Elle :
Un homme et une femme sont à la dérive en plein désert californien pour faire du repérage photographique. Ambiance de road movie avec ses bars, ses motels, ses stations-service et ses grands espaces désertiques. Mis à part des scènes de sexe assez crus, le temps s’écoule très lentement sans qu’il arrive quelque chose de notoire. La routine du quotidien prend le dessus : manger, dormir, faire l’amour, rouler. C’est une parenthèse hors du temps dans laquelle Bruno Dumont ausculte un couple dans ses rapports de domination de l’un par rapport à l’autre en tentant de faire monter l’angoisse dans ce no man’s land sans fin. Cet homme et cette femme passent de la plus grande des jouissances à la pire des violences et douleurs. L’amour et la haine se catapultent, les ego s’entrechoquent entre masculin et féminin. La deuxième partie est longue et confuse. Le réalisateur préfère laisser le spectateur démêler les fils de son histoire qui se termine violemment. C’est assez frustrant ; on reste sur sa faim et on trouve l’exercice un peu vain.
Note :
Lui :
Dans 29 Palms, Bruno Dumont n’a visiblement aucune intention narrative. Le film est une errance d’un photographe et de son amie dans les déserts du sud de la Californie. Il est difficile de dire que nous les observons puisqu’ils ne parlent pas beaucoup et qu’il ne passe que peu de choses durant les ¾ du film, à part des accouplements un peu primitifs et quelques disputes. Partant d’un environnement neutre, l’atmosphère devient un peu plus inquiétante et oppressante mais les transitions sont brutales, laissant le spectateur sans explication à ces changements inopinés. La fin est quant à elle dramatique et brutale, laissant libre cours à une certaine bestialité. L’image et le son sont globalement très bruts, à tel point qu’une scène de nuit comporte même le bruit lancinant de la machinerie de l’équipe de cinéma (cela donne l’impression d’avoir enfilé un générateur électrique comme sac à dos). 29 Palms est à mes yeux plus à voir comme un film assez expérimental ; cela a sans doute permis à Bruno Dumont de faire ensuite des films assez puissants comme Flandres.
Note :
Acteurs: Yekaterina Golubeva, David Wissak
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Dumont sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Bruno Dumont chroniqués sur ce blog…
Ah me voilà parti pour dissonner un peu… Je garde un souvenir vraiment très intense de ce film. Je n’ai pas rassemblé mon courage assez vite à l’époque pour le revoir en salle, tant la fin m’avait violemment heurté, fin que je ne conteste pas du tout, au contraire, elle s’était parfaitement inscrite à mes yeux dans le déroulé de cette tragédie. Et outre la violence profonde des enjeux, jusqu’à son explosion, son « actualisation », je me souviens aussi de plans que je trouvais très beaux… Il me faut décidément le revoir !
C’est vrai qu’il y a quelques beaux plans, notamment sur les corps ou dans la piscine. Quand je disais que l’image était assez « brute », je voulais dire « non retravaillée », cela ne voulait pas dire « peu avenante ». En revanche, le son, lui, n’est vraiment pas très avenant et même un peu pénible parfois…. 😉
Ample et troublant, non-peuplé de larges panoramiques où ne vivent que les silhouettes nues des deux amants, TwentyNine Palms pourrait n’être qu’un ixième roadmovie dans les déserts, leurs silences et cette étrange et persistante impression de claustrophobie. Bruno Dumont nous ballade au gré des poussières soulevées par les roues d’un 4×4, au gré des râles amoureux du couple, des traversées de villages perdus et des regards entraperçus de leurs citoyens.
Couple improbable de deux étrangers qui n’ont pour langue commune que leurs corps et le lieu de leur errance, David et Katia…
Mais à quoi bon en dire plus ? plongez-vous dans les lents panoramiques, goûtez au contraste entre la roche sèche et les peaux dénudées, sentez l’impatience vous gagner… parce que vous saurez qu’il n’y aura pas de happy end, parce que l’incommunicabilité est la plaie des humains, parce que l’isolement et la peur de l’étrangeR conduisent à l’épouvantable.
Parce que cette anecdote si silencieuse qui pourrait être si tendre et simplement inquiète se termine par un des plus intenses hurlements d’horreur que le cinéma ait jamais porté à vos tympans.
No issue.