Mon oncle d’Amérique est basé sur les recherches d’Henri Laborit sur le comportement humain qu’il voit influencé par quatre éléments : la subsistance, la récompense, la punition (qui peut engendrer la lutte ou la fuite) et l’inhibition. Alain Resnais illustre son propos avec le parcours professionnel et sentimental de trois personnages, deux hommes et une femme. La construction est élégante : récits et exposé des théories sont subtilement entremêlés, avec une belle utilisation de la voix-off ; Alain Resnais sait en outre trouver la juste distanciation pour attiser notre intérêt. Plus que le récit en lui-même, c’est ici la démarche intellectuelle qui importe mais le film reste très facilement abordable. Seul un grand réalisateur comme Alain Resnais pouvait réussir à éviter tous les travers et trouver l’équilibre parfait. Bien entendu, un tel film pourra être apprécié diversement, trop didactique pour les uns, critiquable du fait des théories exposées pour les autres (le film fut assez mal reçu par les milieux scientifiques). Mais il n’est nul besoin d’adhérer pleinement aux théories de Laborit pour apprécier le film, Mon oncle d’Amérique est enthousiasmant à la fois par sa forme et aussi en tant que film qui stimule la réflexion.
Elle:
Lui :
Acteurs: Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre, Nelly Borgeaud, Pierre Arditi
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.
Voir les autres films de Alain Resnais chroniqués sur ce blog…
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Remarque :
Les deux petites îles bretonnes du film Mon oncle d’Amérique sont les îles Logoden, dans le Golfe du Morbihan. L’une des deux est effectivement privée. Détail amusant : le nom Logoden est dérivé du breton Logod qui signifie « les souris ».
Je viens de revoir Mon Oncle d’Amerique de Resnais et j’ai apprecie ce film encore plus qu’avant. Stimule par l’experience j’ai consulte l’Internet pour trouver des ames soeurs a propos de ce film. Pour moi Resnais est un des tres grands du cinema et je suis egalement largement d’accord avec la theorie de Laborit.
J’ai decouvert votre site il y a longtemps. Votre section sur le film illustre ce qu’il y de meilleur sur l »Internet.
Un grand merci.
Richard De Roeck
Merci pour ce gentil commentaire.
Je suis heureux que mon modeste blog ait réussi à vous plaire.
Je suis en outre largement d’accord avec votre jugement sur Alain Resnais.
Afin de compléter votre excellente chronique de ce film, je me permettrais simplement de préciser que « logodenn » signifie (la) souris en langue bretonne. Il s’agit d’un singulatif dont le collectif est « logod »(des souris). Lorsque l’on ajoute à ce singulatif la forme classique du pluriel destiné aux noms de personnes , cela donne « logodenned », qui signifie « des nanas »… des « souris » ! Néanmoins, lorsque ce même singulatif est flanqué du pluriel en « où » destiné aux choses, cela donne … de grosses varices aux jambes (« logodennoù »), ce qui est fort moins plaisant, vous en conviendrez comme moi !
Ce film est unique, à la fois léger et raffiné… à l’image de la délicieuse Nicole Garcia. Alain Resnais se montre ici virtuose tout en évitant le piège du didactisme, ce qui pouvait relever de la gageure vu le sujet du film. Il faut dire qu’il est servi par des acteurs remarquables, dont la rayonnante Nicole Garcia, Depardieu et Arditi… mais aussi la talentueuse et très regrettée Marie Dubois, qu’il convient également de mentionner ! Les images tournées en Bretagne sont très belles.