13 janvier 2008

Le ciel est à vous (1944) de Jean Grémillon

Le Ciel est à vousElle :
Inspiré d’un fait réel (de 1938), Le ciel est à vous a été tourné pendant l’Occupation. Jean Grémillon nous plonge au cœur de la vie provinciale avec ses mesquineries, ses lâchetés et ses rêves aussi. Ce film est étonnamment précurseur, joyeux, plein de force et de ténacité. Le réalisateur y exalte le féminisme, l’amour dans le couple, la passion de l’aviation ou de la musique qui fait vibrer et vivre intensément. Il dénonce le conformisme, les préjugés et les idées étroites. Charles Vanel et Madeleine Renaud y sont d’immenses acteurs qui jouent soit en retenue ou en exaltation.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le Ciel est à vous met en scène un garagiste et sa femme qui vont tous deux se passionner pour l’aviation. Jean Grémillon a tourné ce film (non sans peine) pendant l’Occupation et le film a été l’objet d’une petite polémique car à sa sortie, au tout début de 1944, il fut récupéré aussi bien par les pétainistes qui y voyait là une glorification de la famille et des petites gens, que par les résistants à l’occupant qui y voyaient une attaque contre la famille traditionnelle et contre la résignation. Avec le recul, on a plus l’impression que Jean Grémillon a surtout voulu faire un film sur la passion : comment un couple d’apparence classique et ordinaire peut tout remettre en cause et prendre tous les risques pour aller jusqu’au bout d’une idée. Le Ciel est à vous est un grand film populaire (dans le bon sens du terme) soutenu par un couple d’acteurs vraiment convaincants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Madeleine Renaud, Charles Vanel
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Grémillon sur le site imdb.com.

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Note : (Ne lisez pas cette note si vous n’avez pas encore vu le film)
En mai 1938, Andrée Dupeyron, femme d’un garagiste de Mont-de-Marsan, battit le record féminin de vol en ligne droite entre Oran (Algérie) et Tel El Aham (Irak), soit la distance de 4360 kilomètres, battant le record de 4063 kilomètres établi deux jours avant par Elisabeth Lion. Elle disparut effectivement pendant deux jours et fut retrouvée dans le désert par des nomades.

La veille du départ, Charles Vanel dit en regardant l’avion de la concurrente : « Evidemment, on ne peut pas lutter… » En fait, cet avion est un Messerschmitt, ce qui rend cette petite phrase lourde de sens (puisqu’ils lutteront et vaincront).
(Infomations prises sur une page du site Aeromovies )

4 janvier 2008

Passport to Pimlico (1949) de Henry Cornelius

Passport to PimlicoElle :
Après la découverte dans une cave d’un édit du XVe siècle donnant leur quartier aux Ducs de Bourgogne, les habitants du quartier londonien de Pimlico décident de faire sécession d’avec l’Angleterre. Le gouvernement les prend au mot et installe une frontière. Le film a bien du mal à convaincre, le début de l’histoire peine vraiment à décoller. La fin est plus amusante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Passport to Pimlico Passport to Pimlico est un film très original et assez surprenant, un pur produit anglais des Studios Ealing. C’est une satire des mesures de rationnement prises dans l’Angleterre d’après-guerre et dont l’humour, très british, repose essentiellement sur un comique de situation. L’idée de départ, franchement inhabituelle, s’amuse du légendaire légalisme britannique : un texte dûment signé il y a 400 ans reste valide aujourd’hui… Passport to Pimlico est tout de même un peu décevant, assez fermé dans son developpement ce qui l’empêche de décoller vraiment.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Stanley Holloway, Betty Warren, Barbara Murray
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28 décembre 2007

Jeux dangereux (1942) d’ Ernst Lubitsch

Titre original : To be or not to be

Jeux dangereuxLui :
Comment un maître de la comédie peut-il traiter d’un sujet aussi grave que la guerre, une guerre dans laquelle le monde est plongé ? Ernst Lubitsch donne une réponse magistrale avec Jeux Dangereux, à la fois une comédie très drôle, un film au suspense quasiment insoutenable et un pamphlet contre la tyrannie et pour la liberté. To be or not to be, être ou ne pas être, nul titre ne serait plus approprié à ce film où l’on cherche à passer pour un autre mais c’est un jeu dangereux quand il s’agit de prendre la place d’un membre de la Gestapo dans le Varsovie occupé. Il y a de nombreux moments de pure comédie entremêlés dans une intrigue assez angoissante, où l’on frémit d’appréhension ; l’ensemble est dopé par un rythme qui ne laisse aucun répit, aucun temps mort pour souffler. C’est cet équilibre qui rend Jeux Dangereux vraiment remarquable et absolument unique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Carole Lombard, Jack Benny, Robert Stack
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Remarques :
Jeux dangereux* Si Jeux Dangereux est aujourd’hui reconnu comme un film assez marquant et l’un des meilleurs de Lubitsch, il fut plutôt mal compris à sa sortie, Lubitsch se voyant accusé de se moquer du sort terrible de la Pologne et de Varsovie.

* To be or not to be est le dernier film de la belle Carole Lombard. Celle qui fut l’épouse de William Powell puis de Clark Gable périra quelques mois plus tard, avant même la sortie du film, dans un accident d’avion lors d’une tournée pour vendre des War Bonds. La phrase « What can happen on a plane ? » (Que peut-il arriver dans un avion ?) qu’elle prononce au début du film fut supprimée au montage final. Elle figure toutefois dans les versions actuelles.

* Clin d’œil (à l’intention de ceux qui ont suivi avec ferveur une certaine série télévisée dans leur enfance) : To be or not to be est l’un des tous premiers rôles de Robert Stack, alias Eliot Ness.

Remake :
To be or not to be d’Alan Johnson (1983) avec Mel Brooks et sa femme, Anne Bancroft, remake plutôt réussi.

To be or not to be

11 décembre 2007

La Dame de Shanghai (1947) de Orson Welles

Titre original : « The Lady from Shanghai »

La Dame de Shanghai Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Même si l’on sait maintenant que le film fut en grande partie massacré par un montage effectué à la hussarde par la Columbia, La Dame de Shanghai reste un superbe film noir où la patte de Welles reste bien visible. Au-delà de la trame policière, c’est pour une fois d’une histoire d’amour qu’il traite, ou plus exactement une histoire d’attirances… Il y a beaucoup d’ambiguïté dans ce film et le fait que le cinéaste fut alors en pleine procédure de divorce avec Rita Hayworth n’y est certainement pas étranger. Il prend le contre-pied de son image : il lui coupe les cheveux, la teint en blonde et surtout la transforme en meurtrière machiavélique, la rendant même hideuse dans la scène finale (la filmant avec un grand-angle et en contre-plongée… alors qu’elle est à terre!) Orson Welles casse tout. Le mythe de Gilda et la femme qui fit fantasmer des milliers de G.I. sont bien loin. Est-ce pour cette raison que le jeu de Rita Hayworth est rigide et glacial pendant tout le film? Ou est-elle simplement sclérosée devant son génie de mari? Le wonder boy prend aussi le contre-pied de l’image classique du film noir puisque l’essentiel de La Dame de Shanghai se passe en plein soleil, à bord d’un luxueux yacht (pour la petite histoire, il s’agit du yacht personnel d’Errol Flynn qui a tenu à le piloter lui-même pendant le tournage). Son inventivité sur le placement des caméras reste toujours remarquable (étonnants plans sur les hauteurs d’Acapulco au bord du précipice), il utilise assez largement des plans très serrés et certaines de ses scènes ont été maintes et maintes fois copiées au cinéma : la scène de l’aquarium et, bien entendu, la célèbre scène finale dans la galerie des glaces. Le public n’aimant pas que l’on abîme ses icônes, La Dame de Shanghai fut un échec commercial, mettant à mal la carrière de Rita Hayworth et surtout, hélas, celle d’Orson Welles.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane, Glenn Anders
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Note: Wong Kar-wai prépare actuellement le tournage d’un remake de The Lady from Shanghai initalement prévu pour sortir en 2009. La rumeur donne Nicole Kidman comme actrice principale. Il est tout de même assez étonnant qu’un cinéaste comme Wong Kar-wai fasse un tel remake, surtout que l’histoire en elle-même, un roman policier de Sherwood King, est somme toute assez banale. Le synopsis semble toutefois un peu différent puisqu’il y est question d’un espion.
[Mise à jour du 16/01/2012] Le projet de remake est constamment repoussé mais ne semble pas abandonné.

25 novembre 2007

La griffe du passé (1947) de Jacques Tourneur

Titre original : « Out of the Past »
Autre titre anglais (U.K.) : « Build my gallows high »
Autre titre français : « Pendez-moi haut et court »
Titre Belgique : « L’étreinte du passé »

La griffe du passéElle :
Beau film noir au scénario touffu et complexe. Mitchum excelle dans son rôle de privé au grand coeur et Kirk Douglas dans celui du salaud manipulateur.
Note : 5 étoiles

Lui :
La Griffe du Passé fait partie des meilleurs films noirs des années 40, très classique du genre. Truand, détective privé, femme fatale, double jeu et trahison… tous les ingrédients sont bien là et l’assemblage fonctionne à merveille. L’atmosphère globale est plutôt fataliste, sur le thème de l’homme rejoint par son passé. La griffe du passé D’ailleurs, Jacques Tourneur évite le happy-end. Mitchum, royal, domine le film et Kirk Douglas (alors jeune débutant) est remarquable. Jane Greer est un peu en deçà, comme écrasée par ces deux monstres. Quelques très beaux plans, notamment les deux scènes à l’intérieur de la voiture. Oui,  La Griffe du Passé (alias Pendez-moi haut et court) est assurément un superbe film noir, parmi les tous meilleurs.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Jane Greer, Kirk Douglas, Rhonda Fleming
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Remarque :
La griffe du passé est adapté d’un roman de Geoffrey Homes (pseudonyme de Daniel Mainwaring)  Build My Gallows High. Le film a d’ailleurs été distribué en Angleterre sous ce nom. Le premier titre français Pendez-moi haut et court est une traduction du titre du roman (gallows = potence).

Out of the Past a eu un remake : Contre toute attente (Against all odds) de Taylor Hackford (1984) avec Jeff Bridges et James Woods, globalement peu réussi… Détail amusant : Jane Greer y interprète la mère de son propre personnage dans la version originale.

24 novembre 2007

Angoisse (1944) de Jacques Tourneur

Titre original : Experiment perilous

AngoisseElle :
Très bon film dramatique qui à la fois aiguise la curiosité et éprouve les nerfs. Jacques Tourneur met habilement ses personnages en scène en dévoilant peu à peu les facettes cachées de leur personnalité :  le mari traumatisé par son enfance et jaloux de sa femme révèle progressivement son déséquilibre mental et ses manipulations machiavéliques.
Note : 5 étoiles

Lui :
Angoisse est un film assez méconnu de Jacques Tourneur (le fils de Maurice Tourneur) mais c’est une vraie petite perle. Il parvient à créer une formidable montée progressive de la tension qui n’est pas sans rappeler Hitchcock. Seul le dénouement est un peu plus faible. Globalement, le jeu des acteurs semble retenu tout au long du film mais Angoisse reste toutefois extrêmement prenant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hedy Lamarr, George Brent, Paul Lukas
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30 octobre 2007

Le destin fabuleux de Désirée Clary (1941) de Sacha Guitry

Le destin fabuleux de Désirée ClaryElle :
Le destin fabuleux de Désirée Clary nous plonge dans les intrigues amoureuses de Napoléon. Celui-ci abandonne son premier amour Désirée Clary pour épouser Joséphine de Beauarnais. Désirée, humiliée et toujours amoureuse, elle rumine et prépare sa vengeance. Sacha Guitry traite l’Histoire à sa façon, n’hésitant pas à inventer des évènements. Cette comédie vaudevillesque a beau manquer de profondeur et de background historique, elle reste néanmoins plaisante à regarder.
Note : 4 étoiles

Lui :
Je n’ai pas bien accroché à cette histoire, tout surprenante qu’elle puisse être. Sacha Guitry traite l’Histoire comme un vaudeville et réduit ainsi considérablement la portée de son sujet. A noter : le générique en plein milieu du film, ce qui n’est pas banal.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Gaby Morlay, Jean-Louis Barrault, Lise Delamare, Jean Périer
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27 octobre 2007

Le cargo maudit (1940) de Frank Borzage

Titre original : « Strange cargo »

Strange CargoElle :
(pas vu)

Lui :
Après La Lumière Verte, Frank Borzage centre une nouvelle fois un film, non pas sur l’amour et ses pouvoirs, mais sur une forte notion plus spirituelle. Il va cette fois beaucoup plus loin. Le Cargo Maudit suit le périple d’un petit groupe de bagnards qui tentent de s’échapper d’une île-prison en Guyane. L’un d’entre eux, que l’on pourrait appeler un ange pour simplifier (mais dans la scène finale, Cargo maudit Borzage laisse supposer qu’il est même bien plus que cela), va peu à peu les transformer : en chaque homme, le « bon » sommeille et ne demande qu’à être révélé. Clark Gable est bien entendu parfait dans le rôle de mauvais garçon endurci et indomptable ; il partage ici pour la huitième fois l’affiche avec Joan Crawford. Leur talent empreint de connivence n’est toutefois pas suffisant pour rendre le film vraiment convaincant ; peut-être, le sujet était-il un peu trop ambitieux. Le Cargo Maudit reste toutefois un film surprenant et donc intéressant.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Joan Crawford, Clark Gable, Ian Hunter, Peter Lorre
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26 août 2007

Convoi vers la Russie (1943) de Lloyd Bacon

Titre original : Action in the North Atlantic

Convoi vers la RussieElle :
Film de guerre assez classique valorisant le patriotisme, le courage des soldats américains pendant la 2ème guerre mondiale. C’est la guerre des nerfs entre les navires américains et les sous-marins allemands dans les eaux russes. Les effets spéciaux sur la flotte américaine sont assez crédibles. C’est un film assez mineur dans la filmographie d’Humphrey Bogart.
Note : 3 étoiles

Lui :
Comme beaucoup de films participant à l’effort de guerre, ce film met l’accent sur les qualités humaines des tous les hommes impliqués, du simple matelot sans instruction au commandant. Les scènes d’actions de combats maritimes sont toutefois bien mises en scène, même si quelques ficelles (pour traîner les maquettes) apparaîssent ici et là! Ce n’est pas un grand rôle pour Bogart.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Raymond Massey, Alan Hale, Julie Bishop
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23 août 2007

L’homme de Londres (1943) d’ Henri Decoin

L'homme de Londres Elle :
Film sombre dans les décors brumeux d’une gare maritime qui suit le parcours d’un brave père de famille râleur. Témoin d’un meurtre, il s’empare d’une valise pleine de billets par appât du gain et d’une vie meilleure. Cette valise va entraîner sa perte. En créant une atmosphère oppressante grâce à des jeux d’ombre et de lumière, Henri Decoin dépeint avec beaucoup d’émotion les tourments de l’âme qui agitent ce pauvre homme.
Note : 5 étoiles

Lui :
L'Homme de Londres Film noir français, fait sous l’occupation, cet Homme de Londres distille une atmosphère réaliste populaire et lourde. Le brouillard est épais, l’image est sombre, les plans sont assez audacieux. Le scénario pénètre ses personnages, décortiquant la (mauvaise) conscience de cet ouvrier au-dessus de tout soupçon. Un film assez réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux , Suzy Prim, Jules Berry, Mony Dalmès
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Remakes :
Le port de la Tentation (Temptation harbour) de l’anglais Lance Comfort (1947) avec Robert Newton et Simone Simon
L’homme de Londres du hongrois Béla Tarr (2007)