23 avril 2016

Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol

Que la bête meurePour venger la mort de son enfant, un homme se met à la recherche du chauffard qui l’a percuté sur une petite route de Bretagne. Il est déterminé, il le recherche pour le tuer et n’a pas l’intention d’abandonner avant de l’avoir trouvé…
Que la bête meure est au départ un roman de Nicholas Blake (1) paru en 1938. L’adaptation est signée Claude Chabrol et Paul Gégauff. C’est un film intense où Chabrol approche la perfection. Cela lui a valu d’être comparé à Hitchcock et à Fritz Lang, le premier pour l’habileté dans le dosage des éléments qui génère une tension croissante et le second pour le portrait du Mal et pour la réflexion induite sur la culpabilité. La détermination froide de son justicier et l’animalité de la « bête » qu’il va débusquer forment un antagonisme absolu. L’être abject personnifié par Jean Yanne symbolise aussi un style de vie archaïque ; il accumule tout ce qu’il y a de plus détestable. On aimerait pouvoir parler de caricature mais, hélas, ce n’en est pas vraiment une. Par sa réflexion sur les traits du caractère humain, par les sentiments contradictoires qu’il génère en nous, Que la bête meure va plus loin que la simple critique de la bourgeoise poujadiste de province dans laquelle on cantonne trop souvent Claude Chabrol ;  les pulsions parricides du fils lui donneraient même un petit air de tragédie grecque…
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site IMDB.

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Remarque :
* L’inspecteur de police est interprété par Maurice Pialat, l’une de ses rares apparitions en tant qu’acteur. Pialat venait de réaliser son premier long métrage, L’Enfance nue, l’année précédente.

(1) Nicholas Blake est le pseudonyme du poète britannique Cecil Day-Lewis (le père de l’acteur Daniel Day-Lewis). Il a écrit une vingtaine de romans policiers entre 1935 et 1968 sous ce pseudonyme.

Que la bête meure
Caroline Cellier et Michel Duchaussoy dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Que la bête meure
Michel Duchaussoy et Jean Yanne dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Précédente adaptation :
La bestia debe morir (1952), film argentin de Román Viñoly Barreto.

3 réflexions sur « Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol »

  1. « Que la bete meure » est effectivement un des meilleurs Chabrol. Il contient une tres belle scene ou le metteur en scene nous offre un beau plan sequence tout a fait digne d’Hitchcock, c’est la scene de l’aperitif avant le diner ou la camera bouge dans le salon passant de convives en convives qui conversent de choses banales puis la camera se deplace vers la mere en meme temps qu’on entend le bruit d’une voiture qui fait crisser les graviers a l’exterieur, la camera s’immobilise sur le visage de la mere dont le visage etait alors ferme et qu’elle se montrait etrangere a participer a la conversation, son visage s’illumine enfin pour s’exclamer: « C’est mon fils! ». En un seul plan et 3 mots, le metteur en scene nous fait instanement comprendre une partie des relations qui unissent cette famille domine par le personnage joue par Jean Yanne. A ce sujet, c’est sur le tournage qu’il fit la connaissance de Maurice Pialat qui lui confia quelques temps plus tard le role principal de « Nous ne vieillirons pas ensemble » qui lui permit de remporter le grand prix d’interpretartion masculine au Festival de Cannes 1972. Et enfin, comme d’habitude, chez Chabrol, il y a une scene dans un restaurant gastronomique ou on voit Michel Duchaussoy et Caroline Cellier deguster des homarts et un canard a l’orange. Tout a fait le genre de scenes qu’il vaut mieux voir apres avoir mange!

  2. Une anecdote racontée par Chabrol dans une interview : proposant le rôle à Jean Yanne et prenant des pincettes pour le prévenir que son personnage était odieux, l’acteur lui aurait , du tac au tac, rétorqué qu’il n’y voyait pas d’abjection !
    Signalons aussi que le roman avait déjà été adapté brillamment en Argentine au début des années 50 , mais que Chabrol a mis beaucoup d’éléments personnels dans sa version et qu’on ne saurait parler de simple remake.
    De quoi donner envie de dévorer ce livre de Nicholas Blake .

  3. Merci de votre commentaire. J’ai complété ma présentation pour mentionner cette précédente adaptation. Au passage, j’ai découvert et indiqué la véritable identité de Nicholas Blake.

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