2 octobre 2010

Remorques (1941) de Jean Grémillon

RemorquesLui :
Le capitaine d’un remorqueur de sauvetage a une vraie passion pour métier. Lors d’une opération de sauvetage, il recueille une jeune femme qui cherche à fuir son mari. Adaptation d’un roman de Roger Vercel par Jacques Prévert qui a également écrit tous les dialogues, Remorques est une histoire d’amour fou avec ce dilemme entre la passion et l’amour sage avec une troisième prétendante : la mer. Le côté documentaire du film était prévu pour être plus développé (comme toujours avec Grémillon) mais le tournage fut interrompu par le début de la Seconde Guerre Mondiale. Les scènes de tempête ne furent donc tournées qu’un an plus tard, plus modestement, avec des maquettes en studio. Le film est l’occasion que réunir à nouveau le couple de Quai des Brumes, Michèle Morgan et Jean Gabin. Remorques contient de très belles scènes, notamment celle sur la grande plage déserte (1) et dans la grande maison vide ou encore celles situées dans la salle des machines du remorqueur. Un film au lyrisme sobre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Madeleine Renaud, Michèle Morgan, Fernand Ledoux
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Grémillon sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Grémillon chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Jacques Prévert n’a guère apprécié que Jean Grémillon mette une musique assez religieuse sur le texte qui clôt le film. Il lui en a voulu et ne souhaitait plus retravailler avec lui. Il écrira néanmoins le scénario de Lumière d’été deux ans plus tard, mais ce sera leur dernière collaboration.

(1) La plage du Vougot à Guissény dans le Finistère.

11 septembre 2010

Le retour de Topper (1941) de Roy Del Ruth

Titre original : « Topper Returns »
Autre titre : « Qui est l’assassin? » (Belgique)

Le retour de TopperLui :
Le retour de Topper est le troisième et ultime film d’une série de comédies qui mettent en scène un quinquagénaire à la vie bien rangée face à des bienveillants fantômes. C’est peut-être le meilleur des trois, celui où l’humour par l’absurde est le plus développé. L’histoire est centrée sur une enquête policière dans un grand manoir où c’est le fantôme du mort lui-même qui demande à Cosmo Topper de l’aider à démasquer le coupable. L’ensemble est plaisant, doté de personnages bien typés (parfois un peu trop mais jamais « vraiment trop »). Joan Blondell est parfaite dans son personnage de jeune femme délurée et un peu impertinente : un personnage très américain… On ne s’ennuie pas une seule seconde avec ce divertissement léger car le rythme est bien enlevé. La série connut un grand succès à l’époque. Elle fut adaptée 15 ans plus tard à la télévision.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Joan Blondell, Roland Young, Carole Landis, Billie Burke, Dennis O’Keefe
Voir la fiche du film et la filmographie de Roy Del Ruth sur le site IMDB.

Voir les autres films de Roy Del Ruth chroniqués sur ce blog…

La série des Topper :
Le couple invisible (Topper) de Norman Z. McLeod (1937) avec Constance Bennett et Cary Grant
Fantômes en croisière (Topper takes a trip) de Norman Z. McLeod (1938) avec avec Constance Bennett
Le retour de Topper (Topper returns) de Roy del Ruth (1941)
Dans les trois films, Roland Young joue le rôle de Cosmo Topper et Billie Burke celui de sa femme (mais son personnage change de caractère, ici elle est complètement frivole).
Dans l’adaptation télévisée de 1955 pour CBS, c’est Leo G. Carroll qui interprète Cosmo Topper. Il y eut 39 épisodes de 30mn sur 2 saisons.

17 août 2010

The Brasher Doubloon (1947) de John Brahm

Autre titre (U.K.): « The high window »

The Brasher DoubloonLui :
Seconde adaptation du roman de Raymond Chandler « The high window » (publié en France sous le titre « La grande fenêtre »), The Brasher Doubloon met en scène une enquête du détective Philip Marlowe. Le début du film le montre arrivant dans une vaste demeure où il est accueilli par la jolie secrétaire de la vieille dame qui l’a convoqué : on lui annonce que son travail est de retrouver une rarissime pièce de monnaie qui a disparu du coffre. Ce début de film n’est pas sans rappeler Le Grand Sommeil et les première minutes nous mettent rapidement dans l’atmosphère typique des romans de Chandler. L’intrigue est bien entendue compliquée mais reste facilement compréhensible. George Montgomery manque un peu de présence et donne une interprétation un peu fade de Philip Marlowe, surtout en comparaison avec les autres adaptations de Chandler de ces années quarante. John Brahm, réalisateur d’origine allemande auquel on doit la meilleure adaptation de Jack l’Eventreur, parvient à insuffler un peu de style gothique dans certains seconds rôles mais cette touche est certainement trop discrète. The Brasher Doubloon reste toutefois plaisant à regarder. Le film est rarement diffusé à la télévision et il n’est jamais sorti en salles en France.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Montgomery, Nancy Guild, Conrad Janis, Fritz Kortner, Florence Bates
Voir la fiche du film et la filmographie de John Brahm sur le site IMDB.

Remarques :
1) The Brasher Doubloon est la dernière apparition de Philip Marlowe avant un certain temps. Il faudra en effet attendre 22 ans pour qu’il réapparaisse sur le grand écran. Il faut dire que Raymond Chandler avait publié fin 1945 un article dans The Atlantic Monthly où il disait ouvertement ce qu’il pensait des scénaristes d’Hollywood… Après cet article, les producteurs n’étaient plus très bien disposés à son égard.
2) L’interprétation de Fritz Kortner (Rudolph Vannier) fait vraiment penser à Peter Lorre!

Précédente adaptation du roman The High Window :
Time to kill (1942) de Herbert I. Leeds avec Lloyd Nolan et Heather Angel, version plutôt supérieure à son remake.

9 août 2010

La grande horloge (1948) de John Farrow

Titre original : « The Big Clock »

La grande horlogeLui :
Le rédacteur en chef d’un journal d’enquêtes policières se retrouve recherché pour un méfait qu’il n’a pas commis. Son journal ayant pour habitude de tout faire pour trouver les coupables avant la police, il se retrouve ainsi à mener une chasse à l’homme contre lui-même… tout en s’efforçant de confondre le vrai coupable. Le spectateur de La Grande Horloge sait, dès les premières minutes, que le héros va se retrouver injustement traqué, donc le suspense n’est pas là. La plus grande partie du film est un flashback : au départ, on se demande donc de quoi il va être accusé et ensuite on voit l’étau se refermer inexorablement sur lui. Solidement construit, le film voit son rythme s’accélérer sans cesse. La mise en scène est techniquement parfaite : une grande partie se déroule au sein d’un grand building de bureaux et de nombreux travelings sont de véritables prouesses techniques (1). Le film est aussi servi par l’excellente interprétation de Charles Laughton et de Ray Milland, tout comme par de très bons seconds rôles (2). On notera une certaine critique sous-jacente du monde du travail dont le symbole de la déshumanisation est cette grande horloge mécanique qui semble tout régir et ce magnat de presse qui vire les gens pour la moindre peccadille. Mais, avant tout,  La Grande Horloge est un très bon film noir, un suspense psychologique qui sait nous tenir en haleine.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Charles Laughton, Maureen O’Sullivan, George Macready, Rita Johnson, Elsa Lanchester
Voir la fiche du film et la filmographie de John Farrow sur le site IMDB.

Remarques :
(1) Le tout premier plan de La Grande Horloge est époustouflant : nous sommes face à un très grand building, la caméra se rapproche pour faire un panoramique de haut en bas puis pénètre par une des fenêtres pour enchaîner avec un plan de Ray Milland qui se déplace furtivement dans un couloir. Tout cela en un seul mouvement ininterrompu et aucun raccord visible !
Autre plan étonnant, toujours au tout début du film : la caméra est placée au fond de la cabine d’un ascenseur et nous voyons les portes s’ouvrir 4 ou 5 fois, chaque « étage » ayant un décor totalement différent des autres et tout cela sans aucun raccord !
(2) Le film est en partie, une affaire de famille : Maureen O’Sullivan est la femme de John Farrow et Elsa Lanchester (l’artiste excentrique dans le film) est la femme de Charles Laughton.
A noter au passage que John Farrow est le père de Mia Farrow.

Remake :
Sens Unique (No way out) de Roger Donaldson (1987), avec Kevin Costner et Gene Hackman, dont l’intrigue s’est déplacée dans le monde de la politique.

4 août 2010

La belle et la bête (1946) de Jean Cocteau

La belle et la bêteElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, Jean Cocteau choisit d’adapter un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780), un conte de fées dont il donne une interprétation poétique et fantastique. La Belle et la Bête fait partie de ces films qui semblent former une classe à eux seuls tant ils se situent à part du restant de la production. La réussite du film est du en grande partie à l’atmosphère du film : Cocteau a su préserver toute l’innocence des contes de fées et générer l’émerveillement. Tout en semblant se placer hors du temps, il met en images deux mondes très différents : le village de La Belle qui évoque les peintures de Vermeer et le château de La Bête inspiré des gravures de Gustave Doré. Entouré d’une équipe soudée et de grand talent (1), Cocteau peut donner libre cours à sa vision, il n’a aucune crainte de briser les conventions (2). L’inventivité dont il fait preuve pour le monde de La Bête est remarquable : trucages et effets ingénieux contribuent à envelopper le spectateur d’un subtil mélange de féerie et d’étrangeté. La barrière entre l’animé et l’inanimé n’existe plus. Le maquillage de La Bête est d’une perfection absolue (3). Jamais égalé, La Belle et la Bête mêle l’étrange et la beauté avec une puissance peu commune, il fait partie de ces films qui restent gravés dans les mémoires. Tourné juste après la Libération, le film ne fut pas tout de suite un grand succès mais avec le temps, il a rapidement acquis son statut et sa notoriété : c’est un film unique en son genre.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean Marais, Josette Day, Marcel André, Mila Parély, Nane Germon, Michel Auclair
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jean Cocteau chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Jean Cocteau a écrit un livre basé sur le journal qu’il tenait pendant le tournage : « La Belle et la Bête, journal d’un film » (Ed. du Palimugre, 1946)

Notes:
(1) L’assistant-réalisateur est René Clément, le directeur de la photographie Henri Alekan, les décors sont de Christian Bérard. Cocteau raconte comment il a pris plaisir à travailler en équipe.
(2) Il était d’usage à l’époque de traiter poésie et féérie avec un léger flou sur l’image. Cocteau, au contraire, tenait à avoir une image très nette. Ce fut un objet de discorde avec les studios.
(3) Les poils étaient collés un à un sur le visage et sur les mains de Jean Marais, soit quatre heures de maquillage chaque jour et plus d’une heure pour tout enlever (ce qui était loin d’être indolore).

Autres versions :
La Belle et la Bête d’Albert Capellani (1905) film de 11″ dans l’esprit de Méliès
Beauty and the beast de Edward L. Cahn (1962)
Panna a netvor du tchécoslovaque Juraj Herz (1978)
La Belle et la Bête d’Eugene Marner (1987) avec John Savage et Rebecca de Mornay
La Belle et la Bête (1991) des Studios Walt Disney
+ plusieurs adaptations TV
En 1994, Philip Glass a composé un opéra sur les images du film de Cocteau.

20 juillet 2010

Battement de coeur (1940) de Henri Decoin

Battement de coeurLui :
Evadée d’une maison de redressement, une jeune fille échoit dans une école de pickpocket assez pittoresque. Ses premières activités vont l’amener à rencontrer un diplomate qui va l’employer pour une mission toute particulière. Si la base du scénario de Battement de cœur est tout à fait prometteuse, le développement de l’histoire semble un peu fade et trop prévisible. Le film semble surtout l’occasion de mettre en valeur son actrice vedette, Danielle Darrieux, qui était alors en pleine ascension et aussi la femme d’Henri Decoin. Effectivement, elle parvient à jouer les différentes facettes de son rôle avec beaucoup de charme. Mais le film reste trop centré sur elle, les autres rôles paraissant plus effacés ou oubliés. Les dialogues sont toutefois vifs, souvent assez brillants. Battement de cœur fut un immense succès, propulsant son actrice au rang de superstar à l’âge de 22 ans.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Claude Dauphin, André Luguet, Julien Carette, Jean Tissier, Saturnin Fabre
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri Decoin sur le site IMDB.

28 juin 2010

Chasse à l’homme (1941) de Fritz Lang

Titre original : « Man Hunt »

Chasse à l'hommeLui :
Adapté d’un roman de Geoffrey Household (The Rogue Male), Chasse à l’homme fait partie des films américains pro-interventionnistes du tout début de la seconde Guerre Mondiale : tourné en 1941, il se situe donc avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. L’histoire, même si elle paraît peu crédible, offre une belle trame de scénario : un anglais, habitué à chasser les grands fauves en Afrique, parvient à tenir Adolf Hitler dans le viseur de son fusil en Bavière sans avoir l’intention de tirer. Arrêté, il parvient à s’échapper mais il va être traqué par les hommes de la Gestapo qui veulent lui faire signer une fausse confession. Chasse à l’homme a beau avoir été visiblement tourné assez rapidement, Chasse à l'homme il fonctionne merveilleusement bien comme un film au suspense assez puisant, avec une tension qui ne se relâche que rarement. Que ce soit dans la forêt bavaroise ou dans le quartier des docks de Londres, l’ambiance est particulièrement bien restituée. Joan Bennett nous fait une belle démonstration d’accent cockney et Georges Sanders et John Carradine interprète deux vilains plus qu’inquiétants. Dirigé de main de maître, Chasse à l’homme résiste bien aux outrages du temps, ce qui est loin d’être toujours le cas des films de propagande.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Walter Pidgeon, Joan Bennett, George Sanders, John Carradine, Roddy McDowall
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

Remake :
The Rogue Male (TV pour la BBC) de Clive Donner (1976) avec Peter O’Toole.

3 juin 2010

Les naufrageurs des mers du sud (1942) de Cecil B. DeMille

Titre original : « Reap the wild wind »

Les naufrageurs des mers du sudLui :
Dans la première moitié du XIXe siècle, avant l’avènement du chemin de fer, les grands voiliers étaient le moyen le plus rapide pour transporter les marchandises de la côte est des Etats-Unis vers le delta du Mississippi. Ils contournaient la Floride où des récifs dangereux les attendaient. Sur les îles des Florida Keys, quelques compagnies se chargeaient de sauver les cargaisons des bateaux naufragés, ces drames étant parfois provoqués… C’est dans ce contexte historique, que Cecil B. DeMille place une histoire de triangle amoureux où deux hommes d’horizon très différent vont désirer la même jeune femme, décidée et indépendante d’esprit. Les Naufrageurs des Mers du Sud est un grand et beau spectacle avec une magnifique utilisation du Technicolor que l’on soit à terre ou en mer. Sur ce plan, le film figure parmi les meilleurs du genre, un véritable festin pour les yeux. Les scènes sous-marines ont nécessité deux mois de tournage avec une pieuvre, parfaitement animée pour l’époque (1). Côté acteurs, Paulette Godard insuffle beaucoup de vie, Ray Milland fait une bonne performance tandis que John Wayne donne une interprétation plate et sans saveur de son personnage. En second rôle, Raymond Massey est parfait dans le rôle du vilain, particulièrement fourbe et haïssable. Le film fut un grand succès. Les Naufrageurs des mers du sud reste très intéressant à visionner aujourd’hui, à la fois pour son intérêt historique et pour le spectacle qu’il offre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, John Wayne, Paulette Goddard, Raymond Massey, Robert Preston, Susan Hayward
Voir la fiche du film et la filmographie de Cecil B. DeMille sur le site IMDB.

Voir les autres films de Cecil B. DeMille chroniqués sur ce blog…

(1) En réalité, il ne s’agit pas d’une pieuvre mais d’un calmar géant, Cecil B. DeMille ayant préféré ce dernier car il possède dix tentacules alors que la pieuvre n’en a que huit (!) Son calmar géant était entièrement recouvert d’une membrane en caoutchouc, les tentacules étant animées électriquement.

2 juin 2010

La rivière rouge (1948) de Howard Hawks

Titre original : « Red River »

La rivière rougeLui :
Ce premier western d’Howard Hawks est basé sur un fait historique : le premier convoyage d’un gigantesque troupeau depuis le Texas jusqu’au Kansas. C’est l’ouverture en 1867 de la piste appelée « Chisholm Trail » qui eut des conséquences économiques importantes en ce lendemain de Guerre Civile : invendable au Texas, le bétail manquait plus au nord. La Rivière Rouge est l’un des premiers westerns qui introduit une bonne dose de psychologie dans son récit. Il y a d’abord ce personnage autoritaire et borné, admirablement personnifié par un John Wayne qui lui donne une vraie dimension (1), les relations d’amour/haine/compétition qu’il entretient avec son fils adoptif (Montgomery Clift dont c’est ici le premier film)(2), ou encore les diverses allusions symboliques. Le western acquiert ainsi une autre dimension. Il faut aussi souligner la très belle photographie de Russell Harlan, en noir et blanc, avec de nombreuses scènes de nuit. Après une sortie retardée (3), La Rivière Rouge fut un beau succès commercial. Il apparaît de façon indéniable comme l’un des westerns majeurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, John Ireland
Voir la fiche du film et la filmographie de Howard Hawks sur le site IMDB.

Voir les autres films de Howard Hawks chroniqués sur ce blog…

Remarques :
(1) John Ford après avoir vu le film aurait dit à propos de John Wayne : « Je n’aurais jamais cru que ce grand con pouvait vraiment jouer » (« I didn’t know the big son of a bitch could act! »)
(2) On peut penser que la tension entre John Wayne et Montgomery Clift a probablement servi le film car, comme dans le film, tout les oppose dans la vraie vie, que ce soit sur le plan politique ou personnel. John Wayne n’appréciait guère l’homosexualité de Montgomery Clift et aurait même tenté de le faire renvoyer.
(3) Le film fut tourné en 1946 mais ne sortit qu’en 1948.

28 mai 2010

Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli

Titre original : « Undercurrent »

Lame de fondLui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.
Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »