Elle :
Grosse déception pour l’adaptation du roman de Dickens par Polanski. Certes on reconnaît la patte du metteur en scène dans la truculence des personnages mais je trouve qu’elle ne convient pas à cette histoire. On a l’impression que Polanski s’est concentré davantage sur la reconstitution que j’ai trouvée académique, trop propre, trop caricaturale, un brin disneyenne. Un ennui profond m’a gagné et je n’ai éprouvé aucune émotion face au parcours douloureux de cet enfant. J’ai de beaucoup préféré l’adaptation de David Lean.
Note :
Lui :
Dans cette adaptation d’ « Oliver Twist », Polanski n’arrive à faire passer aucune émotion et c’est bien là son plus gros problème. Est-ce du à son jeune héros, qui semble totalement passif, ou aux décors un peu factices, reconstitués minutieusement et filmés avec force filtres ? Polanski force le trait, caricature inutilement ses personnages pour leur donner des trognes. En tout cas, personne ne pourra reprocher à Ben Kingsley de ne pas s’être donné dans son interprétation de Fagin… Il en fait même beaucoup trop ! Assez rapidement, on s’ennuie un peu et on est pressé d’en finir. Cette adaptation sans émotion et aux images un peu trop léchées n’a pas la force de la version de David Lean que nous avions revue quelques temps auparavant.
Note :
Acteurs: Ben Kingsley, Jamie Foreman, Leanne Rowe, Barney Clark
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…
oui, on tombe un peu dans le musée Grevin. Moi j’ai joué le rôle du bon public en me rappelant les joies de ma lecture…
comprend rien du film
le livre est full fu*é
je katche pas est-ce sike le frère d’oliver
ou leeford ou bill
est-ce que leeford/bill sont LA même personne??
pas mieux
super
Bonjour, et merci pour votre site très agréable. Mais exceptionnellement je prends la plume… car je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur ce grand film plus mystérieux qu’il n’y paraît, et injustement méprisé! Je n’ai pas vu le film de David Lean mais le film de Roman Polanski m’a paru d’une grande cruauté et surtout, contrairement à vous, profondément affectif et émouvant. C’est vrai que les décors sont très soignés et qu’on est dans un « film pour enfants » (comme le film de Lean, j’imagine) et c’est vrai aussi que le personnage d’Oliver y est assez passif (un peu comme dans le roman, en tout cas), mais ces éléments participent à mon avis d’une composition très forte (et pas éloignée de « Tess » qui adaptait aussi un roman « naturaliste » anglais d’une façon faussement glacée): les images soignées représentent ainsi avec une sorte d’ironie morbide leur inverse, un monde de misère noire, entre réalisme et fantasmes contemporains, et la passivité relative d’Oliver est le révélateur d’un certain « déterminisme » (jamais écrasant) comme surtout de la détresse de tout son entourage – un peu comme « l’agneau du sacrifice », à ceci près qu’à la fin l’agneau est sauvé mais que tout son entourage chute (à l’exception de son bienfaiteur final). En enlevant le happy-end familial du roman avec une vraie intelligence historique, Polanski signe ainsi une sorte de « tragédie pour enfants » qui n’a rien à voir avec Disney mais s’approche au plus proche des ambivalences de Dickens, dans un film peut-être « académique » en apparence mais néanmoins vraiment original. Enfin, la séquence finale est à la fois d’une « ironie » terrible (au sens tragique du terme) et surtout incroyablement émouvante (en tout cas pour moi… et pour ma jeune nièce aussi!), car Oliver ne se rend compte que trop tard de l’affection étrange qui le liait à son « protecteur-persécuteur », en un lien vraiment complexe, à la fois très pur et presque pervers, passionnant. Ce n’est d’ailleurs pas éloigné de la fin sublime de « La nuit du chasseur » de Charles Laughton, lorsque le jeune garçon va pleurer sur le corps de celui qui voulait sa mort… Pour finir cet éloge, il me semble que c’est pour Polanski un film peut-être très personnel, comme s’il était porteur d’un « secret mélancolique » qu’il transmet avec son étrangeté habituelle: en effet, pas si éloigné non plus du « Pianiste » (autre beau personnage passif et persécuté dans la tourmente et la misère du monde), « Oliver Twist » pourrait composer avec cet autre film une sorte de diptyque recomposant en deux faces-films une part tragique de son enfance (à laquelle il donne ainsi une valeur universelle): une initiation cruelle et sauvage parmi une bande d’enfants voleurs, perdus dans le ghetto de Varsovie… Ce secret mélancolique pourrait d’ailleurs se résumer à un moment précis du film, vers la fin, avant la déchirante scène finale: Oliver sauvé et « embourgeoisé », soudain bien habillé, « académique », est en train de lire dans un jardin soigné un beau livre relié qui pourrait bien s’appeler… « Oliver Twist »; c’est alors que ses protecteurs l’appellent; lui ferme alors son livre avec son air songeur habituel, et une femme bienveillante lui demande doucement: « Mais pourquoi as-tu l’air si triste, Oliver…? ». Derrière son livre d’images, ce film est un chef d’oeuvre mélancolique.
Merci bien pour ce commentaire.
Votre approche est très intéressante.