Titre original : « They made me a criminal »
Lui :
Je suis un criminel est un film franchement inattendu de la part de Busby Berkeley. Bien plus connu pour ses chorégraphies fastueuses et ses ballets aquatiques dansés par des centaines de girls, il signe en effet ici un film plutôt à connotation sociale (et sans aucun numéro musical)… Un jeune boxer new-yorkais promis à un brillant avenir pense avoir tué un homme à la suite d’un enchaînement de circonstances. Sous une autre identité et cachant soigneusement ses capacités de boxeur, il s’enfuit vers l’ouest sans un sou en poche. Ce fugitif est interprété par le jeune et séduisant John Garfield, dont c’est le second film et qui n’a pas encore l’énorme popularité qu’il connaîtra par la suite (1). L’acteur vient d’ailleurs lui-même d’un milieu simple et a même été boxeur, donc il peut donner beaucoup de crédibilité à son rôle. A ses côtés, il faut noter la présence des Dead End Kids, le groupe de jeunes acteurs que l’on avait déjà vu dans Les anges aux figures sales avec lequel ce film a quelque analogie ; c’est par leurs personnages de gamins difficiles que le film prend d’ailleurs un certain aspect social. Les valeurs véhiculées ont beau être à la gloire de l’american way of life, elles n’en sont pas moins assez nobles et le film est plutôt fort. Il est aussi assez prenant. Dans la filmographie de Busky Berkeley, Je suis un criminel est rarement cité, totalement éclipsé par ses films musicaux. Il mérite pourtant mieux que cela.
Note :
Acteurs: John Garfield, Gloria Dickson, Claude Rains, Ann Sheridan, May Robson
Voir la fiche du film et la filmographie de Busby Berkeley sur le site IMDB.
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Le film est le remake de
The life of Jimmy Dolan d’Archie Mayo (1933) avec Douglas Fairbanks Jr. et Loretta Young adapté d’une pièce de Beulah Marie Dix (« Sucker« ), pièce qui ne fut jouée à Broadway qu’en 1933, peu avant la sortie du film.
(1) John Garfield deviendra durant les années quarante l’une des plus grandes stars de la Warner. Quand il succombera à la suite d’un crise cardiaque à l’âge de 39 ans en 1952, ses funérailles attireront la plus grosse foule jamais vue à Hollywood depuis l’enterrement de Rudolph Valentino.
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La Klik
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Un film à voir car très singulier malgré le thème très courant, cependant un film très hollywoodien dans ses invraisemblances et sa fin heureuse peu crédible. Remarquable scène de l’immense citerne utilisée comme piscine par les Dead End Kids et de leur volonté d’en sortir, métaphore d’une volonté de s’en sortir. Le bon policier qui est un mauvais flic car il laisse s’échapper le présumé coupable en le présumant, à juste titre, innocent. La figure tutélaire de l’oncle mort, pasteur à New York qui a essayé toute sa vie de « regénérer » des petits délinquants. Il y a des jeux de mots très savoureux en anglais comme « irritate » et « irrigate », « degenerate » et « regenerate ». Par delà le bien et le mal dans une vison qui n’est pas vraiment manichéenne et qui, à ce titre, rachète la fin convenue et heureuse, obligatoire à cette époque. Ce film emprunte beaucoup au film noir naissant, au film de boxeur, au film de mauvais garçon racheté par l’amour. Une superbe image inoubliable car inédite à mon sens dans le cinéma américain : la vision édénique du merveilleux régime de dattes sur son palmier : loin de la ville, source de tous les maux (sexe, mensonge, alcool et violence), une pastorale subversive et une revistitation du « Go west, young man. » A voir, donc.