Titre original : « Body Heat »
Lui :
Agé d’à peine plus de trente ans, Lawrence Kasdan parvient à un degré de perfection franchement inhabituel pour un premier film (1). La Fièvre au Corps met en scène une histoire de manipulation et de femme fatale qui évoque les meilleurs films noirs des années quarante, on pense à Le facteur sonne toujours deux fois ou surtout à Assurance sur la mort, mais l’histoire de Kasdan va encore plus loin dans le machiavélisme avec notamment un twist final qui nous laisse pantois. La mise en place et le déroulement du scénario font preuve d’une grande rigueur qui approche la perfection. La Fièvre au Corps est aussi un film audacieux, tout d’abord par sa sensualité torride qui frôle l’érotisme et que Kasdan montre avec beaucoup de style, se situant là encore dans la droite ligne des films noirs. Il est audacieux aussi par le choix des acteurs : c’est le premier rôle pour Kathleen Turner qui montre une grande force dans son jeu avec une bonne dose de mystère et qui forme un couple vraiment électrique avec William Hurt qui a enfin ici un rôle de premier plan. Ils donnent beaucoup de crédibilité au film. La musique de John Barry contribue elle aussi à créer un climat très fort. Envoûtant et original, La Fièvre au Corps est une réussite sur toute la ligne. Avec le recul, on mesure mieux à quel point il ne peut se comparer qu’aux très grands films noirs, qui sont souvent ses aînés de trente ou quarante ans.
Note :
Acteurs: William Hurt, Kathleen Turner, Richard Crenna, Ted Danson, J.A. Preston, Mickey Rourke
Voir la fiche du film et la filmographie de Lawrence Kasdan sur le site IMDB.
(1) Lawrence Kasdan n’était toutefois pas un débutant en tant que scénariste : il avait précédemment signé les scénarii de Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Star Wars l’Empire contre-attaque (c’est d’ailleurs George Lucas qui a anonymement produit son film).
Après avoir lu votre billet, ça donne envie de regarder ce film que je n’ai jamais vu.
Merci.
Merci de parler de ce film que j’adore, et qui est effectivement de la qualité des classiques du film noir que vous citez. Dans le genre, vous pourriez aussi parler de « Last seduction » (John Dahl, 1994) avec Linda Fiorentino. Ce dernier serait plutôt le pendant du « facteur sonne toujours deux fois », alors que « Body Heat » lorgne plus du côté de « assurance sur la mort » de Billy Wilder. Mais avec une touche de sexe beaucoup moins suggérée (époque oblige) que chez Wilder (aaaaaah Kathleen Turner et sa voix, son regard…).
Le film est effectivement excellent mais il est bien triste de voir comment depuis ce long-métrage, Miss Turner a connu une descente aux enfers physique comme on n’en voit pas souvent…
Oui, Kathleen Turner, c’est la Lauren Bacall des années 80…
Même style de voix…
Même style tout court…
C’est effectivement malheureux qu’elle ait été tant touchée par la maladie.
Un de mes films préférés, avec « Assurance sur la Mort » qui l’a inspiré. C’est une réussite totale et K. Turner interprète l’une des plus fieffées garces du cinéma.
Mickey Rourke y débute dans un second rôle.
Allez, pour équilibrer le concert de louanges : le film dans sa forme (acteurs aritificiels, musique de John Barry digne des pires Bonds, photographie marqué d’optiques floues…) a épouvantablement vieilli, plus que Double Indemnity par exemple, qui est antérieur de 30 ans… vraiment marqué par le début des années 80, ce qui n’est pas la meilleure période du cinéma américain.
Ceci ne retire rien au fond, au scénario… mais quel ennui quand même pendant la première demi-heure… la version française est pitoyable, ce qui n’est pas une surprise.
Les versions françaises sont _toujours_ pitoyables… :-))
… mais c’est vrai que cela doit être particulièrement net ici car la voix de Kathleen Turner est si particulière.
Apprécié le film. Un bémol pour la musique, un brin trop sirupeuse et envahissante.