17 août 2010

The Brasher Doubloon (1947) de John Brahm

Autre titre (U.K.): « The high window »

The Brasher DoubloonLui :
Seconde adaptation du roman de Raymond Chandler « The high window » (publié en France sous le titre « La grande fenêtre »), The Brasher Doubloon met en scène une enquête du détective Philip Marlowe. Le début du film le montre arrivant dans une vaste demeure où il est accueilli par la jolie secrétaire de la vieille dame qui l’a convoqué : on lui annonce que son travail est de retrouver une rarissime pièce de monnaie qui a disparu du coffre. Ce début de film n’est pas sans rappeler Le Grand Sommeil et les première minutes nous mettent rapidement dans l’atmosphère typique des romans de Chandler. L’intrigue est bien entendue compliquée mais reste facilement compréhensible. George Montgomery manque un peu de présence et donne une interprétation un peu fade de Philip Marlowe, surtout en comparaison avec les autres adaptations de Chandler de ces années quarante. John Brahm, réalisateur d’origine allemande auquel on doit la meilleure adaptation de Jack l’Eventreur, parvient à insuffler un peu de style gothique dans certains seconds rôles mais cette touche est certainement trop discrète. The Brasher Doubloon reste toutefois plaisant à regarder. Le film est rarement diffusé à la télévision et il n’est jamais sorti en salles en France.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Montgomery, Nancy Guild, Conrad Janis, Fritz Kortner, Florence Bates
Voir la fiche du film et la filmographie de John Brahm sur le site IMDB.

Remarques :
1) The Brasher Doubloon est la dernière apparition de Philip Marlowe avant un certain temps. Il faudra en effet attendre 22 ans pour qu’il réapparaisse sur le grand écran. Il faut dire que Raymond Chandler avait publié fin 1945 un article dans The Atlantic Monthly où il disait ouvertement ce qu’il pensait des scénaristes d’Hollywood… Après cet article, les producteurs n’étaient plus très bien disposés à son égard.
2) L’interprétation de Fritz Kortner (Rudolph Vannier) fait vraiment penser à Peter Lorre!

Précédente adaptation du roman The High Window :
Time to kill (1942) de Herbert I. Leeds avec Lloyd Nolan et Heather Angel, version plutôt supérieure à son remake.

9 août 2010

La grande horloge (1948) de John Farrow

Titre original : « The Big Clock »

La grande horlogeLui :
Le rédacteur en chef d’un journal d’enquêtes policières se retrouve recherché pour un méfait qu’il n’a pas commis. Son journal ayant pour habitude de tout faire pour trouver les coupables avant la police, il se retrouve ainsi à mener une chasse à l’homme contre lui-même… tout en s’efforçant de confondre le vrai coupable. Le spectateur de La Grande Horloge sait, dès les premières minutes, que le héros va se retrouver injustement traqué, donc le suspense n’est pas là. La plus grande partie du film est un flashback : au départ, on se demande donc de quoi il va être accusé et ensuite on voit l’étau se refermer inexorablement sur lui. Solidement construit, le film voit son rythme s’accélérer sans cesse. La mise en scène est techniquement parfaite : une grande partie se déroule au sein d’un grand building de bureaux et de nombreux travelings sont de véritables prouesses techniques (1). Le film est aussi servi par l’excellente interprétation de Charles Laughton et de Ray Milland, tout comme par de très bons seconds rôles (2). On notera une certaine critique sous-jacente du monde du travail dont le symbole de la déshumanisation est cette grande horloge mécanique qui semble tout régir et ce magnat de presse qui vire les gens pour la moindre peccadille. Mais, avant tout,  La Grande Horloge est un très bon film noir, un suspense psychologique qui sait nous tenir en haleine.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, Charles Laughton, Maureen O’Sullivan, George Macready, Rita Johnson, Elsa Lanchester
Voir la fiche du film et la filmographie de John Farrow sur le site IMDB.

Remarques :
(1) Le tout premier plan de La Grande Horloge est époustouflant : nous sommes face à un très grand building, la caméra se rapproche pour faire un panoramique de haut en bas puis pénètre par une des fenêtres pour enchaîner avec un plan de Ray Milland qui se déplace furtivement dans un couloir. Tout cela en un seul mouvement ininterrompu et aucun raccord visible !
Autre plan étonnant, toujours au tout début du film : la caméra est placée au fond de la cabine d’un ascenseur et nous voyons les portes s’ouvrir 4 ou 5 fois, chaque « étage » ayant un décor totalement différent des autres et tout cela sans aucun raccord !
(2) Le film est en partie, une affaire de famille : Maureen O’Sullivan est la femme de John Farrow et Elsa Lanchester (l’artiste excentrique dans le film) est la femme de Charles Laughton.
A noter au passage que John Farrow est le père de Mia Farrow.

Remake :
Sens Unique (No way out) de Roger Donaldson (1987), avec Kevin Costner et Gene Hackman, dont l’intrigue s’est déplacée dans le monde de la politique.

4 août 2010

La belle et la bête (1946) de Jean Cocteau

La belle et la bêteElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, Jean Cocteau choisit d’adapter un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780), un conte de fées dont il donne une interprétation poétique et fantastique. La Belle et la Bête fait partie de ces films qui semblent former une classe à eux seuls tant ils se situent à part du restant de la production. La réussite du film est du en grande partie à l’atmosphère du film : Cocteau a su préserver toute l’innocence des contes de fées et générer l’émerveillement. Tout en semblant se placer hors du temps, il met en images deux mondes très différents : le village de La Belle qui évoque les peintures de Vermeer et le château de La Bête inspiré des gravures de Gustave Doré. Entouré d’une équipe soudée et de grand talent (1), Cocteau peut donner libre cours à sa vision, il n’a aucune crainte de briser les conventions (2). L’inventivité dont il fait preuve pour le monde de La Bête est remarquable : trucages et effets ingénieux contribuent à envelopper le spectateur d’un subtil mélange de féerie et d’étrangeté. La barrière entre l’animé et l’inanimé n’existe plus. Le maquillage de La Bête est d’une perfection absolue (3). Jamais égalé, La Belle et la Bête mêle l’étrange et la beauté avec une puissance peu commune, il fait partie de ces films qui restent gravés dans les mémoires. Tourné juste après la Libération, le film ne fut pas tout de suite un grand succès mais avec le temps, il a rapidement acquis son statut et sa notoriété : c’est un film unique en son genre.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean Marais, Josette Day, Marcel André, Mila Parély, Nane Germon, Michel Auclair
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Remarques :
Jean Cocteau a écrit un livre basé sur le journal qu’il tenait pendant le tournage : « La Belle et la Bête, journal d’un film » (Ed. du Palimugre, 1946)

Notes:
(1) L’assistant-réalisateur est René Clément, le directeur de la photographie Henri Alekan, les décors sont de Christian Bérard. Cocteau raconte comment il a pris plaisir à travailler en équipe.
(2) Il était d’usage à l’époque de traiter poésie et féérie avec un léger flou sur l’image. Cocteau, au contraire, tenait à avoir une image très nette. Ce fut un objet de discorde avec les studios.
(3) Les poils étaient collés un à un sur le visage et sur les mains de Jean Marais, soit quatre heures de maquillage chaque jour et plus d’une heure pour tout enlever (ce qui était loin d’être indolore).

Autres versions :
La Belle et la Bête d’Albert Capellani (1905) film de 11″ dans l’esprit de Méliès
Beauty and the beast de Edward L. Cahn (1962)
Panna a netvor du tchécoslovaque Juraj Herz (1978)
La Belle et la Bête d’Eugene Marner (1987) avec John Savage et Rebecca de Mornay
La Belle et la Bête (1991) des Studios Walt Disney
+ plusieurs adaptations TV
En 1994, Philip Glass a composé un opéra sur les images du film de Cocteau.

20 juillet 2010

Battement de coeur (1940) de Henri Decoin

Battement de coeurLui :
Evadée d’une maison de redressement, une jeune fille échoit dans une école de pickpocket assez pittoresque. Ses premières activités vont l’amener à rencontrer un diplomate qui va l’employer pour une mission toute particulière. Si la base du scénario de Battement de cœur est tout à fait prometteuse, le développement de l’histoire semble un peu fade et trop prévisible. Le film semble surtout l’occasion de mettre en valeur son actrice vedette, Danielle Darrieux, qui était alors en pleine ascension et aussi la femme d’Henri Decoin. Effectivement, elle parvient à jouer les différentes facettes de son rôle avec beaucoup de charme. Mais le film reste trop centré sur elle, les autres rôles paraissant plus effacés ou oubliés. Les dialogues sont toutefois vifs, souvent assez brillants. Battement de cœur fut un immense succès, propulsant son actrice au rang de superstar à l’âge de 22 ans.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Danielle Darrieux, Claude Dauphin, André Luguet, Julien Carette, Jean Tissier, Saturnin Fabre
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28 juin 2010

Chasse à l’homme (1941) de Fritz Lang

Titre original : « Man Hunt »

Chasse à l'hommeLui :
Adapté d’un roman de Geoffrey Household (The Rogue Male), Chasse à l’homme fait partie des films américains pro-interventionnistes du tout début de la seconde Guerre Mondiale : tourné en 1941, il se situe donc avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. L’histoire, même si elle paraît peu crédible, offre une belle trame de scénario : un anglais, habitué à chasser les grands fauves en Afrique, parvient à tenir Adolf Hitler dans le viseur de son fusil en Bavière sans avoir l’intention de tirer. Arrêté, il parvient à s’échapper mais il va être traqué par les hommes de la Gestapo qui veulent lui faire signer une fausse confession. Chasse à l’homme a beau avoir été visiblement tourné assez rapidement, Chasse à l'homme il fonctionne merveilleusement bien comme un film au suspense assez puisant, avec une tension qui ne se relâche que rarement. Que ce soit dans la forêt bavaroise ou dans le quartier des docks de Londres, l’ambiance est particulièrement bien restituée. Joan Bennett nous fait une belle démonstration d’accent cockney et Georges Sanders et John Carradine interprète deux vilains plus qu’inquiétants. Dirigé de main de maître, Chasse à l’homme résiste bien aux outrages du temps, ce qui est loin d’être toujours le cas des films de propagande.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Walter Pidgeon, Joan Bennett, George Sanders, John Carradine, Roddy McDowall
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Remake :
The Rogue Male (TV pour la BBC) de Clive Donner (1976) avec Peter O’Toole.

3 juin 2010

Les naufrageurs des mers du sud (1942) de Cecil B. DeMille

Titre original : « Reap the wild wind »

Les naufrageurs des mers du sudLui :
Dans la première moitié du XIXe siècle, avant l’avènement du chemin de fer, les grands voiliers étaient le moyen le plus rapide pour transporter les marchandises de la côte est des Etats-Unis vers le delta du Mississippi. Ils contournaient la Floride où des récifs dangereux les attendaient. Sur les îles des Florida Keys, quelques compagnies se chargeaient de sauver les cargaisons des bateaux naufragés, ces drames étant parfois provoqués… C’est dans ce contexte historique, que Cecil B. DeMille place une histoire de triangle amoureux où deux hommes d’horizon très différent vont désirer la même jeune femme, décidée et indépendante d’esprit. Les Naufrageurs des Mers du Sud est un grand et beau spectacle avec une magnifique utilisation du Technicolor que l’on soit à terre ou en mer. Sur ce plan, le film figure parmi les meilleurs du genre, un véritable festin pour les yeux. Les scènes sous-marines ont nécessité deux mois de tournage avec une pieuvre, parfaitement animée pour l’époque (1). Côté acteurs, Paulette Godard insuffle beaucoup de vie, Ray Milland fait une bonne performance tandis que John Wayne donne une interprétation plate et sans saveur de son personnage. En second rôle, Raymond Massey est parfait dans le rôle du vilain, particulièrement fourbe et haïssable. Le film fut un grand succès. Les Naufrageurs des mers du sud reste très intéressant à visionner aujourd’hui, à la fois pour son intérêt historique et pour le spectacle qu’il offre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ray Milland, John Wayne, Paulette Goddard, Raymond Massey, Robert Preston, Susan Hayward
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(1) En réalité, il ne s’agit pas d’une pieuvre mais d’un calmar géant, Cecil B. DeMille ayant préféré ce dernier car il possède dix tentacules alors que la pieuvre n’en a que huit (!) Son calmar géant était entièrement recouvert d’une membrane en caoutchouc, les tentacules étant animées électriquement.

2 juin 2010

La rivière rouge (1948) de Howard Hawks

Titre original : « Red River »

La rivière rougeLui :
Ce premier western d’Howard Hawks est basé sur un fait historique : le premier convoyage d’un gigantesque troupeau depuis le Texas jusqu’au Kansas. C’est l’ouverture en 1867 de la piste appelée « Chisholm Trail » qui eut des conséquences économiques importantes en ce lendemain de Guerre Civile : invendable au Texas, le bétail manquait plus au nord. La Rivière Rouge est l’un des premiers westerns qui introduit une bonne dose de psychologie dans son récit. Il y a d’abord ce personnage autoritaire et borné, admirablement personnifié par un John Wayne qui lui donne une vraie dimension (1), les relations d’amour/haine/compétition qu’il entretient avec son fils adoptif (Montgomery Clift dont c’est ici le premier film)(2), ou encore les diverses allusions symboliques. Le western acquiert ainsi une autre dimension. Il faut aussi souligner la très belle photographie de Russell Harlan, en noir et blanc, avec de nombreuses scènes de nuit. Après une sortie retardée (3), La Rivière Rouge fut un beau succès commercial. Il apparaît de façon indéniable comme l’un des westerns majeurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, John Ireland
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Remarques :
(1) John Ford après avoir vu le film aurait dit à propos de John Wayne : « Je n’aurais jamais cru que ce grand con pouvait vraiment jouer » (« I didn’t know the big son of a bitch could act! »)
(2) On peut penser que la tension entre John Wayne et Montgomery Clift a probablement servi le film car, comme dans le film, tout les oppose dans la vraie vie, que ce soit sur le plan politique ou personnel. John Wayne n’appréciait guère l’homosexualité de Montgomery Clift et aurait même tenté de le faire renvoyer.
(3) Le film fut tourné en 1946 mais ne sortit qu’en 1948.

28 mai 2010

Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli

Titre original : « Undercurrent »

Lame de fondLui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
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Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »

21 mai 2010

Le trésor de la Sierra Madre (1948) de John Huston

Titre original : « The Treasure of the Sierra Madre »

Le trésor de la Sierra MadreLui :
Adapté du livre d’un mystérieux B. Traven (1), Le Trésor de la Sierra Madre nous fait suivre un trio de chercheurs d’or dont les relations se tendent au fur et à mesure de leurs découvertes. John Houston a tenu à mettre l’accent sur le réalisme en allant tourner sur place au Mexique (2), sa réalisation est absolument parfaite. Les personnages peuvent paraître exagérément typés, surtout le rôle tenu par Bogart qui retrouve ici le jeu dur et cassant qu’il avait dans les années trente, avec des montées de férocité trop brutales. En revanche, Walter Houston, père du réalisateur, est vraiment admirable en vieux briscard, malgré son débit ultra rapide parfois à la limite du grotesque. Le Trésor de la Sierra Madre est généralement plutôt bien considéré, pourtant on peut trouver qu’il manque un peu d’intensité (3).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Humphrey Bogart, Walter Huston, Tim Holt, Bruce Bennett
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(1) B. Traven n’a pas voulu se dévoiler pendant le tournage. John Huston raconte dans ses mémoires comment l’écrivain organisait des rendez-vous mystérieux auxquels il ne se montrait pas et comment il a fini par envoyer « son traducteur » pour travailler avec Houston. Le réalisateur a compris qu’il s’agissait de l’écrivain lui-même. La véritable identité est restée incertaine, on a cru qu’il s’agissait d’un émigré allemand, Red Marut, auteur de pamphlets anarchistes dans les années 20 mais Houston explique que rien n’est moins sûr.
(2) Le film est parfois présenté comme étant le premier film américain tourné presque entièrement en extérieurs hors du pays (Houston le présente ainsi dans ses mémoires), affirmation un peu étonnante car il semble qu’il y ait eu d’autres films américains tournés hors des USA (ne serait-ce que les derniers films de Rex Ingram dans les années 20).
(3) The Naked Spur (L’appât) d’Anthony Mann, avec lequel on peut noter certains parallèles dans la situation, est par exemple autrement plus intense.

Remarques :
L’homme en costume blanc auquel Humphrey Bogart demande une petite pièce par trois fois au début du film est John Huston lui-même.

19 mai 2010

Le massacre de Fort Apache (1948) de John Ford

Titre original : « Fort Apache »

Le massacre de Fort ApacheLui :
Premier film de la trilogie de John Ford sur la cavalerie (1), Le Massacre de Fort Apache retrace la défaite du Général Custer à Little Big Horn. John Ford s’attache à la réalité historique, du moins une version de celle-ci (2), tout au plus déplace t-il la scène un peu plus au sud en la plaçant dans le décor majestueux de Monument Valley, son décor préféré. C’est d’ailleurs la beauté des images qui frappent en premier, perfection dans le cadrage, la composition et la position de la caméra. Certains plans vous coupent le souffle par leur perfection. Cette maestria frappe d’autant plus que John Ford entrait alors dans une période où il avait atteint une simplicité qui fait fantasmer tous les réalisateurs depuis 50 ans : c’est parfait et évident. On retrouve cette simplicité dans le déroulement du récit et dans les dialogues, aucune scène ne semble superflue. Sur le fond, John Ford rétablit « la vérité » sur la fin de Custer tout en justifiant son édulcoration : nous avons besoin de héros (3). Avec Le Massacre de Fort Apache, il redonne aussi aux indiens une dignité dans le sens où leur combat nous est montré comme étant légitime, justifié par les faits, pendant que Custer est dépeint comme un raciste et sans respect de la parole donnée. Au final, si on peut, bien entendu, être effarouché par les grandes valeurs d’exaltation véhiculées, Le Massacre de Fort Apache n’en est pas moins un film quasiment parfait par sa force et son évidence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: John Wayne, Henry Fonda, Shirley Temple, Pedro Armendáriz, Ward Bond, George O’Brien
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(1) Trilogie sur la cavalerie par John Ford :
Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) (1948)
La Charge Héroïque (She wore a yellow ribbon) (1949)
Rio Grande (1951)
(2) Le sujet fait toujours couler beaucoup d’encre. Plusieurs théories s’affrontent. John Ford adopte celle où c’est l’aveuglement de Custer qui l’a conduit à la défaite.
(3) Cette fin fait penser à celle de l’Homme qui tua Liberty Valance qu’il tournera 13 ans plus tard où le patron de presse dit : « Quand la légende devient si réelle, il faut imprimer la légende » (« When the legend becomes fact, print the legend. »)