notamment une jeune actrice de 17 ans, Danielle Darrieux.
(2) Billy Wilder a déclaré (bien) plus tard : « Les censeurs n’ont rien remarqué, nous sommes passés au travers de la censure avec des situations à connotations sexuelles bien plus ambigües que Lolita ». C’est effectivement étonnant. Rien que le jeu de mots sur le titre (= Le major et la mineure) aurait du réveiller les instincts coupeurs.
Curiosité :
Le rôle de la mère de Ginger Rogers dans le film est interprété par la propre mère de Ginger Rogers, Lela Rogers. Ce sera son seul rôle au cinéma.
Je n’ai qu’un mot à dire pour résumer ma pensée: miam !
J’adore Billy Wilder ! Je ne connaissais pas du tout celui-là, mais vous me donnez très envie de le dénicher ! L’histoire personnelle de Wilder que vous évoquez en ajoute encore: son premier film réalisé à Hollywood, c’est quelque chose… et tant mieux si ça a pu passer les fourches de censeurs sans dégât.
C’est quand même toujours étonnant de voir que les cinéastes s’amusent alors que l’Europe (et même les USA, dans le cas précis), sont en guerre.
Billy Wilder était très concerné par ce qui se passait en Allemagne et en Europe. Sa famille était restée sur place. Il aurait été impossible pour lui de se voir confier un « film sérieux ».
Déjà, il avait été un peu difficile de convaincre la Paramount de le le laisser réaliser un film. Heureusement, Preston Sturges (autre scénariste) avait peu avant convaincu les studios de le laisser réaliser un film et cela avait été un succès. Donc les studios étaient plus disposés à tenter l’aventure avec Billy Wilder.
Scenario repris plusieurs fois depuis. Entre autres par un inénarrable duo: Dean MArtin et Jerry Lewis dans « Un pitre au pensionnat » (You’re never too young). Je vous laisse apprécier les ambiguités.
Billy Wilder restera l’un des cinéastes les plus personnels et les plus marquants des années 40-60. Chacun de ses films a été un évenement riche en trouvailles scenaristiques et de mise en scène et jusqu’à la dernière scène de son dernier film (Un, deux ,trois!).
Un pitre au pensionnat est (à ma connaissance) la seule reprise au cinéma de la pièce de Edward Childs Carpenter qui a servi de base au scénario de Billy Wilder. J’ai d’ailleurs hésité à le mentionner en remake et je ne l’ai pas mis car le résultat est très différent, non seulement parce que la situation est inversée (faux gamin de 12 ans dans un collège de jeunes filles) et parce que le film de Jerry Lewis est beaucoup plus sage, il joue sur un tout autre registre (le titre est explicite).