3 janvier 2010

Le meilleur des mondes possible (1973) de Lindsay Anderson

Titre original : « O Lucky Man! »

Le meilleur des mondes possibleLui :
Le meilleur des mondes possible peut être vu comme une suite au très remarqué If… : après avoir traité du monde des collèges, Lindsay Anderson aborde cette fois l’étape suivante puisque son personnage principal, toujours interprété par Malcolm McDowell (1), est maintenant un jeune homme plein d’entrain et d’ambition qui se lance dans la vie active. C’est un peu une version moderne du Candide (le titre français reprend d’ailleurs une phrase de ce conte philosophique de Voltaire) car le jeune Mike va se heurter aux dessous du commerce, au nucléaire, au contre-espionnage, à la recherche médicale, à l’armée, au capitalisme international, à la justice, à l’Eglise, à la pauvreté, etc… Le film est ainsi une sorte d’épopée, O Lucky Man! un parcours semé d’obstacles que notre Candide va surmonter avec un optimisme inébranlable qui lui donne un certain détachement ; il est pourtant très malmené et ne s’en sort pas toujours sans dommage, loin de là. Le meilleur des mondes possible met en relief les dessous et travers de notre société, dans lesquels brutalité et corruption reviennent souvent comme une constante. L’humour est aussi très présent. Certaines scènes sont assez surréalistes et peuvent évoquer l’approche d’un Luis Bunuel. Le film est original sous bien d’autres aspects : il est ponctué de morceaux chanté par Alan Price (ex-Animals), certains acteurs jouent plusieurs rôles successifs. Lindsay Anderson termine son film par une pirouette, un peu énigmatique (2). Durant presque trois heures, le film ne montre aucune longueur. Le Meilleur de mondes possible est un film vraiment remarquable, pas vraiment daté car son propos reste, somme toute, assez actuel.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, Ralph Richardson, Rachel Roberts, Arthur Lowe, Helen Mirren
Voir la fiche du film et la filmographie de Lindsay Anderson sur le site IMDB.

Remarque :
* L’adjectif possible est bien au singulier dans le titre français, ce qui laisse supposer qu’il s’applique à « meilleur ». La formulation n’est pas très heureuse.

(1) Entre If… et Le meilleur des mondes possible, Malcolm McDowell a joué dans Orange Mécanique, rôle qui lui a certes donné une notoriété mondiale mais qui le cantonnera, pour de nombreuses années, dans les rôles de psychopathe.
Le meilleur des mondes possible est en partie basé sur une histoire autobiographique écrite par McDowell : avant de devenir acteur, Malcolm McDowell fut effectivement vendeur de café.
(2) (Ne lisez pas cette petite note si vous avez l’intention de voir prochainement le film) C’est une fin que l’on peut interpréter de plusieurs façons : cherchant à se faire accepter lors d’un casting, le jeune Mike refuse de sourire et reçoit un coup de script sur la tête par le metteur en scène (joué par Lindsay Anderson lui-même) : il regarde ensuite la caméra comme s’il venait de s’éveiller à la conscience…

2 janvier 2010

2010, l’année du premier contact (1984) de Peter Hyams

Titre original : « 2010 » ou « 2010 – Odyssey two »

2010 - L'année du premier contactLui :
Mettre en scène une suite à 2001, Odyssée de l’espace n’était pas chose facile. Dans cette adaptation du roman d’Arthur Clarke, Peter Hyams s’est particulièrement impliqué : il en est le producteur, a écrit le scénario et l’a réalisé. Une mission russo-américaine va étudier le vaisseau Discovery abandonné près de Jupiter pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Il s’agit donc d’une vraie suite. Les deux films ne sont pas comparables : 2001 est un film onirique et atemporel alors que 2010 est plus classique et donc plus daté. Vouloir comparer les deux films amène forcément à porter un jugement négatif sur 2010 ; il ne le mérite pas car c’est un film fort bien fait et qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit des livres d’Arthur C. Clarke. L’histoire est assez forte, même si l’on peut trouver le fond de guerre froide un peu trop présent, et les situations mises en images excitent l’imagination. Vu en 2010, alors que le cinéma de science-fiction n’est plus qu’un support à effets spéciaux, le film de Peter Hyams paraît s’inscrire dans la vraie science-fiction, celle qui sait s’épanouir dans la littérature avant de garnir nos écrans et qui n’a pas besoin de budget pharaonique. 2010 Odyssée deux est donc une suite plus qu’honorable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Roy Scheider, John Lithgow, Helen Mirren, Bob Balaban, Keir Dullea
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Hyams sur le site IMDB.

Remarques :
– Arthur C. Clarke fait une apparition : devant la maison blanche, l’homme sur le côté qui donne à manger aux pigeons. D’autre part, sur la couverture du magazine Times qui montre les deux grands dirigeants face à face, c’est en fait Arthur C. Clarke et Stanley Kubrick qui se font face…!
– Arthur Clarke a aussi écrit 2061 Odyssée Trois (en 1987), livre qui m’a paru moins intéressant que les deux premiers.
– On le sait maintenant : les prédictions de 2001 et de 2010 étaient passablement optimistes. Mettre sur pied un voyage vers Jupiter ne sera sans doute pas possible avant un bon siècle.

31 décembre 2009

Sommaire de décembre 2009

La conquête de l'OuestThe RailrodderCampusMonte là-dessus!Cadet d'eau douceLe dernier roundClockwiseJerry la grande gueule

La conquête de l’Ouest

(1962) de Henry Hathaway, John Ford
et George Marshall

The Railrodder 

(1965) de Gerald Potterton

Campus

(1927) de Buster Keaton et James W. Horne

Monte là-dessus!

(1923) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Cadet d’eau douce

(1928) de Buster Keaton et Charles Reisner

Le dernier round

(1926) de Buster Keaton

Clockwise

(1986) de Christopher Morahan

Jerry la grande gueule

(1967) de Jerry Lewis

Ma vache et moiFrigo capitaine au long coursLes temps modernesMalec champion de tirL'ennemi public n°1L'instinct de mortUn vrai cinglé de cinémaLe mécano de la « General

Ma vache et moi

(1925) de Buster Keaton

Frigo capitaine au long cours

(1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Les temps modernes

(1936) de Charles Chaplin

Malec champion de tir

(1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

L’ennemi public n°1

(2008) de Jean-François Richet

Mesrine : L’instinct de mort

(2008) de Jean-François Richet

Un vrai cinglé de cinéma

(1956) de Frank Tashlin

Le mécano de la « General »

(1927) de Buster Keaton et Clyde Bruckman

La voisine de MalecCharlot, chef de rayonLes lumières de la villeLe cirqueLa ruée vers l'orLe vagabondVoyage au ParadisL'avare

La voisine de Malec

(1920) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Charlot, chef de rayon

(1916) de Charles Chaplin

Les lumières de la ville

(1931) de Charles Chaplin

Le cirque

(1928) de Charles Chaplin

La ruée vers l’or

(1925) de Charles Chaplin

Le vagabond

(1915) de Charles Chaplin

Voyage au Paradis

(1921) de Fred C. Newmeyer

L’avare (TV)

(2007) de Christian de Chalonge

Le diable et les 10 commandements2000 films...Fiancées en folieCharlot et le masque de fer

Fiancées en folie

(1925) de Buster Keaton

Charlot et le masque de fer

(1921) de Charles Chaplin

Nombre de billets : 28

31 décembre 2009

La conquête de l’Ouest (1962) de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall

Titre original : « How the West was won »

La conquête de l'OuestLui :
Film à grand spectacle avec une pléiade d’acteurs connus (24, annonce fièrement l’affiche ci-contre), La conquête de l’Ouest était surtout conçu pour promouvoir le procédé Cinerama, système qui utilise trois caméras et trois projecteurs pour produire une image géante et panoramique. L’histoire est une sorte de saga familiale en cinq grands épisodes de la conquête de l’Ouest : le voyage par bateau et radeau d’une famille, les grands convois de caravanes, la Guerre de Sécession, l’installation du chemin de fer, les hors-la-loi. Comme on peut s’y attendre, le film exalte les grandes valeurs américaines. Etonnamment, c’est l’épisode dirigé par John Ford qui est le plus faible : mal construit et confus, il semble bâclé, plutôt indigne de ce réalisateur. Hathaway, en revanche, signe trois épisodes efficaces et solides. Les personnages sont assez forts et l’histoire est prenante. L’épisode sur les trains, signé George Marshall, réalisateur habituellement assez inégal, est assez remarquable avec plusieurs scènes spectaculaires. Ce grand spectacle reste efficace sur écran classique : visuellement, la mise à plat de l’image Cinérama donne une impression de très grand angle (presque un effet de ‘fisheye’) et les jointures entre les trois parties d’écran sont souvent visibles, sans que ces défauts soient trop gênants. Cela donne juste une certaine étrangeté à l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Carroll Baker, Gregory Peck, Henry Fonda, Debbie Reynolds, Richard Widmark, George Peppard, Karl Malden, Robert Preston, Thelma Ritter
Voir la fiche du film et la filmographie de Henry Hathaway sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Henry Hathaway chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de George Marshall chroniqués sur ce blog…

Les cinq segments :
1. The Rivers (Les rivières) par Henry Hathaway
2. The Plains (Les plaines) par Henry Hathaway
3. The Civil War (La guerre civile) par John Ford
4. The Railroad (Le chemin de fer) par George Marshall
5. The Outlaws (Les hors-la-loi) par Henry Hathaway

Les 24 acteurs de premier plan :
Carroll Baker, Lee J. Cobb, Henry Fonda, Carolyn Jones, Karl Malden, Gregory Peck, George Peppard, Robert Preston, Debbie Reynolds, James Stewart, Eli Wallach, John Wayne, Richard Widmark, Brigid Bazlen, Walter Brennan, David Brian, Andy Devine, Raymond Massey, Agnes Moorehead, Harry Morgan, Thelma Ritter, Mickey Shaughnessy, Russ Tamblyn, Spencer Tracy.
(Certains comme John Wayne, Eli Wallach ou Raymond Massey ont un rôle extrêmement réduit et Spencer Tracy est le narrateur).

Remarque :
CineramaLe procédé Cinerama a commencé à être exploité en 1952. Il consistait à utiliser une triple caméra avec  trois objectifs divergents et de projeter ces trois images sur un écran géant arrondi. Le champ de vision était de l’ordre de 146° (soit l’équivalent d’un objectif de 5mm environ). Le son utilisait six canaux.
(Cliquer sur l’image ci-contre)
Les deux principaux problèmes étaient :
– les jointures entre les images qui restaient visibles et que, bien souvent, on tentait de masquer en plaçant un objet comme un arbre, un coin de bâtiment, à cet endroit. Un personnage ne pouvait donc rester sur une jointure
– les problèmes de parallaxe : un personnage, regardant un endroit situé dans une autre image, donnait l’impression de regarder un peu au-dessus. Donc en pratique, pour le tournage de ce film, les acteurs devaient regarder un tiers en avant de leur interlocuteur et légèrement vers la caméra pour que le résultat soit satisfaisant!

Trop contraignant, le procédé ne perdura pas. Seuls dix films ont été tournés avec ce système, huit sont des documentaires destinés à promouvoir le procédé. Les deux seuls films tournés en Cinerama, tous deux de 1962, sont La conquête de l’Ouest et Les Amours Enchantées (The Wonderful World of the Brothers Grimm) de Henry Levin et Georges Pal.

30 décembre 2009

The Railrodder (1965) de Gerald Potterton

Titre français parfois utilisé : « L’homme du rail »

The RailrodderLui :
(Court métrage de 24 minutes) A l’automne 1964, c’est à dire un peu plus d’un an avant sa mort, Buster Keaton accepte de jouer dans un court métrage financé par l’Office National du Film Canadien. La base est simple. Un anglais désirant visiter le Canada trouve une draisine (petit véhicule à moteur sur rails) et va traverser tout le pays de l’Atlantique au Pacifique. Sur le véhicule, il trouve tout ce dont il a besoin dans un coffre magique : il en extirpe quantité de choses, nourriture, plateau de thé tout prêt, énorme manteau en peau d’ours, planche à laver… The Railrodder n’est pas la dernière apparition à l’écran de Buster Keaton mais ce court métrage est bien plus intéressant, pour le voir peu avant sa mort, que tous les petits rôles insignifiants qu’il a tenu dans les années soixante. The RailrodderC’est un plaisir de le voir juché sur sa draisine, scrutant l’horizon à la façon du Navigator… L’ensemble n’a bien entendu pas une seule parole mais beaucoup de bruitages. Les situations sont nombreuses et amusantes. Ce petit film est souvent édité avec son making of, Buster Keaton rides again (55 mn), assez intéressant à regarder car l’on voit Keaton travailler et l’on se rend compte à quel point il s’est investi dans le film : il a pris un peu pris le pas sur le jeune réalisateur, peu expérimenté. Ce n’est guère étonnant car on sent sa patte. Les meilleurs gags ont en fait été trouvés par Keaton qui, à 70 ans, n’hésite pas à prendre des risques au grand dam du réalisateur, terrifié. The Railrodder est un vrai plaisir. On pourrait presque le considérer comme le « dernier Keaton ».
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton
Voir la fiche du film et la filmographie de Gerald Potterton sur le site imdb.com.

Remarque :
The Railrodder est en accès libre sur le site  de l’Office National du Film du Canada (ONF-NFB)

29 décembre 2009

Campus (1927) de Buster Keaton et James W. Horne

Titre original : « College »

Autre titre français : « Sportif par amour »

CollegeLui :
Fragilisé par l’échec commercial du Mécano de la General, Buster Keaton a probablement du accepter ce projet de la part de United Artists. Son producteur voulait ainsi profiter de la mode des comédies sportives qui a suivi le succès de Vive le Sport (The Freshman) d’Harold Lloyd. Buster Keaton étant connu pour ses grandes capacités sportives, cela semblait prometteur. College Le résultat est hélas bien inférieur à ce que l’on pouvait attendre, le film paraissant dans son ensemble assez mécanique sans la lueur de créativité habituelle chez Buster Keaton. Il est probable qu’il n’ait pas eu toute sa liberté d’action sur ce film. L’humour est essentiellement sur les mille et une façons de rater ses essais dans les différentes disciplines sportives, le meilleur moment du film étant, ceci dit, sa tentative d’être cocktail-barman. Sportif par amour, alias Campus, est certainement le plus faible des longs métrages de Buster Keaton.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Anne Cornwall, Harold Goodwin
Voir la fiche du film et la filmographie de James W. Horne sur le site imdb.com.

28 décembre 2009

Monte là-dessus! (1923) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor

Titre original : « Safety last! »

Monte là-dessus!Elle :
La vision de ce film célèbre d’Harold Lloyd nous donne des frissons encore aujourd’hui. Dans cette escalade d’immeuble, chaque situation semble pire que la précédente et l’on reste abasourdi par les prouesses réalisées. L’ensemble est surtout très amusant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Monte là-dessus! Venu d’une petite ville de province, un jeune homme tente de se faire une bonne place à la ville pour impressionner sa bien aimée. Il imagine un coup publicitaire pour le grand magasin qui l’emploie : faire monter son ami acrobate à un building. Hélas, tout ne va pas se passer comme prévu et c’est lui qui va devoir grimper. Safety Last, Monte là-dessus, est le film le plus célèbre d’Harold Lloyd. Si peu de gens connaissent le titre, tout le monde connaît cette image d’Harold Lloyd suspendu aux aiguilles d’une horloge à vingt mètres au dessus de la rue. La séquence de l’escalade occupe tout le dernier tiers du film mais le restant de Monte là-dessus est très amusant : Monte là-dessus! il faut voir par exemple Harold Lloyd tenter de pénétrer inaperçu dans le magasin ou essayer d’écarter un policeman gênant par divers stratagèmes… Le premier plan du film est aussi un trompe l’œil très amusant, à l’image de toute la scène de l’escalade qui est effectivement plus du ressort du trompe l’œil que du trucage : tout est quasiment réel. C’est certainement pour cette raison que, même à nos yeux de spectateurs modernes (pourtant habitués aux incrustations et aux images de synthèse), ces scènes sont toujours aussi terrifiantes à regarder. Le film est fortement déconseillé aux personnes sujettes au vertige. Monte là-dessus est un des sommets de la comédie des années vingt, période particulièrement riche en prouesses acrobatiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis, Bill Strother, Noah Young
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred C. Newmeyer & Sam Taylor sur le site imdb.com.

Voir aussi : Voyage au Paradis (Never Weaken, 1921), court métrage d’Harold Lloyd qui préfigure Safety Last.

Remarques :
Monte là-dessus! Harold Lloyd ne dévoilait jamais ses secrets mais on sait maintenant que Safety Last a été filmé à trois endroits différents, avec une fausse façade construite en haut d’immeubles de hauteurs croissantes. Ces trois immeubles sont tous trois sur Broadway Street. Les plans globaux, vus de loin, montrent en réalité Bill Strother (sanglé), surnommé « Human Fly » (= la mouche humaine) qui est un véritable escaladeur d’immeuble.
Les fausses façades construites couvraient généralement deux étages et Harold Lloyd était à plus de 4 mètres du sol dans beaucoup de scènes. Malgré tous les matelas, le danger était bien réel. Pour tester, il fit tomber un mannequin sur les matelas : après avoir rebondi, le mannequin alla s’écraser dans la rue en contrebas… !
Pour des précisions complètes sur les lieux de tournage des films d’Harold Lloyd, on peut se référer au fantastique livre de John Bengtson Silent Visions. C’est un livre fabuleux (en anglais mais il comporte de très nombreuses photographies, donc il passionnera certainement un lecteur qui ne peut lire l’anglais).

Nous sommes aujourd’hui blasés de trucages et d’images de synthèse mais, en 1923, les simples incrustations ne se faisaient pas encore. Les spectateurs savaient donc que ce qu’ils voyaient était réel. Les salles entières hurlaient de frayeur et le spectacle était certainement presque traumatisant. A nos yeux modernes, l’humour ressort davantage.

Safety Last! est le dernier film avec Mildred Davis qui abandonna sa carrière pour devenir Madame Lloyd. A noter que contrairement à Chaplin et Keaton, Harold Lloyd eut une vie sentimentale heureuse et ne divorça pas.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.

24 décembre 2009

Cadet d’eau douce (1928) de Buster Keaton et Charles Reisner

Titre original : « Steamboat Bill Jr. »

Cadet d'eau douceLui :
Ayant terminé ses études, le jeune William rejoint son père, capitaine un peu rustre d’un bateau à aubes sur le Mississippi. Plutôt chétif d’apparence, il ne semble pas vraiment à sa place dans ce monde rude. Pour ne rien arranger, il est amoureux de la fille du principal concurrent de son père. Si la scène finale du cyclone de Cadet d’eau douce est inscrit dans les mémoires de tous les cinéphiles, Cadet d'eau douce le début du film est aussi très amusant : il faut voir, par exemple, comment Keaton arrive à faire d’une simple séance d’essayage de chapeau une petite merveille d’humour. Les scènes sur le streamer sont aussi pleines de bonnes trouvailles qui permettent à Keaton de montrer tout son talent. Mais le morceau de choix est effectivement cette terrible tempête, qui soulève et emporte tout sur son passage, avec la cascade probablement la plus dangereuse de toute l’histoire du cinéma : alors que toute une façade de maison lui tombe dessus, le jeune William ne doit son salut qu’à la présence d’une lucarne pacée juste au bon endroit. Saisissant! Cadet d'eau douce Toute la tempête a été filmée sans trucage (1). Le film n’eut que très peu de succès à son époque. Ce n’est que lorsque Keaton fut redécouvert, dans les années cinquante et soixante, qu’il fut considéré à sa juste valeur. Cadet d’eau douce est le dernier film de la meilleure période de Buster Keaton, celle où il a écrit et réalisé ses films (2).
Note : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Tom McGuire, Ernest Torrence, Marion Byron
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Buster Keaton chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Cadet d'eau douce(1) Au départ, Keaton avait prévu une inondation pour la fin de Cadet d’eau douce plutôt qu’un cyclone mais les producteurs refusèrent : après les récentes inondations de 1927, il était malvenu d’en faire un sujet d’humour. Il opta donc pour un cyclone.
Le vent était produit par quatre ou six gros moteurs d’avion, capables à plein régime de soulever un camion. Une gigantesque grue soulevait les maisons. Le pan de maison qui bascule pour tomber sur Buster Keaton était bien réel, en matériaux lourds, et une bonne partie de l’équipe quitta le studio, refusant d’assister à une cascade qui pouvait le tuer : la marge d’erreur était de dix ou vingt centimètres aux épaules (de plus, du fait de ses problèmes personnels et professionnels, ses collaborateurs pensaient qu’il prenait, par dépit, des risques insensés). Il avait déjà utilisé ce gag (mais avec des murs beaucoup plus légers et une marge d’erreur plus grande) dans son court-métrage La maison démontable (One week, 1920) et précédemment avec Fatty Arbuckle dans Back Stage (Fatty cabotin, 1919).

Cadet d'eau douce(2) Joseph Schenck, son beau frère, avait annoncé à Buster Keaton qu’il ne produirait plus ses films. Il lui conseillait de continuer de tourner ses films au sein de la MGM. Hésitant, Keaton consulta ses amis Chaplin et Harold Lloyd qui lui déconseillèrent tous deux catégoriquement de signer à la MGM. Et pourtant, il signa et détruisit sa carrière car il perdit toute indépendance : plus question de tout écrire lui-même et d’improviser sur le plateau. Il perdit en outre ses meilleurs collaborateurs que la MGM s’empressa d’assigner à d’autres réalisateurs plus en vue. Keaton fera encore un film comparable aux précédents, Le caméraman, puis sombrera dans l’oubli. En outre, Keaton avait de très gros problèmes personnels.

23 décembre 2009

Le dernier round (1926) de Buster Keaton

Titre original : « Battling Butler »

Battling ButlerElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation d’une comédie musicale anglaise, Battling Butler met en scène un jeune homme de bonne famille, toujours assisté d’un serviteur, qui se voit contraint de prendre la place d’un boxeur pour gagner le cœur d’une jeune campagnarde. Le film est assez différent des autres Keaton dans la mesure où il n’y a pas de grande scène périlleuse ; l’humour est aussi plus diffus, plutôt concentré dans la première partie où la confrontation de ce jeune oisif avec la vie à la campagne ne manque de sel. Les scènes de boxe sont même étonnamment dures, avec une âpreté de ses adversaires au combat qui rend presque mal à l’aise. Battling Butler fut un énorme succès populaire à son époque ; vu aujourd’hui, on se demande un peu pourquoi car il apparaît, avec le recul, un ton nettement en dessous de ses autres films. Néanmoins, ce succès financier lui a permis de tourner Le Mécano de la General.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sally O’Neil, Snitz Edwards
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site IMDB.

Voir les autres films de Buster Keaton chroniqués sur ce blog…

Remarque :
On peut faire la comparaison entre les scènes de boxe de Keaton dans Battling Butler (1926) et celles de Chaplin dans Les Lumières de la Ville (1931) et aussi dans Charlot Boxeur, The Champion (1915). IL y a certaines similitudes mais Chaplin joue beaucoup plus la carte de l’humour en cherchant à éviter les coups alors que Keaton semble vouloir tout encaisser.

22 décembre 2009

Clockwise (1986) de Christopher Morahan

ClockwiseElle :
(pas vu)

Lui :
Le pointilleux principal d’un collège anglais manque le train qui doit l’emporter à la conférence annuelle des principaux de collège. Juste le jour il devrait la présider. Il tente d’y parvenir coûte que coûte par ses propres moyens, une folle cavalcade qui va mettre à mal tous ses grands principes. Ce principal, c’est John Cleese, l’ex-Monty Python, et il n’a pas son pareil pour caricaturer et pousser dans ses extrêmes un tel personnage guindé, rigide et engoncé dans ses principes. Il nous fait là un beau numéro et bien entendu tout le film repose sur lui. Même s’il souffre de quelques longueurs, Clockwise est amusant, souvent hilarant même, sans toutefois égaler les meilleurs films des ex-Monty Python.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Cleese, Sharon Maiden, Penelope Wilton, Alison Steadman
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Morahan sur le site IMDB.