31 janvier 2011

Monte Carlo (1930) de Ernst Lubitsch

Monte-CarloLui :
Les débuts du cinéma parlant ont engendré une certaine vogue des opérettes, genre que Lubitsch a grandement initié. L’histoire de Monte Carlo est assez classique : la comtesse Mara s’enfuit le matin même de son mariage avec le Duc von Liebenheim et échoue à Monte-Carlo. Là, le Comte Farrière la remarque et se fait passer pour un coiffeur afin de pouvoir l’approcher… C’est donc le grand dilemme entre le mariage d’amour et le mariage d’argent, sujet qui est ici traité sous forme d’une comédie avec passages chantés. Les femmes ne sont, il faut bien l’avouer, pas montrés sous un jour très flatteur : elles sont plutôt vénales et capricieuses. Si Jeannette MacDonald semble particulièrement à l’aise dans ce rôle de comtesse impulsive et dégage beaucoup de sensualité, on ne peut hélas en dire autant de Jack Buchanan qui est terne et sans attrait. Nous sommes loin de Maurice Chevalier (1). On en viendrait à préférer le personnage du duc banni (excellent Claud Allister), finalement assez sympathique avec son indéfectible optimisme. De ce fait, le film paraît assez plat malgré de bons dialogues et l’opulence des décors qui donnent au film un petit côté de conte de fées. A noter la scène du voyage en train où Lubitsch utilise les bruitages du train pour former un rythme et s’intégrer à la musique et à la chanson (2). Ce style d’intégration était alors totalement nouveau.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jack Buchanan, Jeanette MacDonald, Claud Allister, Zasu Pitts, Albert Conti
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(1) Dans la filmographie de Lubitsch, Monte Carlo est encadré par deux films qui sont portés par le charme de Maurice Chevalier : The Love Parade (avec Jeannette Mac Donald), The Smiling Lieutenant (avec Claudette Colbert).
(2) La chanson, « Beyond the blue horizon », devint extrêmement populaire, et pour de nombreuses années. Jeannette MacDonald la chantera aux G.I. pendant la Seconde Guerre mondiale.

Homonyme :
Zasu Pitts, qui interprète ici la femme de chambre, avait déjà joué dans un film intitulé Monte Carlo (1926) de Christy Cabanne, dont l’histoire n’a aucun point commun avec le film de Lubitsch.

19 janvier 2011

New York – Miami (1934) de Frank Capra

Titre original : « It happened one night »

New York - MiamiLui :
New York – Miami de Frank Capra a apporté un ton nouveau à la comédie américaine. Avec ses dialogues légers et enlevés, ses situations saugrenues basées sur les rapports homme-femme, son excellent rythme dans l’enchaînement des situations, c’est la première « screwball comedy », celle qui a lancé le genre. Personne à Hollywood ne croyait à son succès, qui ne vint d’ailleurs pas aussitôt mais qui fut immense. Il faut dire que l’alchimie entre Claudette Colbert et Clark Gable fait plaisir à voir et que nombre d’américains se sont identifiés à Clark Gable, journaliste sans le sou et débrouillard qui donne une bonne leçon de vie à une fille à papa, riche et capricieuse. Si New York – Miami a bousculé toutes les règles, il en a créé de nouvelles. Ce nouveau genre a engendré des films sans inspiration, pâles copies de l’original, mais aussi certains des plus beaux bijoux de la comédie américaine.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Claudette Colbert, Walter Connolly
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Remarques :
New York - Miami 1) Dans la fameuse scène du « mur de Jéricho », lorsque Clark Gable retire sa chemise, on voit qu’il ne porte pas de maillot de corps (en réalité, c’était uniquement pour éviter que la scène dure trop longtemps). Il fut instantanément imité par bon nombre d’américains et les ventes de maillots de corps chutèrent. La légende raconte que les fabricants de sous-vêtements menacèrent la Columbia de poursuites.
2) Frank Capra a eu bien du mal à trouver ses deux acteurs vedettes : plusieurs acteurs ont refusé, jugeant le script sans intérêt. Claudette Colbert n’a accepté qu’à la condition que son salaire soit doublé et que le tournage ne dure pas plus de quatre semaines. De son côté, le prêt de Clark Gable de la MGM à la Columbia était une punition : s’estimant surmené, l’acteur avait refusé de tourner un nouveau film pour la MGM. La punition fut donc de l’envoyer tourner un petit film « sans intérêt » chez un concurrent, chose qu’il n’avait pas le droit de refuser.
3) New York – Miami est l’un des très rares films à avoir reçu les 5 Oscars majeurs. On pense que la MGM a manœuvré pour que Clark Gable (qu’ils avaient prêté à la Columbia pour le film) reçoive l’Oscar du meilleur acteur afin de booster sa carrière…

It happened one night

Remakes :
Eve knew her apples de Will Jason (1945) avec Ann Miller et William Wright
L’extravangante héritière (You can’t run away with it) de Dick Powell (1956), comédie musicale  avec June Allyson et Jack Lemmon
Garçon choc pour nana chic (The sure thing) de Rob Reiner (1985) avec John Cusak

15 décembre 2010

Ceux de la zone (1933) de Frank Borzage

Titre original : « Man’s Castle »

Ceux de la zoneLui :
Dans le cinéma de Frank Borzage, l’amour est toujours le plus fort, il triomphe de tout. C’est particulièrement vrai dans Ceux de la Zone puisque son histoire prend place dans une zone de New York connue sous le nom de « Hoover Flats » (= les appartements Hoover), sorte de petit bidonville créé au bord de l’Hudson après la Grande Dépression. C’est là que s’installent provisoirement les deux personnages principaux, deux irréductibles optimistes : lui est un individualiste forcené qui tient à sa liberté et s’interdit d’exprimer tout sentiment (Spencer Tracy), elle est une jeune femme fragile, débordant d’amour (Loretta Young). La façon dont ils se rencontrent en début de film est une petite merveille scénaristique. Borzage est aussi le cinéaste de l’espoir : à l’instar de la fleur qui émerge non sans mal dans cet environnement sombre et pollué, l’amour va éclore malgré l’adversité et les tentations, l’amour qui se joue de la fatalité. Très belles prestations d’acteurs, en totale emphase avec leur personnage ; Loretta Young est particulièrement lumineuse dans cet environnement modeste. Tous deux sont terriblement attachants. Plus que jamais, Borzage fait preuve de délicatesse et de nuances. Malgré les forts contrastes, il ne grossit jamais le trait ni ne joue avec la dramatisation. Il trouve là un équilibre parfait. Ceux de la Zone est l’un de ses plus beaux films.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Loretta Young, Marjorie Rambeau, Glenda Farrell, Walter Connolly, Arthur Hohl
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Ceux de la zoneRemarques :
* Le film eut des problèmes avec la censure du fait de la grossesse hors mariage. Certaines scènes furent coupées.
* Si le film a indéniablement un côté historique aujourd’hui en nous montrant la façon dont pouvaient vivre des chômeurs au lendemain de la Grande Dépression, il n’était pas très vendeur de trop le montrer à l’époque comme en témoigne l’affiche ci-contre qui reprend une scène très courte entre Spencer Tracy et Glenda Farrell (qui représente la tentation et copie de façon étonnante le jeu de Mae West), une affiche vraiment peu représentative du film.

24 novembre 2010

Les pirates du rail (1938) de Christian-Jaque

Les pirates du railLui :
A la frontière chinoise, la ligne de chemin de fer du Tonkin est souvent attaquée par des pirates et des groupes qui cherchent à prendre le pouvoir. A la tête de la concession, un groupe de français est en danger permanent. En cette fin des années trente, l’orientalisme et l’exotisme étaient à la mode et avec ces Pirates du Rail, Christian-Jaque tente de profiter de cette vogue. L’intrigue est confuse, un peu simplette, l’histoire étant tirée d’un feuilleton paru dans un grand journal du soir. Elle n’est pas très crédible non plus. Erich von Stroheim campe… un chinois qui a fait West Point (!), Marcel Dalio ne semble peu convaincu de son personnage de marchand d’armes, Charles Vanel se démène pour donner un peu de vraisemblance à l’ensemble.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Suzy Prim, Erich von Stroheim, Marcel Dalio, Simone Renant
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19 novembre 2010

Les faubourgs de New York (1933) de Raoul Walsh

Titre original : « The Bowery »

Les faubourgs de New YorkLui :
L’action des Faubourgs de New York se situe dans les « joyeuses années 90 » (1890). Sur Bowery, deux patrons de saloons rivalisent pour être le plus populaire. Partiellement basée sur des faits réels, cette guéguerre, riche en bagarres et en défis, permet à Raoul Walsh de mettre face à face deux acteurs qui non seulement collent parfaitement à leurs personnages mais encore rivalisaient en tant qu’acteurs : le débonnaire Wallace Beery, l’homme au grand cœur, tout ventre dehors avec son costume bon marché, prenant constamment la position du boxeur en attente et le dandy George Raft, rusé, tiré à quatre épingles, toujours prêt à jouer un mauvais tour à son adversaire. Leur rivalité est haute en couleur et nous vaut des scènes assez amusantes comme la bataille entre deux escadrons de pompiers pendant qu’une maison brûle (1), les scènes de saloon ou encore le saut du Brooklyn Bridge (2). Toute une rue avait été reconstituée en studio selon les indications de Walsh qui connaissait bien le vrai Bowery (3). L’univers très machiste (4) du film laisse toutefois une bonne place à l’actrice Fay Wray qui montre ici une belle présence malgré la concurrence, tout comme le jeune Jackie Cooper en gamin des faubourgs. Les Faubourgs de New York est une comédie pleine d’humour, assez bon enfant, parfaitement maitrisée par son réalisateur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Wallace Beery, George Raft, Jackie Cooper, Fay Wray
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Les faubourgs de New York(1) La scène a été reprise par Martin Scorsese dans Gangs of New York. Scorsese mentionne ce film parmi ses préférés.
(2) Cette scène s’est réellement déroulée : en 1886, un certain Steve Brodie a sauté du pont devant témoins pour gagner un pari, exploit contesté par certains. Toujours à propos de cette scène, Raoul Walsh raconte dans ses mémoires qu’il a fait croire à George Raft que, le mannequin n’ayant pu arriver à temps, il devrait sauter lui-même. Contre toute attente, Raft se montra prêt à le faire bien que visiblement mort de peur. A l’instar de son personnage, il n’envisageait pas de se défiler… La plaisanterie de Raoul Walsh avait fait long feu!
(3) Raoul Walsh a passé son enfance non loin du Bowery et il a tourné l’un de ses premiers longs métrages, Regeneration (1915), dans le vrai Bowery.
(4) Comme assez souvent avec les comédies antérieures à 1935 (antérieure au Code Hays), certaines scènes peuvent choquer nos yeux modernes. Dans ce film, on notera un certain racisme envers les habitants de Chinatown et une bonne dose de misogynie. Etant ainsi politiquement incorrect, le film est donc parfois assez mal jugé aujourd’hui. Comme dans d’autres cas, il faut savoir prendre du recul.

Remarques :
* The Bowery est le premier des 18 films produits par Darryl Zanuck avec sa nouvelle compagnie 20th Century Pictures avant de fusionner en 1935 avec la Fox.
* Le second court métrage tourné par Walsh en 1914 avait lui aussi pour titre The Bowery, sans qu’il y ait d’autre lien entre les deux films.

16 novembre 2010

Le sang d’un poète (1930) de Jean Cocteau

Le sang d'un poèteLui :
Financé par le vicomte Charles de Noailles (qui a également produit L’Âge d’or de Luis Buñuel), le premier film de Jean Cocteau est un moyen métrage de 49 minutes qui nous plonge dans une sorte de rêve illustrant la difficulté de la création et les errements du poète. On retrouve dans Le Sang du Poète certains symboles et thèmes qui sont chers à Cocteau, les corps, le miroir-porte vers une autre réalité, la mort. Cocteau joue beaucoup avec les trucages, utilisant pleinement les possibilités techniques de l’époque pour créer des images surréalistes, à la fois fortes et belles (le film a toutefois été source de querelles entre Cocteau et les surréalistes). Le Sang d’un poète est souvent présenté comme le film le plus personnel de Cocteau dans la mesure il s’est « portraituré » lui-même, pour reprendre sa propre expression. Le titre initialement prévu était même « La vie d’un poète ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Enrique Rivero, Elizabeth Lee Miller, Pauline Carton, Odette Talazac
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9 novembre 2010

Le pré de Béjine (1937) de Sergueï Eisenstein

Titre original : « Bezhin lug » (Бежин луг)

Le pré de Béjine Lui :
(Diaporama muet de 35 mn) Le pré de Béjine est l’un des « films perdus » les plus étudiés de l’histoire du cinéma. Alors en disgrâce auprès des autorités soviétiques, Eisenstein ne l’a même jamais totalement terminé, sa production ayant été stoppée par le ministre du cinéma Choumiatski qui le jugeait trop poétique et chargé de métaphores religieuses (1). Il ordonna de détruire le film (selon la version officielle, les négatifs du film auraient été détruits dans un bombardement pendant la guerre) mais la femme d’Eisenstein, Pera Atasheva, en a sauvé des fragments, quelques images de nombreux plans importants (2). Le pré de Béjine Une série d’images fixes est donc tout ce qui nous reste du Pré de Béjine, c’est peu mais elles permettent de nous en faire une idée assez précise. L’histoire est celle d’un jeune garçon tué par son père opposé à la collectivisation des terres. C’est donc l’opposition entre la vieille Russie, accrochée au passé, avec la nouvelle nation soviétique, entreprenante et courageuse. L’enfant est blond, droit et pur, symbole d’un pays porteur d’avenir. Le Pré de Béjine est l’un des rares films d’Eisenstein comportant un héros de premier plan. Plusieurs scènes du film paraissent très fortes : le jeune Stepok qui parvient à calmer les paysans prêts au lynchage, l’incendie du dépot de carburants, l’appropriation d’une église et de son contenu par les villageois pour en faire une maison du peuple, le père tuant son fils qui protégeait la récolte, … Les maigres restes du film nous laissent supposer que le Pré de Béjine aurait été l’un des très grands films d’Eisenstein.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Viktor Kartashov, Nikolai Khmelyov
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(1) Quand Choumiatski sera lui-même arrêté (soupçonné d’être un espion anglais) et exécuté quelques mois plus tard, l’arrêt de la production du Pré de Béjine sera l’un des chefs d’accusation à sa charge. Il faut préciser qu’entre temps, Eisenstein était revenu en grâce après son « autocritique » publique.
(2) Il n’est pas impossible qu’il s’agisse de chutes de montage, les premières images des plans lors de leur mise bout à bout. La reconstitution principale du film a été faite en 1964/65 par le réalisateur Sergueï Ioutkevitch avec l’aide d’un élève d’Eisenstein, Naum Kleiman. Une musique de Prokofiev et une introduction (du professeur Rostislav Yourenev de la Cinémathèque de l’U.R.S.S.) ont été alors ajoutées.

28 octobre 2010

La kermesse héroïque (1935) de Jacques Feyder

La kermesse héroïqueLui :
Dans les Flandres occupées par les espagnols en 1616, les atrocités de la guerre récente sont encore dans tous les esprits. Lorsque la petite ville de Boom apprend l’arrivée imminente d’un détachement espagnol qui désire y bivouaquer, la panique chez les élus est telle que le bourgmestre préfère se faire passer pour mort. Sa femme prend les choses en main et décide de recevoir les militaires. Ceux-ci se révèleront être bien plus civilisés qu’escompté… La Kermesse Héroïque est une fantaisie historique, adaptation d’une nouvelle écrite par Charles Spaak dix ans auparavant. Le film engendra à sa sortie une vive réaction en Belgique, allant jusqu’à l’émeute : il lui était reproché de tourner en dérision l’esprit de résistance à l’ennemi. En réalité, Feyder a été certainement plus attiré par la reconstitution de ce petit village, une création faite entièrement en studio avec une méticulosité vraiment admirable ; les décors évoquent la peinture flamande (Bruegel le Jeune est d’ailleurs l’un des personnages du film), les costumes sont nombreux et soignés dans leurs moindres détails. L’histoire aurait pu être plus truculente mais il faut reconnaître que Feyder a su éviter toute vulgarité et autres facilités. Les personnages sont typés, mais jamais avec excès. L’interprétation est vive, emmenée par la vitalité de Françoise Rosay (qui était, rappelons-le, la femme de Jacques Feyder). La Kermesse Héroïque reste un film toujours aussi plaisant à voir aujourd’hui.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Françoise Rosay, André Alerme, Jean Murat, Louis Jouvet, Alfred Adam
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Remarques :
Comme cela se faisait parfois à l’époque, une version en langue allemande fut tournée simultanément avec des acteurs différents : Die klugen Frauen. Seule Françoise Rosay joue dans les deux versions.

Lire une analyse plus complète du film

15 octobre 2010

Seas beneath (1931) de John Ford

Le corsaire de l'AtlantiqueLui :
Longtemps inédit en France, Seas Beneath est l’un des premiers films parlants de John Ford. Vers la fin de la Première Guerre mondiale, un bateau de guerre, camouflé en trois-mâts commercial, sert d’appât pour traquer un sous-marin allemand. Comme il le montrera plusieurs fois par la suite, John Ford a une grande admiration pour le monde de la marine et il prend soin de tourner Seas Beneath largement en extérieurs ; la Navy a d’ailleurs mis à sa disposition de vrais navires. A côté du réalisme parfois spectaculaire des actions en mer, Ford s’attache à montrer les liens entre les hommes, qu’ils soient du même bord ou ennemis. Seas Beneath s’inscrit ainsi dans cette notion d’art noble de la guerre qui subsistait encore à cette époque (bien qu’écornée par le massacre humain de la Grande Guerre). John Ford semble en revanche moins attiré par l’histoire d’amour maladroitement plaquée sur cette traque militaire, l’actrice Marion Lessing lui aurait d’ailleurs été imposée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George O’Brien, Marion Lessing, Mona Maris, Walter C. Kelly
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Remarques :
1) John Ford choisit de faire parler les allemands dans leur langue natale, utilisant des intertitres (à la manière du muet) lorsque c’est nécessaire.
2) On remarquera le superbe plongeon depuis le haut du mât, filmé en une seule prise donc sans trucage.
3) Le film a été diffusé en France pour la première fois par Patrick Brion en juillet 2010.

26 septembre 2010

Les marins de Cronstadt (1936) de Efim Dzigan

Titre original : « My iz Kronshtadta »
Autre orthographe (DVD) : « Les marins de Kronstadt »

Les marins de KronstadtLui :
Réalisé pour célébrer le 20e anniversaire de l’Armée Rouge, Les Marins de Cronstadt prend pour thème principal un évènement important de la guerre civile : en octobre 1919, les marins de Cronstadt partent défendre la ville de Petrograd (ex-Saint-Pétersbourg) menacée par l’Armée Blanche soutenue par les occidentaux. Outil de propagande, le film exalte le dévouement au parti et l’obéissance et le sacrifice. Il ne fait, bien entendu, nulle mention du fait que ces mêmes marins se soulèveront contre le nouveau régime soviétique deux ans plus tard en tentant d’instaurer une méthode de gouvernement plus collective. Il souligne en revanche la différence dans ses rangs entre les communistes, présentés comme les plus fiables et les plus déterminés, et les sans-parti, plus imprévisibles. Il met aussi en avant le caractère collectif de certaines prises de décision. Sur le plan cinématographique, le film est très réussi. Il fait la part belle aux batailles et la réalisation du biélorusse Efim Dzigan est particulièrement soignée, avec une tension qui ne se relâche à aucun moment. Certaines scènes sont très belles, telle la scène du bivouac sur les marches d’une très grande demeure, ou très fortes comme la scène où, capturés par l’Armée Blanche, les soldats communistes sont jetés du haut d’une falaise. C’est cette force, toujours intacte 75 ans plus tard, qui rend le film vraiment remarquable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Vasili Zajchikov, Georgi Bushuyev, Oleg Zhakov, Raisa Yesipova
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