30 décembre 2010

Louise-Michel (2008) de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Louise-MichelLui :
Victimes d’un patron-voyou qui a fermé et vidé son usine en une nuit, une vingtaine d’ouvrières décident de se venger en engageant un tueur « professionnel ». Ouvrière analphabète, Louise se charge de le recruter. Elle trouve Michel, ex-agent de sécurité qui vivote dans un labyrinthe de mobile homes abandonnés. Sur un vague fond social (1), le film est surtout une comédie bien déjantée avec un humour noir débridé. Tout est déglingué, saugrenu. Beau jeu d’acteur de Bouli Lanners et de Yolande Moreau. S’il y a quelques inévitables longueurs, L’ensemble est plutôt réussi car on rit souvent et franchement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Yolande Moreau, Bouli Lanners, Benoît Poelvoorde, Mathieu Kassovitz
Voir la fiche du film et la filmographie de Gustave Kervern et Benoît Delépine sur le site IMDB.

(1) Louise-Michel est une militante révolutionnaire de la commune de Paris (1871) devenue ensuite l’une des figures du mouvement anarchiste.

Remarques :
* Albert Dupontel fait une courte mais amusante apparition dans une scène… après le générique de fin.
* Gustave Kervern et Benoît Delépine sont des piliers de l’émission télévisée Bienvenue au Groland.

Homonyme :
Louise-Michel, la rebelle de Solveig Anspach (2008) avec Sylvie Testud.

29 décembre 2010

Séraphine (2008) de Martin Provost

SéraphineLui :
Le film est basé sur l’histoire de Séraphine de Senlis, peintre naïf de condition très modeste qui fut découverte par le collectionneur d’art visionnaire Wilhelm Uhde (il fut l’un des premiers acheteurs de Picasso). Séraphine peignait dans un état proche de l’extase, « sur ordre d’en haut »… Martin Provost réalise un film à la mise en scène sobre, à l’image de son personnage, mais a parfois le défaut de s’attarder un peu trop. Le film est porté par l’interprétation inspirée de Yolande Moreau qui semble vivre réellement son personnage. Les couleurs sont volontairement assez neutres pour mieux faire ressortir les éclatantes couleurs des peintures de Séraphine. Le film a permis de redécouvrir cette peintre qui connut une fin tragique, sorte de Camille Claudel de la peinture.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Provost sur le site IMDB.

Remarques :
Tableau de Séraphine de Senlis Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis * Séraphine de Senlis n’a jamais dévoilé le secret de fabrication de ses couleurs. Sur ce point précis, le film ne fait donc qu’émettre des hypothèses.
* Sur plainte d’Alain Vircondelet, auteur de la biographie Séraphine de Senlis (Albin Michel), le T.G.I. de Paris a condamné le 26 novembre 2010 le réalisateur Martin Provost et la société TS Productions à verser 25 000 euros de dommages et intérêts à l’auteur qui les accusait de plagiat. Tout en reconnaissant les similitudes sur quelques passages précis, le Tribunal a donc fortement relativisé les demandes de l’auteur qui réclamait 600 000 euros.

23 décembre 2010

Lovers (2008) de Isabel Coixet

Titre original : « Elegy »

ElegyLui :
Un intellectuel sexagénaire, auteur et critique culturel, se targue d’avoir une vie sentimentalement émancipée et sans attaches. Sa liaison avec une jeune femme tente ans plus jeune que lui va remettre en cause ses certitudes. Il en tombe amoureux et se retrouve un peu écartelé entre son amour et sa peur panique du fossé jeunesse-vieillesse. En adaptant un roman de Philip Roth, Isabel Coixet signe une nouvelle fois un film très délicat avec une interprétation très juste. Ben Kingsley est remarquable dans ce rôle d’intellectuel libertin vieillissant et Penélope Cruz lumineuse et pleine de sensualité. Cette histoire, beaucoup plus complexe qu’attendue, se révèle être suffisamment riche pour porter une série de réflexions sur l’avancée en âge, l’amour et le désir. Et il ne faut pas se laisser tromper par le titre : le film n’a rien d’une élégie ou d’une plainte!
Note : 4 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Ben Kingsley, Dennis Hopper, Patricia Clarkson, Peter Sarsgaard
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Voir les autres films de Isabel Coixet chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Le roman (semi-autobiographique?) de Philip Roth s’intitule « La bête qui meurt », il fait partie de sa trilogie David Kepesh.

Homonyme :
Lovers – Dogme France #1 de Jean-Mac Barr (1999) avec Elodie Bouchez

21 décembre 2010

La visite de la fanfare (2007) de Eran Kolirin

Titre original : « Bikur Ha-Tizmoret »

La visite de la fanfareLui :
Une petite fanfare de la police égyptienne arrive en Israël pour jouer lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre culturel arabe. A leur arrivée à l’aéroport, ils tentent de se rendre par eux-mêmes à destination mais se retrouvent par erreur dans une petite ville sans âme, isolée au beau milieu du désert. La Visite de la Fanfare est un film aussi original par son sujet que par son traitement. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur israélien Eran Kolirin a choisit une approche minimaliste pour traiter cette histoire. Avec douceur et délicatesse, par petites touches, il nous montre ces rencontres improbables marquées par la difficulté de communication, des rencontres qui auraient besoin de temps pour vraiment éclore. Graphiquement, Eran Kolirin joue avec le cadre large et l’alignement des musiciens, les rues vides, les personnages perdus dans des lieux publics immenses, les tons ocre. Il parsème son film de petites notes d’un humour alimenté par le saugrenu des situations. L’ensemble est réussi, on peut juste regretter qu’il ne soit pas allé plus loin dans le développement, qu’il n’y ait pas cette petite étincelle qui aurait porté le film beaucoup plus haut.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Ronit Elkabetz, Saleh Bakri, Khalifa Natour
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Remarques :
Cette histoire est en réalité arrivée au dramaturge égyptien Ali Salem en 1993.

13 décembre 2010

L’autre (2008) de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic

L'autreLui :
Anne-Marie est une quarantenaire qui vient de se séparer de son jeune amant. Lorsque celui-ci lui apprend qu’il fréquente une autre femme, elle cherche à en savoir plus sur elle, une recherche qui l’obsède de plus en plus… Sur une trame d’histoire que l’on pourrait penser rebattue, Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic nous livrent un des films les plus originaux du cinéma français actuel. Ils ont une façon toute particulière d’inscrire le personnage principal dans un décor urbain, cette façon est à la fois très graphique (1) et créatrice d’une atmosphère étrange et envoutante. La caméra semble épier son personnage principal, la suivant ou l’observant à distance avec une fausse furtivité. Elle vient se placer parfois juste derrière Dominique Blanc, jouant alors le rôle d’une caméra subjective (impression bien entendu amplifiée lors des scènes de miroirs). Pourtant très ancré dans la réalité, notamment par l’importance des transports en commun actuels et de la technologie qui est présente mais actuelle, le film semble hors du temps. Cette impression est accentuée par le jeu de Dominique Blanc, actrice à la diction si particulière (on peut penser à Jeanne Moreau) et dont le calme et le sourire contrastent avec son mal à l’aise intérieur. L’environnement sonore joue aussi un rôle très important dans la mise en place du climat. L’autre semble aller jusqu’aux limites du réalisme sans toutefois franchir la ligne qui le ferait basculer dans le fantastique. C’est un film qui peut dérouter mais qui, par ses qualités graphiques, son climat, sa force, se place parmi les productions les plus intéressantes du cinéma français récent.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Peter Bonke, Cyril Guei, Anne Benoît, Christèle Tual
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(1) Le générique est, à lui seul, superbe. On a déjà vu des plans aériens d’une autoroute périurbaine de nuit dans nombre de films américains mais jamais de façon aussi graphique, presque abstraite avec ses flots qui semblent suspendus, hors de la réalité.

Remarque :
Le film est adapté du roman d’Annie Ernaux « L’occupation ».

Homonymes :
L’autre (In name only) de John Cromwell (1939) avec Carole Lombard et Cary Grant
L’autre de Robert Mulligan (1972)
L’autre de Bernard Giraudeau (1991)
L’autre de Youssef Chahine (1999)
L’autre de Benoît Mariage (2003)

9 décembre 2010

Un barrage contre le Pacifique (2008) de Rithy Panh

Un barrage contre le PacifiqueLui :
Dans l’Indochine des années trente, une française tente de faire vivre une plantation de riz sur une concession achetée aux autorités coloniales. Ceux-ci ont oublié de lui préciser que les terres étaient régulièrement submergées par la mer toute proche. Elle a deux grands enfants, un fils et une fille, qu’elle craint de voir partir… Un barrage contre le Pacifique est au départ un roman autobiographique de Marguerite Duras qui a déjà été adapté, dans les années cinquante donc peu après sa sortie, par René Clément. Le réalisateur cambodgien Rithy Panh remet le personnage de la mère au centre de l’histoire et signe un film d’un beau classicisme. Sa réussite tient beaucoup à l’interprétation d’Isabelle Hubert, dans un personnage particulièrement complexe : elle parvient à générer en nous des sentiments contradictoires, elle est tout à la fois. Il faut aussi souligner la belle prestation de Gaspard Ulliel, dans un rôle plus simple certes, qui sait montrer beaucoup de présence à l’écran. Un Barrage contre le Pacifique est aussi un film montrant la corruption ; on peut y voir là un certain prolongement des documentaires tournés par le réalisateur sur son pays.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel, Astrid Berges-Frisbey, Randal Douc
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Précédente adaptation : 
Barrage contre le Pacifique de René Clément (1958), film qui souffrait de son casting international : Sylvana Mangano (la fille), Anthony Perkins (le fils) et Jo Van Fleet (la mère). Une coproduction italo-américano-française…

7 décembre 2010

Ricky (2009) de François Ozon

RickyLui :
Ouvrière dans une usine de produits chimiques, Katie se lie avec un intérimaire qui vient vivre chez elle. Lorsque naît Ricky quelques mois tard, le bébé montre rapidement des dispositions très particulières. François Ozon est un réalisateur qui n’hésite pas à prendre des risques, à explorer des voies nouvelles, ce qui est une très bonne chose. Ici, il tente un rapprochement inattendu entre le film fantastique et le film social. C’est l’irruption du merveilleux dans un quotidien terne, en quelque sorte. La symbiose n’est pas parfaite, assez insatisfaisante même, mais le film a le mérite d’être très original. François Ozon laisse ouverte l’interprétation de Ricky : on peut certainement y voir un pamphlet social contre les enfants battus, une fable écologique, … On peu aussi supposer que tout l’ensemble (y compris la séquence du début) sort de l’imagination d’une femme enceinte qui craint d’être contaminée par les produits chimiques de son usine. Mais choisir une explication est secondaire, tout compte fait, ou du moins chacun peut choisir la sienne. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alexandra Lamy, Sergi López, Mélusine Mayance, Arthur Peyret
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5 décembre 2010

Last chance for love (2008) de Joel Hopkins

Titre original : « Last chance Harvey »

Last Chance for LoveLui :
Un compositeur de musiques publicitaires vient des Etats Unis à Londres pour assister au mariage de sa fille qu’il ne voit plus guère depuis son divorce. Il fait la rencontre de Kate, une londonienne tout aussi esseulée que lui. Ce n’est donc pas par l’originalité de son scénario (ni par son titre!) que Last Chance for Love pourra briller… sauf que l’histoire en question met en scène deux quinquagénaires (quoique Dustin Hoffman serait plutôt septuagénaire) et que le film a l’avantage d’être une petite production : son petit budget lui permet d’avoir une certaine fraîcheur. Après une belle mise en place qui s’appuie sur de bons dialogues, le film devient ensuite bien plus conventionnel. Il repose alors uniquement sur son duo d’acteurs : eux seuls peuvent maintenir cette légèreté qui fait son attrait. Last Chance for Love est une gentille (et optimiste) comédie romantique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Emma Thompson, Eileen Atkins, Kathy Baker
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2 décembre 2010

Parlez-moi de la pluie (2008) de Agnès Jaoui

Parlez-moi de la pluieLui :
Une intellectuelle féministe retourne dans son Var natal pour se présenter aux élections régionales. Un réalisateur de documentaires sur le retour (il vit toujours sur la gloire d’un court métrage remarqué il y a 20 ans) fait équipe avec un jeune rencontré dans un stage de cinéma pour une série sur « les femmes qui ont réussi »… Les trois personnages centraux de Parlez-moi de la pluie ne sont pas bardés d’assurance, aucun c’est sûr de lui-même ni de sa voie ; leurs hésitations provoquent ratés et controverses. Leur vie sentimentale prend le dessus. Le défaut du film d’Agnès Jaoui est sans doute de sembler partir dans plusieurs directions sans vraiment en explorer une seule. Il y a de tout… un peu. L’ensemble reste plaisant mais, malgré une bonne prestation d’acteurs, nous laisse plutôt sur notre faim (la fin, quant à elle, est franchement gentillette). Djamel Debbouze est assez étonnant, quittant son habituel personnage exubérant et poseur, pour adopter un jeu retenu avec plus de délicatesse et donc de richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Jamel Debbouze, Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Florence Loiret Caille
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28 novembre 2010

Le silence de Lorna (2008) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Le silence de LornaLui :
Pour réaliser son projet d’ouvrir un snack à Liège avec son petit ami, une jeune albanaise s’est laissé embarquer par un truand dans un plan criminel de double mariage blanc : pour obtenir la nationalité belge, elle a épousé un junkie en espérant qu’il meure rapidement d’une overdose, au besoin en l’aidant un peu. Elle permettra ensuite à un russe de l’épouser moyennant finances. Alors que les personnages des films précédents des frères Dardenne avaient souvent des choix à faire, les personnages du Silence de Lorna n’en ont pas vraiment. Leurs trajectoires sont fermées. En revanche, il est un moment où l’humain peut reprendre le dessus, sorte de basculement qui s’opère lentement en Lorna. Notre basculement à nous, spectateurs, l’avait précédé : si au début du film, il est difficile d’être en empathie avec Lorna, les frères Dardenne nous font rapidement changer notre vision. Tourné en 35mm, sans caméra à l’épaule, Le Silence de Lorna est plus posé, le film délaissant la force pure pour une plus grande subtilité. Les Dardenne sont allés chercher Arta Dobroschi au Kosovo où ils ont auditionné une centaine d’actrices. Elle montre une belle présence dans ce rôle riche et complexe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Alban Ukaj
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